C’est Franklin Delano Roosevelt qui l’a dit : « Les chutes futures des dictatures coutent à l’humanité bien plus que n’importe quelle chute d’une démocratie ».
Si le 32ème président des Etats-Unis n’avait pas vécu à une époque aussi lointaine de la nôtre (31 janvier 1882 - 12 avril 1945), on aurait tendance à croire qu’il pose par cette sortie, un regard pour le moins pertinent sur cette actualité brûlante, qui consume – c’est le cas de le dire, au sens propre notamment – ces dernières années, le monde et particulièrement le continent africain. On aurait loué sa perspicacité et sa grande capacité d’analyse politique, au regard de toutes ces destructions humaines enregistrées à l’occasion des révolutions arabes et dont le dernier exemple en cours, après la Tunisie, l’Egypte, la Libye, le Yémen, reste sans conteste l’hécatombe qui a en ce moment lieu en Syrie, avec son lot quotidien de morts par dizaines.
En Côte d’Ivoire, on aurait bien sûr été saisi par la justesse de cette réflexion de l’illustre personnage, en se référant à seulement douze petits mois, au passé. A notre passé. On verrait alors défiler dans notre mémoire encore profondément endolorie, la tragédie des 3000 vies humaines tombées sous les balles assassines d’une soldatesque aux ordres, aveuglée par une folie meurtrière sans concession.
Le dénominateur commun de ces bestialités contre l’humanité en est simple et presque comique : le refus obstiné des détenteurs du pouvoir dans ces pays de respecter la volonté du peuple. Un peuple qui les a pourtant – et ils aiment à s’en vanter – portés là où ils sont. Un peuple qui, précisément en vertu de ce statut de faiseur de roi, décide un jour de dire : « non, ça suffit ! ». Mais, c’est bien là que mal lui en prend à ce pauvre peuple ! Moubarak, Saleh, Ben Aly, Kadhafi et maintenant Bachar El Assad n’ont pas du tout hésité à répondre par les canons, chars et autres obus, à la volonté de leurs peuples respectifs de tourner une page souvent ravagée par plusieurs décennies de tyrannie.
Chez nous, l’œuvre de destruction massive dont notre pays tente progressivement de se débarrasser du traumatisme, a un auteur, qui en est en même temps le dépositaire. Il s’appelle Laurent Gbagbo.
Voilà quelques décennies, cet homme est entré dans la conscience collective ivoirienne paré des plus beaux habits de démocrate. Il a battu le pavé d’un pied vigoureux, parfois teigneux et intrépide, réclamant à cor et à cris la démocratie, mais surtout et avant tout – on le comprendra plus tard à nos dépens – le pouvoir d’Etat.
Et voilà qu’un jour, le pouvoir lui échoit. Inutile de préciser dans quelles conditions, là n’est pas le problème.
Mais au lieu de pratiquer la démocratie, formidable passerelle pour offrir le bien-être à son peuple, il s’engouffre dans les travers de la mal gouvernance. Il tombe dans la politique du laisser-aller, dans ce qui ressemble à s’y méprendre à du je-m’en-foutisme. Tout le monde autour de lui se sert à satiété dans la cagnotte nationale. Mais le pire est ailleurs. Laurent Gbagbo enivré par les lambris dorés du pouvoir entreprend de s’y ancrer. Envers et contre tous. Il inaugure son pouvoir dans le sang des partisans de ses adversaires politique, et n’en sort plus. Charniers, répression ciblée et féroce aux différents bilans macabres. Chasse à l’homme à relent ethno religieux, exclusion également ciblée, dans l’administration notamment. Tout y passe. Quand éclate une rébellion contre son régime pour ces pratiques peu orthodoxes, il croit trouver prétexte à durcir son régime contre ceux qu’il accuse sans preuve de vouloir lui arracher son pouvoir.
Vint alors le rendez-vous électoral – qu’il a repoussé plus de cinq fois de peur d’être battu. Malheureusement, il est laminé par ses adversaires. La suite, on la connait. C’est la guerre qu’il déclenche, depuis son bunker contre son peuple. le bilan est terrible : 3000 morts.
Si les choses en sont où elles sont aujourd’hui (Laurent Gbagbo en prison à la Haye, la plupart de ses ministres en bagne à travers le pays, bien de ses caudataires en exil dans la sous-région), c’est parce que force a fini par revenir à la loi. C’est parce que la vérité, quoique rudement malmenée, a finalement eu raison du mensonge, de la malhonnêteté, de la malveillance, de la cruauté, de la sauvagerie.
Car pour être payé au prix fort, le refus de Laurent Gbagbo d’accepter sa défaite à l’issue de l’élection présidentielle – sans doute la plus surveillée au monde et reconnue par la planète entière comme l’une des plus réussie en Afrique – l’a été à tout point de vue.
Roosevelt ne croyait donc pas si bien dire en relevant ce qui n’est en réalité que le refus pour bien des dirigeants de ce monde de la pratique démocratique. De l’acceptation de ses règles. Pour celui qui a été le seul président américain à faire quatre mandats successifs, c’est le déni de ces règles qui engendre la dictature, qui fabrique les despotes. Pis, les rebelles à la démocratie exposent leurs concitoyens, en particulier le petit peuple, aux tragédies les plus dévastatrices. Car, en vérité, ceux qui payent cash le prix de cette phobie démocratique, ce sont vous et nous. c’est le petit peuple
PAR KORE EMMANUEL
Si le 32ème président des Etats-Unis n’avait pas vécu à une époque aussi lointaine de la nôtre (31 janvier 1882 - 12 avril 1945), on aurait tendance à croire qu’il pose par cette sortie, un regard pour le moins pertinent sur cette actualité brûlante, qui consume – c’est le cas de le dire, au sens propre notamment – ces dernières années, le monde et particulièrement le continent africain. On aurait loué sa perspicacité et sa grande capacité d’analyse politique, au regard de toutes ces destructions humaines enregistrées à l’occasion des révolutions arabes et dont le dernier exemple en cours, après la Tunisie, l’Egypte, la Libye, le Yémen, reste sans conteste l’hécatombe qui a en ce moment lieu en Syrie, avec son lot quotidien de morts par dizaines.
En Côte d’Ivoire, on aurait bien sûr été saisi par la justesse de cette réflexion de l’illustre personnage, en se référant à seulement douze petits mois, au passé. A notre passé. On verrait alors défiler dans notre mémoire encore profondément endolorie, la tragédie des 3000 vies humaines tombées sous les balles assassines d’une soldatesque aux ordres, aveuglée par une folie meurtrière sans concession.
Le dénominateur commun de ces bestialités contre l’humanité en est simple et presque comique : le refus obstiné des détenteurs du pouvoir dans ces pays de respecter la volonté du peuple. Un peuple qui les a pourtant – et ils aiment à s’en vanter – portés là où ils sont. Un peuple qui, précisément en vertu de ce statut de faiseur de roi, décide un jour de dire : « non, ça suffit ! ». Mais, c’est bien là que mal lui en prend à ce pauvre peuple ! Moubarak, Saleh, Ben Aly, Kadhafi et maintenant Bachar El Assad n’ont pas du tout hésité à répondre par les canons, chars et autres obus, à la volonté de leurs peuples respectifs de tourner une page souvent ravagée par plusieurs décennies de tyrannie.
Chez nous, l’œuvre de destruction massive dont notre pays tente progressivement de se débarrasser du traumatisme, a un auteur, qui en est en même temps le dépositaire. Il s’appelle Laurent Gbagbo.
Voilà quelques décennies, cet homme est entré dans la conscience collective ivoirienne paré des plus beaux habits de démocrate. Il a battu le pavé d’un pied vigoureux, parfois teigneux et intrépide, réclamant à cor et à cris la démocratie, mais surtout et avant tout – on le comprendra plus tard à nos dépens – le pouvoir d’Etat.
Et voilà qu’un jour, le pouvoir lui échoit. Inutile de préciser dans quelles conditions, là n’est pas le problème.
Mais au lieu de pratiquer la démocratie, formidable passerelle pour offrir le bien-être à son peuple, il s’engouffre dans les travers de la mal gouvernance. Il tombe dans la politique du laisser-aller, dans ce qui ressemble à s’y méprendre à du je-m’en-foutisme. Tout le monde autour de lui se sert à satiété dans la cagnotte nationale. Mais le pire est ailleurs. Laurent Gbagbo enivré par les lambris dorés du pouvoir entreprend de s’y ancrer. Envers et contre tous. Il inaugure son pouvoir dans le sang des partisans de ses adversaires politique, et n’en sort plus. Charniers, répression ciblée et féroce aux différents bilans macabres. Chasse à l’homme à relent ethno religieux, exclusion également ciblée, dans l’administration notamment. Tout y passe. Quand éclate une rébellion contre son régime pour ces pratiques peu orthodoxes, il croit trouver prétexte à durcir son régime contre ceux qu’il accuse sans preuve de vouloir lui arracher son pouvoir.
Vint alors le rendez-vous électoral – qu’il a repoussé plus de cinq fois de peur d’être battu. Malheureusement, il est laminé par ses adversaires. La suite, on la connait. C’est la guerre qu’il déclenche, depuis son bunker contre son peuple. le bilan est terrible : 3000 morts.
Si les choses en sont où elles sont aujourd’hui (Laurent Gbagbo en prison à la Haye, la plupart de ses ministres en bagne à travers le pays, bien de ses caudataires en exil dans la sous-région), c’est parce que force a fini par revenir à la loi. C’est parce que la vérité, quoique rudement malmenée, a finalement eu raison du mensonge, de la malhonnêteté, de la malveillance, de la cruauté, de la sauvagerie.
Car pour être payé au prix fort, le refus de Laurent Gbagbo d’accepter sa défaite à l’issue de l’élection présidentielle – sans doute la plus surveillée au monde et reconnue par la planète entière comme l’une des plus réussie en Afrique – l’a été à tout point de vue.
Roosevelt ne croyait donc pas si bien dire en relevant ce qui n’est en réalité que le refus pour bien des dirigeants de ce monde de la pratique démocratique. De l’acceptation de ses règles. Pour celui qui a été le seul président américain à faire quatre mandats successifs, c’est le déni de ces règles qui engendre la dictature, qui fabrique les despotes. Pis, les rebelles à la démocratie exposent leurs concitoyens, en particulier le petit peuple, aux tragédies les plus dévastatrices. Car, en vérité, ceux qui payent cash le prix de cette phobie démocratique, ce sont vous et nous. c’est le petit peuple
PAR KORE EMMANUEL