Le gouvernement a adopté, le mercredi 11 janvier dernier, un projet d'ordonnance qui fait passer de 55 à 60 ans l'âge de départ à la retraite du secteur privé en Côte d'Ivoire. C'est la quintessence du communiqué du premier conseil des ministres de 2012. Il n'y avait pas meilleur cadeau de nouvel an pour les travailleurs du secteur privé d'une part et l'Institution de prévoyance sociale (Ips-Cnps) à charge de la gestion des pensions et rentes des travailleurs du privé d'autre part. C'est le moins qu'on puisse dire au regard de la joie qui a animé les concernés en apprenant la nouvelle. Aussi, la réalisation de ce vœu, longtemps caressé par la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) permettra à l'Institution d'améliorer sa santé financière. Cette mesure suscitée à partir d'une étude actuarielle par les responsables de la Cnps pour répondre à une préoccupation urgente a été adoptée à point nommé suite à une communication en conseil des ministres du ministre d'Etat, ministre de l'Emploi, des Affaires sociales et de la Solidarité..En effet, longtemps confrontée à un déficit financier, la Caisse nationale de prévoyance sociale n'arrive plus à assurer correctement la couverture des milliers de travailleurs appelés chaque année, à faire valoir leurs droits à la retraite. Selon les explications du directeur général de la Cnps, Bernard N'Doumi, ''la branche retraite'' du régime de sécurité sociale assurée par l'institution qu'il dirige, cumule depuis 1999 un déficit qui dépasse aujourd'hui la centaine de milliards Fcfa. Il fallait, poursuit-il, très tôt prendre des mesures qui, d'ici une dizaine d'années, vont permettre d'arrêter ce déficit et faire en sorte que cette branche redevienne équilibrée voire excédentaire aux fins d'assurer effectivement une retraite aux travailleurs ivoiriens. En effet, les difficultés de trésorerie de la Cnps se sont aggravées au fil des années à cause de la faiblesse du ratio retraités / cotisants. Selon des chiffres officiels, seulement 8% des employeurs cotisent pour leurs employés. En d'autres termes, 92% des patrons ne se préoccupent pas de la retraite de leurs salariés. Résultats, pendant que la Cnps doit payer des pensions à un nombre croissant de retraités et assister des accidentés du travail, le nombre de cotisants n'augmente pas. A cela s'ajoute le problème de recouvrement. De nombreux employeurs ayant déclaré leurs salariés ne reversent pas les cotisations. A ce jour, le taux national de couverture est de 10% contre 65% à 70% dans des pays d'Afrique du Nord. Pour corriger le déséquilibre de la Cnps, le gouvernement ivoirien a opté à la fois pour un recul de l'âge de la retraite et pour un relèvement des taux de cotisations. " Ainsi, le taux de cotisation passe, à compter de 2012, de 8% à 12% et sera de 14% à partir de 2013 ", fait savoir le premier responsable de l'Ips-Cnps. Les deux mesures, à l'en croire, vont permettre non seulement de réduire le nombre de départs à la retraite, mais aussi d'accroître les gains de la Cnps. Dans leur majorité, les travailleurs et les syndicalistes interrogés saluent le relèvement de l'âge de départ à la retraite. Cela, argumentent-ils, va donner des années supplémentaires d'activité aux travailleurs. Ils vont cotiser davantage pour les instruments de prévoyance sociale et avoir la possibilité de mieux épargner pour leurs vieux jours. Cependant, les bénéficiaires de ces nouvelles dispositions restent circonspects quant aux mécanismes de prélèvement des nouveaux taux.
Coulibaly N'Golo A.
aboubackr@yahoo.fr
Coulibaly N'Golo A.
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