La journée de la femme est célébrée chaque année le 8 mars, dans de nombreux pays dont la Côte d’Ivoire. Cette célébration puise ses origines dans les manifestations féministes du début du 20ème siècle. Certains l'attribuent à la 2ème conférence des femmes socialistes au cours de laquelle fut proposée de créer une Journée internationale de la femme.
Les origines de la célébration
C’est à la suite d'une importante grève des ouvrières de Saint Petersburg au cours de la Révolution russe, en 1917, que le 8 mars sera définitivement désigné comme le jour dédié aux femmes, en souvenir de leurs luttes. Une date qui sera définitivement officialisée par les Nations Unies en 1977. Chaque année, la journée internationale de la femme est l'occasion de faire le point sur la condition des femmes, l'égalité des sexes, mais aussi de regarder au-delà de nos frontières et d'approfondir notre réflexion concernant les avancées futures. La Côte d’Ivoire commémore cette journée depuis cette date…
Honneur aux femmes rurales
Le lundi 06 février 2012, en prélude à ladite journée prévue pour se tenir aujourd’hui le jeudi 08 mars 2012, Mme Raymonde Goudou Coffie, ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant a présenté à son cabinet, le pagne officiel des festivités. Elle a profité de l’occasion pour présenter le thème de la journée en Côte d’Ivoire. La forte implication des femmes en milieu rural dans l’économie ivoirienne n’est plus à démontrer. Cette année, pour la commémoration de la journée internationale de la femme, elles sont au cœur des débats. D’où le thème : «L’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et le règlement des défis actuels». Lors de la 56ème session de la Commission de la condition de la femme aux Nations Unies, tenue le 28 février 2012 à New York, Dr. Raymonde Goudou Coffie y a tenu une communication sur la situation des femmes en milieu rural et les dispositifs mis en place par le Président Ouattara pour les accompagner. Au cours de cette réunion, elle a indiqué que les actions fortes s’articuleraient surtout autour du renforcement et de l’augmentation du capital du Fonds «Femme et Développement» ; projet de restructuration des micro-finances en direction des femmes les plus pauvres et la redynamisation des Institutions de Formation et d’Education Féminine (IFEF), avec l’introduction de modules innovants. A cela s’ajoutent la signature de convention de partenariat avec les Institutions de micro -finances au profit des femmes du milieu rural et l’application de la tolérance zéro pour toutes les formes de violences exercées contre les femmes et les enfants. Même si des améliorations dans leurs conditions de vie ont été réalisées lors de ces dernières années, il faut souligner que le déroulement de la crise postélectorale a fragilisé ce processus. Selon l’ONG Human Rights Watch, dans l’un de ses rapports sur ladite crise, de nombreuses femmes dans les régions de l’Ouest, du Centre-Ouest, de l’Est et du Sud ont subi toutes sortes d’exactions et ont vu leurs biens détruits à cause des violences qui se sont en suivies. Au niveau de la lutte pour la reconnaissance de leurs droits, M. N’Dolli O, juriste de son état, dit ceci : «Les questions de succession, d’héritage (biens meubles et immeubles) dans nos villages se posent encore avec acuité. Le législateur a prévu des textes qui protègent ces femmes dans nos villages, dans nos villes de l’intérieur, mais malheureusement leur application sur le terrain n’est souvent pas effective. Combien de fois a-t-on vu, un cousin, un frère ou un parent de l’époux décédé venir s’accaparer des biens du défunt laissant la veuve dans le dénuement total dans nos villages ». Selon lui, la méconnaissance des lois qui les protègent, le poids des traditions sont autant de freins pour l’épanouissement des femmes rurales alors que leur part dans le développement socioéconomique. C’est dans cette optique que la ministre Goudou Coffie a invité à la tribune des Nations Unies à l’implication durable de tous les acteurs de développement pour favoriser cette autonomisation. «La Journée internationale de la femme qui intervient dans un contexte de réconciliation nationale et de reconstruction se veut aussi une tribune d’évaluation de la situation des femmes ivoiriennes dans le processus de développement », explique Dr. Goudou Coffie. A ce sujet, Mmes Salimata Porquet, présidente du Réseau Paix et Sécurité des Femmes de l’Espace Cedeao (REPSFECO) et Jeanne Peuhmond, ex-ministre de la Femme, ont initié des répertoires de compétences afin de mettre à la disposition de toutes les structures intéressées, la carte en matière de savoir-faire féminin sur l’échiquier national. Il s’agit pour elles, de montrer que les femmes sont aptes à prendre tout poste de responsabilité et d’en accomplir avec brio toutes les tâches inhérentes. Les femmes, par leurs compétences, s’impliquent de plus en plus dans la gestion des affaires publiques et sont à la tête de structures privées de renom. Même si ici, les chiffres ne sont pas tous disponibles pour faire un inventaire fiable de la présence des femmes, corporation par corporation, quelques chiffres sont là pour démontrer qu’aucun métier ou emploi ne leur est plus inaccessible.
Situation de femmes dans certaines corporations
Elles occupent surtout le devant dans les domaines du petit commerce, de la production vivrière et de certains postes administratifs (secrétaire-dactylo), mais les choses sont en train, petit à petit, d’évoluer. Par exemple sur près de 450 membres, les avocates représentent 25% des hommes en toge. A la Douane, sur un effectif de 2500 agents, il y a 210 femmes. Et sur 19 Administrateurs, 03 sont des femmes. Au Trésor Public, il y a 15 Directions Centrales dont 03 sont occupées par des femmes. A la Police Nationale, pour plus d’une centaine de commissaires de Police, elles ne sont qu’une douzaine à occuper ce poste. Le ministère de la Défense a aussi été investi. A ce niveau, sur un effectif de 20.000 militaires, l’on dénombre 132 femmes dont 25 Officiers. Par ailleurs, l’on peut noter quelques progrès significatifs dans la situation de la femme en Côte d’ Ivoire. Au niveau de l’Education nationale, le taux de scolarisation des filles au Primaire a connu une hausse. Elle est passée à 53,07% contre 58 pour les garçons en 2008. La mortalité maternelle au niveau de la santé a également connu une baisse. Elle est passée de 597 décès pour 100.000 naissances en 1994 à 543 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2005. Concernant la participation de la femme à la vie publique, le taux des femmes membres du Conseil Economique et Social est passé de 15 ,8% en 1999, à 21% en 2005. A l’Assemblée Nationale, le taux est de 4,6% en 1990 puis 8,9 % en 2001 et environ 11% en 2011. Visiblement il y a eu des progrès. Et le défi que veut relever la ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Dr Goudou Coffie, est la bataille de la parité. Car, il faut reconnaître qu’il y a encore du chemin à faire au niveau des postes de haute responsabilité. Au fil des ans, l’action menée par l’ONU en faveur de la promotion de la femme a pris quatre orientations précises : promotion de mesures juridiques; mobilisation de l’opinion publique et de l’action internationale; formation et recherche, y compris compilation de statistiques ventilées par sexe et assistance directe aux groupes désavantagés. Aujourd’hui, l’un des principes d’organisation centraux des travaux de l’ONU est qu’aucune solution durable aux problèmes sociaux, économiques et politiques les plus pressants de la société ne peut être trouvée sans la pleine participation et la pleine autonomisation des femmes du monde entier.
Olivier Guédé
Les origines de la célébration
C’est à la suite d'une importante grève des ouvrières de Saint Petersburg au cours de la Révolution russe, en 1917, que le 8 mars sera définitivement désigné comme le jour dédié aux femmes, en souvenir de leurs luttes. Une date qui sera définitivement officialisée par les Nations Unies en 1977. Chaque année, la journée internationale de la femme est l'occasion de faire le point sur la condition des femmes, l'égalité des sexes, mais aussi de regarder au-delà de nos frontières et d'approfondir notre réflexion concernant les avancées futures. La Côte d’Ivoire commémore cette journée depuis cette date…
Honneur aux femmes rurales
Le lundi 06 février 2012, en prélude à ladite journée prévue pour se tenir aujourd’hui le jeudi 08 mars 2012, Mme Raymonde Goudou Coffie, ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant a présenté à son cabinet, le pagne officiel des festivités. Elle a profité de l’occasion pour présenter le thème de la journée en Côte d’Ivoire. La forte implication des femmes en milieu rural dans l’économie ivoirienne n’est plus à démontrer. Cette année, pour la commémoration de la journée internationale de la femme, elles sont au cœur des débats. D’où le thème : «L’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et le règlement des défis actuels». Lors de la 56ème session de la Commission de la condition de la femme aux Nations Unies, tenue le 28 février 2012 à New York, Dr. Raymonde Goudou Coffie y a tenu une communication sur la situation des femmes en milieu rural et les dispositifs mis en place par le Président Ouattara pour les accompagner. Au cours de cette réunion, elle a indiqué que les actions fortes s’articuleraient surtout autour du renforcement et de l’augmentation du capital du Fonds «Femme et Développement» ; projet de restructuration des micro-finances en direction des femmes les plus pauvres et la redynamisation des Institutions de Formation et d’Education Féminine (IFEF), avec l’introduction de modules innovants. A cela s’ajoutent la signature de convention de partenariat avec les Institutions de micro -finances au profit des femmes du milieu rural et l’application de la tolérance zéro pour toutes les formes de violences exercées contre les femmes et les enfants. Même si des améliorations dans leurs conditions de vie ont été réalisées lors de ces dernières années, il faut souligner que le déroulement de la crise postélectorale a fragilisé ce processus. Selon l’ONG Human Rights Watch, dans l’un de ses rapports sur ladite crise, de nombreuses femmes dans les régions de l’Ouest, du Centre-Ouest, de l’Est et du Sud ont subi toutes sortes d’exactions et ont vu leurs biens détruits à cause des violences qui se sont en suivies. Au niveau de la lutte pour la reconnaissance de leurs droits, M. N’Dolli O, juriste de son état, dit ceci : «Les questions de succession, d’héritage (biens meubles et immeubles) dans nos villages se posent encore avec acuité. Le législateur a prévu des textes qui protègent ces femmes dans nos villages, dans nos villes de l’intérieur, mais malheureusement leur application sur le terrain n’est souvent pas effective. Combien de fois a-t-on vu, un cousin, un frère ou un parent de l’époux décédé venir s’accaparer des biens du défunt laissant la veuve dans le dénuement total dans nos villages ». Selon lui, la méconnaissance des lois qui les protègent, le poids des traditions sont autant de freins pour l’épanouissement des femmes rurales alors que leur part dans le développement socioéconomique. C’est dans cette optique que la ministre Goudou Coffie a invité à la tribune des Nations Unies à l’implication durable de tous les acteurs de développement pour favoriser cette autonomisation. «La Journée internationale de la femme qui intervient dans un contexte de réconciliation nationale et de reconstruction se veut aussi une tribune d’évaluation de la situation des femmes ivoiriennes dans le processus de développement », explique Dr. Goudou Coffie. A ce sujet, Mmes Salimata Porquet, présidente du Réseau Paix et Sécurité des Femmes de l’Espace Cedeao (REPSFECO) et Jeanne Peuhmond, ex-ministre de la Femme, ont initié des répertoires de compétences afin de mettre à la disposition de toutes les structures intéressées, la carte en matière de savoir-faire féminin sur l’échiquier national. Il s’agit pour elles, de montrer que les femmes sont aptes à prendre tout poste de responsabilité et d’en accomplir avec brio toutes les tâches inhérentes. Les femmes, par leurs compétences, s’impliquent de plus en plus dans la gestion des affaires publiques et sont à la tête de structures privées de renom. Même si ici, les chiffres ne sont pas tous disponibles pour faire un inventaire fiable de la présence des femmes, corporation par corporation, quelques chiffres sont là pour démontrer qu’aucun métier ou emploi ne leur est plus inaccessible.
Situation de femmes dans certaines corporations
Elles occupent surtout le devant dans les domaines du petit commerce, de la production vivrière et de certains postes administratifs (secrétaire-dactylo), mais les choses sont en train, petit à petit, d’évoluer. Par exemple sur près de 450 membres, les avocates représentent 25% des hommes en toge. A la Douane, sur un effectif de 2500 agents, il y a 210 femmes. Et sur 19 Administrateurs, 03 sont des femmes. Au Trésor Public, il y a 15 Directions Centrales dont 03 sont occupées par des femmes. A la Police Nationale, pour plus d’une centaine de commissaires de Police, elles ne sont qu’une douzaine à occuper ce poste. Le ministère de la Défense a aussi été investi. A ce niveau, sur un effectif de 20.000 militaires, l’on dénombre 132 femmes dont 25 Officiers. Par ailleurs, l’on peut noter quelques progrès significatifs dans la situation de la femme en Côte d’ Ivoire. Au niveau de l’Education nationale, le taux de scolarisation des filles au Primaire a connu une hausse. Elle est passée à 53,07% contre 58 pour les garçons en 2008. La mortalité maternelle au niveau de la santé a également connu une baisse. Elle est passée de 597 décès pour 100.000 naissances en 1994 à 543 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2005. Concernant la participation de la femme à la vie publique, le taux des femmes membres du Conseil Economique et Social est passé de 15 ,8% en 1999, à 21% en 2005. A l’Assemblée Nationale, le taux est de 4,6% en 1990 puis 8,9 % en 2001 et environ 11% en 2011. Visiblement il y a eu des progrès. Et le défi que veut relever la ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Dr Goudou Coffie, est la bataille de la parité. Car, il faut reconnaître qu’il y a encore du chemin à faire au niveau des postes de haute responsabilité. Au fil des ans, l’action menée par l’ONU en faveur de la promotion de la femme a pris quatre orientations précises : promotion de mesures juridiques; mobilisation de l’opinion publique et de l’action internationale; formation et recherche, y compris compilation de statistiques ventilées par sexe et assistance directe aux groupes désavantagés. Aujourd’hui, l’un des principes d’organisation centraux des travaux de l’ONU est qu’aucune solution durable aux problèmes sociaux, économiques et politiques les plus pressants de la société ne peut être trouvée sans la pleine participation et la pleine autonomisation des femmes du monde entier.
Olivier Guédé