Sylvain Miaka Ouretto, président par intérim du Fpi rentre aujourd’hui à 19h à Abidjan au terme d’une visite de quatre semaine en Europe. Mais avant son retour, il a accordé une interview à Jeune Afrique que nous vous proposons.
Comment avez-vous accueilli la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’étendre la période d’enquête aux crimes commis en Côte d’Ivoire depuis 2002 ?
C’est une bonne nouvelle qui vient concrétiser le souci de beaucoup d’Ivoiriens de voir toute la lumière faite sur la crise de notre pays. On espère enfin avoir droit à une justice impartiale. Nos problèmes ne datent pas du lendemain du second tour de la présidentielle ivoirienne. Il remonte à la nuit du 19 septembre 2002 où les rebelles ont tenté un coup d’État contre le président Laurent Gbagbo.
Pourquoi le FPI refuse-t-il néanmoins de participer à la commission d’enquête nationale chargée de faire la lumière sur les crimes de la crise postélectorale ?
Parce que les nouvelles autorités ne souhaitent pas toute la vérité. À travers la composition de cette structure, très partisane, on souhaite orienter les investigations et donner une seule version de la vérité sur les exactions commises. Plus globalement, tous les appels du pouvoir vers l’opposition ne visent qu’à légitimer son action. Le FPI souhaite que le président Alassane Ouattara mette en place les conditions d’un dialogue franc et sincère, un cadre formel de discussion et un calendrier de travail. Il nous a reçus deux fois ces derniers mois, mais n’a pas donné suite à nos préoccupations.
Le FPI souhaite aborder les questions de la sécurité des Ivoiriens, de l’emprisonnement de ses cadres, du rééquilibrage de la Commission électorale indépendante (CEI), de la confection de la liste électorale, du redécoupage administratif, de la bonne gouvernance. De nos débats avec la coalition au pouvoir pourraient sortir des conclusions qui seraient soumises à l’appréciation du président de la république. C’est un préalable à toute éventuelle participation du FPI à un nouveau scrutin.
Vous souhaitez organiser prochainement une convention du FPI. Quel en est l’objectif ?
Après la dernière crise ivoirienne, le parti a besoin de se restructurer et de se réorganiser. Nous sommes attaqués par les partisans du nouveau pouvoir lorsque l’on tient des meetings, comme en janvier dernier. Plusieurs de nos cadres sont en prison, d’autres en exil avec beaucoup de nos militants, la répression continue sur le terrain. Je ferai prochainement une tournée dans le pays pour rencontrer nos responsables de fédérations, de sections et de comités de base, et faire un état des lieux. L’objectif est ensuite d’organiser une grande convention de la formation à Abidjan à la fin du mois de mars ou au début du mois d’avril. La réflexion tournera autour du thème «Quel FPI pour le retour à la paix et la reconquête du pouvoir ?» Toutes les formations du Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD) seront invitées à participer.
Allez-vous aussi inviter le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, qui a quitté le FPI pour fonder son propre parti, le Lider ?
Mamadou Koulibaly a choisi un nouveau parcours dont il assume aujourd’hui les conséquences. On va toutefois l’inviter en tant que président d’un parti frère. Comme lui, nous sommes ulcérés par les pratiques du nouveau pouvoir : retour du tribalisme, du régionalisme, et du clientélisme… Les sociétés africaines doivent tourner définitivement le dos à ces pratiques.
Avez-vous des moyens financiers pour fonctionner actuellement ?
Les autorités nous ont versé un reliquat de 125 millions de F CFA dus au titre de l’année 2010. Mais nous n’avons rien perçu d’autre. Nous comptons sur les cotisations de nos membres et espérons que le pouvoir tiendra ses engagements. La législation prévoit que 10 % du budget national aille au fonctionnement des partis politiques. On attend toujours la contribution de l’État.
Vous avez rencontré les autorités françaises à Paris. Quelle approche prônez-vous avec la France ?
Le président Gbagbo disait souvent : «un État n’a pas d’amis. Il n’a que des intérêts». J’appelle à une relation nouvelle et apaisée avec l’ancienne puissance coloniale. Les autorités françaises peuvent également nous aider pour amener le président Ouattara à rouvrir le dialogue politique avec l’opposition.
Source : Jeune Afrique
Comment avez-vous accueilli la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’étendre la période d’enquête aux crimes commis en Côte d’Ivoire depuis 2002 ?
C’est une bonne nouvelle qui vient concrétiser le souci de beaucoup d’Ivoiriens de voir toute la lumière faite sur la crise de notre pays. On espère enfin avoir droit à une justice impartiale. Nos problèmes ne datent pas du lendemain du second tour de la présidentielle ivoirienne. Il remonte à la nuit du 19 septembre 2002 où les rebelles ont tenté un coup d’État contre le président Laurent Gbagbo.
Pourquoi le FPI refuse-t-il néanmoins de participer à la commission d’enquête nationale chargée de faire la lumière sur les crimes de la crise postélectorale ?
Parce que les nouvelles autorités ne souhaitent pas toute la vérité. À travers la composition de cette structure, très partisane, on souhaite orienter les investigations et donner une seule version de la vérité sur les exactions commises. Plus globalement, tous les appels du pouvoir vers l’opposition ne visent qu’à légitimer son action. Le FPI souhaite que le président Alassane Ouattara mette en place les conditions d’un dialogue franc et sincère, un cadre formel de discussion et un calendrier de travail. Il nous a reçus deux fois ces derniers mois, mais n’a pas donné suite à nos préoccupations.
Le FPI souhaite aborder les questions de la sécurité des Ivoiriens, de l’emprisonnement de ses cadres, du rééquilibrage de la Commission électorale indépendante (CEI), de la confection de la liste électorale, du redécoupage administratif, de la bonne gouvernance. De nos débats avec la coalition au pouvoir pourraient sortir des conclusions qui seraient soumises à l’appréciation du président de la république. C’est un préalable à toute éventuelle participation du FPI à un nouveau scrutin.
Vous souhaitez organiser prochainement une convention du FPI. Quel en est l’objectif ?
Après la dernière crise ivoirienne, le parti a besoin de se restructurer et de se réorganiser. Nous sommes attaqués par les partisans du nouveau pouvoir lorsque l’on tient des meetings, comme en janvier dernier. Plusieurs de nos cadres sont en prison, d’autres en exil avec beaucoup de nos militants, la répression continue sur le terrain. Je ferai prochainement une tournée dans le pays pour rencontrer nos responsables de fédérations, de sections et de comités de base, et faire un état des lieux. L’objectif est ensuite d’organiser une grande convention de la formation à Abidjan à la fin du mois de mars ou au début du mois d’avril. La réflexion tournera autour du thème «Quel FPI pour le retour à la paix et la reconquête du pouvoir ?» Toutes les formations du Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD) seront invitées à participer.
Allez-vous aussi inviter le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, qui a quitté le FPI pour fonder son propre parti, le Lider ?
Mamadou Koulibaly a choisi un nouveau parcours dont il assume aujourd’hui les conséquences. On va toutefois l’inviter en tant que président d’un parti frère. Comme lui, nous sommes ulcérés par les pratiques du nouveau pouvoir : retour du tribalisme, du régionalisme, et du clientélisme… Les sociétés africaines doivent tourner définitivement le dos à ces pratiques.
Avez-vous des moyens financiers pour fonctionner actuellement ?
Les autorités nous ont versé un reliquat de 125 millions de F CFA dus au titre de l’année 2010. Mais nous n’avons rien perçu d’autre. Nous comptons sur les cotisations de nos membres et espérons que le pouvoir tiendra ses engagements. La législation prévoit que 10 % du budget national aille au fonctionnement des partis politiques. On attend toujours la contribution de l’État.
Vous avez rencontré les autorités françaises à Paris. Quelle approche prônez-vous avec la France ?
Le président Gbagbo disait souvent : «un État n’a pas d’amis. Il n’a que des intérêts». J’appelle à une relation nouvelle et apaisée avec l’ancienne puissance coloniale. Les autorités françaises peuvent également nous aider pour amener le président Ouattara à rouvrir le dialogue politique avec l’opposition.
Source : Jeune Afrique