C’est une lapalissade. Le mariage entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Pdci et le Rassemblement des républicains, Rdr, scellé dans le cadre de l’alliance des Houphouëtistes, bat de l’aile, signe d’une agonie. Les militants des deux piliers du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) n’arrivent plus à accorder leurs violons sur des sujets préoccupants de politique nationale. Les murmures de salons se sont transformés en querelles publiques, puis ont fini en bagarre lors des récentes législatives. Dans la bataille électorale, l’allié Rdr n’a pas porté de gants pour passer à tabac, le leader de la jeunesse du Pdci. L’acte aurait pu être mis sur le compte d’incidents isolés et circonstanciels, si la direction du parti avait réagi, ne serait-ce que pour le condamner. Mais, ce geste a été attendu vainement par le Pdci. Pis encore, la presse proche du Rdr l’a simplement banalisé et poussé l’outrecuidance jusqu’à supposer que le président de la Jpdci avait organisé une vaste mascarade pour braquer les projecteurs sur lui. Hors du cercle de l’alliance des Houphouëtistes, les opinions s’entrechoquent sur les causes réelles de ces répétitives querelles de familles. Car, la raison apparente (la bataille électorale) n’est que paradoxe. En effet, c’est sur la base des intérêts électoraux que se fonde le Rhdp. Ils ne pourraient donc être l’objet de la division. Ces intérêts se matérialisent par la cogestion du pouvoir d’Etat à travers le partage des postes de souveraineté. A ce propos, celui qui est devenu par ses fonctions l’autorité exécutive de l’alliance, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, fait une bonne répartition des dividendes au prorata des contributions à son élection. Ainsi, en attendant la Primature, le Pdci-Rda possède déjà le Conseil économique et social, l’Inspection générale d’Etat et huit portefeuilles ministériels, dont deux ministères d’Etat. L’Udpci, le Mfa et l’Upci ont également été servis et tous les leaders donnent l’image d’une harmonie au sommet. L’on a donc du mal à comprendre les récurrentes palabres entre leurs militants, singulièrement entre ceux du Pdci et du Rdr, locomotives de la coalition. Pourquoi l’extraordinaire discipline observée lors de la présidentielle n’a-t-elle pu tenir pendant les législatives ? Certainement à cause de la diversité des intérêts qui en découlent. Si c’est le cas, ceux des élections locales à venir (les municipales et les régionales), qui sont davantage élevés, risquent de susciter plus de passions. Donc, pour sauver la famille d’un clash, les présidents Bédié et Ouattara n’ont d’autre choix que de rassembler tout le linge sale des deux composantes pour une grande lessive. Si la pomme de discorde se limite aux intérêts électoraux individuels, alors il faudrait mettre l’accent sur la façon d’aller aux municipales et aux régionales, dans le cadre du Rhdp, afin de préserver l’esprit d’union. Dans tous les cas, une détermination conséquente des objectifs, de l’intérêt de l’union, de la répartition des dividendes, ainsi que de la place de chacun dans la lutte s’impose, avant d’envisager une quelconque entreprise de concert. C’est une responsabilité qui nécessite beaucoup de courage, certes, mais ce n’est pas ce qui manque aux grands leaders que sont Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, qui ont toujours su trouver la potion magique pour canaliser leurs militants.
Ulrich Mouahet
Ulrich Mouahet