Au Rassemblement des Républicains ( Rdr), le mot d`ordre semble toujours être le même, pour l`heure, depuis le départ d`Alassane Ouattara de la tête du parti : rassemblement. Mais, depuis quelque temps, des camps et des clans se forment, dans la perspective du prochain congrès visant à renouveler les structures du parti. Il s`agira, en outre, de pourvoir au remplacement du chef de l’État, Alassane Ouattara, jusqu`à ce jour président statutaire du parti présidentiel. L`unité de façade affichée va donc faire place à des « affrontements » ouverts dans un avenir proche étant donné que le rassemblement dépend de la volonté générale.. « Nous allons faire sauter le couvercle de la marmite. Car il y a trop de choses intolérables qui se passent depuis quelque temps. Il faut très rapidement apporter des correctifs » nous a confié, le jeudi 16 février 2012, un membre très influent du bureau politique. Le Rassemblement des républicains ( Rdr) est comme sous cale en ce moment, du fait de la vacance de poste de président du parti et de la situation d’intérimaire dans laquelle se trouve le secrétaire général, Amadou Soumahoro. Une conjoncture qui aiguise les appétits et les ambitions. Quoi de plus normal que naissent alors des clans. Relativement au poste de président du parti, le nom d`Amadou Gon Coulibaly, ancien secrétaire général adjoint du parti, ancien ministre d’État, ministre de l`Agriculture, circule avec insistance, tant à la rue Lépic qu`au palais présidentiel. L`actuel secrétaire général de la présidence de la République dont la proximité avec le chef de l’État, Alassane Ouattara reste le principal atout, se pose en candidat sérieux qui incarnerait le mieux l`idéal Rdr. Amadou Gon Coulibaly se projette clairement dans un duel contre Ahmed Bakayoko, ministre de l’Intérieur, qui, lui aussi, lorgne le fauteuil laissé vacant par son mentor . Ce sera un duel aux couteaux entre les deux poulains, voire deux ambitieux dauphins du chef de l’État. L`épisode de la présidentielle a laissé vacante la place de président du parti, que Amadou Gon et Ahmed Bakoyoko veulent occuper. Tous les deux tissent soigneusement leurs réseaux à travers les structures du parti, tentent d`infléchir les rapports de forces, chacun en sa faveur. Amadou Gon Coulibaly pourrait s`imposer par sa maîtrise des dossiers Rdr pour avoir été secrétaire général adjoint pendant de longues années, mais aussi sa passion pour les actions de terrain. Mais, on dit de lui qu`il a « beaucoup de cadavres dans les placards du Rdr », notamment, des personnalités qu`il a ‘’tuées’’ politiquement. Certaines ont fait leur retour aujourd`hui au parti. En ce qui le concerne, le ministre de l’Intérieur semble avoir le soutien des jeunes et des femmes, selon une source bien introduite. Au niveau du secrétariat général du parti, Amadou Soumahoro, face au Pdci qui a repoussé du poil et qui ne cache pas son ambition de reconquête du pouvoir en 2015, est accusé par certains cadres de « faire du millimètre »... « Il ne fait pas assez. On ne le sent pas. Peut-être faut-il lui adjoindre quelqu`un ou alors l`appeler à d`autres fonctions au niveau du parti », analyse un membre du secrétariat général. Dans l`entourage du secrétaire général par intérim, Amadou Soumahoro, qui a remplacé, au pied levé, Henriette Dagri Diabaté, aujourd`hui grande chancelière, on vante pourtant un bilan, notamment électoral à la tête du parti. 124 députés ( pour le moment) à l`Assemblée nationale sur les 243 sièges déjà pourvus. Face à lui, pourrait se dresser Ibrahima Cissé Bacongo dit la « flèche », ministre de l`Enseignement supérieur et de la rRecherche scientifique, secrétaire général adjoint chargé des questions juridiques et institutionnelles. Dans son clan, tous s`accordent à dire que cet universitaire au verbe haut présente un profil idéal pour occuper les fonctions de secrétaire général du parti d`Ado. L`auteur de Ado, une vie singulière est très admiré du couple présidentiel, un tableau sur lequel il entend surfer. Mais le député de Koumassi Cissé Bacongo devrait améliorer ses rapports avec « de nombreux membres du secrétariat général », soutient un responsable du Rdr. A côté de Cissé Bacongo, un autre clan, non moins important, celui de Kandia Camara est en gestation dans le grand silence. Le secrétariat général, argue le clan Kandia, devrait revenir à « une femme » après le départ de Mme Dagri Diabaté, soulignant que le chef de l’État devrait toujours faire valoir et promouvoir la politique du « genre » au Rdr. Kandia Camara et son équipe veulent montrer leur détermination, montrer leur force, faire bouger les lignes, comme le faisait justement Mme Henriette Dagri Diabaté. Ce sera donc un congrès de tous les dangers et chaque clan et camp s`y prépare... Au niveau des jeunes, le syndrome KKB du parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci) guette cette structure, avec la montée en puissance Konan Yves qui est resté longtemps dans l`ombre de Yayoro Karamoko, aujourd`hui élu député à l`Assemblée nationale. Il pense, en toute légitimité, que son heure a sonné. Idem au Rfr où Touré Virginie pourrait être confrontée à une « révolte » des femmes, sa structure devenant de moins en moins audible. On le voit, au Rdr, le feu couve sous la cendre et le parti présidentiel pourrait, dans les mois à venir, se retrouver dans une situation inextricable...
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA
