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Editorial Publié le lundi 19 mars 2012 | Trait d’Union

Anti-Constitutionnel

Aux premières heures des nos ‘’Lycées’’, ils sont nombreux ces élèves qui avaient une incroyable fascination l’adverbe qui s’avérait être le plus long de tous les dictionnaires qui existaient. Il doit l’être toujours d’ailleurs. ‘’Anticonstitutionnellement ‘’ était donc le mot de ces milliers de jeunes gens qui s’efforçaient de squatter les bibliothèques en vue d’enrichir leur vocabulaire. Une fois, le sens de ce mot connu et intériorisé, ils se comptent sur le bout des doigts, les jeunes qui ont osé flirter avec lui. Tellement cet adverbe kilométrique avait une signification dépréciative. La constitution étant la loi fondamentale dans tous les pays, tout ce qui va contre elle, est par essence contraire à toute la nomenclature des normes juridiques dans un Etat qui se respecte. Aussi qu’on soit au pouvoir ou dans l’opposition, le respect de la Constitution est un devoir incompressible. C’est aussi pour quoi tout nouveau président jure de respecter et de faire respecter la constitution. Qu’on l’aime ou pas. Il s’agit pour les politiques d’une question d’éthique et de morale. Ne pas avoir d’égards pour la Constitution sur laquelle l’on a prêté serment est symptomatique de ses réelles intentions pour le pays qu’on dit vouloir gouverner. En Côte d’Ivoire, il se passe des choses bien curieuses concernant le respect de la Constitution qui sans avoir été encore amendée est l’objet, régulier, d’un viol inqualifiable. De cette propension des nouvelles classes politiques à ne pas agir avec classe André Malraux disait ‘’ce n’est pas une révolution que nous traversons, c’est vraiment notre agonie qui commence’’. Ce qui se passe en Côte d’Ivoire, sans que ceux qui naguère s’érigeaient en gardiens des constitutions africaines et ivoiriennes surtout ne bronchent, est tout simplement honteux. Il y a eu d’abord le changement anticonstitutionnel du président du conseil constitutionnel Yao N’dré. Celui qui a réussi le tour de passe-passe en rendant deux arrêts contradictoires consacrant deux gagnants à une élection n’aurait jamais du être remplacé au regard des dispositions constitutionnelles en vigueur. Mais dans la nouvelle Côte d’Ivoire tout est possible et l’homme a été éconduit sans avoir jamais démissionné et sans avoir terminé son mandat de 6 ans. Le plus grave dans l’affaire est qu’à ce jour, le décret qui nomme son successeur est aussi méconnu que les circonstances de sa nomination. Tout ceci n’a ému personne encore moins les ‘’Constitutionnalistes’’ émérites qui venaient d’être récompensés. Ce sont leurs ouailles et étudiants qui en ont perdu leur latin face au spectacle déroutant auquel leurs maîtres se sont livrés. Non contents d’avoir réussi une telle prouesse anticonstitutionnelle, les tenants du pouvoir ont remis une couche à Yamoussoukro. Contre tout bon sens et en violation flagrante (encore) des dispositions constitutionnelles fixant l’âge du président de l’assemblée nationale à 40 ans, les néo-députés ivoiriens ont élu ( ?) Guillaume Soro. Et pourtant, il n’avait pas l’âge requis. C’est à se demander à quoi sert encore cette constitution tant violée impunément. Au delà de toute cette frénésie anticonstitutionnelle, quel message faut-il comprendre ? Aujourd’hui chacun à ses titres ronflants, certes. Mais il y a quelque chose de pathétique et de splendide dans ces titres que les hommes décernent même aux plus modestes de leurs chefs. Parce qu’il est clair qu’en habillant des mortels d’une telle gloire verbale, ils trouvent des excuses à leur propre abaissement. Les tendances anticonstitutionnelles des dirigeants actuels amènent à réfléchir sur la complainte de Dean Acheson (Secretaire d’Etat sous Truman) qui se confiant à un journaliste en 1970, prévenait prophétiquement : ‘’Nous voici maintenant dans une époque où les médiocres sont partout. Les gens ont des opinions, mais aucune connaissance, et les chefs sont à l’image des masses. La démocratie n’est tolérable que parce qu’il n’existe aucun autre système de gouvernement’’. Le pays avance certes pour certains, mais anticonstitutionnellement oui.
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