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Politique Publié le mercredi 29 février 2012 | Le Nouveau Réveil

Aoua Touré, délégué départemental Pdci de Duékoué, dénonce : « C’est le Rdr qui constitue le problème du Rhdp, ici à Duékoué »

«Il faut un plan d’urgence pour sécuriser Duékoué»
«Non, les Guéré et les Malinké ne sont pas ennemis»


Rencontré à la faveur des législatives partielles à Duékoué, Aoua Touré, délégué Pdci de ladite localité, a regretté la "mauvaise santé" du Rhdp avant de plancher sur les difficultés que connaît la ville.


Monsieur le délégué départemental Pdci de Duékoué, comment se porte votre parti, ici ?
Le Pdci-Rda se porte à merveille, ici à Duékoué. Parce que nous sommes très bien organisés. Une situation que confirme notre implantation sur le terrain et les chiffres le démontrent aisément : 140 sections et 700 comités de base. C’est assez éloquent.

Quel commentaire faites-vous alors de la reprise des législatives, ici à Duékoué ?

Je n’ai pas de commentaire particulier à faire. Je me suis posé une seule question à cet effet. Je me suis interrogé si ces partielles n’étaient, peut-être, pas plus importantes que la présidentielle. Et tout le monde s’accorde là-dessus. Tout ce tapage, ce remu-ménage, ces pratiques anti démocratiques, juste pour élire un simple et petit député. Je dis bien que ces législatives doivent être supérieures à la présidentielle.

Quels sont les faits qui fondent votre raisonnement ?
J’aurais été d’accord, que des cadres Rdr, ministres furent-ils, déploient des gros moyens, ici, pour battre la campagne présidentielle. Curieusement, c’est aux législatives qu’on les voit avec des voitures de l’Etat et des voitures avec gyrophare, pour venir soutenir un candidat. Les moyens de l’Etat ne devraient pas être utilisés sous quelque forme que ce soit. Pire, l’Administration, c’est-à-dire le préfet, le secrétaire général de la préfecture et le sous-préfet ne doivent pas supporter un parti. Nous ne pouvons, en aucun cas, accepter cela, ici à Duékoué.

Quel parti soutiennent-ils donc ?

Je ne sais pas. Je dis que je ne sais pas parce que pour avoir alerté le préfet sur le danger qui plane sur les législatives, en ma qualité de doyen, il a préféré se jouer de moi. Je l’invite à convoquer tous les candidats pour anticiper sur l’éventualité. Il me rassure la veille de la réunion et le jour-J, il est indésirable. Tout simplement parce que je lui ai dit ceci : Monsieur le préfet, ici à Duékoué, le Rdr donne l’impression qu’après ses militants, tout le reste est contre le président Ouattara. Cela a suffi pour que le préfet se mette dans tous ses états. Pourquoi accuser publiquement le Rdr. Et pourtant je n’ai pas manqué de lui dire que depuis le 18 février, date du lancement de la campagne, je fais l’objet d’agressions verbales, d’injures publiques et de menaces. A quatre-vingts ans, je ne mérite pas cela surtout pour une question d’élection entre frères. Toutes ces explications n’ont pas suffi. Tous les candidats qu’il a reçus, ce jour, ont clamé leur innocence quant aux rumeurs qui courent en ville. Félix Houphouët-Boigny disait que "la paix, ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement". Parlant, je ne pouvais pas accepter que les gens se succèdent au micro pour dire qu’ils sont blancs comme neige alors que, dehors, ils font pire. Pour avoir dénoncé cela, je venais de commettre un crime. Alors, le préfet va s’en prendre à moi. Il se plaint du fait que j’ai nommé le Rdr qui a mis ses enfants dans la rue pour m’insulter à longueur de journée. Alors, il se met dans une colère noire comme s’il s’appelait Rdr. Un préfet a besoin d’être impartial parce qu’il est pour tout le monde et pour personne. Malheureusement ce n’est pas ce qu’on observe avec cet homme. Le nom du Rdr a suffi pourqu’il brandisse tous ses galons et pourtant il n’est pas le premier préfet, ici à Duékoué. Depuis 1965, nous organisons des élections, il n’était pas encore préfet. Si on veut que la paix revienne à Duékoué, que les autorités compétentes prennent vite leurs responsabilités. Parce que ce préfet n’est pas celui qui peut apporter une solution aux problèmes de Duékoué. Il en est incapable et c’est mon point de vue.

Qu’est-ce qui n’avait pas marché pour que les législatives débouchent sur des incidents qui ont, une fois de plus, mis à mal la cohésion sociale, ici chez vous ?

Ici à Duékoué, je peux dire que le Rhdp se porte bien si ses animateurs ne constituaient pas eux-mêmes un handicap. Le Rhdp a été pensé et mis sur pied par nos différents présidents. Et cela doit partout profiter aux partis qui composent cette alliance politique. Alors, pourquoi ne pas nous entendre, ici au plan local ? Moi, le coordinateur du Rhdp, ici à Duékoué, je me pose souvent la question de savoir ce qui ne va pas. J’ai pourtant souhaité, de tous temps, voir le Rhdp rayonner. Mais le véritable problème du Rhdp, ici à Duékoué, c’est qu’en dehors des militants Rdr, on accuse tous les autres d’être contre le président Alassane Ouattara. C’est une mauvaise appréciation des choses et c’est archi-faux. D’ailleurs, qu’on n’oublie pas qu’Alassane n’est plus président du Rdr mais plutôt le président de tous les Ivoiriens. Qu’on se souvienne du mot d’ordre du président Bédié au second tour. Ce comportement n’est pas fait pour garantir la réconciliation, ici à Duékoué.

En tant que fils et cadre de Duékoué, pensez-vous qu’après les atrocités enregistrées, la réconciliation est possible à Duékoué ?

En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est que Duékoué n’est pas une zone à part de la Côte d’Ivoire. Malheureusement, ce que nous avions vécu, ici, comme problèmes, est regrettable. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut avoir de réconciliation à Duékoué. Peut-être que cela se fera même de façon surprenante. A Duékoué, nous avons un objectif commun et c’est ce qui est intéressant. Cet objectif-là, c’est le développement de Duékoué qui est d’ailleurs chef-lieu de département. Pour ce faire, nous sommes condamnés à nous entendre et j’y pense beaucoup. Après ces législatives partielles, j’entends convoquer tous les fils de Duékoué quelles que soient leurs appartenances politiques. Si je ne le fais pas, j’aurai failli à mon devoir de doyen. Et je suis sûr que cela pourra ramener l’ordre surtout qu’il n’y a pas de problèmes internes ou personnels qui opposent les gens. Personne ne viendra d’ailleurs pour nous réconcilier, ici à Duékoué, si nous y pensons pas. Il nous faut sauver Duékoué même si la Cdvr du président Charles Konan Banny a pour mission de réconcilier tous les Ivoiriens. Si cela n’est pas fait, nous aurons des comptes à rendre à nos cadets et à nos enfants. Sans pouvoir vous dire maintenant à quelle date, va se tenir cette rencontre, je reviens pour vous dire que cela fait partie de mes priorités à Duékoué.

Une réconciliation à Duékoué fait penser tout de suite à deux communautés : Guéré et Malinké. A ce niveau, quelles sont déjà vos démarches ?

C’est à tort ou à raison qu’on pense que les communautés Guéré et Malinké sont des ennemis, ici à Duékoué. La plupart de nous sont nés, ici. Il n’y a donc pas de raison que nous soyons en conflit. C’est vrai que depuis 2002, il y a eu la guerre ici mais elle doit être oubliée. D’ailleurs, ni les Guéré ni les Dioula ne sont actuellement dans les dispositions à faire la guerre. J’aurais aimé que les Ong qui viennent ici pour soutenir les déplacés ne se contentent pas de leur apporter seulement des vivres. Au besoin, elles doivent songer à reconstruire leurs habitations détruites pendant la guerre. Cela peut leur permettre de retourner au bercail et de leur apporter aussi les conditions sécuritaires. C’est un plaidoyer. Tant que ces derniers vivront sous des bâches loin de chez eux, il leur sera difficile de saisir la main tendue du réconciliateur. Il me sera, à cet effet, utile de rencontrer le président de la Cdvr pour trouver une plate-forme. Aussi, il est à rappeler à tous ceux qui viennent en mission à Duékoué, qu’ils prennent le soin de rencontrer toutes les communautés à réconcilier. Parce que tous ont perdu des êtres chers. Les 800 morts de Duékoué n’appartiennent pas à une seule communauté. Il y a certes deux groupes ethniques qui après des décennies de cohabitation pacifique, se regardent, aujourd’hui, en chien de faïence du fait de la crise. Je veux parler des Guéré et Malinké. Mais il ne faut pas oublier, de si tôt, que la première crise qui a éclaté ici, a opposé les Guéré aux Burkinabé. C’est Kéi Boguinard, Oulaté Maurice, paix à son âme, et moi-même qui avions réglé le conflit. Je veux parler de la crise de Guitrozon. Les voitures avec gyrophares ne vont pas apporter la réconciliation à Duékoué.

L’insécurité à Duékoué se ramène souvent aux groupes armés repliés dans la forêt du Mont Péko. Où nous en sommes avec cette affaire qui suscite tant de peur chez les populations locales ?

Merci pour la question. On ne peut pas nier ce fait. Les derniers crimes commis, ici, datent de deux mois. Les forces de l’Onuci s’emploient, au quotidien, a les mettre au pas. Mais la difficulté, c’est qu’ils apparaissent au grand jour avec des armes. Ce sont des braqueurs, des coupeurs de route. Je crois savoir que le Gouvernement a également pris les dispositions qui s’imposent. Et aujourd’hui, on parle de moins en moins d’insécurité comme par le passé. Tenez-vous bien ! Vivre à Bangolo était un véritable enfer, il y a quelques mois. Certains opérateurs économiques étaient contraints de mettre la clé sous le paillasson.
Pour répondre à cette préoccupation, nous profitons de vos colonnes pour traduire notre gratitude au président Alassane Ouattara, pour ce qu’il a déjà fait pour Duékoué avec le plan d’urgence. Mais il y a toujours urgence : le reprofilage des routes, l’électrification du département, le renforcement des infrastructures sanitaires. Sans routes, ni électricité, il est, à mon sens, difficile de réussir un plan de sécurisation véritable.

Interview réalisée par Dieusmonde Tadé
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