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Politique Publié le mercredi 11 avril 2012 | Le Patriote

An 1 de la libération de la côte d’ivoire : Retour sur une crise

© Le Patriote
Samedi 4 décembre 2010. Abidjan, Hôtel du Golf. Cérémonie de prestation de serment par écrit du Président de la République de Côte d`Ivoire, SEM Alassane Dramane Ouattara
Dimanche 31 octobre 2010. Les Ivoiriens sont appelés aux urnes pour élire leur président. La première après l’éclatement de la crise politico-militaire de septembre 2002. Et surtout la véritable élection présidentielle qui a vu la participation de tous ceux qui aspirent à diriger le pays. Cette élection prévue préalablement en 2005 et dont la certification était assurée par l’ONU s’est déroulée sans encombres. Les Ivoiriens pressés de sortir de l’impasse ont assiégé massivement les 20.073 bureaux de vote avec une participation record de 80% des 5,7 millions d’Ivoiriens inscrits sur les fichiers électoraux. Sur les quatorze aspirants en lice, les candidats du camp LMP (Laurent Gbagbo) et RDR (Alassane Ouattara) ont acquis le droit de disputer le second tour. Le président sortant, Laurent Gbagbo est arrivé en tête avec 38,30% des suffrages contre 32,08% pour Alassane Ouattara. Le président du PDCI, Henri Konan Bédié est arrivé en troisième position avec 25,24% des voix. Le parfait déroulement du premier tour laisse présager un second tour des plus paisibles.

Et les deux candidats en lice en ont même donné l’assurance à travers un débat télévisé inédit dans l’histoire du pays, le jeudi 25 novembre 2010. Sans heurts majeurs, les deux rivaux se sont comportés en vrais gentlemen et se sont engagés à respecter le résultat du scrutin du second tour de la présidentielle. Candidat de la Majorité présidentielle LMP, Laurent Gbagbo s’est réjoui que lui et son adversaire aient pris la résolution de respecter le résultat du scrutin. Investi candidat du RHDP, coalition des partis proches des idéaux de l’houphouëtisme (RDR, PDCI, UDPCI, MFA, UPCI,…), Ouattara a même déclaré qu’une défaite le dimanche 28 novembre ne serait pas un drame pour lui bien qu’il soit sûr de sa victoire. C’est donc fort de toutes ces assurances, trois jours avant la date de vérité, que les Ivoiriens se sont rendus aux urnes. Mais cette élection attendue pour restaurer la paix en Côte d`Ivoire après dix années de crise et ramener l`unité dans le pays coupé en deux, va se transformer en cauchemar pour la population.

Un génocide planifié

Dénonçant des fraudes massives dans le Nord du pays favorable au candidat du RHDP et des violences dans l’Ouest, le camp du président sortant crie au loup. Même si la participation au second tour est loin des 80% du premier, le scrutin s’est globalement bien déroulé, dans un climat démocratique, et ce, en dépit des incidents et parfois violents rapportés de l’Ouest et du Nord, a déclaré Yong Jin Choi, le représentant spécial du secrétaire général de l`ONU à Côte d’Ivoire. Le camp Ouattara dénonce également des fraudes et des empêchements de vote dans certaines localités favorables à son rival. La tension est donc montée d’un cran entre les deux camps. Après deux jours d’attente, la CEI donne les premiers résultats le mardi 30 novembre à 18h 15, à commencer par la Diaspora où Ouattara (59,97%) surclasse Gbagbo (40,03%). La CEI soucieuse du respect des délais prescrits par la législation est déterminée à donner les résultats partiels. Mais elle est stoppée dans sa mission. Des représentants de Laurent Gbagbo au sein de la commission électorale ont empêché physiquement l`annonce de résultats partiels du second tour de la présidentielle. Damana Adia Pickass a arraché les feuilles de résultats des mains de Bamba Yacouba, porte-parole de la CEI avant de les déchirer. Alors que ce dernier s’apprêtait à communiquer des premiers résultats partiels pour les régions du pays. Ayant pris conscience à cet instant précis que Gbagbo était en train de trahir le serment du jeudi 25 novembre, le candidat Alassane Ouattara décide, le mercredi 1er décembre 2010, de sortir de son silence. Face à la presse nationale et internationale à l’hôtel du Golf, il a appelé son frère Laurent «à accepte le verdict des urnes».

L’ONU se joint au candidat du RHDP en exhortant la CEI à annoncer les résultats provisoires du scrutin sans délai, dès le 1er décembre. Le même jour, Pascal Affi N’Guessan, porte-parole de Laurent Gbagbo évoque la possibilité pour le Conseil constitutionnel de se saisir du dossier des résultats au cas où la CEI n’arrivait pas à proclamer les résultats avant minuit. Il ira même à ajouter que cette institution souffre de «malformations congénitales». Entre temps, la télévision ivoirienne qui retransmettait la proclamation des résultats a été priée de plier bagages, sur injonction du camp Gbagbo. Après donc Damana Pickass c’est au tour d’Affi d’annoncer implicitement aux Ivoiriens la volonté de Gbagbo de confisquer le pouvoir. C’est dans cette situation et sous très forte tension que le président de la CEI Youssouf Bakayoko intervient sur les antennes de la télévision ivoirienne vers 23h 20 pour demander aux Ivoiriens de patienter, d’être compréhensifs et laisser son institution travailler en toute sérénité pour annoncer les résultats de la présidentielle. Très attendus ce mercredi, les résultats ne viendront jamais.

Un pays, deux présidents

Pendant ce temps, la psychose gagne la population. Ce n’est que le jeudi 2 décembre aux environs de 17h 40 que le président de la CEI annonce la victoire du candidat du RHDP, Alassane Ouattara avec 54,1% des suffrages contre 45,9% à Laurent Gbagbo. Aussitôt, le Conseil constitutionnel dirigé par Paul Yao N’Dré, proche du candidat de la Majorité présidentielle LMP, s’autosaisit, le vendredi 3 décembre annule les résultats dans sept départements, tous situés dans les ex-zones CNO. A l’opposé, il proclame Laurent Gbagbo vainqueur du scrutin avec 51,45% des suffrages. Alassane Ouattara s’en sort avec 48,55 %. Par la même occasion, le CNCA dirigé par Franck Anderson Kouassi, un autre partisan de Gbagbo, ordonne la suspension de toutes les chaînes diffusées sur le bouquet de la chaîne Canal+. La machine de «la logique de confiscation du pouvoir» dénoncé un jour plutôt par Ouattara est donc mise en marche. Ouattara met son rival en garde contre un putsch électoral. Gbagbo répond à cette injonction par la fermeture de toutes les frontières aériennes, terrestres et maritimes du pays. Cette manière de faire du Conseil constitutionnel qui s’apparente à un hold up électoral suscite la réaction du Représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU, Choi. Le fonctionnaire onusien a estimé, lors d’un point de presse que «même si toutes les réclamations déposées par LMP étaient pris en compte en nombre de PV, les résultats tels que proclamés par le Président de la CEI devraient rester inchangés», reconnaissant ainsi la victoire à Alassane Ouattara. A travers cette déclaration, la communauté internationale venait de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara. Guillaume Soro, alors Premier ministre, présente sa démission au président élu, Alassane Ouattara. Gbagbo accompagné de ses ouailles, fidèles à leur logique d’embrigadement, prête serment au Palais présidentiel au Plateau. Retranché à l’Hôtel du Golf depuis le second tour sous protection de sa garde rapprochée et des forces onusiennes, Alassane Ouattara, reconnu par la Communauté internationale, prête, à son tour, serment. La Côte d’Ivoire, par le refus de Gbagbo de reconnaître le verdict des urnes, vient ainsi d’écrire une nouvelle page de son histoire. Un pays, unique dans le monde, avec deux présidents. Commence alors le ballet de médiation.

Le ballet de médiations

Craignant une guerre civile, la communauté internationale dépêche l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki à Abidjan le dimanche 6 décembre. Son arrivée dans la capitale ivoirienne coïncide avec la nomination du gouvernement du président élu, Ouattara. Au moment, Gbagbo Laurent désignait son Premier ministre, Aké N’Gbo Gilbert Marie. Dès lors la mission de Mbeki, médiateur dans la crise ivoirienne de 2004 à 2006, s’annonce délicate. En recevant le médiateur mandaté par l’Union africaine, Alassane Ouattara lui a demandé de faire pression sur Laurent Gbagbo pour qu`il quitte le pouvoir et le transmette de manière pacifique. Guillaume Soro, nouveau premier ministre d`Alassane Ouattara, ajoute que son camp aurait proposé au président Gbagbo de «travailler ensemble» et lui aurait garanti le «maintien des avantages liés à sa fonction» s`il accepte de s`effacer. La tension est très vive dans le pays avec son corolaire d’assassinats, de tueries et d’enlèvements. Des affrontements éclatent un peu partout sur le territoire ivoirien. Face au refus de Gbagbo, la communauté internationale commence à activer la machine des pressions. L’union européenne par la voix de son chef de la diplomatie, Catherine Ashton s’est dite favorable aux procédures qui prévoient des sanctions. En visite en Chine, le président français Nicolas Sarkozy appelle à une «transition ordonnée, sereine et digne» et renouvelle son soutien à Alassane Ouattara. Le 7 décembre Aké N’Gbo nomme son gouvernement. La Côte d’Ivoire vient d’avoir ses deux gouvernements. Intransigeant, Choi a réaffirmé, le même jour au Conseil e sécurité la victoire «avec une nette avance» d’Alassane Ouattara. En sommet extraordinaire à Abuja (Nigeria), la CEDEAO reconnaît Alassane Ouattara comme seul président légitime de la Côte d’Ivoire.

Les sanctions de la communauté internationale

Les présidents présents à ce conclave condamnent avec vigueur le hold up électoral de Gbagbo. Le pays est suspendu de toutes les instances de la CEDEAO. L’UA en fait de même le 9 décembre. Et demande à l’occasion à Gbagbo de rendre le pouvoir au président élu. Des sanctions incluant des restrictions de visas et un gel des avoirs sont infligées à Gbagbo et son entourage. Après donc l’échec de ses multiples médiations, la CEDEAO opte pour l’option militaire pour faire partir Laurent Gbagbo. L’Union africaine, lors du XVIe sommet à Addis-Abeba, s’est également montrée favorable à une option militaire pour faire respecter la volonté du peuple ivoirien. C’est en ce moment que le président de la Commission de l’UA, Jean Ping indique la mise en place d’un panel de cinq chefs d’Etat issue des cinq régions de l’Afrique chargé de trouver une solution à la crise en Côte d’Ivoire. Selon lui, ce panel de chefs d’Etat visait à «amener Alassane Ouattara à exercer la réalité du pouvoir» en Côte d’Ivoire «par la négociation». Le peuple est désabusé. Les jeunes patriotes, sous la coupe de Blé Goudé, font des misères aux personnes soupçonnées proches du président élu. Aidé en cela par les Forces de défense et de sécurité. Laurent Gbagbo ira même jusqu’à demander le départ de la mission de l’ONU et de la force Licorne, le 18 décembre. Des soldats qu’il a mis, auparavant en garde, de ne pas faire la guerre aux Ivoiriens. Pendant ce temps, le président élu dit craindre pour sa sécurité parce que des soldats pro-Gbagbo auraient été aperçus dans les environs de son hôtel. Le jeudi 16 décembre, le Premier ministre appelle les Ivoiriens à une marche pacifique pour la libération de la RTI (télévision publique) à la solde de Gbagbo. Cette manifestation qui a pour but de priver le dictateur des centres névralgiques du pouvoir devrait se diriger vers la primature pour y installer le Premier ministre Ouattara. Mais très vite, Gbagbo et ses soldats qui se comptaient parmi les mercenaires angolais et miliciens libériens massacrent les manifestants à l`arme automatique et à l`arme lourde. S’en suivent des échanges de tirs aux abords de l`hôtel du Golf. A Yamoussoukro une manifestation pro-Ouattara est violemment réprimée. A Tiébissou, des affrontements ont été signalés entre les soldats des Forces nouvelles et des FDS. Déterminé à arracher le pouvoir à Gbagbo, Guillaume Soro appelle les Ivoiriens à ne pas abandonner face à la «dictature des chars et à réclamer la liberté de l`information pluraliste dans les médias». La situation devient de plus en plus tendue et les affrontements se généralisent un peu partout dans le pays. On dénombre des centaines de morts.
C’est dans cette situation très tendue que le Président de la Commission de l`UA, Jean-Ping celui de la commission de la CEDEAO, James Viktor Gbeho, débarquent à Abidjan le vendredi 17 décembre pour tenter de calmer les esprits. Pendant ce temps, la communauté internationale accentue la pression sur le président autoproclamé. Le président américain Barack Obama brandit la menace de sanctions. Le Premier ministre kenyan, Raila Odinga, médiateur de l’UA, menace quant à lui de le déloger par la force. De son côté, Gbagbo crie au complot et parle «des ingérences étrangères inacceptables». Les représentations diplomatiques demandent alors à leur personnel non indispensable de quitter le pays. Gbagbo continue à narguer la communauté internationale. Ses escadrons de la mort sévissent à nouveau. C’est la terreur. Des morts en cascades, des partisans du président élu, sont dénombrés. Le 20 décembre, l’UE décide de priver de visa sur son territoire Laurent Gbagbo et 18 autres personnes de son entourage dont son épouse.
Gbagbo réplique aux sanctions et exigent le départ immédiat des forces françaises, Licorne et des soldats de l`ONUCI. Mais la réaction de la France et de l’ONU ne se fait pas attendre. Les 950 soldats français en Côte d`Ivoire sont maintenus et l’ONU reconduit le mandat de ses soldats. Alors Gbagbo opte par les attaques ciblées de diplomates et du personnel des Nations-Unies. Le bâtiment de l’ONUCI a même été la cible de tirs de soldats pro-Gbagbo. C’est l’impasse totale et Gbagbo ne fléchit nullement malgré les sanctions. Le 21 décembre, Charles Blé Goudé harangue les jeunes patriotes qu’il demande de se tenir prêt pour le combat pour al souveraineté de la Côte d’Ivoire. Le même jour, les États-Unis interdissent à Gbagbo et à ses proches de voyager sur leur territoire. Pendant ce temps, Ouattara, par la voix de son Premier ministre appelle à la désobéissance les ministres de Gbagbo. Pour montrer à la communauté internationale qu’il n’est pas prêt à céder le pouvoir, Gbagbo s’est, à nouveau, proclamé président de la République, le 21 décembre, lors d`une allocution sur la RTI où il a exhorté Alassane Ouattara au dialogue. Il décide d’imposer un blocus autour du QG du président élu. Un appel rejeté par le président élu. Il demande également aux pensionnaires du Golf de quitter librement l’hôtel avant de souhaiter la création d`un comité d`évaluation de la crise postélectorale qui comprendrait, entre autres, des représentants de la CEDEAO, des Nations-Unies, des États-Unis, de l`Union européenne, de la Russie, de la Chine, de la Ligue Arabe ainsi que «des Ivoiriens de bonne volonté». Le lendemain de cette annonce, le camp Ouattara une duperie et une manière de Gbagbo de gagner du temps. Soro exige alors de la communauté internationale le recours à la force contre Laurent Gbagbo, seule solution pour le déloger du pouvoir. Au même moment, le président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick annonce le gel des financements de la Côte d`Ivoire par son institution. La tension est plus forte et le président Ouattara demande, le 23 décembre, l’intervention des forces internationales présentes en Côte d’Ivoire pour abréger les souffrances des populations. Pour monter qu’elle ne tergiverse pas sur ce qu’elle appelle de délit de démocratie, la communauté internationale, à travers l’ONU, reconnaît Youssouf Bamba, l`ambassadeur désigné par Ouattara, pour représenter la Côte d`Ivoire auprès de l`institution internationale. Les États-Unis, la France et les pays d`Afrique de l`Ouest discutent, pour leur part, d`un renforcement du contingent des Casques bleus en Côte d`Ivoire...Aux Nations-Unies, l`ONU publie un nouveau bilan des violences postélectorales où il est fait cas de 173 personnes é tuées et 471 autres arrêtées entre le 16 et le 21 décembre dernier en Côte d`Ivoire, selon la Haute commissaire-adjointe aux Droits de l`Homme, Kyung-Wha Kang. Du côte du Golf, Alassane Ouattara réclame une mission de la Cour pénale internationale pour enquêter sur ces violences. Pour Guillaume Soro, les auteurs de ces violences ne sont autres que les hommes de Gbagbo et demande qu’ils soient transférés à La Haye. Le lundi 27 décembre, le RHDP appelle à une grève générale pour contraindre Gbagbo au départ. C’est le début de «l’opération pays mort». Si le mot d’ordre n’est pas suivi à Abidjan, plusieurs villes de l’intérieur sont paralysées. Pour sa part, le dictateur dénonce un complot franco-américain pour l’écarter du pouvoir. Le 28 décembre trois présidents (Béninois, Sierra-léonais et Cap-Verdien) mandatés par la CEDEAO pour convaincre Gbagbo de céder le pouvoir sont arrivés d’Abidjan sans gain de cause. Blé Goudé reporte dans le même temps son rassemblement pour exiger le départ des troupes étrangères. Mais il annonce un assaut pour le 1er janvier pour la libération de l’Hôtel du Golf, quartier général du président élu protégé par 800 casques bleus et les soldats des FN.

En visite en Côte, Alain Le Roy, un haut responsable des Nations unies dénonce des appels à la haine diffusés par la RTI. Les partisans de Gbagbo ont également un convoi de l’ONUCI à Yopougon et blessé à la machette un casque bleu et un véhicule incendié. L’UE pour sa part décide de reconnaître que les ambassadeurs nommés par Ouattara. A Abidjan, Gbagbo menace de renvoyer tous les ambassadeurs des pays de l’UE.

Fermeture de la BCEAO

Le 3 janvier une nouvelle médiation de l’UA et de la CEDEAO conduite par le Premier ministre kényan Raila Odinga, les présidents du Bénin, Boni Yayi, du Cap-Vert, Pedro Pires et de Sierra Leone, Ernest Koroma, ont échoué. La CEDEAO remet sur la table la menace d`une opération militaire contre Laurent Gbagbo. Epuisé et se sentant abusé, Ouattara estime que les discussions sont « terminées » et rejette la mise en place d`un «comité d`évaluation» de la crise postélectorale souhaitée par Laurent Gbagbo. Après avoir milité pour une résolution pacifique et las des agissements de Gbagbo, le président Alassane Ouattara appelle, le 14 janvier 2011, au recours à la force. S’en suit le 19 janvier, le vote de l`envoi de 2000 hommes supplémentaires par l’ONU. La Côte d’Ivoire est devenu le théâtre quotidien d’affrontements entre partisans des deux camps. C’est dans cette impasse que surgit à Abobo et à Anyama le Commando invisible vers le 13 janvier 2011. Pour asphyxier le camp Gbagbo, le président Ouattara ordonne la fermeture de l’agence nationale de la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en Côte d’Ivoire et ses agences auxiliaires réparties sur le territoire national ivoirien, le lundi 24 janvier 2011.

Il en est de même des exportations de cacao et de café dont le pays est le plus gros producteur. Ces mesures ayant pour seul but de couper les vivres au dictateur. Mais le mercredi 26 janvier, Gbagbo ordonne la réquisition du personnel de la BCEAO et procède à l’ouverture des agences. Les banques commerciales internationales ont également suivi l’injonction du président élu et ont fermé leurs guichets à la clientèle dès le 24 janvier. Une situation difficilement vécue par les populations. Pendant ce temps, les partisans de Gbagbo s’en prennent aux soldats onusiens. Trois autres casques sont blessés dans une embuscade et au moins trois véhicules de l’ONU incendiés. Jusqu’à la mi-février, les combats entre les forces pro-Gbagbo et le Commando invisible font rage à Abobo et Anyama. Se sentant menacé et sans issue, le dictateur déprime et ordonne le massacre des femmes d’Abobo qui manifestaient pacifiquement.

Ce 3 mars 2011, sept femmes sont tombées sous les balles assassines des soldats de Gbagbo. Le monde entier parle de faillite morale. De quoi à révolter les soldats des ex-FN qui enclenchent l’offensive pour la libération du pays, le 8 mars avec la prise Bin-Hounien à l’Ouest. Le 10 mars, l’UA confirme l`élection d`Alassane Ouattara. En réponse, le camp Gbagbo agite la menace de la guerre civile. Et le 16 mars, Human Rights Watch estime que les violences des pro-Gbagbo donnent «des indices de constituer des crimes contre l`humanité». Pour enclencher la libération du pays, Ouattara signe le jeudi 17 mars l’ordonnance portant création des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).

Ces soldats de la nouvelle armée ivoirienne progressent rapidement et prennent Bloléquin, le 21 mars. La cinquième ville depuis l’offensive. Pendant ce temps, plusieurs jeunes patriotes à la solde de Gbagbo tentent de se faire enrôler dans l’armée pour aller au combat. Gbagbo tente de sauver sa tête et accepte la médiation de José Brito, haut représentant de l`UA. Il est récusé par Ouattara qui dénonce ses relations personnelles avec le président sortant. Le 28 mars, Duékoué, ville stratégique de l`Ouest sur la route d`Abidjan et de Bondoukou, à l`Est est entre les mains des FRCI. Une avancée rapide qui inquiète les forces pro-Gbagbo à Abidjan. Et le 30 mars, le chef d’Etat major, Philippe Mangou se refugie à la résidence officielle de l`ambassadeur sud-africain à Abidjan. Pendant ce temps, les forces pro-Ouattara sont aux portes d`Abidjan. Le camp Gbagbo est déboussolé.

son pouvoir vacille. Dans la nuit du 30 au 31 mars, les FRCI font leur entrée dans la capitale ivoirienne. Le président élu déclare couvre-feu de trois jours. L’aéroport international d’Abidjan est sous contrôle de l’ONUCI. Le 4 avril, l’ONUCI appuyée par la Licorne neutralisent toutes les armes lourdes de Gbagbo pour protéger la population civile. Une action adossée sur la résolution 1975 du Conseil de sécurité. La bataille d’Abidjan est féroce. Les communes de Cocody, Plateau et Yopougon sont encore aux mains des forces pro-Gbagbo. Les autres en cours de sécurisation. Finalement, le 11 avril 2011, l`assaut est lancé contre la résidence présidentielle à Cocody, après dix jours d`intenses combats. Le Machiavel des Lagunes est capturé en compagnie de son épouse, Simone Ehivet et de leurs sbires.

OUATTARA Gaoussou
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