Thomas Lubanga a été déclaré, le 14 mars dernier, coupable de crimes de guerre pendant la guerre civile en Ituri, dans le nord-est du Congo. C`est le premier jugement rendu par la Cour pénale internationale, depuis son existence il y a une décennie. L`ancien chef des miliciens de l’Union des patriotes congolais (UPC) dont le procès s`était ouvert en janvier 2009, encourt 30 ans de prison. Le chef milicien était vêtu le jour de son dernier procès, de façon sobre: un boubou en basin blanc, assorti d’un calot de même couleur. Lorsqu’il a entendu son verdict, l’ancien homme fort de l’UPC n’a pas dit mot. Juste un sourire forcé à l’endroit de sa femme, assise au premier rang dans le public. Une décision saluée à sa juste valeur. «C`est un premier pas important pour permettre à la communauté internationale de s`assurer que les responsables de crimes (…) sont traduits en justice, s’est félicité le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon. Il a qualifié la CPI de pierre angulaire du système judiciaire international et souligné l`importance de sanctionner les responsables de génocide, de crimes contre l`humanité et crimes de guerre. Les USA n’ont pas dit autre chose. «C`est un moment historique et un pas important en vue d`apporter la justice (...) au peuple congolais», a déclaré la porte-parole du département d`Etat Victoria Nuland. «Les Etats-Unis se félicitent de la condamnation de la CPI», a ajouté Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, rattaché à la Maison Blanche. Même son de cloche du côté, de l’Union européenne et la France. Mais, il y a un homme pour qui ce jugement constitue un véritable avertissement, étant lui aussi dans la même situation que Thomas Lubanga. L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, doit avoir le sommeil bien trouble depuis ce 14 mars, jour de la condamnation de son co-détenu à la Haye. C’est dans cette atmosphère d’angoisse mêlée d’anxiété que le chef de file des Refondateurs qui a dirigé le pays durant la dernière décennie attend le 18 juin prochain, date de la tenue de son audience de confirmation des charges. Avec lui, tous ses supporters qui pensent que sa détention à la CPI est une plaisanterie. Et qui, pour tuer le temps en Europe, se passent le mot pour se retrouver non loin de la prison où il est détenu pour faire du boucan. Certes Thomas Lubanga n’est pas Gbagbo, mais comme Thomas Lubanga, Gbagbo est accusé de crimes contre l’humanité. Face à ses juges, Gbagbo, comme à son habitude, a tenté de faire diversion, lors de sa brève audience de comparution initiale, lundi 5 décembre dernier. Transféré à La Haye le mercredi 30 novembre dernier, il est soupçonné d`être "coauteur indirect" de crimes contre l`humanité lors des violences post-électorales qui a fait 3000 morts par la faute de ses miliciens et autres soldats acquis à sa cause.
Yves-M. Abiet
Yves-M. Abiet