Le président du Cap Unir pour la démocratie et le développement se prononce pour la première fois sur la guerre des Lmp. Dans cette interview, Gervais Couibaly invite ses anciens amis du Cnrd à se ressaisir.
Vous venez de créer une ligue avec Appia, Mel et Henriette Lagou. Pourquoi êtes-vous là pendant qu’ils sont à l’extérieur ?
Nous avons créé une ligue et moi je suis là. C’est une question de sentiment personnel et de ressentiment. La sécurité est d’abord en soi. Et je pense que je suis en sécurité. Chacun d’entre nous rentre au pays, en fonction des conditions qu’il veut voir réunies pour se sentir bien. Il leur manque certainement une ou deux choses pour rentrer. Sinon, sur le principe, il n’y a pas de problème. Je pense que Mme Lagou est en train de mener des démarches avec l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Ghana pour arranger son retour. En dehors de cela, je pense qu’ils vont tous rentrer d’ici peu.
Quel est votre secret pendant que les pro-Gbagbo parlent d’insécurité ?
Je n’ai pas de secret. Je n’ai que des avantages. Le préfet se sent en sécurité par un certain nombre de critères qu’il s’est lui-même fixés. Et ces critères pour moi ont été remplis. Je me sens bien. Je pense qu’il n’y a personne qui m’en veuille. Même s’il y en a, il n’y a pas de sécurité à 100%. Donc, c’est une question de mentalité. Mon mental s’est adapté à la situation, mais vous ne pouvez pas demander la même chose à tout le monde. C’est ce qu’il faut comprendre.
Vous étiez sorti un peu avant de revenir ?
J’étais déjà dehors dans le cadre de ma mission. C’est en rentrant que je n’ai pas pu parce que l’aéroport était fermé. Et je rends grâce à Dieu face à une telle situation, où personne ne maîtrisait rien. Maintenant, dès que j’ai pu rentrer, je suis resté pour de bon.
Pourquoi avez-vous créé un autre mouvement au lieu de militer au sein du Cnrd ?
Cette question me permet d’éclairer tout le monde. Le Cnrd est une plateforme qui contient en son sein des syndicats, des Ong, des partis politiques et des associations. Qui, ensemble, avaient pour ambition de soutenir les institutions de la République et de soutenir le président Gbagbo pour l’accompagner vers une réélection. Quand vous avez des associations, des syndicats, des Ong, dans une plate-forme, il est clair qu’un syndicat n’a pas les mêmes objectifs politiques qu’un parti politique. Donc à l’intérieur de cette grande famille, les syndicats peuvent se regrouper, les Ong peuvent se regrouper en fonction de leurs affinités, les associations et les partis politiques peuvent en faire autant.
Rappelez-vous qu’un parti politique a pour objectif de conquérir le pouvoir et l’assurer. Donc nous, partis politiques, avons le souci de prendre le pouvoir démocratiquement et l’exercer.
Ainsi donc, vous regardez dans le groupe et choisissez ceux qui ont le même objectif que vous dans la recherche du pouvoir. C’est ce que nous avons fait. Et je note que le Rhdp est un regroupement de partis politiques parce qu’ils ont les mêmes objectifs. Ils avaient envie de prendre le pouvoir et l’exercer ensemble. C’est ce qu’ils font. Nous Lmp, nous sommes la ligue, un ensemble de partis politiques qui veulent ensemble prendre le pouvoir. C’est différent d’un syndicat, d’une Ong.
Pourquoi le sigle Lmp ? N’est-ce pas pour créer la confusion comme le dit Akoun Laurent ?
Lmp qui signifiait La majorité présidentielle n’existe plus. Dès l’instant où nous ne sommes plus au pouvoir, il n’y a plus de majorité pour nous. Donc, Lmp était tombée dans le domaine public. Et nous pensons qu’il ne faut pas laisser tomber un si beau sigle. C’était donc pour le conserver plus vivant. Maintenant, on ne peut pas être majorité présidentielle.
Fologo le dit régulièrement. Lmp est morte avec la perte du pouvoir. Nous avons perdu le sigle Lmp quand nous avons perdu le pouvoir. Nous, nous avons décidé de conserver le sigle en disant la Ligue des mouvements pour le progrès. C’était simple et bien. Et cela répondait à nos aspirations. Je ne vois pas la confusion qu’il peut y avoir. Qui s’appelait Lmp encore ? Personne. Et puis, le Fpi et nous, sommes au Cnrd ensemble. Si nous avons la même façon de voir les choses, ils peuvent nous rejoindre à la Lmp.
En créant votre ligue, avez-vous fait mouvement vers le Fpi ?
Je vous vois, je vous entends. Nous ne sommes pas dans cette histoire de rivière, de marigot, de fleuve. Nous pensons qu’un parti politique est un parti politique. Nous ne nous sentons pas en rivière qui doit couler vers un fleuve. Nous sommes avec un parti politique qui est un parti partenaire. Ce parti fait que nous sommes en train de nous regrouper pour créer la ligue. S’il a envie de venir, il y vient. S’il n’a pas envie, on ne peut pas l’y contraindre. Nous nous sommes mis ensemble. Si cela intéresse le Fpi, il peut venir demain. Nous n’y voyons aucun inconvénient. La ligue reste ouverte. Mais je refuse qu’on parle de rivière qui coule vers un fleuve.
Qu’est-ce que le Fpi vous reproche fondamentalement, parce que lorsque vous posez un acte, il vous attaque automatiquement ?
Je crois qu’il n’y a pas d’opposition. C’est la démarche qui diffère certainement. Vous pouvez être de la même maison pour poursuivre le même objectif, et ne pas avoir la même stratégie. C’est tout simple. Il n’y a pas d’opposition ; nous n’avons pas la même démarche pour atteindre l’objectif que nous nous sommes assigné. Et chacun étant autonome, libre au sein du Cnrd, il n’y a pas de problème.
Aux législatives, il y avait des dissensions entre vous. Avez-vous recollé les morceaux ?
Nous ne nous sommes pas encore assis pour faire le point. Nous pensons et demeurons convaincus qu’il fallait y aller. Nous maintenons notre position. Et pour cela, nous aurions pu aller aux élections pour atteindre les mêmes objectifs. Nous sommes allés aux élections d’abord parce que lorsque nous avons discuté avec le parti au pouvoir, nous avons posé des préoccupations. Le gouvernement a dit qu’il pouvait se pencher sur celles-ci. Mais souhaitait que nous rentrions dans le processus de réconciliation et spécifiquement dans le processus électoral. Ce qui va nous aider à nous rapprocher plus. Nous avions demandé la libération de nos camarades, le dégel des comptes etc. Nous avons pensé qu’il fallait le faire. Nous l’avons fait et quand nous sommes allés, les camarades ont été libérés. Je pense que ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir essayé cela. Mais nous ne jugeons pas leur position ; ils ont leur raison, nous avons la nôtre. Nous avons essayé, ça a marché. Des camarades ont été libérés, des comptes dégelés. Ne pas être à l’Assemblée nationale, pour nous, la politique de la chaise vide ne pouvait pas prospérer. Parce que regardez par exemple, si on envoie une loi sur le foncier rural et qu’elle ne nous sied pas, qu’est-ce qu’on fait ? Quel moyen avons-nous pour faire entendre nos voix. On aurait pu avoir une dizaine de députés. Maintenant, si la loi passe, elle va s’appliquer à nous. C’est le danger que nous avions voulu éviter. Aujourd’hui, nous sommes bien embêtés. Toutes les lois qui vont passer vont s’appliquer à nous. Et on ne pourra pas s’exprimer parce que nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas cela la voix. On va devoir attendre 5 ans. Et puis, il faut dialoguer. Nous la Lmp, sommes contre le radicalisme. Nous pensons qu’en toute situation, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin, afin de se rencontrer et avancer. On ne se rencontrera jamais si chacun reste dans son coin. Il faut que chacun fasse un pas.
Vous êtes convaincu que le Fpi a commis une faute ?
L’avenir nous le dira.
Fologo à la tête du Cnrd règle–t-il la question du manque du consensus ?
Je pense qu’il n’était pas question d’un problème de consensus pour un poste de présidence au sein du Cnrd. C’est un problème de secrétariat général qui s’imposait à nous. Depuis le départ de Mme Gbagbo, le poste de secrétaire est resté vacant. Surtout après le départ de Koulibaly qui a assuré l’intérim un moment. Son départ a provoqué des attitudes à gauche et à droite. Et nous avons trouvé une solution pour nous donner un secrétaire général. C’est plutôt cela. Le poste de secrétaire général consensuel. Maintenant, Fologo n’est pas un nouvel arrivant. Il a toujours été 1er vice-président du Cnrd. Il lui a été demandé de se rapprocher un peu du président Dadié qui est fatigué par l’âge. En dehors de cela, il n’y avait pas un problème de personne au Cnrd. Il s’agissait d’un problème de redynamisation du Cnrd.
Fologo affirme avoir rencontré tout le monde. Vous a-t-il rencontré ?
Fologo et moi avions un rendez-vous qui n’a pas pu être honoré à cause de son calendrier.
J’ai été le rencontrer et je n’ai pas pu. Nous ne nous sommes donc pas vus. Cependant, le président Fologo a dit qu’il a rencontré tous ceux qu’il devait rencontrer. En ce moment, il n’y a plus de problème. Je pense que c’est parce qu’il n’y a pas de problème entre Lmp et Cnrd que le président Fologo ne m’a pas rencontré. Donc, il a rencontré ceux avec qui il avait des problèmes. Nous nous rencontrerons certainement pour peaufiner d’autres questions.
Que répondez-vous à Miaka qui dit que la Lmp a été créée pour les distraire ?
C’est très dommage que le président d’un parti créé par Laurent Gbagbo dise des choses pareilles à l’endroit de ses camarades de partis. On ne peut pas dire que le parti ait suscité la création d’une plate-forme au sein du Cnrd pour pouvoir les distraire. Je trouve dommage cette phrase qui n’est pas faite pour créer une harmonie au sein d’une opposition comme la nôtre. Quand il regarde le ministre Mel Théodore, le ministre Kabran Appia, la ministre Lagou, et quand il me regarde, est-ce qu’on ressemble à des personnes qu’on peut utiliser pour distraire d’autres personnes ? Nous avons créé notre plate-forme parce qu’il n’y avait pas une plate-forme de partis politiques au sein du Cnrd. C’est un droit que nous avions. Même si nous n’avions pas créé la plate-forme, nous avions nos positions par rapport aux législatives. Pourquoi nous dire une chose pareille. Je déplore cela, surtout quand ça vient du président d’un parti comme le Fpi. J’espère qu’il va se ressaisir pour ne plus dire de pareilles choses concernant ses camarades.
On vous suspecte d’être à la solde du pouvoir. Y a t-il des éléments pour le prouver ?
Je souhaiterais que vous leur posiez la question, parce que je ne vois pas ce qui leur permet de nous accuser d’être à la solde du pouvoir. C’est dommage. C’est une manière de fendre le mur pour laisser entrer les cafards. Cela n’est pas fait pour nous aider à avoir une opposition solide. S’ils ont des preuves, qu’ils les donnent.
Est-ce qu’il y a des militants pro-Gervais, et des militants pro-Miaka ?
Je ne le sais pas. Ce que je sais, c’est qu’il y a un Cnrd. Puis, nous sommes tous de la famille que Gbagbo a créée, parce qu’il ne faut pas oublier que le Cnrd a été mis sur pied par Gbagbo Laurent. Il ne faut pas oublier que le Fpi et le Cnrd ont été créés par Gbagbo Laurent ainsi que la Lmp. Il cherchait un renforcement, un consensus, une union. Ce n’est pas ce que nous sommes en train de faire. Il faut qu’on se regroupe. Il demandait à chacun de conserver son autonomie et qu’on regarde dans la même direction.
Miaka est en Europe pour rencontrer Gbagbo. Vous étiez aussi en France. Pourquoi ne l’aviez-vous pas fait ?
Pas que je n’ai pas tenté de démarches. J’ai demandé, mais la procédure était très longue.
Pour rencontrer Gbagbo, il faut s’inscrire sur le net et cela vous prend 15 jours. Et j’étais parti juste pour quelques jours. Il faut attendre que l’administration pénitentiaire consulte le président, et réponde lui aussi, à un calendrier parce que vous êtes nombreux. Je pense que le président Gbagbo compte pour le rassemblement des Ivoiriens. Il attend que je puisse véhiculer ses pensées. C’est ce qu’il attend de chacun de nous. Rencontrer Gbagbo à la Haye est une bonne chose. Nous le ferons en son temps. Le jour où je le rencontrerai, je vais lui montrer des résultats de ce que j’ai fait, afin de bénéficier de conseils de sa part pour arranger la suite. Gbagbo a demandé à être président pour le bien des Ivoiriens. Il nous l’a toujours dit. Il s’est battu pour instaurer la liberté, la démocratie, la justice.
Quand tout allait bien, vous étiez son porte-parole. Maintenant, vous avez été dégommé pour une autre personne. Avez-vous du ressentiment par rapport à cela ?
Pas du tout, parce qu’à chaque période correspond un homme et le profil qu’il faut. J’étais porte-parole du président de la République. Maintenant, nous sommes dans une autre phase. Le président Gbagbo a pensé qu’il fallait une personne d’un autre tempérament pour gérer cette phase. Cette phase ne correspondait pas certainement à mon tempérament. Il a choisi l’homme dont le tempérament correspondait à la situation. Et je suis heureux qu’il ait choisi le ministre Katinan parce qu’il a la carrure qu’il faut pour assurer ces genres de choses.
Non le ministre Katinan serait rentré plus difficilement en Côte d’Ivoire. Vous savez, il était ministre et il y avait des mandats d’arrêt contre lui. Ce que je fais aujourd’hui, il n’aurait pas pu venir le faire puisqu’il n’aurait pas pu entrer. Je suis rentré et je suis en train de faire un travail. C’est la complémentarité. Je suis rentré pour créer un parti afin d’aider les Ivoiriens à vivre en harmonie. Si j’étais porte-parole à ce moment, je serais resté au Ghana. Vous ne m’auriez pas vu ici.
Fologo dit qu’il ne veut pas d’une opposition qui casse.
Quand vous rencontrerez Fologo, il faudra lui demander de bien préciser sa pensée. Parce que je peux me tromper dans l’interprétation du mot ‘’casser’’. Ce que je pense, c’est qu’il a voulu dire qu’il veut d’une opposition modeste et modérée. D’une opposition sans violences qui dénonce ce qu’il y a à dénoncer. Je pense que Fologo rêve de ce genre d’opposition. Et si c’est le cas, je suis d’accord avec lui.
Quel est le point de la situation en ce qui concerne le dégel des avoirs des pro-Gbagbo ?
J’avais annoncé qu’il y avait une cinquantaine de comptes qui ont été dégelés. Effectivement, c’était vrai et les personnes concernées jouissent de leurs comptes. Nous sommes en train de travailler avec le ministre Hamed Bakayoko sur le reste de la question.
Et nous sommes toujours à la table de négociation. Quelque chose d’autre sera proposé au gouvernement, pour continuer le processus parce que c‘est important de dégeler les comptes pour permettre aux gens d’avoir accès à leurs avoirs. Je suis heureux de voir aujourd’hui certains camarades avoir accès à leurs avoirs comme moi. Ces camarades retrouvent leur dignité. Ils sortent de cette clochardisation. Je suis heureux. Quand vous avez travaillé et que vous obtenez le fruit de ce travail, même si c’est sur un certain nombre de personnes, c’est toujours un bonheur. Bonheur de voir que quelqu’un est heureux parce que vous avez travaillé à cela.
En tant que préfet, est-ce que vous avez réintégré l’administration ?
Non, je suis en disponibilité. Si ce n’était pas le cas, je ne pourrais pas exercer en politique parce que les deux sont incompatibles. Et j’ai donc demandé une disponibilité que j’ai obtenue, et je suis fier de cette position. La disponibilité prend fin un an après et est renouvelable une fois. Donc, je ne suis pas à la fin de l’année que j’ai obtenue. Et si ça arrive, je verrai si je peux encore renouveler. Et si je renouvèle, ce sera la dernière pour que je réintègre, avant d’aller à la retraite.
Comment vivez-vous ?
J’ai un métier et mon métier c’est le développement local. En Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde, le développement local, la décentralisation et bien d’autres choses que j’ai dans mon arc, peuvent faire vivre son homme. J’ai monté un cabinet de consultance qui s’appelle Gmaco. Et ce groupe qui me permet de faire de l’assistance auprès des collectivités territoriales, puisque je fais des études pour des organisations. Et cela nourrit son homme.
Quelle est la nature de vos rapports avec Mamadou Koulibaly ?
Mamadou Koulibaly est un frère. Il a sa vison. J’ai la mienne. Je respecte sa vision et il respecte la mienne. Nous ne sommes pas forcément éloignés, mais nous nous retrouverons certainement un jour. En attendant, je construis mon parti, il est en train de construire le sien. Laissez-nous construire nos partis, après on verra. Mais concernant les hommes que nous sommes, nous n’avons aucun problème. Nous n’en avons jamais eu. Quand nous nous retrouvons, nous discutons. Nous échangeons et nous partageons des points de vue. Pour le moment, au niveau des partis, chacun est en train de construire le sien.
Au niveau des idées, êtes-vous en phase ?
Je suis social démocrate. Le président Koulibaly est plus libéral. Vous comprenez qu’on peut être proche sans être proche.
Réalisée par Traoré M. Ahmed
Vous venez de créer une ligue avec Appia, Mel et Henriette Lagou. Pourquoi êtes-vous là pendant qu’ils sont à l’extérieur ?
Nous avons créé une ligue et moi je suis là. C’est une question de sentiment personnel et de ressentiment. La sécurité est d’abord en soi. Et je pense que je suis en sécurité. Chacun d’entre nous rentre au pays, en fonction des conditions qu’il veut voir réunies pour se sentir bien. Il leur manque certainement une ou deux choses pour rentrer. Sinon, sur le principe, il n’y a pas de problème. Je pense que Mme Lagou est en train de mener des démarches avec l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Ghana pour arranger son retour. En dehors de cela, je pense qu’ils vont tous rentrer d’ici peu.
Quel est votre secret pendant que les pro-Gbagbo parlent d’insécurité ?
Je n’ai pas de secret. Je n’ai que des avantages. Le préfet se sent en sécurité par un certain nombre de critères qu’il s’est lui-même fixés. Et ces critères pour moi ont été remplis. Je me sens bien. Je pense qu’il n’y a personne qui m’en veuille. Même s’il y en a, il n’y a pas de sécurité à 100%. Donc, c’est une question de mentalité. Mon mental s’est adapté à la situation, mais vous ne pouvez pas demander la même chose à tout le monde. C’est ce qu’il faut comprendre.
Vous étiez sorti un peu avant de revenir ?
J’étais déjà dehors dans le cadre de ma mission. C’est en rentrant que je n’ai pas pu parce que l’aéroport était fermé. Et je rends grâce à Dieu face à une telle situation, où personne ne maîtrisait rien. Maintenant, dès que j’ai pu rentrer, je suis resté pour de bon.
Pourquoi avez-vous créé un autre mouvement au lieu de militer au sein du Cnrd ?
Cette question me permet d’éclairer tout le monde. Le Cnrd est une plateforme qui contient en son sein des syndicats, des Ong, des partis politiques et des associations. Qui, ensemble, avaient pour ambition de soutenir les institutions de la République et de soutenir le président Gbagbo pour l’accompagner vers une réélection. Quand vous avez des associations, des syndicats, des Ong, dans une plate-forme, il est clair qu’un syndicat n’a pas les mêmes objectifs politiques qu’un parti politique. Donc à l’intérieur de cette grande famille, les syndicats peuvent se regrouper, les Ong peuvent se regrouper en fonction de leurs affinités, les associations et les partis politiques peuvent en faire autant.
Rappelez-vous qu’un parti politique a pour objectif de conquérir le pouvoir et l’assurer. Donc nous, partis politiques, avons le souci de prendre le pouvoir démocratiquement et l’exercer.
Ainsi donc, vous regardez dans le groupe et choisissez ceux qui ont le même objectif que vous dans la recherche du pouvoir. C’est ce que nous avons fait. Et je note que le Rhdp est un regroupement de partis politiques parce qu’ils ont les mêmes objectifs. Ils avaient envie de prendre le pouvoir et l’exercer ensemble. C’est ce qu’ils font. Nous Lmp, nous sommes la ligue, un ensemble de partis politiques qui veulent ensemble prendre le pouvoir. C’est différent d’un syndicat, d’une Ong.
Pourquoi le sigle Lmp ? N’est-ce pas pour créer la confusion comme le dit Akoun Laurent ?
Lmp qui signifiait La majorité présidentielle n’existe plus. Dès l’instant où nous ne sommes plus au pouvoir, il n’y a plus de majorité pour nous. Donc, Lmp était tombée dans le domaine public. Et nous pensons qu’il ne faut pas laisser tomber un si beau sigle. C’était donc pour le conserver plus vivant. Maintenant, on ne peut pas être majorité présidentielle.
Fologo le dit régulièrement. Lmp est morte avec la perte du pouvoir. Nous avons perdu le sigle Lmp quand nous avons perdu le pouvoir. Nous, nous avons décidé de conserver le sigle en disant la Ligue des mouvements pour le progrès. C’était simple et bien. Et cela répondait à nos aspirations. Je ne vois pas la confusion qu’il peut y avoir. Qui s’appelait Lmp encore ? Personne. Et puis, le Fpi et nous, sommes au Cnrd ensemble. Si nous avons la même façon de voir les choses, ils peuvent nous rejoindre à la Lmp.
En créant votre ligue, avez-vous fait mouvement vers le Fpi ?
Je vous vois, je vous entends. Nous ne sommes pas dans cette histoire de rivière, de marigot, de fleuve. Nous pensons qu’un parti politique est un parti politique. Nous ne nous sentons pas en rivière qui doit couler vers un fleuve. Nous sommes avec un parti politique qui est un parti partenaire. Ce parti fait que nous sommes en train de nous regrouper pour créer la ligue. S’il a envie de venir, il y vient. S’il n’a pas envie, on ne peut pas l’y contraindre. Nous nous sommes mis ensemble. Si cela intéresse le Fpi, il peut venir demain. Nous n’y voyons aucun inconvénient. La ligue reste ouverte. Mais je refuse qu’on parle de rivière qui coule vers un fleuve.
Qu’est-ce que le Fpi vous reproche fondamentalement, parce que lorsque vous posez un acte, il vous attaque automatiquement ?
Je crois qu’il n’y a pas d’opposition. C’est la démarche qui diffère certainement. Vous pouvez être de la même maison pour poursuivre le même objectif, et ne pas avoir la même stratégie. C’est tout simple. Il n’y a pas d’opposition ; nous n’avons pas la même démarche pour atteindre l’objectif que nous nous sommes assigné. Et chacun étant autonome, libre au sein du Cnrd, il n’y a pas de problème.
Aux législatives, il y avait des dissensions entre vous. Avez-vous recollé les morceaux ?
Nous ne nous sommes pas encore assis pour faire le point. Nous pensons et demeurons convaincus qu’il fallait y aller. Nous maintenons notre position. Et pour cela, nous aurions pu aller aux élections pour atteindre les mêmes objectifs. Nous sommes allés aux élections d’abord parce que lorsque nous avons discuté avec le parti au pouvoir, nous avons posé des préoccupations. Le gouvernement a dit qu’il pouvait se pencher sur celles-ci. Mais souhaitait que nous rentrions dans le processus de réconciliation et spécifiquement dans le processus électoral. Ce qui va nous aider à nous rapprocher plus. Nous avions demandé la libération de nos camarades, le dégel des comptes etc. Nous avons pensé qu’il fallait le faire. Nous l’avons fait et quand nous sommes allés, les camarades ont été libérés. Je pense que ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir essayé cela. Mais nous ne jugeons pas leur position ; ils ont leur raison, nous avons la nôtre. Nous avons essayé, ça a marché. Des camarades ont été libérés, des comptes dégelés. Ne pas être à l’Assemblée nationale, pour nous, la politique de la chaise vide ne pouvait pas prospérer. Parce que regardez par exemple, si on envoie une loi sur le foncier rural et qu’elle ne nous sied pas, qu’est-ce qu’on fait ? Quel moyen avons-nous pour faire entendre nos voix. On aurait pu avoir une dizaine de députés. Maintenant, si la loi passe, elle va s’appliquer à nous. C’est le danger que nous avions voulu éviter. Aujourd’hui, nous sommes bien embêtés. Toutes les lois qui vont passer vont s’appliquer à nous. Et on ne pourra pas s’exprimer parce que nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas cela la voix. On va devoir attendre 5 ans. Et puis, il faut dialoguer. Nous la Lmp, sommes contre le radicalisme. Nous pensons qu’en toute situation, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin, afin de se rencontrer et avancer. On ne se rencontrera jamais si chacun reste dans son coin. Il faut que chacun fasse un pas.
Vous êtes convaincu que le Fpi a commis une faute ?
L’avenir nous le dira.
Fologo à la tête du Cnrd règle–t-il la question du manque du consensus ?
Je pense qu’il n’était pas question d’un problème de consensus pour un poste de présidence au sein du Cnrd. C’est un problème de secrétariat général qui s’imposait à nous. Depuis le départ de Mme Gbagbo, le poste de secrétaire est resté vacant. Surtout après le départ de Koulibaly qui a assuré l’intérim un moment. Son départ a provoqué des attitudes à gauche et à droite. Et nous avons trouvé une solution pour nous donner un secrétaire général. C’est plutôt cela. Le poste de secrétaire général consensuel. Maintenant, Fologo n’est pas un nouvel arrivant. Il a toujours été 1er vice-président du Cnrd. Il lui a été demandé de se rapprocher un peu du président Dadié qui est fatigué par l’âge. En dehors de cela, il n’y avait pas un problème de personne au Cnrd. Il s’agissait d’un problème de redynamisation du Cnrd.
Fologo affirme avoir rencontré tout le monde. Vous a-t-il rencontré ?
Fologo et moi avions un rendez-vous qui n’a pas pu être honoré à cause de son calendrier.
J’ai été le rencontrer et je n’ai pas pu. Nous ne nous sommes donc pas vus. Cependant, le président Fologo a dit qu’il a rencontré tous ceux qu’il devait rencontrer. En ce moment, il n’y a plus de problème. Je pense que c’est parce qu’il n’y a pas de problème entre Lmp et Cnrd que le président Fologo ne m’a pas rencontré. Donc, il a rencontré ceux avec qui il avait des problèmes. Nous nous rencontrerons certainement pour peaufiner d’autres questions.
Que répondez-vous à Miaka qui dit que la Lmp a été créée pour les distraire ?
C’est très dommage que le président d’un parti créé par Laurent Gbagbo dise des choses pareilles à l’endroit de ses camarades de partis. On ne peut pas dire que le parti ait suscité la création d’une plate-forme au sein du Cnrd pour pouvoir les distraire. Je trouve dommage cette phrase qui n’est pas faite pour créer une harmonie au sein d’une opposition comme la nôtre. Quand il regarde le ministre Mel Théodore, le ministre Kabran Appia, la ministre Lagou, et quand il me regarde, est-ce qu’on ressemble à des personnes qu’on peut utiliser pour distraire d’autres personnes ? Nous avons créé notre plate-forme parce qu’il n’y avait pas une plate-forme de partis politiques au sein du Cnrd. C’est un droit que nous avions. Même si nous n’avions pas créé la plate-forme, nous avions nos positions par rapport aux législatives. Pourquoi nous dire une chose pareille. Je déplore cela, surtout quand ça vient du président d’un parti comme le Fpi. J’espère qu’il va se ressaisir pour ne plus dire de pareilles choses concernant ses camarades.
On vous suspecte d’être à la solde du pouvoir. Y a t-il des éléments pour le prouver ?
Je souhaiterais que vous leur posiez la question, parce que je ne vois pas ce qui leur permet de nous accuser d’être à la solde du pouvoir. C’est dommage. C’est une manière de fendre le mur pour laisser entrer les cafards. Cela n’est pas fait pour nous aider à avoir une opposition solide. S’ils ont des preuves, qu’ils les donnent.
Est-ce qu’il y a des militants pro-Gervais, et des militants pro-Miaka ?
Je ne le sais pas. Ce que je sais, c’est qu’il y a un Cnrd. Puis, nous sommes tous de la famille que Gbagbo a créée, parce qu’il ne faut pas oublier que le Cnrd a été mis sur pied par Gbagbo Laurent. Il ne faut pas oublier que le Fpi et le Cnrd ont été créés par Gbagbo Laurent ainsi que la Lmp. Il cherchait un renforcement, un consensus, une union. Ce n’est pas ce que nous sommes en train de faire. Il faut qu’on se regroupe. Il demandait à chacun de conserver son autonomie et qu’on regarde dans la même direction.
Miaka est en Europe pour rencontrer Gbagbo. Vous étiez aussi en France. Pourquoi ne l’aviez-vous pas fait ?
Pas que je n’ai pas tenté de démarches. J’ai demandé, mais la procédure était très longue.
Pour rencontrer Gbagbo, il faut s’inscrire sur le net et cela vous prend 15 jours. Et j’étais parti juste pour quelques jours. Il faut attendre que l’administration pénitentiaire consulte le président, et réponde lui aussi, à un calendrier parce que vous êtes nombreux. Je pense que le président Gbagbo compte pour le rassemblement des Ivoiriens. Il attend que je puisse véhiculer ses pensées. C’est ce qu’il attend de chacun de nous. Rencontrer Gbagbo à la Haye est une bonne chose. Nous le ferons en son temps. Le jour où je le rencontrerai, je vais lui montrer des résultats de ce que j’ai fait, afin de bénéficier de conseils de sa part pour arranger la suite. Gbagbo a demandé à être président pour le bien des Ivoiriens. Il nous l’a toujours dit. Il s’est battu pour instaurer la liberté, la démocratie, la justice.
Quand tout allait bien, vous étiez son porte-parole. Maintenant, vous avez été dégommé pour une autre personne. Avez-vous du ressentiment par rapport à cela ?
Pas du tout, parce qu’à chaque période correspond un homme et le profil qu’il faut. J’étais porte-parole du président de la République. Maintenant, nous sommes dans une autre phase. Le président Gbagbo a pensé qu’il fallait une personne d’un autre tempérament pour gérer cette phase. Cette phase ne correspondait pas certainement à mon tempérament. Il a choisi l’homme dont le tempérament correspondait à la situation. Et je suis heureux qu’il ait choisi le ministre Katinan parce qu’il a la carrure qu’il faut pour assurer ces genres de choses.
Non le ministre Katinan serait rentré plus difficilement en Côte d’Ivoire. Vous savez, il était ministre et il y avait des mandats d’arrêt contre lui. Ce que je fais aujourd’hui, il n’aurait pas pu venir le faire puisqu’il n’aurait pas pu entrer. Je suis rentré et je suis en train de faire un travail. C’est la complémentarité. Je suis rentré pour créer un parti afin d’aider les Ivoiriens à vivre en harmonie. Si j’étais porte-parole à ce moment, je serais resté au Ghana. Vous ne m’auriez pas vu ici.
Fologo dit qu’il ne veut pas d’une opposition qui casse.
Quand vous rencontrerez Fologo, il faudra lui demander de bien préciser sa pensée. Parce que je peux me tromper dans l’interprétation du mot ‘’casser’’. Ce que je pense, c’est qu’il a voulu dire qu’il veut d’une opposition modeste et modérée. D’une opposition sans violences qui dénonce ce qu’il y a à dénoncer. Je pense que Fologo rêve de ce genre d’opposition. Et si c’est le cas, je suis d’accord avec lui.
Quel est le point de la situation en ce qui concerne le dégel des avoirs des pro-Gbagbo ?
J’avais annoncé qu’il y avait une cinquantaine de comptes qui ont été dégelés. Effectivement, c’était vrai et les personnes concernées jouissent de leurs comptes. Nous sommes en train de travailler avec le ministre Hamed Bakayoko sur le reste de la question.
Et nous sommes toujours à la table de négociation. Quelque chose d’autre sera proposé au gouvernement, pour continuer le processus parce que c‘est important de dégeler les comptes pour permettre aux gens d’avoir accès à leurs avoirs. Je suis heureux de voir aujourd’hui certains camarades avoir accès à leurs avoirs comme moi. Ces camarades retrouvent leur dignité. Ils sortent de cette clochardisation. Je suis heureux. Quand vous avez travaillé et que vous obtenez le fruit de ce travail, même si c’est sur un certain nombre de personnes, c’est toujours un bonheur. Bonheur de voir que quelqu’un est heureux parce que vous avez travaillé à cela.
En tant que préfet, est-ce que vous avez réintégré l’administration ?
Non, je suis en disponibilité. Si ce n’était pas le cas, je ne pourrais pas exercer en politique parce que les deux sont incompatibles. Et j’ai donc demandé une disponibilité que j’ai obtenue, et je suis fier de cette position. La disponibilité prend fin un an après et est renouvelable une fois. Donc, je ne suis pas à la fin de l’année que j’ai obtenue. Et si ça arrive, je verrai si je peux encore renouveler. Et si je renouvèle, ce sera la dernière pour que je réintègre, avant d’aller à la retraite.
Comment vivez-vous ?
J’ai un métier et mon métier c’est le développement local. En Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde, le développement local, la décentralisation et bien d’autres choses que j’ai dans mon arc, peuvent faire vivre son homme. J’ai monté un cabinet de consultance qui s’appelle Gmaco. Et ce groupe qui me permet de faire de l’assistance auprès des collectivités territoriales, puisque je fais des études pour des organisations. Et cela nourrit son homme.
Quelle est la nature de vos rapports avec Mamadou Koulibaly ?
Mamadou Koulibaly est un frère. Il a sa vison. J’ai la mienne. Je respecte sa vision et il respecte la mienne. Nous ne sommes pas forcément éloignés, mais nous nous retrouverons certainement un jour. En attendant, je construis mon parti, il est en train de construire le sien. Laissez-nous construire nos partis, après on verra. Mais concernant les hommes que nous sommes, nous n’avons aucun problème. Nous n’en avons jamais eu. Quand nous nous retrouvons, nous discutons. Nous échangeons et nous partageons des points de vue. Pour le moment, au niveau des partis, chacun est en train de construire le sien.
Au niveau des idées, êtes-vous en phase ?
Je suis social démocrate. Le président Koulibaly est plus libéral. Vous comprenez qu’on peut être proche sans être proche.
Réalisée par Traoré M. Ahmed