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Necrologie Publié le mardi 3 avril 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Obsèques de Bohoun Bouabré / De Gagnoa à Saïoua : Larmes, consternation et regrets de toute une région

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Activités de la CDVR: le Président Banny aux obsèques de Bohoun Bouabré
Samedi 31 mars 2012. Niaka s/p de Saïoua. Le Président de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation, Charles Konan Banny assiste aux obsèques du ministre Paul Antoine Bohoun Bouabré
Décédé le 11 janvier 2011 à Jérusalem (Israël), Gbohoun Gbouabré Guissi de son nom original, repose désormais pour l'éternité à Niakia son village natal. Paul Antoine Bohoun Bouabré (à l'état civil) ne sera plus au premier plan dans les réunions autour du développement de sa région. Il ne répondra non plus à l'appel de son parti le Fpi dont il était l'un des piliers de la politique de refondation économique. Le père du budget sécurisé en ce qui concerne l'Etat de Côte d'Ivoire s'en est allé laissant derrière lui une veuve et six enfants encore sous le choc.

La dépouille mortelle portée par un corbillard VIP est arrivée à Niakia à 23 h 15 au milieu d'un long cortège de véhicules lui-même noyé dans une cohorte d'hommes. Sous les consignes sécuritaires de policiers et gendarmes munis de quelques grenades lacrymogènes, deux Kalash et un pistolet. Que d'étapes avant d'arriver là. De l'église Saint Jean de Cocody à Abidjan, le vendredi 30 mars 2012, après une messe de requiem, une première halte est marquée à Gagnoa. Le défunt y reçoit les premiers hommages sous la conduite des cadres du Fpi dont le ministre Dano Djédjé. Vient l'étape d'Issia entre 18 heures et 19 heures en présence de Laurent Akoun qui conduisait la délégation du Fpi. Dans une oraison funèbre imagée qui se décline vite en ''huégou'' ( poésie funèbre), le président du Conseil général Séri Gouagnon évoque l'extinction prématurée d'un soleil pour parler de la disparition de Bohoun Bouabré. Un maillot du Fc Issia Wazi est déposé sur le cercueil et Ginette Ross ne peut retenir ses larmes. Mais bien avant Issia et chemin faisant, jeunes, vieux mais surtout les femmes sont sortis pour pleurer. A Guibéroua, les femmes imbibées de suie, ont exécuté le ''Lagadigbeu'', danse funèbre en pays bété qui exalte les hauts faits du disparu avec des mélopées langoureuses. A Saïoua, feu Bohoun Bouabré fait une dernière escale dans sa résidence privée avant de regagner Niakia à pas de tortue, avec un embouteillage inhabituel dans les villages de Balam et Godoua. Des véhicules, des vélos et des motos appartenant à des allogènes se faufilaient pour aller aux funérailles. Une façon de dire que Bohoun n'appartenait pas seulement aux Bété. Il est 23 h 15 quand le cortège funèbre arrive au village au milieu d'une marée humaine qui attendait depuis le début d'après-midi. Au rythme des danses du terroir entrecoupées de dons à la famille, Bohoun Bouabré sera veillé jusqu'au petit matin en présence des cadres du Fpi (Dano Djédjé, Marie Odette Lorougnon, Adèle Dédi Tapé). Quand approche le temps de l'ultime séparation, trois oraisons funèbres précéderont la messe de requiem en présence de Charles Konan Banny et de quelques membres de son cabinet. Marie Pascale au nom des enfants Bouabré, Pr. Dédy Séri pour le Fpi et Pr. Séri Bailly pour les cadres de la région se succéderont au pupitre. ''Papa, voici que tu nous quittes à un moment où nous avions encore besoin de toi. Mais que pouvons-nous face à la volonté de Dieu ? (...) Sache qu'à côté de cette douleur qui nous étreint nous nous consolerons de ce que tu n'as pas vécu seul. Et nous sommes convaincus que tu comptais des amis, de vrais amis parmi tous ceux qui t'entouraient. Que Dieu fasse que ceux-là mais surtout tes parents n'oublient pas que tu nous a laissés sur cette terre des vivants'', a dit d'une voix émouvante Marie Pascale qui a vécu les derniers instants du père à Jérusalem.

Pr. Séri Bailly qui a dépeint ''un héros tragique'', parlant de son ami et frère Guissi, relèvera le préjugé et le paradoxe inhérents aux hommes de la trempe de Bohoun Bouabré: être argentier de l'Etat. ''Depuis la fable de La Fontaine (le savetier et le financier), nous savons qu'il faut plaindre les financiers. Dans nos pays pauvres, ils sont soupçonnés et accusés de corruption, d'égoïsme, d'arrogance et même de crime de sang. Etre à la fois reconnu comme généreux et accusé de ladrerie est un hommage à la discrétion des dons de Guissi comme à la rigueur de sa gestion'', a fait savoir Séri Bailly. Il lève ainsi un coin du voile sur les critiques portées à l'encontre de Bohoun Bouabré aussi bien au Fpi qu'au sein même de certains ressortissants d'Issia/Saïoua qui n'avaient pas pu bénéficier des largesses de celui-là que, selon Séri Bailly, Laurent Gbagbo présentait comme son vrai Premier ministre.

S. Débailly, envoyé spécial à Niakia
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