Depuis le 1er février, la Police militaire est présente à Bouaké, capitale du Gbêkê. Une semaine après leur arrivée, les défis qui se présentent aux hommes du commandant Koné Zakaria sont énormes.
Deux véhicules militaires surmontés de mitraillettes de type 12/7, quatre camions bondés de policiers, militaires et gendarmes puissamment armés. Portant des brassards estampillés en rouge PM…La police militaire patrouille dans les rues et ruelles de Bouaké depuis une semaine. Installée le 1er février par le colonel Cherif Moussa, chef de la division Emploi et opération au sein de l’état-major des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, les policiers-militaires du commandant Koné Zakaria sont déjà opérationnels dans la ville. Outre sa mission régalienne qui consiste à mettre le grappin sur les soldats indélicats, les policiers militaires, à en croire le colonel Cherif Moussa, ont reçu l’ordre mener la guerre contre le grand banditisme dans la région. Cette mesure du général de division Soumaïla Bakayoko, est saluée à sa juste valeur. Car, depuis le départ des Com-zones vers le Sud, la cité du Gbéké fait de plus en plus face à une recrudescence accrue des actes de cambriolage, d’attaques de domiciles, de braquages de moto suivis le plus souvent de mort d’homme. La venue des hommes du commandant Koné Zakaria a fait naître l’espoir de renouer avec un climat de sécurité et de quiétude. « Merci au général qui a fait preuve d’une promptitude extraordinaire. Il était ici samedi. On lui a dit que nous avions besoin de la Police militaire. Il a rétorqué : le 1er février, vous l’aurez. C’est la personnalisation de la parole donnée », s’est réjoui Konin Aka, le préfet de région. Sur la route de cette réinstauration du climat de sécurité dans le grand Centre, la tâche des hommes de Koné Zakaria sera beaucoup plus compliquée si certaines réalités inhérentes à Bouaké ne sont pas prises en compte.
Régler de façon définitive la situation des démobilisés…
Dans la capitale de l’ancienne rébellion, les démobilisés sont accusés, à tort ou à raison, d’être à la base de l’insécurité. Les dix années passées dans des casernes et la situation de précarité vécue par la quasi-totalité des ex-combattants sont autant de faits qui ne militent pas en faveur de la réputation de cette couche sociale qui, durant dix années, a appris à manier les armes. Le mal, c’est que les projets de réinsertion conçus par les autorités du pays épaulés par les organismes partenaires de la sortie de crise, n’ont pas été couronnés en grande partie par le succès. Plusieurs d’entre eux sont encore sur les listes d’attente pour des projets de réinsertion. L’échec des activités génératrices de revenues des uns et l’oisiveté des autres exposent souvent les démobilisés à beaucoup de tentation qui font très souvent le malheur des populations. Pour eux, le mythe qui entoure les corps habillés n’existe plus. « Tant qu’on ne règle pas efficacement le problème des démobilisés, il sera difficile d’instaurer la quiétude dans les zones centre, nord et ouest. Quelqu’un qui a pris part à une rébellion, qui a combattu contre des soldats de métier, ne connait pas la peur. Quand il a faim et qu’il détient une arme, il peut faire mal », a informé une source policière, sous le sceau de l’anonymat. Pour faciliter la tâche, les autorités gouvernementales se doivent de régler définitivement la réinsertion des ex-combattants dans la vie économique de la région.
Interdiction des tenues militaires sur les marchés.
Ex-quartier général des Forces nouvelles, Bouaké n’a pas encore rompu avec les mauvaises habitudes nées des dix ans de crise. Notamment la vente de la tenue militaire sur les étals des marchés à ciel ouvert et dans les rayons des magasins. « Ceux qui agressent souvent en tenue militaire ne sont pas de vrais militaires. N’importe quel quidam peut se faire confectionner des treillis et aller traumatiser nos populations », avait décrié Konin Aka. Il n’y a pas que la tenue militaire qui s’achète aisément dans le fief de l’ex-rébellion. Moins exposés à la clientèle, les pistolets et autres armes automatiques peuvent s’acquérir facilement au marché noir. « Une kalachnikov se vend à 50 000 Fcfa », a témoigné Soro Yawaga, un guérisseur et chasseur traditionnel vivant au quartier Sokoura. Sur la présence de nombreuses armes dans la ville, une haute autorité policière, qui a requis l’anonymat, dit avoir découvert à la suite d’une enquête, dans une cour, une quantité effroyable d’armes. « J’ai dit que je voulais acheter une arme. On m’a conduit chez un vendeur. Ce que j’ai vu n’a rien à envier à une poudrière », a-t-il déploré. Pour le bon déroulement de sa mission, Koné Zakaria doit prendre le taureau par les cornes. En pesant de tout son poids pour obtenir l’interdiction de la vente de tout ce qui est militaire dans nos marchés.
Sensibiliser la population pour le dépôt volontaire d’armes…
Au sein de la population de la capitale du ‘‘V’’ baoulé, tous ceux qui ont des armes à domicile ne sont pas forcément des malfaiteurs, ne sont pas animés de mauvaises intentions. Certains sont poussés par l’instinct de survie. Ces personnes disent garder des armes sur elles, pour leur propre protection quand on les interroge sur leur motivation. Un chauffeur de moto taxi rencontré au centre-ville, affirme qu’il roule la nuit toujours avec son arme pour se défendre en cas d’agressions des braqueurs. Une grande campagne de sensibilisation doit se faire à ce niveau pour aider la Police militaire dans sa tâche. Car, quand elle n’est pas entre les mains de ceux qui sont en droit de les porter, l’arme devient un danger pour son détenteur et tout son entourage. Pour ce faire, la nouvelle brigade doit tout faire pour obtenir la confiance des populations. « Les coupeurs de route ont des informateurs dans les gares routières. Ces derniers donnent toutes les informations sur tel ou tel car. Si on veut combattre efficacement ce fléau, il faut commencer à filer leurs informateurs », a proposé Koné Adama, chef de gare à Bouaké. Avec la réunion qui a eu lieu en début de semaine au ministère de l’Intérieur, les populations ivoiriennes ont bon espoir que l’état-major arrivera à bout de ces bandits de grand chemin qui sèment la terreur sur les routes du pays.
Marcel Konan
Correspondant régional
Deux véhicules militaires surmontés de mitraillettes de type 12/7, quatre camions bondés de policiers, militaires et gendarmes puissamment armés. Portant des brassards estampillés en rouge PM…La police militaire patrouille dans les rues et ruelles de Bouaké depuis une semaine. Installée le 1er février par le colonel Cherif Moussa, chef de la division Emploi et opération au sein de l’état-major des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, les policiers-militaires du commandant Koné Zakaria sont déjà opérationnels dans la ville. Outre sa mission régalienne qui consiste à mettre le grappin sur les soldats indélicats, les policiers militaires, à en croire le colonel Cherif Moussa, ont reçu l’ordre mener la guerre contre le grand banditisme dans la région. Cette mesure du général de division Soumaïla Bakayoko, est saluée à sa juste valeur. Car, depuis le départ des Com-zones vers le Sud, la cité du Gbéké fait de plus en plus face à une recrudescence accrue des actes de cambriolage, d’attaques de domiciles, de braquages de moto suivis le plus souvent de mort d’homme. La venue des hommes du commandant Koné Zakaria a fait naître l’espoir de renouer avec un climat de sécurité et de quiétude. « Merci au général qui a fait preuve d’une promptitude extraordinaire. Il était ici samedi. On lui a dit que nous avions besoin de la Police militaire. Il a rétorqué : le 1er février, vous l’aurez. C’est la personnalisation de la parole donnée », s’est réjoui Konin Aka, le préfet de région. Sur la route de cette réinstauration du climat de sécurité dans le grand Centre, la tâche des hommes de Koné Zakaria sera beaucoup plus compliquée si certaines réalités inhérentes à Bouaké ne sont pas prises en compte.
Régler de façon définitive la situation des démobilisés…
Dans la capitale de l’ancienne rébellion, les démobilisés sont accusés, à tort ou à raison, d’être à la base de l’insécurité. Les dix années passées dans des casernes et la situation de précarité vécue par la quasi-totalité des ex-combattants sont autant de faits qui ne militent pas en faveur de la réputation de cette couche sociale qui, durant dix années, a appris à manier les armes. Le mal, c’est que les projets de réinsertion conçus par les autorités du pays épaulés par les organismes partenaires de la sortie de crise, n’ont pas été couronnés en grande partie par le succès. Plusieurs d’entre eux sont encore sur les listes d’attente pour des projets de réinsertion. L’échec des activités génératrices de revenues des uns et l’oisiveté des autres exposent souvent les démobilisés à beaucoup de tentation qui font très souvent le malheur des populations. Pour eux, le mythe qui entoure les corps habillés n’existe plus. « Tant qu’on ne règle pas efficacement le problème des démobilisés, il sera difficile d’instaurer la quiétude dans les zones centre, nord et ouest. Quelqu’un qui a pris part à une rébellion, qui a combattu contre des soldats de métier, ne connait pas la peur. Quand il a faim et qu’il détient une arme, il peut faire mal », a informé une source policière, sous le sceau de l’anonymat. Pour faciliter la tâche, les autorités gouvernementales se doivent de régler définitivement la réinsertion des ex-combattants dans la vie économique de la région.
Interdiction des tenues militaires sur les marchés.
Ex-quartier général des Forces nouvelles, Bouaké n’a pas encore rompu avec les mauvaises habitudes nées des dix ans de crise. Notamment la vente de la tenue militaire sur les étals des marchés à ciel ouvert et dans les rayons des magasins. « Ceux qui agressent souvent en tenue militaire ne sont pas de vrais militaires. N’importe quel quidam peut se faire confectionner des treillis et aller traumatiser nos populations », avait décrié Konin Aka. Il n’y a pas que la tenue militaire qui s’achète aisément dans le fief de l’ex-rébellion. Moins exposés à la clientèle, les pistolets et autres armes automatiques peuvent s’acquérir facilement au marché noir. « Une kalachnikov se vend à 50 000 Fcfa », a témoigné Soro Yawaga, un guérisseur et chasseur traditionnel vivant au quartier Sokoura. Sur la présence de nombreuses armes dans la ville, une haute autorité policière, qui a requis l’anonymat, dit avoir découvert à la suite d’une enquête, dans une cour, une quantité effroyable d’armes. « J’ai dit que je voulais acheter une arme. On m’a conduit chez un vendeur. Ce que j’ai vu n’a rien à envier à une poudrière », a-t-il déploré. Pour le bon déroulement de sa mission, Koné Zakaria doit prendre le taureau par les cornes. En pesant de tout son poids pour obtenir l’interdiction de la vente de tout ce qui est militaire dans nos marchés.
Sensibiliser la population pour le dépôt volontaire d’armes…
Au sein de la population de la capitale du ‘‘V’’ baoulé, tous ceux qui ont des armes à domicile ne sont pas forcément des malfaiteurs, ne sont pas animés de mauvaises intentions. Certains sont poussés par l’instinct de survie. Ces personnes disent garder des armes sur elles, pour leur propre protection quand on les interroge sur leur motivation. Un chauffeur de moto taxi rencontré au centre-ville, affirme qu’il roule la nuit toujours avec son arme pour se défendre en cas d’agressions des braqueurs. Une grande campagne de sensibilisation doit se faire à ce niveau pour aider la Police militaire dans sa tâche. Car, quand elle n’est pas entre les mains de ceux qui sont en droit de les porter, l’arme devient un danger pour son détenteur et tout son entourage. Pour ce faire, la nouvelle brigade doit tout faire pour obtenir la confiance des populations. « Les coupeurs de route ont des informateurs dans les gares routières. Ces derniers donnent toutes les informations sur tel ou tel car. Si on veut combattre efficacement ce fléau, il faut commencer à filer leurs informateurs », a proposé Koné Adama, chef de gare à Bouaké. Avec la réunion qui a eu lieu en début de semaine au ministère de l’Intérieur, les populations ivoiriennes ont bon espoir que l’état-major arrivera à bout de ces bandits de grand chemin qui sèment la terreur sur les routes du pays.
Marcel Konan
Correspondant régional