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Politique Publié le lundi 5 mars 2012 | Le Nouveau Réveil

L’école est malade à Duékoué : Un déficit de 36 enseignants au Lycée

Duekoué, porte d’entrée de l’ouest du pays, n’est pas au mieux de sa forme, notamment au niveau de l’école. Ce département, non seulement ne dispose d’une université mais la situation au niveau secondaire laisse à désirer. En effet, la circonscription de Duekoué ne compte qu’un seul établissement secondaire public ; le Lycée moderne de Duekoué situé à la sortie de la ville sur la voie menant à Guiglo. Notre équipe de reportage qui s’y est rendue a pu faire le constat. Cet établissement qui a 35 années d’existence avec un effectif de 5061 élèves inscrits cette année, éprouve encore des difficultés sur le plan des conditions de travail. Une clôture été dressée à l’entrée du lycée certainement pour tromper la vigilance du visiteur. Car en réalité, cet établissement n’est pas clôturé. Les élèves cohabitent avec les populations. La cour du Lycée de Duekoué constitue pour des paysans, en compagnie de leur chien, le chemin menant à leurs plantations, la transhumance des bœufs et même certaines habitations sont à proximité des salles de classes. Un entretien avec le chef de cet établissement, Sylla Brahima, a pu nous situer davantage sur les difficultés rencontrées par les responsables de cet établissement.

Un déficit de 36 enseignants au Lycée
«Nous avons un déficit de 36 professeurs qu’on est obligé de combler avec les heures supplémentaires données par nos enseignants titulaires et quelquefois, nous tendons la main aux vacataires (des personnes ayant des diplômes universitaires et n’étant pas fonctionnaires) moyennant quelque chose supporté par le Coges. Il y avait un seul point d’eau qu’on se disputait avec les riverains. La ville a été secouée par la crise post-électorale au point qu’il y a aujourd’hui des élèves qui n’arrivent pas à avoir un repas par jour. Ça fait pitié. Nous disposons d’un seul inspecteur d’éducation pour les 5061 élèves alors qu’il en faut quatre (4). Nous avons donc un déficit de trois (3) inspecteurs d’éducation. Sur 15 ou 17 éducateurs, nous en avons 09. Il y a également un déficit de salles de classes. Nous avons 70 classes pédagogiques pour une trentaine de salles physiques. On est donc obligé de faire tourner les 70 classes dans cette trentaine de salles. C’est ce qui fait la difficulté de l’emploi du temps. Ajouté à cela le manque de tables-bancs. Dans le transfert des compétences, les écoles secondaires sont dévolues aux conseils généraux et les écoles primaires aux municipalités. L’une des difficultés à Duekoué, c’est que le conseil général n’existe pas. Et du fait de la crise, l’établissement a été pillé et saccagé. Même les câbles électriques ont été emportés y compris les portes qui ont servi de bois de chauffe», a déploré le proviseur du Lycée avant d’ajouter que : «tous ces problèmes jouent sur le rendement des élèves. En 2011, nous avons obtenu 24% d’admis au Bac. Nous pouvions faire mieux si les conditions étaient réunies». Les élèves rencontrés dans le lycée ne manquent pas de relever également les mêmes difficultés. A savoir de longues marches pour arriver au cours et l’absence d’enseignants. Il est constaté dans cet établissement, une quinzaine de grossesses pour ce trimestre. Mais au lycée, on essaie tant bien que mal de rassembler les élèves autour des activités sportives et culturelles pour créer une cohésion et faire oublier les moments difficiles. Ce samedi 03 mars, le lycée était bondé de monde comme s’il y avait les cours. «Nous sommes venus participer au tournoi de football organisé par le conseil scolaire. Et nous sommes très heureux que les conditions de notre épanouissement soient créées», a déclaré Zanhi Kein Denis en classe de 1ère D. Des jeunes filles de 5e et 3e regroupées dans la salle du foyer du Lycée s’attelaient à faire des répétitions de danse. «C’est pour le concours de danse qui a lieu à 15 heures», nous lance l’une d’entre elles. Même si les responsables de cet établissement font l’effort pour permettre aux élèves de garder le moral haut et faire oublier un tant soit peu la grave crise qui a secoué cette région, il n’en demeure pas moins que les problèmes liés aux conditions de travail des élèves et enseignants attendent toujours des solutions. Le secondaire privé connaît les mêmes difficultés. Selon un enseignant du privé, beaucoup de professeurs ont fui Duékoué. Ce qui a pour conséquence un manque criant d’enseignants. De nombreux élèves sont également partis, ce qui fait un manque à gagner pour les fondateurs d’établissements qui doivent également faire face aux effets des pillages qui ont eu lieu dans leurs établissements. Censeur au lycée moderne de Duékoué et assurant l’intérim du secrétariat général du Dren de Duékoué, M Akrou Koffi est peiné face aux nombreuses difficultés de l’école. «La Dren de Duékoué part de Gbapleu à Sémian, c'est-à-dire regroupe trois départements qui sont le département de Duékoué, de Bangolo et de Kouibly. Nous avons, à l’intérieur de cette Dren-là, 5 inspections d’enseignement primaire, au niveau des établissements secondaires, nous avons 4 établissements secondaires publics. Au niveau des structures secondaires privées, nous avons un total de 15 établissements. A tous ces établissements, le premier problème commun est le déficit en enseignants au niveau du primaire que du secondaire. Le manque de matériel est le second problème et les Cogès souffrent du fait que la paye des enseignants bénévoles pèse énormément sur leur budget» dénonce-t-il tout en espérant le concours de l’Etat pour sortir l’école de l’impasse à Duékoué.

L’éducation primaire en difficulté, le préscolaire inexistant
La formation préscolaire et scolaire dans cette partie de la Côte d’Ivoire est un véritable désastre. A en croire l’inspecteur de l’Enseignement primaire et scolaire et le secrétaire général de la direction régionale de l’Enseignement, les établissements primaires à Duekoué se trouvent dans un état désastreux. En plus du manque de moyen matériel, il faut pouvoir combler le déficit d’enseignants. La formation préscolaire, quant à elle, est quasiment inexistante. C’est à même le sol (pratiquement dans la boue) et dans des baraques de fortune que les enfants sont regroupés et face à eux un personnel qui est loin d’avoir la qualification pour les encadrer.
Lance Touré
Envoyé spécial à Duékoué
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