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Politique Publié le samedi 18 février 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Analyse / Miaka Oureto a 1000 raisons de ne pas aller aujourd’hui, à La Haye !

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Miaka Oureto, président par intérim du Fpi(Front Populaire Ivoirien)
L’agenda de Sylvain Miaka Ouretto ne coïncide pas avec celui de Brigitte Kuyo et de tous ceux qui ont décidé de converger vers la Haye aujourd’hui, pour célébrer les 20 ans après la détention et l’emprisonnement de Laurent Gbagbo en Février 1992. Au delà de la question de l’agenda, une analyse permet de relever la volonté des responsables actuels du FPI, de mettre de l’ordre dans les initiatives dispersées et disparates. Les observateurs de la vie politique ivoirienne se souviennent de cette querelle passée entre Affi Nguessan et les patriotes ou les pro-Gbagbo, durant les années de la refondation. Selon Affi Nguessan à l’époque, on ne pouvait pas prétendre aimer Laurent Gbagbo, et affirmer que l’on n’est pas militant du FPI. Ne serait-ce que pour cette simple raison, le président par intérim du parti, sauf raison de force majeure, devrait, alors être en mission France, pour apporter son appui à l’action du FPI-France. Cependant à côté de cette façon de dire et de voir, Blé Goudé et d’autres acteurs soutenant Laurent Gbagbo, essayaient d’émerger et de mobiliser des jeunes et des partisans de l’ex-chef de l’Etat, parce que selon eux, le parti avait du mal, à trouver le discours pour séduire. Laurent Gbagbo balançait entre ces deux options. Soucieux d’élargir sa base, il encourageait les Blé Goudé et autres, allant même à créer le CNRD et à lancer la Majorité présidentielle à l’approche de la campagne. En vérité, le FPI ne pouvait pas endosser les actions violentes, à la limité d’actions miliciennes conduites par des patriotes et les fescistes : assaut sur le golf hôtel, quand Guillaume Soro n’était pas encore Premier ministre et signataire de l’accord de Ouaga, attaque contre Soro à la RTI, manifestation à la RTI contre le GTI et la dissolution de l’Assemblée nationale, manifestation contre l’accord de Marcoussis pourtant dûment accepté et signé par le FPI et entériné par Laurent Gbagbo. Mais en même temps, Laurent Gbagbo ne manquait pas, tout en tançant souvent les leaders et dirigeants, d’inviter ses partisans à adhérer au FPI, cette mer vers laquelle les rivières devaient affluer, disait-il en 1990. Le FPI pour la légalité et les autres pour les basses besognes et le sale boulot ! Avec un Laurent Gbagbo en recours, et en secours pour éteindre le feu, et calmer le jeu. Ruse et méthode qui dérouteront certains de ses adversaires, et lui vaudront l’amplification du sobriquet de boulanger que lui avait attribué feu Robert Guéi. Pour marquer son attachement au parti, Affi Nguessan était au nom du FPI, associé à de nombreuses réunions et prises de décisions, même si dans le processus de conduite de la sortie de crise, le souci de privilégier l’institution présidentielle , et de défendre directement ou personnellement les intérêts de son camp, ou de la Côte d’Ivoire ( à la lumière des déchirures internes d’après Marcoussis) , avaient conduit Laurent Gbagbo à jouer sur un pied d’égalité avec Guillaume Soro, Alassane Ouattara, et Bédié, là où d’autres espéraient qu’il mette plutôt le parti en avant : les autres protagonistes étaient chefs de guerre, ou chefs de partis politiques ; lui seul était chef de l’Etat. Une autre preuve de l’intérêt de Laurent Gbagbo pour le FPI est cet hommage rendu à la fois à Affi Nguessan et Mamadou Koulibaly, comme étant les deux qui lui ressemblent le plus et le comprennent bien. La contestation électorale, ainsi que la crise n’ont pas permis au parti de tirer les leçons et la part de l’apport des nouveaux alliés LMP dans les résultats électoraux. Mais à regarder le plein fait dans les bastions traditionnels, on peut avoir une idée de ce que l’ouverture a donné comme résultat. Au niveau de la LMP, il ne faut pas s’attendre à ce que ces leçons soient tirées, tant que le FPI et les pro-Gbagbo estimeront avoir gagné les élections, resteront en exil, ou en prison. Toujours est-il qu’avec la déstructuration post-crise et post-11 avril 2011, déstructuration marquée par l’exil et les emprisonnements, le FPI est le seul héritage institutionnel visible, valable et crédible qui reste à Laurent Gbagbo, ainsi qu’à ses milliers de partisans. Les autres organisations sont disparates, soupçonnées, et informelles. Le CNRD a du mal à accorder son violon, entre le FPI et les partis alliés, qui ont une autre vision de la lutte tout en disant soutenir Laurent Gbagbo. Si l’on s’en tient donc, aux informations de Philippe Kouhon, d’une part Sylvain Miaka Ouretto peut avoir certes prévenu Brigitte Kuyo de son absence , d’autre part il a sans doute un rendez-vous médical hors de Paris, mais son absence à la Haye peut participer d’une mauvaise humeur ou d’un choix politique délibéré pour indiquer que le FPI est un parti organisé, et que les initiatives des militants et des structures doivent désormais avoir la bénédiction formelle des responsables officiels du parti. Par ailleurs, le président par intérim du FPI, Miaka Ouretto doit tenir compte des jalousies, des diverses querelles de positionnement, et s’assurer que tout ce qui est fait pour et au nom de Laurent Gbagbo, bénéficie de l’adhésion de tous ou de la majorité. Certes, une célébration du 18 Février organisée par Brigitte Kuyo et le FPI-France, distancés avant même la crise postélectorale sur le terrain de la mobilisation par les associations patriotiques non FPI, peut paraître normale ; mais une telle initiative de soutien à Laurent Gbagbo est-elle plus crédible que les premières manifestations organisées sans le Fpi-France ? La remise en ordre exige de fixer des règles claires et d’instaurer la discipline, pour une meilleure coordination des actions. Car, à quoi assistons en ce moment : chaque semaine, chaque association, chaque organisation programme une activité à Paris, en province, une marche vers la Haye. C’est bien, ça maintient la flamme ; mais est-ce efficace ? Une manifestation de tous, par tous, pour tous, rassemblant des milliers de gens après une longue mobilisation, n’est-elle pas plus efficace que ce qui se déroule chaque quinzaine, à tour de rôle, dans un ‘’one man show’’ des uns boudé, par les autres, et vice versa ? Ceux qui ont mis en doute cette volonté de Miaka Ouretto de mettre fin à la cacophonie, qui a eu raison de l’impatient Mamadou Koulibaly, et qui souhaitent profiter de la crise actuelle, pour renverser l’ordre et les valeurs au sien du parti, ont encore été rappelés à l’ordre le jeudi dernier à l’AGECA. Ils étaient là, les résistants et les leaders. Ils voulaient entendre Miaka Ouretto désavouer des médias. Mais avec peut-être des mots différents, le président par intérim a persisté et signé. Il a insisté pour dire que c’est lui et Laurent Akoun, qui sont les responsables et porte-parole du FPI et de Laurent Gbagbo. Aucun autre porte-parole autoproclamé n’a été cité, mais l’émissaire du FPI a précisé que Laurent Akoun, lui-même et les instances du parti qui sont sur le terrain, refusent que les mots d’ordre aux militants et la conduite à tenir soient dictés de l’extérieur, par des personnes qui ne sont pas dans la direction du FPI. A la rue Charonne, AGECA, Miaka Ouretto n’a pas accusé Affi Nguessan, mais il s’est encore interrogé sur l’usage par le parti, de la subvention allouée au FPI par l’Etat, et de la cotisation des militants. Les vraies raisons de l’absence de Miaka à la Haye peuvent ainsi se résumer : mettre fin à la cacophonie, ne pas privilégier une action d’un groupe de partisans de Gbagbo (fut ce le FPI), au détriment de l’autre, pour éviter de frustrer les autres, réaffirmer la prééminence du parti à partir d’Abidjan, et la force des militants présents sur le terrain au pays , qui réclament et exigent déjà le retour de leur président par intérim. Ces raisons qui s’ajoutent au rendez-vous médical, sont enfin complétées par une question d’ordre pratique : si tout se passe comme prévu, Miaka Ouretto qui a encore des rendez-vous politiques importants à Paris durant tout le week-end, doit encore se rendre la semaine prochaine à la Haye, pour rendre compte à Laurent Gbagbo, avant de rentrer au pays. Entre les rendez-vous utiles pour le parti, utiles pour le compte rendu à faire à Laurent Gbagbo, il était bien difficile d’effectuer le déplacement de la célébration à la Haye pour y retourner encore quarante huit heures après, même si hier au moment où nous bouclions, une source proche de l’organisation assurait qu’une surprise était encore possible. Mais si au finish, Miaka Ouretto se pointait à la manifestation, les raisons de ne pas y aller, resteront bien valables et devront inspirer les uns et les autres dans les actions et mobilisations à venir. D’ici là, happy celebration !

Charles Kouassi
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