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Société Publié le samedi 7 avril 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Un an après la crise / En attendant le pardon et la réconciliation : Paquinou pour oublier la galère et l’angoisse

© L’intelligent d’Abidjan Par Emma
Les fetes de Paques,ou(Paquinou): Le calvaire des voyageurs
Vendredi 06 avril 2012: Les voyageurs se ruinent vers les sociétés de transport pour la fete de paques (Paquinou) au village.
Il y a eu des milliers d’années longtemps derrière nous, la Pâques juive, la journée du pain sans levain et de la délivrance. Plus près de nous, il y a un peu plus de deux mille ans, la Pâques chrétienne avec la résurrection de Jésus. Aujourd’hui, petit à petit, depuis une vingtaine d’années, il y a le ‘‘Paquinou’’ des Baoulé. Chrétiens ou pas, hommes et femmes originaires de la grande région du ‘’V’’ Baoulé se retrouvaient dans leurs villages. Rencontres festives et aussi rencontres d’actions de développement. Les festivités de cette année se veulent mémorables, car se déroulant dans un contexte de fin d’une guerre, qui a duré 10 ans. Baoulé veulent festoyer royalement et le reste des communautés ivoiriennes sont prêtes à les accompagner dans ces réjouissances.

Historique d’un événement

D’après une étude morphosyntaxique de Paul Konan Koffi de l’Université de Cocody, l’expression « Pâqui » « nou » est une expression baoulée (langue nationale ivoirienne). « Pâqui » « nou » devrait donc s’écrire en deux mots, et pourrait se traduire en français, par les syntagmes prépositionnels tels que « en Pâques », « pendant la Pâques », « durant la Pâques », « au cours de la Pâques », etc. Le peuple Baoulé selon les historiens, descend de la reine Pokou dont le royaume était à l’origine au Ghana voisin. La Pâques étant beaucoup plus fêtée dans ce pays que la Noël, des sources dignes de foi affirment que c’est par concordance culturelle que les populations Baoulé ont adopté un rite provenant du pays de leurs ancêtres. Cependant, les chercheurs avancent que l’origine de cette fête adoptée par les peuples du V Baoulé est surtout socio-économique.

À l'heure du "miracle ivoirien", les villages baoulés des régions de Savane, au Centre de la Côte-d'Ivoire, ont souffert d'un exode rural massif vers les plantations de café et de cacao, puis vers le mirage de la ville. Aujourd'hui, avec la récession économique les villages d'origine redeviennent une valeur sûre, à tel point que chaque année, dans la période de Pâques, ils se remplissent, pour trois jours de retrouvailles et de fête. Qu'ils soient planteurs, qu'ils viennent d'Abidjan... ou de France, comme Anaïs, qui découvre à 9 ans le village de sa maman, ils réapprennent la vie et les valeurs du village, la sublime douceur de vivre ensemble. Auparavant dédié aux planteurs qui immigraient massivement vers la basse-côte (région Ouest) pour la culture du cacao et du café, le mouvement, alors que le pays se modernise, touche maintenant toute la Diaspora Baoulé. Autrefois, «Paquinou» n’était pas fêté par tous les Baoulé. Ainsi, ceux de Yamoussoukro, Daoukro n’avaient pas adopté cette fête, à la différence de leurs frères de Bouaké, Didiévi, M’Bahiakro, Toumodi…Ce sont les organisateurs d’événements dans les années 90 qui ont fait une promotion tout azimut de ces festivités et ont fini par étendre le mouvement, à toutes les populations baoulé.

Comment la crise militaro-politique avait modifié cette notion

Pendant près de 10 ans, les ressortissants du ‘’V’’ Baoulé, dont les régions avaient été annexées par l’ex-rébellion, n’avaient plus eu l’occasion de retourner en masse dans leurs régions d’origine pour ces grands moments de retrouvailles. Alors, devant la nécessité de retrouvailles et de festivités ancrées chez ces populations, les organisateurs d’événements ont créé le concept de Paquinou délocalisé ou comme le fait l’artiste Ken Adamo «Paquinou» devient désormais "Paquinou décalé " et subit également une modification de son calendrier.

Le festival urbain a pour but de faire venir la tradition en ville. Les participants pourront se familiariser et se frotter à la chose traditionnelle. Les boissons, les mets, les artistes, les tenues, les objets d’art, etc. sans avoir besoin de se déplacer. Abidjan et certaines agglomérations où vit une importante communauté Baoulé telles que Daloa, Soubré, Bangolo…ont tous un «Paquinou» local afin de permettre à cela qui, pour divers raisons ne peuvent pas retourner chez eux, de fêter sur place. A l’occasion, des artistes Baoulé sont invités afin d’égayer ces moments.

Maintenant, au-delà des frontières ivoiriennes

La fête de retrouvailles des Baoulé, est exportée dans la sous-région: Ghana, Burkina, Togo, Niger, Bénin, Liberia, Nigeria, etc. Sauf le Mali qui ne peut pas en faire cette année à cause de trouble internes. Des Burkinabés qui s'en vont fêter Paquinou au Burkina, des Ghanéens qui s'en vont fêter «Paquinou» au Ghana, etc. C'est de la folie collective cette histoire de «Paquinou»... C’est le sociologue Konan N. qui nous en donne une explication scientifique.

Selon lui, le besoin de retour vers la terre natale est toujours ancré dans l’esprit d’une Diaspora. Il a suffi simplement que ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, pays par excellence d’accueil, prennent l’exemple sur ce qui se fait de mieux dans le pays qui les reçoit et le reproduisent chez eux pour voir des «Paquinou» dans ces pays», indique le sociologue. Et d’expliquer que la détermination, l’organisation et la tradition de cette fête chez les Baoulé a poussé les étrangers de Côte d’Ivoire à choisir ce moment pour retourner en masse chez eux, histoire de se retrouver, de retrouver la famille, les amis et les connaissances restés sur place. «Une reproduction de «Paquinou» à une plus grande échelle», précise M. Konan.

‘’Paquinou ôyôfê’’ ou si on préfère pâques en pays Baoulé, c’est doux. Tout ça pour dire que ceux qui auront effectué le déplacement pour prendre part à cette grande fête de retrouvailles ne vont pas le regretter car, cette édition 2012 risque d’être un must et de marquer les esprits.

Olivier Guédé
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