L’année scolaire est à son deuxième semestre et dans certains établissements, des élèves sont privés de cours dans des matières, faute d’enseignants.
Depuis la rentrée en octobre, C. F, élève en classe de 5ème 8 au lycée municipal de Williamsville, n’a pas encore vu l’ombre de son professeur d’Histoire-géographie. A la différence d’autres camarades qui reçoivent des cours dans toutes les matières, les élèves de cette classe de 5ème 8 confient qu’ils n’ont pas encore reçu de cours d’Histoire et de géographie. «A l’exception de notre professeur d’Histoire-géo, tous les autres professeurs sont présents et nous dispensent les cours. Nous avons posé le problème au censeur qui nous a écoutés, mais rien n’a changé depuis. A ce jour, nous n’avons pas de professeur dans cette matière », explique C.F. Les élèves de Tle D de cet établissement sont également logés à la même enseigne. Depuis la rentrée, ces apprenants sont privés de cours de philosophie, car n’ayant pas de professeur en la matière. Selon un élève de Tle D1, qui a requis l’anonymat, le lycée compte un seul professeur de philosophie qui dispense des cours aux terminales A et C. «Les terminales sont au nombre de sept dans ce lycée. Nous qui sommes en D n’avons pas encore pris de cours de philosophie et pourtant nous sommes au début du deuxième semestre », s’inquiète l’élève. Le lycée municipal d’Abobo connait également les mêmes réalités. Dans cet établissement, les apprenants sont également confrontés au manque cruel de professeurs d’Histoire-Géographie et de Français. Selon une source introduite au sein de ce lycée, ce sont les élèves de seconde et de sixième qui pâtissent surtout du manque de professeurs. «Depuis que les cours ont commencé en janvier, nous devons faire face à une insuffisance d’enseignants, à telle enseigne que nous avons dû changer des emplois du temps, les alléger pour permettre à certains professeurs de prendre les classes qui n’ont pas d’enseignants », explique la source.
L’impuissance des responsables d’établissement
Le proviseur du lycée municipal de Williamsville avoue que son établissement ne possède qu’un seul professeur de philosophie et qu’après une rencontre avec le chargé des ressources humaines, le 14 février, le problème est en passe d’être réglé. «Nous avions une stagiaire qui nous aidait un tant soit peu, mais elle a été affectée à Dimbokro. Notre seul professeur de philosophie a promis de nous aider en contactant des amis, professeurs du Lycée Pierre Gadié. Le Coges a promis également de nous aider et notre Dren nous a envoyé des formulaires à remplir », explique-t-elle, avant de nous mettre en contact avec son censeur, M. Koné. Celui-ci explique que l’établissement compte deux classes de terminale A, une classe de terminale C et sept classes de terminales D. Selon lui, les sept classes de terminale D ne reçoivent pas de cours de philosophie. Le censeur révèle également que deux classes de 4ème, trois classes de 6ème et sept classes de 5ème ne disposent pas encore de professeurs d’Histoire-Géographie. «Certains de nos élèves de 4ème, depuis la classe de 6ème, n’ont pas encore fait de cours d’histoire-géographie. Nous avions 17 professeurs de cette matière mais aujourd’hui, il n’en reste plus que 11 du fait des mutations. En ce qui concerne le professeur de philosophie, il dispense 19 h de cours par semaines, 8 h pour chaque classe de Tle A et 3 h pour la classe de Tle C », révèle-t-il. Ce manque d’enseignants préoccupe au plus haut point le Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci) qui ne manque pas d’indiquer que cela ne favorise pas une situation de classe. Selon Soro Mamadou, secrétaire général du Synesci, il faut qu’il y ait un recrutement proportionnel d’enseignants qualifiés au nombre de classes manquantes, afin qu’il y ait une couverture totale des élèves. «Le manque d’enseignants entraine des conséquences graves. On va d’abord à la réduction des volumes pédagogiques. Par exemple en mathématiques, si c’était cinq heures de classe par semaine, avec la pénurie d’enseignants en mathématiques, on ramènera à quatre heures. Le volume pédagogique d’enseignement hebdomadaire étant réduit à près de la moitié, il va sans dire que les semaines pédagogiques qui devaient consacrer l’année scolaire en termes d’enseignement, ne pourront pas l’être. Certains établissements vont procéder à des jumelages de classes, c’est-à-dire rassembler des classes de 6ème et 5ème et dispenser le cours. Cela devient une approximation pédagogique», déplore le secrétaire général. Il ajoute que cela pourra entrainer l’inachèvement des programmes, car l’enseignant ne pourra pas finir le programme arrêté. Soro Mamadou met également à l’index les effectifs pléthoriques qui sont dus au faible taux d’enseignements dans les établissements scolaires. «Comme il n’y a pas suffisamment d’enseignants, on gonfle les salles de classe et au lieu de gérer des classes de 35 élèves, on se retrouve à gérer des classes de 120 élèves », se plaint l’enseignant.
Napargalè Marie
Légende : Les enseignants font cruellement défaut dans certains établissements.
Encadré : 3 000 enseignants recrutés pour 2012
Le manque d’enseignants est un problème que le ministère de l’Education nationale (Men) a pris à bras le corps dès la prise de fonction des nouvelles autorités. Et ce, à travers par exemple le recrutement d’enseignants bénévoles. « Le ministère est en chantier. De nouvelles restructurations sont en train d’être faites. La ministre a même annoncé récemment que le président de la République et le Premier ministre ont décidé du recrutement d’environ 3 000 personnes pour l’année 2012 pour essayer de combler le déficit d’enseignants. Surtout que d’ici à 2013, nous aurons la construction de 11 collèges », indique la source.
N.M.
Depuis la rentrée en octobre, C. F, élève en classe de 5ème 8 au lycée municipal de Williamsville, n’a pas encore vu l’ombre de son professeur d’Histoire-géographie. A la différence d’autres camarades qui reçoivent des cours dans toutes les matières, les élèves de cette classe de 5ème 8 confient qu’ils n’ont pas encore reçu de cours d’Histoire et de géographie. «A l’exception de notre professeur d’Histoire-géo, tous les autres professeurs sont présents et nous dispensent les cours. Nous avons posé le problème au censeur qui nous a écoutés, mais rien n’a changé depuis. A ce jour, nous n’avons pas de professeur dans cette matière », explique C.F. Les élèves de Tle D de cet établissement sont également logés à la même enseigne. Depuis la rentrée, ces apprenants sont privés de cours de philosophie, car n’ayant pas de professeur en la matière. Selon un élève de Tle D1, qui a requis l’anonymat, le lycée compte un seul professeur de philosophie qui dispense des cours aux terminales A et C. «Les terminales sont au nombre de sept dans ce lycée. Nous qui sommes en D n’avons pas encore pris de cours de philosophie et pourtant nous sommes au début du deuxième semestre », s’inquiète l’élève. Le lycée municipal d’Abobo connait également les mêmes réalités. Dans cet établissement, les apprenants sont également confrontés au manque cruel de professeurs d’Histoire-Géographie et de Français. Selon une source introduite au sein de ce lycée, ce sont les élèves de seconde et de sixième qui pâtissent surtout du manque de professeurs. «Depuis que les cours ont commencé en janvier, nous devons faire face à une insuffisance d’enseignants, à telle enseigne que nous avons dû changer des emplois du temps, les alléger pour permettre à certains professeurs de prendre les classes qui n’ont pas d’enseignants », explique la source.
L’impuissance des responsables d’établissement
Le proviseur du lycée municipal de Williamsville avoue que son établissement ne possède qu’un seul professeur de philosophie et qu’après une rencontre avec le chargé des ressources humaines, le 14 février, le problème est en passe d’être réglé. «Nous avions une stagiaire qui nous aidait un tant soit peu, mais elle a été affectée à Dimbokro. Notre seul professeur de philosophie a promis de nous aider en contactant des amis, professeurs du Lycée Pierre Gadié. Le Coges a promis également de nous aider et notre Dren nous a envoyé des formulaires à remplir », explique-t-elle, avant de nous mettre en contact avec son censeur, M. Koné. Celui-ci explique que l’établissement compte deux classes de terminale A, une classe de terminale C et sept classes de terminales D. Selon lui, les sept classes de terminale D ne reçoivent pas de cours de philosophie. Le censeur révèle également que deux classes de 4ème, trois classes de 6ème et sept classes de 5ème ne disposent pas encore de professeurs d’Histoire-Géographie. «Certains de nos élèves de 4ème, depuis la classe de 6ème, n’ont pas encore fait de cours d’histoire-géographie. Nous avions 17 professeurs de cette matière mais aujourd’hui, il n’en reste plus que 11 du fait des mutations. En ce qui concerne le professeur de philosophie, il dispense 19 h de cours par semaines, 8 h pour chaque classe de Tle A et 3 h pour la classe de Tle C », révèle-t-il. Ce manque d’enseignants préoccupe au plus haut point le Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci) qui ne manque pas d’indiquer que cela ne favorise pas une situation de classe. Selon Soro Mamadou, secrétaire général du Synesci, il faut qu’il y ait un recrutement proportionnel d’enseignants qualifiés au nombre de classes manquantes, afin qu’il y ait une couverture totale des élèves. «Le manque d’enseignants entraine des conséquences graves. On va d’abord à la réduction des volumes pédagogiques. Par exemple en mathématiques, si c’était cinq heures de classe par semaine, avec la pénurie d’enseignants en mathématiques, on ramènera à quatre heures. Le volume pédagogique d’enseignement hebdomadaire étant réduit à près de la moitié, il va sans dire que les semaines pédagogiques qui devaient consacrer l’année scolaire en termes d’enseignement, ne pourront pas l’être. Certains établissements vont procéder à des jumelages de classes, c’est-à-dire rassembler des classes de 6ème et 5ème et dispenser le cours. Cela devient une approximation pédagogique», déplore le secrétaire général. Il ajoute que cela pourra entrainer l’inachèvement des programmes, car l’enseignant ne pourra pas finir le programme arrêté. Soro Mamadou met également à l’index les effectifs pléthoriques qui sont dus au faible taux d’enseignements dans les établissements scolaires. «Comme il n’y a pas suffisamment d’enseignants, on gonfle les salles de classe et au lieu de gérer des classes de 35 élèves, on se retrouve à gérer des classes de 120 élèves », se plaint l’enseignant.
Napargalè Marie
Légende : Les enseignants font cruellement défaut dans certains établissements.
Encadré : 3 000 enseignants recrutés pour 2012
Le manque d’enseignants est un problème que le ministère de l’Education nationale (Men) a pris à bras le corps dès la prise de fonction des nouvelles autorités. Et ce, à travers par exemple le recrutement d’enseignants bénévoles. « Le ministère est en chantier. De nouvelles restructurations sont en train d’être faites. La ministre a même annoncé récemment que le président de la République et le Premier ministre ont décidé du recrutement d’environ 3 000 personnes pour l’année 2012 pour essayer de combler le déficit d’enseignants. Surtout que d’ici à 2013, nous aurons la construction de 11 collèges », indique la source.
N.M.