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Politique Publié le jeudi 1 mars 2012 | L’expression

Ils sont ministres, député et veulent encore être maires Ouattara va-t-il chasser les cumulards ?

Après les législatives du 11 décembre, la quasi-totalité des ministres du gouvernement Soro son devenus des députés. Du coup se pose le problème de leur efficacité à la tâche.

La quasi-totalité des membres du gouvernement, à commencer par le Premier ministre lui-même sont aujourd’hui des députés. Certains sont aussi de grands hommes d’affaires qui ont brassé des milliards avant d’être appelés au gouvernement. Et ils lorgnent encore le fauteuil de maire. Quelle efficacité pour l’administration d’un pays qui sort d’une décennie de grave récession avec à la clé une guerre qui a détruit tous les fondamentaux de l’Etat ? Il ne faut pas se leurrer, la Côte d’Ivoire est en train de glisser progressivement vers une République d’oligarchie où tous les pouvoirs vont se retrouver dans les mains d’un cercle très sélect de privilégiés. Dès lors se pose le problème de l’efficacité à la tâche des grands commis de l’Etat.

Avec le rythme de travail imprimé par le président de la République à tous les membres du gouvernement, comment un ministre peut être à la fois efficace dans l’équipe gouvernementale, à la mairie et au conseil régional, sans oublier ses propres affaires et sa vie privée ? Après les législatives, les palabres pour les municipales ont commencé. Des groupes suscités par des candidats déjà au beurre font le boucan dans la presse pour faire le lit de leur mentor. Les structures de base des formations politiques des circonscriptions où ce type de candidatures s’annonce sont déjà en ébullition.

A Abobo par exemple, certains militants estiment que leur maire Adama Toungara qui a le juteux portefeuille des mines et du pétrole et qui a été élu député doit céder cette année le fauteuil de la mairie à un autre cadre de la case. Idem pour le Nabo Clément qui cumule le titre de ministre à celui de député et de maire de San Pedro. A Tanda, la situation est identique. Le ministre Kobenan Adjoumani a rempilé à la députation et est le président en exercice du conseil général. Certaines indiscrétions annoncent que le conseil régional est encore dans le viseur du taureau du Zanzan.

A Korhogo, le ministre Amadou Gon Coulibaly qui est la deuxième personnalité de la Présidence de la République cumule le poste de secrétaire général de la Présidence à celui de député et de maire de Korhogo. Les exemples de cumul de postes sont légions. Le 5 janvier 2012, dans une interview qu’il a accordée à un confrère, Patrick N’Gouan, coordonateur de la société civile de Côte d’Ivoire (Csci) avait tiré la sonnette d’alarme sur cette boulimie qui risque de gripper le bon fonctionnement des démembrements de l’Etat.
« Laissez la place aux autres ! »

« Nous sommes contre les cumuls de postes parce que, dans ces conditions, les gens ne sont pas concentrés pour traiter des dossiers précis. Ils ont les honneurs, ils ont les prestiges, ils ont beaucoup d’avantages financiers. Mais j’estime qu’au niveau de l’étude sérieuse des dossiers, au niveau de la préoccupation sérieuse des affaires des populations, ils n’ont pas le temps. Parce qu’eux-mêmes ont leurs activités personnelles, leur profession », a déploré le président e la Csci avant de préciser que la délégation de pouvoir ne résout pas le problème.

« Quelqu’un qui est par exemple fonctionnaire ou commerçant et qui est, en même temps député et maire, je ne sais pas quel temps il aura pour partager et suivre ses activités, et se concentrer sur des projets sérieux. Il est obligé de laisser cela à des collaborateurs qui gèrent à leur convenance, selon leur bon plaisir. Et lui, il est là juste pour donner des instructions à caractère général sans connaître réellement le contenu ni l’urgence des dossiers ». a indiqué Patrick N’Gouan avant de dénoncer l’égoïsme de ces cadres qui selon lui, cumulent les postes alors qu’il y a d’autres cadres compétents dans leur région ou parti politique.

A contrario, un membre du cabinet d’un ministre cumulard que nous avons interrogé bat en brèche ces arguments de Patrick N’Gouan. Ce proche collaborateur d’un ministre qui a requis l’anonymat parle plutôt de stratégie politique. « Avant de parler de cumulard, il faut plutôt analyser la question d’un point de vue géopolitique. Dans certaines régions, si ces cadres dont vous parlez ne se présentent pas, leur parti va perdre. C’est par exemple le cas de Tanda et de San Pedro. Nabo Clément et Adjoumani sont des icônes de leur partis respectifs dans ces deux villes au point où si la direction de leur parti décide présenter un autre candidat, ce dernier va perdre quelque soit que le soutien que votre cumulard va lui apporter.

Ce qu’ils font, c’est de rapporter d’abord le poste en question dans le giron du parti avant d’entrevoir quoi que ce soit », indique notre source avant d’ajouter le chef de l’Etat ne peut pas chasser un ministre parce qu’il cumule des postes. « Le président de la République qui est très méticuleux dans ses approches ne peut pas chasser un ministre qui s’est fait élire dans sa région. C’est même lui qui, aux dernières législatives a demandé à tous les membres du gouvernement d’aller se présenter dans leurs régions respectives », a ajouté notre source.

Au delà cette réflexion, certains analystes estiment que le président Ouattara va faire le grand ménage dans le gouvernement. C’est pourquoi il a demandé à tous ses ministres d’aller se présenter aux législatives. Dans les bases aussi, c’est la veillée d’arme. Certains militants ne sont pas prêts à accorder leurs suffrages à leurs anciens élus qui cumulent des postes et qui ne veulent rien lâcher aux autres.

Kra Bernard
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