L’ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire a vécu la crise postélectorale de bout en bout. Un an après la chute de Laurent Gbagbo, il s’est confié hier à Rfi. Nous vous proposons l’entretien.
Est-ce que l’explication finale n’a pas commencé la veille, le dimanche 10?
C’est le dimanche 10 (10 mars 2011, ndlr) dans la soirée que les décisions avaient été prises de recommencer les frappes. C’est une décision qui a été prise conjointement entre le président de la République et le secrétaire général des Nations unies. Dès le début des frappes, à la tombée de la nuit, le dimanche 10, les Frci ont tenté de s’approcher de la résidence de Laurent Gbagbo. Or, ils se sont heurtés à une résistance extrêmement forte, car il y avait un armement absolument démentiel autour de la résidence et sur tous les carrefours de Cocody. Les Frci se sont retrouvés en difficulté et jusqu’au petit matin, ils ne parvenaient pas à passer ces lignes après avoir essuyé de nombreuses pertes en matériel et en vies humaines. C’est donc à ce moment-là que la décision a été prise d’en finir avec cette tragédie qui menaçait le pays d’une guerre civile. L’intervention de la force Licorne s’est faite à ce moment-là pour ouvrir les axes et permettre aux Frci d’avancer vers la résidence de Cocody et donc ordre a été donné de déployer les chars de La Licorne dans Cocody. Ce n’était pas une décision facile à prendre, parce que ce n’était pas exempt de risques de traverser toute la ville, de Port-Bouët jusqu’à Cocody en passant par le Plateau où il y avait des tireurs embusqués et nous risquions fort de perdre des éléments blindés et leurs équipages. Donc, ces décisions ont été très courageuses et elles honorent ceux qui l’ont prise à Paris.
Elle a été prise au plus haut niveau par Nicolas Sarkozy ?
Bien sûr.
Est-ce que les forces du général Dogbo Blé, pro-Gbagbo qui était en surplomb au Plateau n’auraient pas pu tirer sur les blindés français ?
Bien sûr, mais elles ne l’ont pas fait et la colonne a pu avancer sans difficultés.
Comment s’est donc passé ce 2ème assaut de la résidence de Laurent Gbagbo ?
Dès que les carrefours ont pu être sécurisés, les Frci ont pu faire leur approche et arriver à la résidence de Laurent Gbagbo. Cela a duré quelques heures et cela était difficile d’autant plus que l’ordre était strict. Nous étions en relation avec le président Ouattara et le Premier ministre Guillaume Soro pendant tout ce moment et il ne fallait pas prendre le risque de toucher à la vie de Laurent Gbagbo et de ses proches.
Et quel rôle ont joué les blindés français dans cette dernière phase ?
Les blindés français ont permis aux Frci d’avancer et de pénétrer dans la résidence de Laurent Gbagbo. Et je tiens à dire qu’avant 13h08, l’heure de l’arrestation de Laurent Gbagbo, aucun élément français, ni civil ni militaire, n’a pénétré à l’intérieur de cette résidence présidentielle.
Dans son livre ‘’Abobo la guerre’’, notre consœur Leslie Varen affirme que des gendarmes français du Gign sont entrés dans la résidence de Laurent Gbagbo ?
J’ai lu le livre de Leslie Varen qui est un livre très intéressant. C’est une enquête de terrain. Malheureusement, j’y ai relevé beaucoup d’inexactitudes notamment celle-là.
A la suite de cette activité à Abidjan, vous avez été élevé à la dignité d’ambassadeur de France et promu au grade de la légion d’honneur. Mais est-ce qu’il y a quelque chose que vous regrettez?
Lorsque j’ai appris à 13 h 10 que Laurent Gbagbo a été arrêté et qu’il avait la vie sauve ainsi que tous ses proches, ça a été un grand soulagement. Mais ce grand soulagement était aussi doublé d’une angoisse parce que rappelez-vous que nous avions depuis l’après-midi du 4 avril, quatre expatriés dont deux de nos ressortissants qui avaient été pris en otage à l’hôtel Novotel dont nous étions sans nouvelles. Après la capture de Laurent Gbagbo, nous nous sommes employés à les rechercher jour et nuit jusqu’à ce que nous apprenions malheureusement qu’ils avaient été exécutés dans les pires conditions et probablement avant même les premières frappes du 4 avril.
C’est un souvenir qui vous hante encore aujourd’hui?
C’est un souvenir douloureux.
Propos retranscrits sur Rfi par Napargalè Marie
Est-ce que l’explication finale n’a pas commencé la veille, le dimanche 10?
C’est le dimanche 10 (10 mars 2011, ndlr) dans la soirée que les décisions avaient été prises de recommencer les frappes. C’est une décision qui a été prise conjointement entre le président de la République et le secrétaire général des Nations unies. Dès le début des frappes, à la tombée de la nuit, le dimanche 10, les Frci ont tenté de s’approcher de la résidence de Laurent Gbagbo. Or, ils se sont heurtés à une résistance extrêmement forte, car il y avait un armement absolument démentiel autour de la résidence et sur tous les carrefours de Cocody. Les Frci se sont retrouvés en difficulté et jusqu’au petit matin, ils ne parvenaient pas à passer ces lignes après avoir essuyé de nombreuses pertes en matériel et en vies humaines. C’est donc à ce moment-là que la décision a été prise d’en finir avec cette tragédie qui menaçait le pays d’une guerre civile. L’intervention de la force Licorne s’est faite à ce moment-là pour ouvrir les axes et permettre aux Frci d’avancer vers la résidence de Cocody et donc ordre a été donné de déployer les chars de La Licorne dans Cocody. Ce n’était pas une décision facile à prendre, parce que ce n’était pas exempt de risques de traverser toute la ville, de Port-Bouët jusqu’à Cocody en passant par le Plateau où il y avait des tireurs embusqués et nous risquions fort de perdre des éléments blindés et leurs équipages. Donc, ces décisions ont été très courageuses et elles honorent ceux qui l’ont prise à Paris.
Elle a été prise au plus haut niveau par Nicolas Sarkozy ?
Bien sûr.
Est-ce que les forces du général Dogbo Blé, pro-Gbagbo qui était en surplomb au Plateau n’auraient pas pu tirer sur les blindés français ?
Bien sûr, mais elles ne l’ont pas fait et la colonne a pu avancer sans difficultés.
Comment s’est donc passé ce 2ème assaut de la résidence de Laurent Gbagbo ?
Dès que les carrefours ont pu être sécurisés, les Frci ont pu faire leur approche et arriver à la résidence de Laurent Gbagbo. Cela a duré quelques heures et cela était difficile d’autant plus que l’ordre était strict. Nous étions en relation avec le président Ouattara et le Premier ministre Guillaume Soro pendant tout ce moment et il ne fallait pas prendre le risque de toucher à la vie de Laurent Gbagbo et de ses proches.
Et quel rôle ont joué les blindés français dans cette dernière phase ?
Les blindés français ont permis aux Frci d’avancer et de pénétrer dans la résidence de Laurent Gbagbo. Et je tiens à dire qu’avant 13h08, l’heure de l’arrestation de Laurent Gbagbo, aucun élément français, ni civil ni militaire, n’a pénétré à l’intérieur de cette résidence présidentielle.
Dans son livre ‘’Abobo la guerre’’, notre consœur Leslie Varen affirme que des gendarmes français du Gign sont entrés dans la résidence de Laurent Gbagbo ?
J’ai lu le livre de Leslie Varen qui est un livre très intéressant. C’est une enquête de terrain. Malheureusement, j’y ai relevé beaucoup d’inexactitudes notamment celle-là.
A la suite de cette activité à Abidjan, vous avez été élevé à la dignité d’ambassadeur de France et promu au grade de la légion d’honneur. Mais est-ce qu’il y a quelque chose que vous regrettez?
Lorsque j’ai appris à 13 h 10 que Laurent Gbagbo a été arrêté et qu’il avait la vie sauve ainsi que tous ses proches, ça a été un grand soulagement. Mais ce grand soulagement était aussi doublé d’une angoisse parce que rappelez-vous que nous avions depuis l’après-midi du 4 avril, quatre expatriés dont deux de nos ressortissants qui avaient été pris en otage à l’hôtel Novotel dont nous étions sans nouvelles. Après la capture de Laurent Gbagbo, nous nous sommes employés à les rechercher jour et nuit jusqu’à ce que nous apprenions malheureusement qu’ils avaient été exécutés dans les pires conditions et probablement avant même les premières frappes du 4 avril.
C’est un souvenir qui vous hante encore aujourd’hui?
C’est un souvenir douloureux.
Propos retranscrits sur Rfi par Napargalè Marie