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Politique Publié le mardi 10 avril 2012 | Trait d’Union

11 avril 2011- 11 avril 2012 - Gbagbo, l’histoire d’une chute programmée

© Trait d’Union
Annan, Tutu et Robinson rendent visite à Gbagbo à Korhogo
Les membres du groupe dit des Elders (Anciens) Kofi Annan, Desmond Tutu et Mary Robinson, sont arrivés lundi matin à Korhogo, dans le nord de la Côte d`Ivoire, pour rencontrer le président ivoirien déchu Laurent Gbagbo, placé en résidence surveillée
Le mercredi 11 avril 2012 marquera l’an 1 de la chute du président Laurent Gbagbo, à l’issue d’un conflit électoral qui l’a opposé à l’actuel chef d’Etat, Alassane Ouattara. Trait-d’Union retrace, pour vous, les grands instants d’une chute programmée depuis des années. 365 jours sont passés, mais la chute de Laurent Gbagbo, 4ème chef de l’Etat ivoirien, le 11 avril 2011, est toujours vivace dans l’esprit de ses concitoyens. Non pas parce que c’est la première fois qu’un président de la République quitte le palais, mais en raison des circonstances de son départ et de la suite des évènements. C’est l’histoire d’une chute qui a été préparée depuis des années. Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, une tentative de coup d’Etat échoue. Le président de la République est en visite officielle à Rome en Italie. Les auteurs du coup foiré se retranchent à Bouaké, la capitale du centre de la Côte d’Ivoire, pour créer une rébellion, le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) dont le secrétaire général est Guillaume Soro, anciennement secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Le pays est coupé en deux jusqu’en 2005, date prévue pour la présidentielle. Une partition qui ne permet pas la tenue de la joute électorale, selon Laurent Gbagbo s’inspirant de la Constitution de la Côte d’Ivoire. Deux ans plus tard, le 04 mars 2007, la situation militaro-politique connait une évolution positive avec la signature de l’Accord politique de Ouagadougou(APO) entre la rébellion, devenue entretemps Forces nouvelles(FN), et le camp présidentielle. Dès lors l’élection présidentielle est envisagée bien que les ex-rebelles n’aient pas déposer les armes. Le dimanche 31 octobre 2010, le premier tour de la présidentielle se tient avec 14 candidats dans le starting-block. A l’issue de scrutin, Laurent Gbagbo arrive en tête avec 38, 04% des suffrages exprimés soit 1 756 504 voix suivi du candidat du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Ouattara, avec 32, 07 % des suffrages soit 1 481 091 voix. Henri Konan Bédié arrive en 3ème position avec 25% des voix, donc éliminé. Prévu pour 21 novembre 2010, le second tour de la présidentielle a finalement lieu le dimanche 28 novembre 2010. Les résultats du second tour sont contestés. Les deux candidats se réclament vainqueurs de l’élection. Une élection, deux Présidents De ce contentieux électoral, nait une guerre post-électorale. Les armes crépitent à nouveau. La France, les Etats-Unis, l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et les ex-rebelles se rangent du côté d’Alassane Ouattara. C’est lui qu’ils reconnaissent comme le vainqueur de la présidentielle. Choi, alors représentant spécial du secrétaire général des nations unies en Côte d’Ivoire, a même fait une déclaration pour dire que c’est le candidat du RDR qui a remporté la présidentielle en Côte d’Ivoire. Une situation confuse née de l’incapacité de la Commission électorale indépendante (CEI) à donner les résultats de la présidentielle dans les délais impartis. Et quand la CEI a voulu le faire, c’est au quartier général(QG) de campagne du candidat Ouattara à l’hôtel du Golf que son président, Youssouf Bakayoko, s’est retrouvé pour annoncer l’actuel chef de l’Etat vainqueur avec 54% des suffrages exprimés contre 46% pour son adversaire. Le conseil constitutionnel, par la voix de son président d’alors, Paul Yao N’Dré, déclare le contraire. Laurent Gbagbo est proclamé vainqueur avec 51 % des voix contre 48% pour Alassane Ouattara. La Côte d’Ivoire, pendant près de 6 mois, est couverte d’une chape de plomb. Entretemps, un ‘’commando invisible’’ s’installe en plein Abidjan, dans le quartier d’Abobo favorable à Alassane Ouattara, pour y constituer un kyste. Pour une issue heureuse du conflit électoral, Gbagbo propose le recomptage des voix, quand Ouattara, convaincu de sa victoire et fort du soutien de la communauté internationale, ne réclame que le fauteuil présidentiel. Face à la proposition de Laurent Gbagbo, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, répond pour dire que ça serait « une injustice » que de recompter les voix. L’Union africaine (UA) se saisit de l’affaire sans succès. Entretemps, les fronts militaires se rallument. Les ex-rebelles favorables à Ouattara sont soutenus par la France et L’ONU. Les Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire(FDSCI), restées fidèles à Gbagbo, sont mises en déroute par la coalition armée française-ONUCI et ex-rebelles. L’armée nationale se replie sur Abidjan, l’objectif final. Alassane Ouattara est toujours reclus à l’hôtel du golf en compagnie d’Henri Konan Bédié et ses alliés du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Dénouement meurtrier La Côte d’Ivoire est sous toutes sortes d’embargo allant même la privation du pays en médicaments. Les banques, notamment les succursales françaises, ferment sans prévenir sous prétexte de ne pas reconnaitre Gbagbo comme Président. Elles sont nationalisées aussitôt. A partir de la fin du mois de mars 2011, la crise s’accentue . Prétextant du fait que les armes lourdes sont utilisées contre les civils en Côte d’Ivoire par Gbagbo, le président français Nicolas Sarkozy introduit une résolution à l’ONU visant l’interdiction de celles-ci. Le 30 mars 2011, la résolution 1975 est votée et l’armée française peut désormais s’engager à visage découvert en Côte d’Ivoire. Ainsi, le dimanche 04 avril, trois hélicoptères Puma de cette armée pilonne toute la journée la résidence du Président Laurent Gbagbo. Avant de se retirer à la levée du jour espérant que les rebelles pourront achever la besogne. Mais ces derniers échouent dans leur tentative de prise de la résidence du chef de l’Etat ivoirien. Pour l’armée française, ce n’est que parti remise. Le dimanche 10 avril 2011, elle revient à la charge aux environs de 14 heurs. De jour jusqu’au lundi 11 avril 2011, la résidence du Président de la République est la cible des hélicoptères de l’armée française qui se succèdent en larguant des bombes. Au matin du lundi 11 avril 2011, près d’une cinquantaine de chars français prennent la direction de la résidence de Laurent Gbagbo. Cette fois-ci, les engins de guerre ne sont pas trompés de route comme en 2004. Ils encerclent la résidence et laissent le soin aux ex-rebelles, devenus depuis le 17 mars 2011 Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), d’achever le travail. Laurent Gbagbo est arrêté et conduit au golf hôtel à la Riviera. Il n’est pas seul. Son épouse, Simone Ehivet Gbagbo, et plusieurs de ses collaborateurs y sont également conduits. Deux jours plus tard, l’ancien président de la République est mis en résidence surveillé à Korhogo. Son épouse, elle, est détenue à Odienné. Quant à ses collaborateurs, ils sont éparpillés dans les geôles du Nord notamment à Bouna, Katiola et Boundiali. Après plus de sept mois de détention à Korhogo, Laurent Gbagbo est déporté ou transféré, c’est selon, à la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye au Pays bas, le mercredi 30 novembre 2011. En tous cas, les Ivoiriens se souviennent de cette grave crise post-électorale et la chute, le 11 avril 2011, du Président Gbagbo, après avoir plus de dix ans à la tête du pays. Une crise post-électorale qui a fait, selon les chiffres de l’ONU, trois mille morts et des milliers d’exilés. Pour autant, la chute du l’ancien chef d’Etat ne met pas fin aux tiraillements politiques dans le pays. Le nouvel homme fort d’Abidjan, Alassane Ouattara, lui, tente de recoller le tissu social et politique à travers une réconciliation nationale. Pendant ce temps, Laurent Gbagbo attend la seconde comparution à la CPI pour la confirmation ou non des charges retenues contre lui, le 18 juin 2012. C'est-à-dire dans deux mois.

Romarick N. Foua
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