Dans la suite de notre enquête, parue hier, sur la pénurie de bonnes, nous avons rencontré Dr Kamara Laurence, présidente de l’Ong Filles d’Afrique, qui fait partie des associations militantes en faveur de la scolarisation des filles dans le Zanzan. Ses actions de sensibilisation ont contribué à freiner l’exode des filles de la région vers Abidjan pour pratiquer le métier de servante. Elle livre ici son témoignage.
Pourquoi avez-vous ciblé Bondoukou pour vos activités de scolarisation ?
Nous y sommes allés parce que la zone présentait un faible taux d’alphabétisation, surtout au niveau des filles, selon les statistiques de l’Education nationale et de certaines organisations. Les chiffres tournaient autour de 30%. C’était faible en comparaison à la moyenne nationale estimée à environ 45%. Nous avions en cette période-là, trois zones du pays qui avaient des taux de scolarisation faibles. Etant donné qu’il y a de nombreuses filles issues de Bondoukou qui servaient de bonnes pour les ménages, nous avons alors conclu que c’est parce qu’elles n’étaient pas scolarisées. Et comme nous avions des portes d’entrée à Bondoukou, nous avons débuté nos actions en ce lieu.
Comment avez-vous été accueillie par la population ?
Nous avons d’abord rencontré les autorités locales à qui nous avons présenté notre projet d’écoles-passerelles dénommé «projet de la seconde chance ». Il fallait donner une chance aux petites filles qui n’ont pas fait les premières classes à cause de la coutume, des préjugés culturels. A notre grande surprise, la population a bien accueilli le projet. Cela a été une satisfaction. Nous avons pu monter un projet dans deux villages. Nous avons scolarisé 45 filles dont l’âge varie entre 8 et 13 ans, par année. Nous leur avons donné la possibilité de faire leur cycle primaire en trois ans. Donc elles rattrapent le temps perdu. A 8 ans, elles sont utilisées pour les tâches ménagères et les travaux champêtres. Mais une fois en classe, on ne peut plus les utiliser à ces fins-là. Aujourd’hui ces filles savent lire et écrire.
Nous sommes satisfaits. Malheureusement, avec la crise, le projet a connu un petit essoufflement. Nous sommes dans une phase de relance.
En même temps que vous faites œuvre utile, d’autres femmes sont lésées. Elles ne se trouvent plus de servantes. Quelles solutions leur proposez-vous ?
Qu’elles se débrouillent autrement. Le métier de servante n’est pas fait que pour les filles de Bondoukou. Ces filles peuvent être médecins, avocates, etc. D’ailleurs quand vous discutez avec elles pendant les cours, elles le disent elles-mêmes. Elles sont contentes d’apprendre à lire. Quand elles reçoivent les kits scolaires, elles sont très heureuses. Il ne faut pas leur imposer d’être des bonnes. Quand elles auront 18 ans, quand elles seront instruites, elles auront le choix. Et décideront elles-mêmes de leur avenir.
Entretien réalisé par Nesmon De Laure
Pourquoi avez-vous ciblé Bondoukou pour vos activités de scolarisation ?
Nous y sommes allés parce que la zone présentait un faible taux d’alphabétisation, surtout au niveau des filles, selon les statistiques de l’Education nationale et de certaines organisations. Les chiffres tournaient autour de 30%. C’était faible en comparaison à la moyenne nationale estimée à environ 45%. Nous avions en cette période-là, trois zones du pays qui avaient des taux de scolarisation faibles. Etant donné qu’il y a de nombreuses filles issues de Bondoukou qui servaient de bonnes pour les ménages, nous avons alors conclu que c’est parce qu’elles n’étaient pas scolarisées. Et comme nous avions des portes d’entrée à Bondoukou, nous avons débuté nos actions en ce lieu.
Comment avez-vous été accueillie par la population ?
Nous avons d’abord rencontré les autorités locales à qui nous avons présenté notre projet d’écoles-passerelles dénommé «projet de la seconde chance ». Il fallait donner une chance aux petites filles qui n’ont pas fait les premières classes à cause de la coutume, des préjugés culturels. A notre grande surprise, la population a bien accueilli le projet. Cela a été une satisfaction. Nous avons pu monter un projet dans deux villages. Nous avons scolarisé 45 filles dont l’âge varie entre 8 et 13 ans, par année. Nous leur avons donné la possibilité de faire leur cycle primaire en trois ans. Donc elles rattrapent le temps perdu. A 8 ans, elles sont utilisées pour les tâches ménagères et les travaux champêtres. Mais une fois en classe, on ne peut plus les utiliser à ces fins-là. Aujourd’hui ces filles savent lire et écrire.
Nous sommes satisfaits. Malheureusement, avec la crise, le projet a connu un petit essoufflement. Nous sommes dans une phase de relance.
En même temps que vous faites œuvre utile, d’autres femmes sont lésées. Elles ne se trouvent plus de servantes. Quelles solutions leur proposez-vous ?
Qu’elles se débrouillent autrement. Le métier de servante n’est pas fait que pour les filles de Bondoukou. Ces filles peuvent être médecins, avocates, etc. D’ailleurs quand vous discutez avec elles pendant les cours, elles le disent elles-mêmes. Elles sont contentes d’apprendre à lire. Quand elles reçoivent les kits scolaires, elles sont très heureuses. Il ne faut pas leur imposer d’être des bonnes. Quand elles auront 18 ans, quand elles seront instruites, elles auront le choix. Et décideront elles-mêmes de leur avenir.
Entretien réalisé par Nesmon De Laure