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Société Publié le mercredi 21 mars 2012 | Le Temps

Me Christian D. Djomga (mandataire agrée Oapi) «Notre rôle, traquer les contrefacteurs»

Me, est-ce que les créateurs africains protègent leurs œuvres ?

Avant de répondre à votre préoccupation, je me présente à vous. Je suis Maître Christian Dudieu Djomga, avocat au barreau du Cameroun et mandataire agré à l’Office Africaine de la Propriété Intellectuelle (Oapi). Cette institution regroupe 16 Etats francophones au sud du Sahara. L’Oapi est l’unique organe habileté à protéger la propriété intellectuelle dans les 16 Etats membres. Le dépôt fait à l’Oapi est valable dans les tous les pays membres. Le constat fait sur le terrain, est que malheureusement, il y a une certaine réticence des créateurs africains à protéger leurs œuvres intellectuels. Je ne sais pas trop pourquoi. Ils se font du tort car, ces créateurs ont intérêt à déposer leurs brevets de création à l’Oapi. Ceci pourra leur permettre d’avoir l’exclusivité de l’exploitation de leurs brevets et sa commercialisation.

Votre commentaire quand on dit que 80% des logiciels qui circulent en Afrique francophone sont contrefaits?

En réalité, force est de constater que la plupart des logiciels exploités dans l’espace francophone sont des œuvres piratées. Pour la simple raison que beaucoup d’utilisateurs ne savent pas où se procurer des logiciels originaux. Mais aussi et surtout, ils estiment que les originaux coutent chers. Ce qui n’est pas exact. Il suffit simplement de frapper à la bonne porte, par exemple des logiciels et leurs mises à jour. Qui sont non seulement adaptés à la taille et la catégorie des entreprises. Idem pour les prix.

Certainement que de gros intérêts se cachent derrière le phénomène de la contrefaçon et la piraterie sur les marques ?

Tout à fait ! La contrefaçon et la piraterie sur les marques pèsent des milliards et des milliards de Fcfa en termes de rentrée d’argent, des entreprises qui en bénéficient. Souvent, ces entreprises là s’entêtent à y demeurer parce qu’une procédure judiciaire en contrefaçon est moins que ce qu’elles auraient gagné pendant le temps que va durer la procédure.

Ajouter à cela, le phénomène de la corruption, beaucoup d’entre elles préfèrent investir dans des logiciels que d’investir dans les originaux supposés plus chers. Dans tous les cas, je voudrais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour inviter les créateurs à se rapprocher davantage des avocats spécialisés et mandataires agrées auprès de l’Oapi estimés aujourd’hui à cent personnes qui exercent dans les différents pays, pour s’informer plus amplement. Sans oublier les avocats spécialisés.

Selon vous pourquoi, l’Afrique est-il le dépotoir de tout ce qui est contrefait dans le monde ?

Cela s’explique d’abord par la faiblesse du pouvoir d’achat. Ensuite par la mauvaise fois de certaines personnes qui bien qu’ayant les moyens, ne veulent pas les marques ou les logiciels orignaux. Ces produits contrefaits ont toujours des conséquences néfastes sur la santé du consommateur. Mais aussi et surtout pour sa sécurité. La grande ouverture de nos pays à l’extérieur, fait de l’Afrique un dépotoir. Je viens de signer avec les filiales Unilever pour le Cameroun et la Côte d’Ivoire un contrat pour poursuivre tous les contrefacteurs de leurs marques. C’est fort de ce contrat qu’aujourd’hui, toute contrefaçon sur des produits comme Omo ou Signal, sont l’objet de poursuite pénale. Nous nous battons pour traquer les contrefacteurs jusque, dans leurs derniers retranchements.

Avec les premières actions posées sur le terrain nul doute que l’ampleur du fléau est considérable. Avez-vous pris des contrefacteurs en Afrique centrale ?

Effectivement, au Cameroun, récemment, nous en avons pris qui commercialisaient des tubes de dentifrice Signal contrefaites. Ils ont été condamnés à payer 50 millions de Fcfa de dommage et intérêt au propriétaire de la marque. C’est déjà important surtout quand on y ajoute la peine d’emprisonnement. Ce sont des mesures coercitives courageuses. C’est vrai qu’ils ont interjeté appel mais nous attendons la suite…

Par Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr
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