La guerre est finie. Et pourtant certains concitoyens ont peur ou refusent de regagner leurs domiciles. Livrées à la nature, ces demeures sont tombées en décrépitude. Et sont devenues de véritables maisons fantômes.
Yopougon : quartier Mamie Fatai, c’est la Côte d’Ivoire en miniature. Presque toutes les ethnies s’y retrouvent. A cheval entre les quartiers Niangon et Sogéfiha, ce ghetto baigne dans l’insalubrité totale. Les chances d’y trouver une maison à louer sont quasi nulles, selon certaines indiscrétions. Paradoxal ! Une visite des lieux, le jeudi 22 mars dernier, conforte cette assertion. Le quartier est tellement peuplé. Pourtant, de nombreux bâtiments sont inhabités. C’est l’exemple de celui qui est incliné dans un ravin et jouxtant un abîme, qu’il nous a été donné de visiter. Aucune âme vivante ! Normal, vu l’état de détérioration avancé des maisons. Les portes fracassés, pour certaines, sont couvertes d’épaisses toiles d’araignées. Des fenêtres, il ne reste que de vieilles planches pendantes. Bouffés par des asticots, ces débris de bois sont aussi recouverts de poussière. Quant aux murs, ils sont noircis par des graffitis et parcourus par de larges fissures. Des fragments de tôles rouillées et des débris jonchent le plancher. Des excréments aussi... La toiture perforée par endroits s’apparente à une passoire. D’où la présence de flaques d’eau verdâtres et fétides dans chacune des pièces. De véritables demeures de fantômes.
Curieuses de voir des étrangers sur ce site malfamé, des femmes attroupées devant le couloir d’une cour exiguë, crient : « il n’y a personne dedans. Ils ont fui. Depuis, ils ne sont pas revenus ». Nous nous approchons. « Ce sont des Guéré, des Bété et des familles Attié qui occupaient ces maisons. Comme ils insultaient les gens et juraient qu’ils allaient tuer ceux qui supportaient Alassane Ouattara, ils ont fui quand les Frci sont rentrées dans le quartier », explique Fanta B. Une autre renchérit : « c’est eux qui montraient la cour de certaines personnes aux miliciens qui brûlaient les gens-là». A les encoire, les anciens locataires ont fui pour eviter le courroux de leurs victimes d’hier. D’autres maisons situées non loin de-là sont aussi abandonnées. Elles étaient habitées par des irréductibles du Front populaire ivoirien (Fpi), selon nos interlocutrices. Nous y mettons donc le cap. Sur place, le constat est aussi désolant. Une cour d’une dixaine de maisons, toutes vides. Totalement en ruine, la concession est envahie par de hautes herbes. Franck K., jeune instituteur, résident du quartier, en balade , confie : « cette cour était le refuge des miliciens et autres mercenaires à la solde de Laurent Gbagbo ». Avant d’ajouter : « ils ont tellement commis d’exactions et de meutres qu’ils ont fui le quartier quand leur pouvoir est tombé ».
Cap sur Yao Séhi, un autre sous quartier de Yopougon. Situé entre les quartiers Sicogi et Sideci, ce secteur abritait, avant la crise postélectorale, une forte communauté de Wê et de Krou, des militants du Fpi ou pro-Gbagbo. Mais aujourd’hui, selon Jacques A. Y., rencontré sur place, les pesonnes issues des deux ethnies sus-mentionées se comptent maintenant sur le bout des doigts dans le quartier. « Les familles et les cours guéré sont rares ici. Ces gens- là ont tellement persécuté leur entourage, qu’ils ont peur de revenir maintenant que le pouvoir a changé. Sinon ceux d’entre eux qui n’ont rien fait sont restés sur place», a-t-il précisé. Des maisons ainsi abandonnées présentent une triste allure, à notre passage. L’une d’entre elles, que nous a présentée notre ‘’guide‘’ est devenue un vrai dépotoire. Défenestrées, décoiffées, sans portes… Ces habitations inhabitées sont l’essentiel du décor ici. A la question de savoir où sont passés les locataires, la même réponse nous a été donnée. « Ils livraient leurs voisins à la vindicte, pendant la crise », a confié, sous l’anonymat, un interlocuteur. Les maisons vides ou abandonnées après l’arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, à en croire Moussa D. , responsable de jeunes malinké de ce quartier, étaient nombreuses à Yao Séhi. Il confie que c’est suite à l’appel à la réconciliation nationale du chef de l’Etat aux Ivoiriens que d’anciens résidents ont régagné leurs domiciles. « De fait, exceptées quelques cours, il est difficile de trouver des logis inhabités », déclaret-il. Mais il s’empresse d’ajouter qu’« il y a une série de bâtiments vides à l’autre sortie du campement ». Il ne sait toutefois pas si les locataires ont décampé ou non. Vincent O. donnera une autre version de l’abandon des maisons. Membre de la communauté Wê, le quincagenaire révèle: « mes congénères qui vivaient ici ne sont pas en fuite. Seulement, ils sont partis parce que les demeures ont été rachetées par un opérateur économique. Celui- ci veut constriure sur cet espace un établissement de vente de chawarma ». Qu’à cela ne tienne. Il est impérieux de réhabiliter ces maisons ou de construire ce restaurant. Car, leur présence enlairdit la commune.
K.M.(stagiaire)
Yopougon : quartier Mamie Fatai, c’est la Côte d’Ivoire en miniature. Presque toutes les ethnies s’y retrouvent. A cheval entre les quartiers Niangon et Sogéfiha, ce ghetto baigne dans l’insalubrité totale. Les chances d’y trouver une maison à louer sont quasi nulles, selon certaines indiscrétions. Paradoxal ! Une visite des lieux, le jeudi 22 mars dernier, conforte cette assertion. Le quartier est tellement peuplé. Pourtant, de nombreux bâtiments sont inhabités. C’est l’exemple de celui qui est incliné dans un ravin et jouxtant un abîme, qu’il nous a été donné de visiter. Aucune âme vivante ! Normal, vu l’état de détérioration avancé des maisons. Les portes fracassés, pour certaines, sont couvertes d’épaisses toiles d’araignées. Des fenêtres, il ne reste que de vieilles planches pendantes. Bouffés par des asticots, ces débris de bois sont aussi recouverts de poussière. Quant aux murs, ils sont noircis par des graffitis et parcourus par de larges fissures. Des fragments de tôles rouillées et des débris jonchent le plancher. Des excréments aussi... La toiture perforée par endroits s’apparente à une passoire. D’où la présence de flaques d’eau verdâtres et fétides dans chacune des pièces. De véritables demeures de fantômes.
Curieuses de voir des étrangers sur ce site malfamé, des femmes attroupées devant le couloir d’une cour exiguë, crient : « il n’y a personne dedans. Ils ont fui. Depuis, ils ne sont pas revenus ». Nous nous approchons. « Ce sont des Guéré, des Bété et des familles Attié qui occupaient ces maisons. Comme ils insultaient les gens et juraient qu’ils allaient tuer ceux qui supportaient Alassane Ouattara, ils ont fui quand les Frci sont rentrées dans le quartier », explique Fanta B. Une autre renchérit : « c’est eux qui montraient la cour de certaines personnes aux miliciens qui brûlaient les gens-là». A les encoire, les anciens locataires ont fui pour eviter le courroux de leurs victimes d’hier. D’autres maisons situées non loin de-là sont aussi abandonnées. Elles étaient habitées par des irréductibles du Front populaire ivoirien (Fpi), selon nos interlocutrices. Nous y mettons donc le cap. Sur place, le constat est aussi désolant. Une cour d’une dixaine de maisons, toutes vides. Totalement en ruine, la concession est envahie par de hautes herbes. Franck K., jeune instituteur, résident du quartier, en balade , confie : « cette cour était le refuge des miliciens et autres mercenaires à la solde de Laurent Gbagbo ». Avant d’ajouter : « ils ont tellement commis d’exactions et de meutres qu’ils ont fui le quartier quand leur pouvoir est tombé ».
Cap sur Yao Séhi, un autre sous quartier de Yopougon. Situé entre les quartiers Sicogi et Sideci, ce secteur abritait, avant la crise postélectorale, une forte communauté de Wê et de Krou, des militants du Fpi ou pro-Gbagbo. Mais aujourd’hui, selon Jacques A. Y., rencontré sur place, les pesonnes issues des deux ethnies sus-mentionées se comptent maintenant sur le bout des doigts dans le quartier. « Les familles et les cours guéré sont rares ici. Ces gens- là ont tellement persécuté leur entourage, qu’ils ont peur de revenir maintenant que le pouvoir a changé. Sinon ceux d’entre eux qui n’ont rien fait sont restés sur place», a-t-il précisé. Des maisons ainsi abandonnées présentent une triste allure, à notre passage. L’une d’entre elles, que nous a présentée notre ‘’guide‘’ est devenue un vrai dépotoire. Défenestrées, décoiffées, sans portes… Ces habitations inhabitées sont l’essentiel du décor ici. A la question de savoir où sont passés les locataires, la même réponse nous a été donnée. « Ils livraient leurs voisins à la vindicte, pendant la crise », a confié, sous l’anonymat, un interlocuteur. Les maisons vides ou abandonnées après l’arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, à en croire Moussa D. , responsable de jeunes malinké de ce quartier, étaient nombreuses à Yao Séhi. Il confie que c’est suite à l’appel à la réconciliation nationale du chef de l’Etat aux Ivoiriens que d’anciens résidents ont régagné leurs domiciles. « De fait, exceptées quelques cours, il est difficile de trouver des logis inhabités », déclaret-il. Mais il s’empresse d’ajouter qu’« il y a une série de bâtiments vides à l’autre sortie du campement ». Il ne sait toutefois pas si les locataires ont décampé ou non. Vincent O. donnera une autre version de l’abandon des maisons. Membre de la communauté Wê, le quincagenaire révèle: « mes congénères qui vivaient ici ne sont pas en fuite. Seulement, ils sont partis parce que les demeures ont été rachetées par un opérateur économique. Celui- ci veut constriure sur cet espace un établissement de vente de chawarma ». Qu’à cela ne tienne. Il est impérieux de réhabiliter ces maisons ou de construire ce restaurant. Car, leur présence enlairdit la commune.
K.M.(stagiaire)