Il avait toutes les raisons de refuser de rentrer en Côte d’Ivoire, car tout en lui, se résume à Gbagbo. Ex-chargé d’Etudes à la présidence de la République sous la Refondation, ex-Directeur de campagne adjoint de Gbagbo, chargé de la Jeunesse dans les 18 Montagnes, ex-membre de la galaxie patriotique, ex-président de la coalition des mouvements et associations des jeunes des Montagnes pour Gbagbo, c’est le plus naturellement du monde que Yaké Evariste s’est retrouvé en exil au Ghana voisin, à l’issue de la crise post-électorale. Là bas, il a été élu président des réfugiés ivoiriens. Mais convaincu que l’intérêt du pays passe avant les préoccupations personnelles, il a répondu à l’appel lancé par le président de la République à l’endroit des exilés et il est rentré au pays depuis le 29 novembre dernier. Dans cette interview-la toute première du genre qu’il accorde depuis son retour- Yaké Evariste dit tout et tout.
Le Patriote: Vous êtes l’ex-président des réfugiés ivoiriens au Ghana. Qu’est ce qui a motivé votre retour?
Yaké Evariste: Ce qui a motivé mon retour, c’est lorsqu’après la crise post-électorale, à son investiture, le président de la République, Alassane Ouattara, a tendu la main à tous ses frères exilés LMP. J’ai reconnu au chef d’Etat, un houphouétiste. Moi-même étant houphouétiste à la base, je me suis dit : Alassane Ouattara venait de démontrer qu’il est venu à la tête de l’Etat pour apporter l’unité, la réconciliation et non la division. En tant que président des réfugiés, je me suis tout de suite entretenu avec tous mes collaborateurs pour saisir cette perche que le président de la République venait de nous tendre. Voilà ce qui nous a permis de nous organiser. Malgré toutes les difficultés, les vicissitudes, nous avons pu rompre l’exil pour renter en Côte d’Ivoire où nous vivons en toute liberté.
LP: Depuis le 29 novembre, en plus de vous, l’ex-maire de Yopougon, Gbamlan Djidan et 50 autres exilés sont rentrés au pays. Comment se passe votre réintégration?
YE: Je voudrais rendre hommage au président de la République. Je voudrais également rendre un hommage tout particulier au ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko et à toute son équipe. Je peux vous assurer que les moyens ont été mis pour que nous effectuions le voyage en toute sécurité et à l’aise. Dès notre arrivée, nous avons été accueillis avec chaleur et considération. Depuis, tout se passe bien. Nous sommes en sécurité. Nous sommes libres de nos mouvements partout dans le pays. J’ai été déjà à l’Ouest pour parler avec les jeunes et les parents et leur dire que le président Ouattara nous a donné sa parole. Il met tout en œuvre pour restaurer la quiétude et la paix pour tous les Ivoiriens. Je profite pour dire aux délateurs, à ceux qui disent des choses erronées, que le président Yaké Evariste, leader de la région des 18 montagnes est à l’aise dans son pays, le maire Gbamlan Djidan se porte bien et les 50 autres exilés de retour avec nous, se portent également bien. Le ministre de l’Intérieur a même donné quelques moyens pour permettre aux uns et aux autres de reprendre leurs activités. Je crois qu’il faut rendre hommage à ce gouvernement. Il faut avoir le courage de dire la vérité. Ce que nous n’avons pas pu faire, ce gouvernement est en train de le réussir. Moi je suis engagé pour une Côte d’Ivoire paisible et prospère. Je vais faire la sensibilisation autour de cela.
LP: Que dites-vous donc à ceux de vos amis qui hésitent encore à renter au pays?
YE: Je voudrais dire à tous mes amis de la galaxie patriotique, mes amis LMP, mes amis exilés après la crise post-électorale, de renter définitivement au pays. Je voudrais leur dire de s’appuyer sur mon exemple pour mettre fin à leur exil. Je suis comme ils le disent eux-mêmes, ‘’ le mouton de sacrifice’’. Mais je suis totalement libre de tout. Je vaque tranquillement à mes occupations et je me sens très à l’aise en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de sécurité zéro dans un pays. Je peux vous assurer que le président de la République, Alassane Ouattara a donné des instructions fermes à nos Forces, les FRCI pour la sécurité de tous les Ivoiriens sans distinction politique, religieuse ni ethnique. Je dis bien à nos Forces, les FRCI. Parce que quand on parle des FRCI, mon camp pense qu’il s’agit d’une force autre que celle nationale. Les FRCI, c’est l’assemblage des ex-FDS et des ex-FAFN. Je crois que nous sommes en train d’assister à une normalisation de la situation sécuritaire.
D’Abidjan à Man, il est difficile de croiser des soldats. Les barrages ont littéralement diminué.
Je voudrais donc encourager mes amis à revenir au pays. L’exil n’est pas facile. On n’est mieux que chez soi. Je me promenais avant avec des gardes de corps. Maintenant je vais partout et à n’importe quelle heure sans gardes de corps. Je tenais à préciser cela. C’est important. Le président Ouattara ne cesse de parler à son camp en lui imposant même de nous tendre la main pour que la Côte d’Ivoire emprunte enfin, la voie du développement pour être un pays émergent. Nous, à notre tour, nous devons faire preuve de bonne foi. Il faut que les gens arrêtent les propos injurieux, discourtois, menaçants et guerriers. Personne ne peut déloger le président Ouattara. Nous avons fait tout ce qui est humainement possible pour lui barrer la route du palais de la Présidence. Mais l’Eternel des Armées que nous avions prié à notre temps, nous a dit que son choix est Alassane Ouattara. C’est Dieu qui choisit les chefs. Celui qui respecte Dieu, doit pouvoir se soumettre à Alassane Ouattara.
LP: Votre convoi de retour devrait être suivi des plusieurs autres. Depuis votre arrivée, aucun autre convoi n’est arrivé. Qu’est ce qui a bien pu se passer?
YE: Nous sommes en contact avec les autorités gouvernementales. Mais il y a la mauvaise foi de certains extrémistes de notre camp qui continuent d’intoxiquer, de rêver. Parce qu’ils pensent que la nouvelle Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara est une Côte d’Ivoire qui rigole. La nouvelle Côte d’Ivoire, je vous le dis, avance. Le président Ouattara est au travail. Je vois et je sens ce travail qui est en train d’être effectué. Je donne le secret. Il y a des convois qui arrivent avec à la tête des ministres, notamment, la ministre Henriette Lagou, mon ami Anoï Castro. Il y a beaucoup d’Ivoiriens qui arrivent. Je vous apprends aussi que beaucoup rentrent sans faire de bruit. Ils s’installent et nous appellent pour dire qu’ils sont là. Nous disons que la porte est ouverte. Le président a dit que celui qui ne se reproche rien, qu’il rentre. La justice est faite pour tous. Je voudrais vous dire que dans quelques jours, nous allons annoncer l’arrivée de plusieurs exilés ivoiriens. Parce qu’ils sont fatigués de rester dans les rêves et les difficultés sans aide.
LP: Vous étiez dans la délégation qui a accompagné le président de la République en France lors de sa récente visite d’Etat. Après votre retour, quels sont les sentiments qui vous animent?
YE: Je voudrais dire aux Ivoiriens que je suis fier de la Côte d’Ivoire. J’ai vu une démonstration de crédibilité de la part du chef de l’Etat ivoirien. Jamais en France, depuis que je connais l’Europe parce que j’y ai passé 20 ans de ma vie, un chef d’Etat africain n’a été reçu comme Alassane Ouattara. Même le père-fondateur qui avait la France dans sa main, n’a jamais eu cet égard. Nous étions à la recherche de la crédibilité, mais Alassane Ouattara est la crédibilité faite homme. Nous avons assisté à un ballet des plus grands de ce monde à Paris, à un ballet des investisseurs qui frappent à la porte de la Côte d’Ivoire. Je salue l’Ambassadeur Ally Coulibaly et tous ses collaborateurs qui nous ont fait le plaisir de nous recevoir en tant que leader LMP. Je suis un ‘’Gbagboiste’’ pur et dur. Mais je sais qu’Alassane Ouattara est un grand président qui va apporter beaucoup à la Côte d’Ivoire.
Nous allons juger Alassane Ouattara sur son programme, son travail. S’il ne convainc pas le peuple, nous allons le battre dans les urnes. Je crois que la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie. Mais nous sommes là pour critiquer. Le panier de la ménagère est toujours cher. Cela n’est pas normal. Nous disons que le président doit maintenir la flamme dans son engagement pour l’emploi de la jeunesse ivoirienne. En tant que cadre LMP, j’ai le courage de dire qu’Alassane Ouattara est un grand président. Il l’aura démontré sur les champs Elysées et dans l’Hexagone.
LP: Avant Paris, vous étiez à l’Ouest du pays pour échanger avec vos parents. Comment le voyage s’est-t-il passé?
YE: Tout s’est bien passé. D’Abidjan à Man, il n’y a pas eu de problèmes. Je suis allé rassurer mes parents. Parce que certains de mes amis LMP prenaient le malin plaisir de leur dire que j’étais en résidence surveillée. Je suis allé dire aux parents que j’étais libre de mes mouvements et surtout de mes arguments. J’ai profité pour rencontrer toute la jeunesse LMP des 18 montagnes dont je suis le leader pour leur dire que la Côte d’Ivoire à un nouveau président qui est Alassane Ouattara. Et surtout, qu’il n’y aura pas de miracle. Laurent Gbagbo sera libéré de La Haye, cela n’engage que moi, mais c’est pour prendre sa retraite à Mama. Tous ceux qui pensent que Gbagbo reviendra un jour pour gouverner ce pays, se trompent. L’Ouest a payé le plus lourd tribut à la crise ivoirienne. C’est pourquoi, nous allons mener le corps-à-corps pour ramener nos parents, ceux que nous avons endoctrinés hier par la parole, à la réalité et à la réconciliation. J’aime Gbagbo mais je dis qu’il faut reconnaître que le lièvre court vite quand bien même on ne l’aime pas.
LP: Pensez-vous que la déstabilisation du pays pourrait venir du Ghana où vous étiez avec vos amis LMP?
YE: Ce qui me rassure, c’est qu’Alassane Ouattara veille au grain. Depuis que je suis de retour, la Côte d’Ivoire est sécurisée. Je voudrais dire que toute déstabilisation de la Côte d’Ivoire serait fatale pour les déstabilisateurs. Parce que les Ivoiriens sont fatigués de la guerre. Je voudrais dire à mes amis dans ces pays limitrophes, d’arrêter de rêver parce que l’armée de Côte d’Ivoire est unie. Le président Ouattara est en train de forger une armée puissante et équipée. Mais il faut toujours faire attention parce qu’il y a toujours des extrémistes qui n’ont encore rien compris. Nous LMP, voulons battre le président Alassane Ouattara dans les urnes et non par la guerre. Nous n’allons donc pas accepter une quelconque déstabilisation de la Côte d’ Ivoire. Ceux qui veulent déstabiliser la Côte d’Ivoire doivent se souvenir qu’ils ont leurs parents à Abidjan, leurs frères, leurs sœurs, leurs femmes et leurs enfants sont à Abidjan.
LP: Ce sont des menaces?
YE: Non, Ce ne sont pas des menaces. Mais il faut qu’ils se souviennent de cela avant de tenter quoi que ce soit. Je crois que nous avons grand intérêt à dialoguer avec le pouvoir.
C’est en cela que je voudrais saluer le président Fologo. Ceux qui rêvent de prendre le pouvoir d’Etat par les armes se trompent. Alassane Ouattara, en si peu de temps, est arrivé à mettre l’avion de la Côte d’Ivoire sur la piste de décollage.
LP: Pensez-vous que le FPI peut survivre à l’emprisonnement de son père-fondateur, Laurent Gbagbo?
YE: Je voudrais souligner que je ne suis pas du FPI. Je suis un Gbagboiste. J’ai connu l’homme. Le FPI est un grand parti que je respecte. J’ai n’ai pas de parti pour le moment. Je ne sais pas où j’irai. Mais en tant que cadre LMP, leader influent de LMP, je dis que Gbagbo ne reviendra plus au pouvoir d’Etat.
LP: Vous avez été très proche de Laurent Gbagbo. Maintenant, vous semblez être tout aussi très proche du nouveau pouvoir. Est-ce qu’on doit vous faire confiance?
YE: J’ai soutenu Laurent Gbagbo. Je continue de le soutenir. Mais je pense que la politique est aussi la saine appréciation des réalités du moment. Je n’ai pas changé de bord. Je dis que la démocratie est comme le football. Celui qui a gagné, a gagné, il faut pouvoir l’accepter et s’entraîner pour pouvoir le battre prochainement sur le terrain. Je ne suis pas RHDP non plus. Mais je dis, il faut accompagner Alassane Ouattara dans la mise en œuvre de son programme dans la paix, et c’est ce que je vais m’évertuer à faire. Par la suite, je vais le juger sur son travail. Je rappellerai au peuple ses promesses non tenues.
LP: Vos camarades vous traitent de vendu. N’ont-ils pas raison?
YE: Les gens nous traient de vendus. Mais ils n’ont rien compris. La politique n’est pas la belligérance permanente. Faire la politique, ce n’est pas faire de l’adversaire un ennemi.
Nous sommes adversaires et non ennemis. Le ministre Hamed Bakayoko est un aîné qui me respecte parce que je suis LMP et moi je le respecte en tant que RHDP. C’est cela la politique. Il faut avoir la hauteur d’esprit. Si prôner la paix, dire aux Ivoiriens qu’il n’y a rien de plus que la paix est synonyme d’être un pro-ADO, alors j’assume cela. ADO nous a battus dans les urnes et militairement. Il faut le reconnaître. Nous disons à nos camarades qu’aimer Gbagbo, c’est aller à la paix.
LP: Le président de la République sera bientôt à l’Ouest. Quelle sera votre apport dans cette visite?
YE: Nous allons lancer une caravane de réconciliation. Nous allons aller sur le terrain pour préparer la visite du chef de l’Etat. En tant que leader de la région, nous allons sillonner tout le département pour dire à nos parents de sortir massivement pour accueillir le président de la République. Car Alassane Ouattara est le président de tous les Ivoiriens. Il n’est plus le président des seuls militants RDR mais de tous les Ivoiriens. Bientôt, nous serons sur le terrain. Nous devons montrer à tous que l’Ouest n’est pas une poudrière mais que l’Ouest aime le président de la République. Je serai le fer de lance de cette visite.
Yves-M. ABIET (Collaboration : Lacina Ouattara)
Le Patriote: Vous êtes l’ex-président des réfugiés ivoiriens au Ghana. Qu’est ce qui a motivé votre retour?
Yaké Evariste: Ce qui a motivé mon retour, c’est lorsqu’après la crise post-électorale, à son investiture, le président de la République, Alassane Ouattara, a tendu la main à tous ses frères exilés LMP. J’ai reconnu au chef d’Etat, un houphouétiste. Moi-même étant houphouétiste à la base, je me suis dit : Alassane Ouattara venait de démontrer qu’il est venu à la tête de l’Etat pour apporter l’unité, la réconciliation et non la division. En tant que président des réfugiés, je me suis tout de suite entretenu avec tous mes collaborateurs pour saisir cette perche que le président de la République venait de nous tendre. Voilà ce qui nous a permis de nous organiser. Malgré toutes les difficultés, les vicissitudes, nous avons pu rompre l’exil pour renter en Côte d’Ivoire où nous vivons en toute liberté.
LP: Depuis le 29 novembre, en plus de vous, l’ex-maire de Yopougon, Gbamlan Djidan et 50 autres exilés sont rentrés au pays. Comment se passe votre réintégration?
YE: Je voudrais rendre hommage au président de la République. Je voudrais également rendre un hommage tout particulier au ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko et à toute son équipe. Je peux vous assurer que les moyens ont été mis pour que nous effectuions le voyage en toute sécurité et à l’aise. Dès notre arrivée, nous avons été accueillis avec chaleur et considération. Depuis, tout se passe bien. Nous sommes en sécurité. Nous sommes libres de nos mouvements partout dans le pays. J’ai été déjà à l’Ouest pour parler avec les jeunes et les parents et leur dire que le président Ouattara nous a donné sa parole. Il met tout en œuvre pour restaurer la quiétude et la paix pour tous les Ivoiriens. Je profite pour dire aux délateurs, à ceux qui disent des choses erronées, que le président Yaké Evariste, leader de la région des 18 montagnes est à l’aise dans son pays, le maire Gbamlan Djidan se porte bien et les 50 autres exilés de retour avec nous, se portent également bien. Le ministre de l’Intérieur a même donné quelques moyens pour permettre aux uns et aux autres de reprendre leurs activités. Je crois qu’il faut rendre hommage à ce gouvernement. Il faut avoir le courage de dire la vérité. Ce que nous n’avons pas pu faire, ce gouvernement est en train de le réussir. Moi je suis engagé pour une Côte d’Ivoire paisible et prospère. Je vais faire la sensibilisation autour de cela.
LP: Que dites-vous donc à ceux de vos amis qui hésitent encore à renter au pays?
YE: Je voudrais dire à tous mes amis de la galaxie patriotique, mes amis LMP, mes amis exilés après la crise post-électorale, de renter définitivement au pays. Je voudrais leur dire de s’appuyer sur mon exemple pour mettre fin à leur exil. Je suis comme ils le disent eux-mêmes, ‘’ le mouton de sacrifice’’. Mais je suis totalement libre de tout. Je vaque tranquillement à mes occupations et je me sens très à l’aise en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de sécurité zéro dans un pays. Je peux vous assurer que le président de la République, Alassane Ouattara a donné des instructions fermes à nos Forces, les FRCI pour la sécurité de tous les Ivoiriens sans distinction politique, religieuse ni ethnique. Je dis bien à nos Forces, les FRCI. Parce que quand on parle des FRCI, mon camp pense qu’il s’agit d’une force autre que celle nationale. Les FRCI, c’est l’assemblage des ex-FDS et des ex-FAFN. Je crois que nous sommes en train d’assister à une normalisation de la situation sécuritaire.
D’Abidjan à Man, il est difficile de croiser des soldats. Les barrages ont littéralement diminué.
Je voudrais donc encourager mes amis à revenir au pays. L’exil n’est pas facile. On n’est mieux que chez soi. Je me promenais avant avec des gardes de corps. Maintenant je vais partout et à n’importe quelle heure sans gardes de corps. Je tenais à préciser cela. C’est important. Le président Ouattara ne cesse de parler à son camp en lui imposant même de nous tendre la main pour que la Côte d’Ivoire emprunte enfin, la voie du développement pour être un pays émergent. Nous, à notre tour, nous devons faire preuve de bonne foi. Il faut que les gens arrêtent les propos injurieux, discourtois, menaçants et guerriers. Personne ne peut déloger le président Ouattara. Nous avons fait tout ce qui est humainement possible pour lui barrer la route du palais de la Présidence. Mais l’Eternel des Armées que nous avions prié à notre temps, nous a dit que son choix est Alassane Ouattara. C’est Dieu qui choisit les chefs. Celui qui respecte Dieu, doit pouvoir se soumettre à Alassane Ouattara.
LP: Votre convoi de retour devrait être suivi des plusieurs autres. Depuis votre arrivée, aucun autre convoi n’est arrivé. Qu’est ce qui a bien pu se passer?
YE: Nous sommes en contact avec les autorités gouvernementales. Mais il y a la mauvaise foi de certains extrémistes de notre camp qui continuent d’intoxiquer, de rêver. Parce qu’ils pensent que la nouvelle Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara est une Côte d’Ivoire qui rigole. La nouvelle Côte d’Ivoire, je vous le dis, avance. Le président Ouattara est au travail. Je vois et je sens ce travail qui est en train d’être effectué. Je donne le secret. Il y a des convois qui arrivent avec à la tête des ministres, notamment, la ministre Henriette Lagou, mon ami Anoï Castro. Il y a beaucoup d’Ivoiriens qui arrivent. Je vous apprends aussi que beaucoup rentrent sans faire de bruit. Ils s’installent et nous appellent pour dire qu’ils sont là. Nous disons que la porte est ouverte. Le président a dit que celui qui ne se reproche rien, qu’il rentre. La justice est faite pour tous. Je voudrais vous dire que dans quelques jours, nous allons annoncer l’arrivée de plusieurs exilés ivoiriens. Parce qu’ils sont fatigués de rester dans les rêves et les difficultés sans aide.
LP: Vous étiez dans la délégation qui a accompagné le président de la République en France lors de sa récente visite d’Etat. Après votre retour, quels sont les sentiments qui vous animent?
YE: Je voudrais dire aux Ivoiriens que je suis fier de la Côte d’Ivoire. J’ai vu une démonstration de crédibilité de la part du chef de l’Etat ivoirien. Jamais en France, depuis que je connais l’Europe parce que j’y ai passé 20 ans de ma vie, un chef d’Etat africain n’a été reçu comme Alassane Ouattara. Même le père-fondateur qui avait la France dans sa main, n’a jamais eu cet égard. Nous étions à la recherche de la crédibilité, mais Alassane Ouattara est la crédibilité faite homme. Nous avons assisté à un ballet des plus grands de ce monde à Paris, à un ballet des investisseurs qui frappent à la porte de la Côte d’Ivoire. Je salue l’Ambassadeur Ally Coulibaly et tous ses collaborateurs qui nous ont fait le plaisir de nous recevoir en tant que leader LMP. Je suis un ‘’Gbagboiste’’ pur et dur. Mais je sais qu’Alassane Ouattara est un grand président qui va apporter beaucoup à la Côte d’Ivoire.
Nous allons juger Alassane Ouattara sur son programme, son travail. S’il ne convainc pas le peuple, nous allons le battre dans les urnes. Je crois que la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie. Mais nous sommes là pour critiquer. Le panier de la ménagère est toujours cher. Cela n’est pas normal. Nous disons que le président doit maintenir la flamme dans son engagement pour l’emploi de la jeunesse ivoirienne. En tant que cadre LMP, j’ai le courage de dire qu’Alassane Ouattara est un grand président. Il l’aura démontré sur les champs Elysées et dans l’Hexagone.
LP: Avant Paris, vous étiez à l’Ouest du pays pour échanger avec vos parents. Comment le voyage s’est-t-il passé?
YE: Tout s’est bien passé. D’Abidjan à Man, il n’y a pas eu de problèmes. Je suis allé rassurer mes parents. Parce que certains de mes amis LMP prenaient le malin plaisir de leur dire que j’étais en résidence surveillée. Je suis allé dire aux parents que j’étais libre de mes mouvements et surtout de mes arguments. J’ai profité pour rencontrer toute la jeunesse LMP des 18 montagnes dont je suis le leader pour leur dire que la Côte d’Ivoire à un nouveau président qui est Alassane Ouattara. Et surtout, qu’il n’y aura pas de miracle. Laurent Gbagbo sera libéré de La Haye, cela n’engage que moi, mais c’est pour prendre sa retraite à Mama. Tous ceux qui pensent que Gbagbo reviendra un jour pour gouverner ce pays, se trompent. L’Ouest a payé le plus lourd tribut à la crise ivoirienne. C’est pourquoi, nous allons mener le corps-à-corps pour ramener nos parents, ceux que nous avons endoctrinés hier par la parole, à la réalité et à la réconciliation. J’aime Gbagbo mais je dis qu’il faut reconnaître que le lièvre court vite quand bien même on ne l’aime pas.
LP: Pensez-vous que la déstabilisation du pays pourrait venir du Ghana où vous étiez avec vos amis LMP?
YE: Ce qui me rassure, c’est qu’Alassane Ouattara veille au grain. Depuis que je suis de retour, la Côte d’Ivoire est sécurisée. Je voudrais dire que toute déstabilisation de la Côte d’Ivoire serait fatale pour les déstabilisateurs. Parce que les Ivoiriens sont fatigués de la guerre. Je voudrais dire à mes amis dans ces pays limitrophes, d’arrêter de rêver parce que l’armée de Côte d’Ivoire est unie. Le président Ouattara est en train de forger une armée puissante et équipée. Mais il faut toujours faire attention parce qu’il y a toujours des extrémistes qui n’ont encore rien compris. Nous LMP, voulons battre le président Alassane Ouattara dans les urnes et non par la guerre. Nous n’allons donc pas accepter une quelconque déstabilisation de la Côte d’ Ivoire. Ceux qui veulent déstabiliser la Côte d’Ivoire doivent se souvenir qu’ils ont leurs parents à Abidjan, leurs frères, leurs sœurs, leurs femmes et leurs enfants sont à Abidjan.
LP: Ce sont des menaces?
YE: Non, Ce ne sont pas des menaces. Mais il faut qu’ils se souviennent de cela avant de tenter quoi que ce soit. Je crois que nous avons grand intérêt à dialoguer avec le pouvoir.
C’est en cela que je voudrais saluer le président Fologo. Ceux qui rêvent de prendre le pouvoir d’Etat par les armes se trompent. Alassane Ouattara, en si peu de temps, est arrivé à mettre l’avion de la Côte d’Ivoire sur la piste de décollage.
LP: Pensez-vous que le FPI peut survivre à l’emprisonnement de son père-fondateur, Laurent Gbagbo?
YE: Je voudrais souligner que je ne suis pas du FPI. Je suis un Gbagboiste. J’ai connu l’homme. Le FPI est un grand parti que je respecte. J’ai n’ai pas de parti pour le moment. Je ne sais pas où j’irai. Mais en tant que cadre LMP, leader influent de LMP, je dis que Gbagbo ne reviendra plus au pouvoir d’Etat.
LP: Vous avez été très proche de Laurent Gbagbo. Maintenant, vous semblez être tout aussi très proche du nouveau pouvoir. Est-ce qu’on doit vous faire confiance?
YE: J’ai soutenu Laurent Gbagbo. Je continue de le soutenir. Mais je pense que la politique est aussi la saine appréciation des réalités du moment. Je n’ai pas changé de bord. Je dis que la démocratie est comme le football. Celui qui a gagné, a gagné, il faut pouvoir l’accepter et s’entraîner pour pouvoir le battre prochainement sur le terrain. Je ne suis pas RHDP non plus. Mais je dis, il faut accompagner Alassane Ouattara dans la mise en œuvre de son programme dans la paix, et c’est ce que je vais m’évertuer à faire. Par la suite, je vais le juger sur son travail. Je rappellerai au peuple ses promesses non tenues.
LP: Vos camarades vous traitent de vendu. N’ont-ils pas raison?
YE: Les gens nous traient de vendus. Mais ils n’ont rien compris. La politique n’est pas la belligérance permanente. Faire la politique, ce n’est pas faire de l’adversaire un ennemi.
Nous sommes adversaires et non ennemis. Le ministre Hamed Bakayoko est un aîné qui me respecte parce que je suis LMP et moi je le respecte en tant que RHDP. C’est cela la politique. Il faut avoir la hauteur d’esprit. Si prôner la paix, dire aux Ivoiriens qu’il n’y a rien de plus que la paix est synonyme d’être un pro-ADO, alors j’assume cela. ADO nous a battus dans les urnes et militairement. Il faut le reconnaître. Nous disons à nos camarades qu’aimer Gbagbo, c’est aller à la paix.
LP: Le président de la République sera bientôt à l’Ouest. Quelle sera votre apport dans cette visite?
YE: Nous allons lancer une caravane de réconciliation. Nous allons aller sur le terrain pour préparer la visite du chef de l’Etat. En tant que leader de la région, nous allons sillonner tout le département pour dire à nos parents de sortir massivement pour accueillir le président de la République. Car Alassane Ouattara est le président de tous les Ivoiriens. Il n’est plus le président des seuls militants RDR mais de tous les Ivoiriens. Bientôt, nous serons sur le terrain. Nous devons montrer à tous que l’Ouest n’est pas une poudrière mais que l’Ouest aime le président de la République. Je serai le fer de lance de cette visite.
Yves-M. ABIET (Collaboration : Lacina Ouattara)