Elle n’est pas du tout aisé, la position dans laquelle se trouve actuellement le Front populaire ivoirien (Fpi). Locomotive de l’opposition ivoirienne, le parti fondé par Laurent Gbagbo (ex-chef d’Etat ivoirien détenu à la Cour pénale internationale) et ses camarades de lutte, a désormais un statut bien difficile à gérer. D’abord parce qu’il s’est retrouvé dans une position de faiblesse, après la chute de « son champion », Laurent Gbagbo ; l’emprisonnement de certains de ses cadres et l’exil forcé pour bien d’autres. Ensuite, parce que le Fpi pour sa survie n’a pas d’autre choix que de tenir la dragée haute à un pouvoir fraîchement installé et qui n’entend pas plier l’échine au moindre mouvement du vent et ce dans un contexte qui lui est particulièrement hostile. La preuve, la plupart de ses manifestations publiques ont été soit interdites, soit empêchées. D’ailleurs, celle organisée le 21 janvier 2012, à Yopougon-Ficgayo, son fief, a viré au drame. Ainsi le Fpi ne se prive-t-il pas de déclarer, quand il en a l’occasion, qu’il a en face un pouvoir dont il dénonce les actes et méthodes qui, de son point de vue, sont aux antipodes de la démocratie. Le Fpi semble donc admettre que le régime qui l’a dépossédé du pouvoir d’Etat n’est vraiment pas d’humeur à lui faire de cadeau dans le jeu politique.
Aujourd’hui, le constat est palpable. Le pouvoir d’Alassane Ouattara et les camarades politiques de Laurent Gbagbo ont des rapports qui ne sont pas ceux de joyeux copains. En témoigne, la rupture du dialogue entre les deux camps. Du côté du Fpi, on est formel : pas question de pactiser avec ceux qui ont ‘’planifier’’ l’arrestation et le transfèrement de Laurent Gbagbo, à la prison de La Haye. Ce qui a pour conséquence, son refus de siéger au gouvernement. Il ne s’agit donc pas pour le parti de Laurent Gbagbo de montrer à l’opinion nationale et internationale que tout va bien en Côte d’Ivoire comme dans le meilleur des mondes. Du coup, la libération de l’ex-chef d’Etat, des cadres du parti et de bien de prisonniers politiques ; le retour inconditionnel des exilés sont posés et traduits par le parti que dirige Miaka Ouereto en termes de conditions avant de se montrer plus « coopératif ».
Mais jusqu’à quand le Fpi va brandir ses conditions ? Ne va-t-il pas se faire avoir à l’usure, surtout que le pouvoir en place et la Cpi semblent ne guère accorder d’oreille attentive à ces ‘’préalables’’ ? Le risque est bien grand, car une fois que s’ouvrira un dialogue politique franc entre le pouvoir et l’opposition, le Fpi sera bien amené, comme dans toute négociation, de faire des concessions, et renoncer à ces conditions, au cas où il lui arrive de comprendre que la libération de Laurent Gbagbo relèverait de l’utopie. Si un tel scenario se produit, il pourrait refroidir l’ardeur des militants où éteindre la flamme « patriotique ». Ces derniers, on l’imagine, crieront à la trahison des cadres qui ont la lourde mission de ne pas les décevoir. Ceux-ci, naturellement, attendent beaucoup d’eux, demeurant dans la conviction inébranlable qu’un jour Laurent Gbagbo reviendra grandi et ragaillardi de La Haye. Mais si le Fpi y croit jusqu’au bout, elle devra alors réfléchir à d’autres formes de lutte pour ne pas casser la dynamique de cette principale revendication. Entre-temps, le parti se garde de participer à des élections en Côte d’Ivoire, tant que les conditions et les principes élémentaires d’un scrutin démocratique, selon lui, ne sont pas réunis.
Partagé entre le profond désir de ne pas trahir Laurent Gbagbo, ses partisans, ses militants et l’obligation de faire tout de même des concessions dans la perspective d’un dialogue avec le pouvoir qui pourrait s’ouvrir à tout moment, le Fpi est pris dans un engrenage dans lequel il lui faut absolument sortir. Une lutte donc contre lui-même. Et pour sa survie, le Fpi devra gagner ce combat.
Alain BOUABRE
Aujourd’hui, le constat est palpable. Le pouvoir d’Alassane Ouattara et les camarades politiques de Laurent Gbagbo ont des rapports qui ne sont pas ceux de joyeux copains. En témoigne, la rupture du dialogue entre les deux camps. Du côté du Fpi, on est formel : pas question de pactiser avec ceux qui ont ‘’planifier’’ l’arrestation et le transfèrement de Laurent Gbagbo, à la prison de La Haye. Ce qui a pour conséquence, son refus de siéger au gouvernement. Il ne s’agit donc pas pour le parti de Laurent Gbagbo de montrer à l’opinion nationale et internationale que tout va bien en Côte d’Ivoire comme dans le meilleur des mondes. Du coup, la libération de l’ex-chef d’Etat, des cadres du parti et de bien de prisonniers politiques ; le retour inconditionnel des exilés sont posés et traduits par le parti que dirige Miaka Ouereto en termes de conditions avant de se montrer plus « coopératif ».
Mais jusqu’à quand le Fpi va brandir ses conditions ? Ne va-t-il pas se faire avoir à l’usure, surtout que le pouvoir en place et la Cpi semblent ne guère accorder d’oreille attentive à ces ‘’préalables’’ ? Le risque est bien grand, car une fois que s’ouvrira un dialogue politique franc entre le pouvoir et l’opposition, le Fpi sera bien amené, comme dans toute négociation, de faire des concessions, et renoncer à ces conditions, au cas où il lui arrive de comprendre que la libération de Laurent Gbagbo relèverait de l’utopie. Si un tel scenario se produit, il pourrait refroidir l’ardeur des militants où éteindre la flamme « patriotique ». Ces derniers, on l’imagine, crieront à la trahison des cadres qui ont la lourde mission de ne pas les décevoir. Ceux-ci, naturellement, attendent beaucoup d’eux, demeurant dans la conviction inébranlable qu’un jour Laurent Gbagbo reviendra grandi et ragaillardi de La Haye. Mais si le Fpi y croit jusqu’au bout, elle devra alors réfléchir à d’autres formes de lutte pour ne pas casser la dynamique de cette principale revendication. Entre-temps, le parti se garde de participer à des élections en Côte d’Ivoire, tant que les conditions et les principes élémentaires d’un scrutin démocratique, selon lui, ne sont pas réunis.
Partagé entre le profond désir de ne pas trahir Laurent Gbagbo, ses partisans, ses militants et l’obligation de faire tout de même des concessions dans la perspective d’un dialogue avec le pouvoir qui pourrait s’ouvrir à tout moment, le Fpi est pris dans un engrenage dans lequel il lui faut absolument sortir. Une lutte donc contre lui-même. Et pour sa survie, le Fpi devra gagner ce combat.
Alain BOUABRE