Tous les pas qu’a posés le Front populaire ivoirien (Fpi), en vue de revenir dans le jeu politique post-crise, l’ont conduit droit dans le mur. Diagnostic d’un parti en quête de repositionnement.
En attendant sa convention, prévue fin avril, le Fpi est un parti mal en point et isolé. Sa situation résulte des choix qu’il a opérés face aux opportunités qui lui ont été offertes de revenir dans le jeu politique. Plusieurs faits illustrent sa politique de rupture. Le plus récent de ces faits n’est autre que le retrait de l’ex-parti au pouvoir de la Commission nationale d’enquête (Cne). Et comme si se mettre à l’écart ne suffisait pas, il commande à ses militants de « s’abstenir » à fréquenter la structure que préside Matto Cissé Loma. Au motif que la juge « est une pro-Ouattara » et que sa mission procède d’une « mascarade » visant à « légitimer » des forfaits. D’où le revirement du Fpi, en rappelant dare-dare le ministre Sébastien Dano Djédjé, qui le représentait au sein de la cellule d’enquête. La décision de claquer la porte de la Cne n’avait pas fait l’unanimité au sein des ‘’frontistes‘’. Mais les palabres ne sont pas chose nouvelle dans le parti à la rose. Car, son éveil post-crise a été jalonné de divisions.
Difficile union
Certes, la direction ‘’frontiste‘’ était « désarticulée » comme l’ont regretté ses cadres, mais eux-mêmes n’ont pas su parler d’une seule voix. La coordination des cadres exilés d’Accra et le comité ad hoc d’Abidjan se sont souvent marchés sur les pieds. L’existence des deux ailes, radicale et modérée, a gêné le retour du parti dans le jeu politique. A Abidjan, la quête d’un leader a été longue. Quand, en juillet, elle aboutit au choix du 3è vice-président, Mamadou Koulibaly, désigné président intérimaire, elle finit par échouer. Car, incompris, Koulibaly rend le tablier. Avec d’autres ‘’frontistes‘’, dont le député Claude Brissi Takaléa, il crée Liberté et démocratie pour la République (Lider). Mais la crise du leadership n’est pas finie. Car, depuis Accra, l’ombre du ministre Assoa Adou, leader de la coordination Fpi réfugié, et membre-fondateur du parti, plane sur les querelles intestines au Fpi. C’est bon gré, mal gré que les ‘’frontistes‘’ entament le dialogue avec le pouvoir, le 29 septembre dernier. C’est le début des discussions que le Fpi va baptiser ‘’dialogue républicain‘’. Mais tout de suite, les débats vont tourner court. L’ex-parti au pouvoir agrippé à ses « conditions », exige la «libération » de Laurent Gbagbo, le « rééquilibrage » de la Commission électorale indépendante et la « convocation » d’un Cadre permanent de concertation (Cpc) sous l’égide de Blaise Compaoré, facilitateur de l’Accord politique de Ouagadougou. Ces préalables ne prospèrent pas devant le gouvernement qui les juge « irréalistes ». Alors, le Fpi fustige « un manque de volonté » chez les autorités et boycotte les législatives en décembre dernier. Sans oublier qu’ils s’étaient déjà abstenus de prendre place au gouvernement, en juin. Au motif que « celui qui gagne doit gouverner seul » et qu’il est « préoccupé » par le retour de ses camarades exilés et le sort de ses prisonniers. Outre la nouvelle vision à adopter et le leadership, l’entrée au gouvernement et la participation aux législatives ont considérablement divisé le Fpi.
Nombreux sont les ‘’frontistes‘’ dont Miaka Ouréto qui ne voyaient pas de mal à conquérir des postes ministériels ou électifs. Quand d’autres tenaient mordicus à un Fpi inflexible. Dans la foulée des contradictions, des déclarations dont celles de Lucas Guéhi Brissi, militant de base à Gagnoa, alors secrétaire général de l’Assemblée nationale, montrent que le Fpi est au bord de la cassure. Mais aucune tendance ni mouvance ne naît de ses entrailles. Toutefois, fort d’une cohésion précaire, il tente de s’imposer au régime comme étant son opposition directe. « … le Fpi dit qu'il représente une force politique qui compte dans ce pays…», disait tantôt Miaka Ouréto. Qui n’avait aussi de cesse de rappeler à l’adversaire que la coalition Fpi/Cnrd « représente 48 % de la population ivoirienne » ; allusion faite au score au second tour de la présidentielle, en novembre 2010, du candidat Laurent Gbagbo.
Rivalité avec d’autres pro-Gbagbo
Si ce discours n’a pas agréé le gouvernement, il ne l’a pas empêché de parler avec d’autres pro-Gbagbo. En l’occurrence Gervais Coulibaly, ex-porte-parole du président de la République d’alors, et actuel président du Cap Unir pour la démocratie et le développement (Cap Udd). Les échecs du Fpi se multiplient. Car, il perd pied sur la plate-forme des ‘’gbagboïstes‘’, c’est-à-dire le Cnrd. Le parti peine à retrouver ‘’son‘’ siège de secrétaire général (qu’occupait Simone Gbagbo, assignée à résidence à Odienné) de la structure. Ce n’est qu’à la mi-février passée qu’il a eu gain de cause. Repositionné dans ledit groupement politique, le Fpi revendique toujours son titre d’opposant naturel au régime. D’où le sens du communiqué qu’il produit le vendredi 6 janvier pour dénier ce statut à la Ligue des mouvements pour le progrès (Lmp), homonyme de La majorité présidentielle (Lmp) d’alors. « Le Front populaire ivoirien appelle : l’opinion nationale et internationale à ne pas se laisser abuser par cette pratique qui procède d’une logique aux antipodes de la vision clairement exprimée par le président Laurent Gbagbo ; les démocrates et ses militants à demeurer sereins et à rester à l’écoute des mots d’ordre de la direction du parti », avait signé Laurent Akoun, secrétaire général par intérim.
Bidi Ignace
En attendant sa convention, prévue fin avril, le Fpi est un parti mal en point et isolé. Sa situation résulte des choix qu’il a opérés face aux opportunités qui lui ont été offertes de revenir dans le jeu politique. Plusieurs faits illustrent sa politique de rupture. Le plus récent de ces faits n’est autre que le retrait de l’ex-parti au pouvoir de la Commission nationale d’enquête (Cne). Et comme si se mettre à l’écart ne suffisait pas, il commande à ses militants de « s’abstenir » à fréquenter la structure que préside Matto Cissé Loma. Au motif que la juge « est une pro-Ouattara » et que sa mission procède d’une « mascarade » visant à « légitimer » des forfaits. D’où le revirement du Fpi, en rappelant dare-dare le ministre Sébastien Dano Djédjé, qui le représentait au sein de la cellule d’enquête. La décision de claquer la porte de la Cne n’avait pas fait l’unanimité au sein des ‘’frontistes‘’. Mais les palabres ne sont pas chose nouvelle dans le parti à la rose. Car, son éveil post-crise a été jalonné de divisions.
Difficile union
Certes, la direction ‘’frontiste‘’ était « désarticulée » comme l’ont regretté ses cadres, mais eux-mêmes n’ont pas su parler d’une seule voix. La coordination des cadres exilés d’Accra et le comité ad hoc d’Abidjan se sont souvent marchés sur les pieds. L’existence des deux ailes, radicale et modérée, a gêné le retour du parti dans le jeu politique. A Abidjan, la quête d’un leader a été longue. Quand, en juillet, elle aboutit au choix du 3è vice-président, Mamadou Koulibaly, désigné président intérimaire, elle finit par échouer. Car, incompris, Koulibaly rend le tablier. Avec d’autres ‘’frontistes‘’, dont le député Claude Brissi Takaléa, il crée Liberté et démocratie pour la République (Lider). Mais la crise du leadership n’est pas finie. Car, depuis Accra, l’ombre du ministre Assoa Adou, leader de la coordination Fpi réfugié, et membre-fondateur du parti, plane sur les querelles intestines au Fpi. C’est bon gré, mal gré que les ‘’frontistes‘’ entament le dialogue avec le pouvoir, le 29 septembre dernier. C’est le début des discussions que le Fpi va baptiser ‘’dialogue républicain‘’. Mais tout de suite, les débats vont tourner court. L’ex-parti au pouvoir agrippé à ses « conditions », exige la «libération » de Laurent Gbagbo, le « rééquilibrage » de la Commission électorale indépendante et la « convocation » d’un Cadre permanent de concertation (Cpc) sous l’égide de Blaise Compaoré, facilitateur de l’Accord politique de Ouagadougou. Ces préalables ne prospèrent pas devant le gouvernement qui les juge « irréalistes ». Alors, le Fpi fustige « un manque de volonté » chez les autorités et boycotte les législatives en décembre dernier. Sans oublier qu’ils s’étaient déjà abstenus de prendre place au gouvernement, en juin. Au motif que « celui qui gagne doit gouverner seul » et qu’il est « préoccupé » par le retour de ses camarades exilés et le sort de ses prisonniers. Outre la nouvelle vision à adopter et le leadership, l’entrée au gouvernement et la participation aux législatives ont considérablement divisé le Fpi.
Nombreux sont les ‘’frontistes‘’ dont Miaka Ouréto qui ne voyaient pas de mal à conquérir des postes ministériels ou électifs. Quand d’autres tenaient mordicus à un Fpi inflexible. Dans la foulée des contradictions, des déclarations dont celles de Lucas Guéhi Brissi, militant de base à Gagnoa, alors secrétaire général de l’Assemblée nationale, montrent que le Fpi est au bord de la cassure. Mais aucune tendance ni mouvance ne naît de ses entrailles. Toutefois, fort d’une cohésion précaire, il tente de s’imposer au régime comme étant son opposition directe. « … le Fpi dit qu'il représente une force politique qui compte dans ce pays…», disait tantôt Miaka Ouréto. Qui n’avait aussi de cesse de rappeler à l’adversaire que la coalition Fpi/Cnrd « représente 48 % de la population ivoirienne » ; allusion faite au score au second tour de la présidentielle, en novembre 2010, du candidat Laurent Gbagbo.
Rivalité avec d’autres pro-Gbagbo
Si ce discours n’a pas agréé le gouvernement, il ne l’a pas empêché de parler avec d’autres pro-Gbagbo. En l’occurrence Gervais Coulibaly, ex-porte-parole du président de la République d’alors, et actuel président du Cap Unir pour la démocratie et le développement (Cap Udd). Les échecs du Fpi se multiplient. Car, il perd pied sur la plate-forme des ‘’gbagboïstes‘’, c’est-à-dire le Cnrd. Le parti peine à retrouver ‘’son‘’ siège de secrétaire général (qu’occupait Simone Gbagbo, assignée à résidence à Odienné) de la structure. Ce n’est qu’à la mi-février passée qu’il a eu gain de cause. Repositionné dans ledit groupement politique, le Fpi revendique toujours son titre d’opposant naturel au régime. D’où le sens du communiqué qu’il produit le vendredi 6 janvier pour dénier ce statut à la Ligue des mouvements pour le progrès (Lmp), homonyme de La majorité présidentielle (Lmp) d’alors. « Le Front populaire ivoirien appelle : l’opinion nationale et internationale à ne pas se laisser abuser par cette pratique qui procède d’une logique aux antipodes de la vision clairement exprimée par le président Laurent Gbagbo ; les démocrates et ses militants à demeurer sereins et à rester à l’écoute des mots d’ordre de la direction du parti », avait signé Laurent Akoun, secrétaire général par intérim.
Bidi Ignace