« Il y a eu 200 à 300 cas de faux diplômes»
La formation des 3.000 enseignants contractuels qui a duré deux semaines a pris fin mardi. Kouyaté Abdoulaye, chef de cabinet du ministère de l’Education nationale, dénonce cependant des cas de fraude.
La formation des contractuels a pris fin mardi. A quoi répond ce recrutement ?
Il faut comprendre que le système éducatif a souffert de son manque de ressources humaines depuis plusieurs décennies. Le constat est fait depuis deux décennies, il y a un manque criard d’enseignants à tous les niveaux. Aussi bien au primaire qu’au secondaire. Si au niveau du primaire nous sommes en train de trouver une solution, pour recruter par voie de concours, au niveau du secondaire, on a été obligé de trouver un autre moyen que nous avons appelé le recrutement exceptionnel de 3000 enseignants contractuels. Nous avons constaté que dans nos lycées et collèges, surtout à l’intérieur du pays, il y a un manque criard d’enseignants dans toutes les disciplines. Après une enquête, le besoin a été estimé à 3000 enseignants. C’est ainsi que l’autorisation nous a été donnée par le gouvernement, de procéder au recrutement de 3 000 enseignants. C’est tout le territoire national qui est concerné. C’est vrai qu’à l’intérieur du pays, le besoin est plus frappant. A Attécoubé, Williamsville, Abobo, Adjamé, il n’y a pas de professeurs dans toutes les disciplines.
Certains enseignants se plaignent de ce que le ministère de l’Education nationale recrute alors que leurs revendications ne sont pas prises en compte. C’est le cas du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (Midd) qui s’apprête à rentrer en grève le 23 avril.
C’est une question nationale. En ce qui concerne le Midd, il s’agit du reliquat de 5000Fcfa relatif à leurs indemnités de logement. Ils avaient réclamé 40 000 Fcfa, l’Etat y a fait face en payant 35 000 Fcfa. Il reste 5 000Fcfa de reliquat. Mais l’Etat se trouve en face de deux problèmes. Il y a des enseignants qui sont fonctionnaires et qui ont le minimum et d’un autre côté, il y a des enfants en Côte d’Ivoire qui n’ont pas reçu un seul cours depuis le début de l’année. Alors qu’est-ce que l’Etat doit faire ? Est-ce qu’il faut encourager, de façon inconsciente, ce qu’on pourrait appeler un génocide intellectuel ? Est-ce qu’il ne faut pas donner à ces enfants les chances d’avoir un enseignement minimum ? Le problème qui se pose au niveau des syndicats est un engagement que le gouvernement précédent a pris et qui doit être satisfait au regard du fait que l’administration est une continuité. Nous avons fait le point de toutes ces revendications salariales et elles se trouvent sur la table du gouvernement. Il appartiendra à celui-ci, au moment venu, de prendre les décisions qu’il faut. Pour le moment, on ne saurait encourager le génocide intellectuel qui se prépare. Sur le territoire national, il y a au moins 400 mille enfants qui ne bénéficient pas de l’enseignement minimum. Il faut leur donner ce minimum, puisque l’année prochaine, on va les évaluer comme s’ils avaient reçu des cours normaux depuis la 6ème jusqu’à la 3ème et de la seconde jusqu’à la terminale. Nous demandons à ces enseignants d’être patients.
« Plus de 400 mille enfants n’ont pas l’enseignement minimum »
Vous avez parlé de 3 000 contractuels mais pourriez-vous atteindre ce nombre surtout qu’on sait qu’il y a eu 54 démissionnaires?
Même s’il y avait un besoin de 4 000, on les comblerait. Je dois rappeler que lorsqu’on lançait cette opération, on avait un besoin de 3 000 mais on a enregistré 17 655 dossiers. Nous n’en avons retenu que 3 000. Ce qui veut dire qu’il y a 14 000 qui attendent. Ils remplissent les critères, mais il y a une sélection que nous avons faite par rapport aux Curriculum vitae (Cv), à la demande manuscrite, aux diplômes. Nous sommes en train de chercher des solutions pour remplacer ceux qui sont démissionnaires.
Il s’agit d’un contrat de quatre mois pour pallier le déficit d’enseignants. Est-ce à dire qu’après ce laps de temps, il n’y aura plus de manque ou le contrat sera renouvelé ?
J’ai dit tout à l’heure que ce problème existe depuis une vingtaine d’années. Il faut le régler de façon ponctuelle. C’est comme si vous vous rendiez à votre plantation et vous tombez sur des fourmis magnans. On ne reste pas dans les magnans pour se débarrasser des magnans. Vous sortez d’abord du nid des fourmis et vous vous en débarrassez ensuite. C’est ce que nous sommes en train de faire. Nous solutionnons cela au moins jusqu’à la fin de l’année et il appartiendra à l’Etat de prendre les décisions qu’il faut en reconduisant peut-être ce même contrat ou en trouvant des solutions pérennes.
On a eu écho de ce qu’il y aurait de faux diplômes chez les recrutés ?
Il y a eu effectivement 200 à 300 cas de faux diplômes. Il ne nous appartient pas en tant que ministère de l’Education nationale de prendre les sanctions puisque nous avons travaillé avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Il appartient donc au ministère de l’Enseignement supérieur, constatant qu’il y a des cas de faux diplômes, de prendre les mesures qui s’imposent. Nous avons enregistré tous les dossiers que nous avons transmis à la scolarité de l’université pour authentification. C’est pendant ce processus que nous avons découvert ces faux diplômes. Naturellement, nous les avons tous retirés parce qu’incapables de donner des enseignements aux élèves. Ils ne sont pas qualifiés pour le faire et nous les mettons à la disposition du ministère de l’Enseignement supérieur. Des choses qui sont traitées en une année, nous les avons traitées en deux mois.
On a fait cas de handicapés et de femmes entièrement voilées au niveau des contractuels. Qu’avez-vous à répondre à cela ?
Nous nous sommes entretenus avec elles et nous leur avons dit que chaque fonction a ses obligations. Si vous embrassez la fonction d’enseignant, il faut être dans une situation de laïcité. La fonction d’enseignant ne peut s’accommoder de voile, ni de croix, car nous sommes dans un Etat laïc. Un enseignant doit être un modèle et il doit afficher une neutralité à tout point de vue. Aujourd’hui, l’enseignement fonctionne sur trois trépieds : gratuité, neutralité et laïcité. Autrement dit, nous serons obligés de procéder à leur remplacement car il y a 14 000 qui attendent. En ce qui concerne les handicapés, la Côte d’Ivoire a fait de l’intégration de toutes les couches, son cheval de bataille. Nous allons trouver un moyen mais nous ne les écartons pas.
Napargalè Marie
Légende : Kouyaté Abdoulaye, chef de cabinet du ministre de l’Education nationale, indique que l’enseignant doit afficher une neutralité.
La formation des 3.000 enseignants contractuels qui a duré deux semaines a pris fin mardi. Kouyaté Abdoulaye, chef de cabinet du ministère de l’Education nationale, dénonce cependant des cas de fraude.
La formation des contractuels a pris fin mardi. A quoi répond ce recrutement ?
Il faut comprendre que le système éducatif a souffert de son manque de ressources humaines depuis plusieurs décennies. Le constat est fait depuis deux décennies, il y a un manque criard d’enseignants à tous les niveaux. Aussi bien au primaire qu’au secondaire. Si au niveau du primaire nous sommes en train de trouver une solution, pour recruter par voie de concours, au niveau du secondaire, on a été obligé de trouver un autre moyen que nous avons appelé le recrutement exceptionnel de 3000 enseignants contractuels. Nous avons constaté que dans nos lycées et collèges, surtout à l’intérieur du pays, il y a un manque criard d’enseignants dans toutes les disciplines. Après une enquête, le besoin a été estimé à 3000 enseignants. C’est ainsi que l’autorisation nous a été donnée par le gouvernement, de procéder au recrutement de 3 000 enseignants. C’est tout le territoire national qui est concerné. C’est vrai qu’à l’intérieur du pays, le besoin est plus frappant. A Attécoubé, Williamsville, Abobo, Adjamé, il n’y a pas de professeurs dans toutes les disciplines.
Certains enseignants se plaignent de ce que le ministère de l’Education nationale recrute alors que leurs revendications ne sont pas prises en compte. C’est le cas du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (Midd) qui s’apprête à rentrer en grève le 23 avril.
C’est une question nationale. En ce qui concerne le Midd, il s’agit du reliquat de 5000Fcfa relatif à leurs indemnités de logement. Ils avaient réclamé 40 000 Fcfa, l’Etat y a fait face en payant 35 000 Fcfa. Il reste 5 000Fcfa de reliquat. Mais l’Etat se trouve en face de deux problèmes. Il y a des enseignants qui sont fonctionnaires et qui ont le minimum et d’un autre côté, il y a des enfants en Côte d’Ivoire qui n’ont pas reçu un seul cours depuis le début de l’année. Alors qu’est-ce que l’Etat doit faire ? Est-ce qu’il faut encourager, de façon inconsciente, ce qu’on pourrait appeler un génocide intellectuel ? Est-ce qu’il ne faut pas donner à ces enfants les chances d’avoir un enseignement minimum ? Le problème qui se pose au niveau des syndicats est un engagement que le gouvernement précédent a pris et qui doit être satisfait au regard du fait que l’administration est une continuité. Nous avons fait le point de toutes ces revendications salariales et elles se trouvent sur la table du gouvernement. Il appartiendra à celui-ci, au moment venu, de prendre les décisions qu’il faut. Pour le moment, on ne saurait encourager le génocide intellectuel qui se prépare. Sur le territoire national, il y a au moins 400 mille enfants qui ne bénéficient pas de l’enseignement minimum. Il faut leur donner ce minimum, puisque l’année prochaine, on va les évaluer comme s’ils avaient reçu des cours normaux depuis la 6ème jusqu’à la 3ème et de la seconde jusqu’à la terminale. Nous demandons à ces enseignants d’être patients.
« Plus de 400 mille enfants n’ont pas l’enseignement minimum »
Vous avez parlé de 3 000 contractuels mais pourriez-vous atteindre ce nombre surtout qu’on sait qu’il y a eu 54 démissionnaires?
Même s’il y avait un besoin de 4 000, on les comblerait. Je dois rappeler que lorsqu’on lançait cette opération, on avait un besoin de 3 000 mais on a enregistré 17 655 dossiers. Nous n’en avons retenu que 3 000. Ce qui veut dire qu’il y a 14 000 qui attendent. Ils remplissent les critères, mais il y a une sélection que nous avons faite par rapport aux Curriculum vitae (Cv), à la demande manuscrite, aux diplômes. Nous sommes en train de chercher des solutions pour remplacer ceux qui sont démissionnaires.
Il s’agit d’un contrat de quatre mois pour pallier le déficit d’enseignants. Est-ce à dire qu’après ce laps de temps, il n’y aura plus de manque ou le contrat sera renouvelé ?
J’ai dit tout à l’heure que ce problème existe depuis une vingtaine d’années. Il faut le régler de façon ponctuelle. C’est comme si vous vous rendiez à votre plantation et vous tombez sur des fourmis magnans. On ne reste pas dans les magnans pour se débarrasser des magnans. Vous sortez d’abord du nid des fourmis et vous vous en débarrassez ensuite. C’est ce que nous sommes en train de faire. Nous solutionnons cela au moins jusqu’à la fin de l’année et il appartiendra à l’Etat de prendre les décisions qu’il faut en reconduisant peut-être ce même contrat ou en trouvant des solutions pérennes.
On a eu écho de ce qu’il y aurait de faux diplômes chez les recrutés ?
Il y a eu effectivement 200 à 300 cas de faux diplômes. Il ne nous appartient pas en tant que ministère de l’Education nationale de prendre les sanctions puisque nous avons travaillé avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Il appartient donc au ministère de l’Enseignement supérieur, constatant qu’il y a des cas de faux diplômes, de prendre les mesures qui s’imposent. Nous avons enregistré tous les dossiers que nous avons transmis à la scolarité de l’université pour authentification. C’est pendant ce processus que nous avons découvert ces faux diplômes. Naturellement, nous les avons tous retirés parce qu’incapables de donner des enseignements aux élèves. Ils ne sont pas qualifiés pour le faire et nous les mettons à la disposition du ministère de l’Enseignement supérieur. Des choses qui sont traitées en une année, nous les avons traitées en deux mois.
On a fait cas de handicapés et de femmes entièrement voilées au niveau des contractuels. Qu’avez-vous à répondre à cela ?
Nous nous sommes entretenus avec elles et nous leur avons dit que chaque fonction a ses obligations. Si vous embrassez la fonction d’enseignant, il faut être dans une situation de laïcité. La fonction d’enseignant ne peut s’accommoder de voile, ni de croix, car nous sommes dans un Etat laïc. Un enseignant doit être un modèle et il doit afficher une neutralité à tout point de vue. Aujourd’hui, l’enseignement fonctionne sur trois trépieds : gratuité, neutralité et laïcité. Autrement dit, nous serons obligés de procéder à leur remplacement car il y a 14 000 qui attendent. En ce qui concerne les handicapés, la Côte d’Ivoire a fait de l’intégration de toutes les couches, son cheval de bataille. Nous allons trouver un moyen mais nous ne les écartons pas.
Napargalè Marie
Légende : Kouyaté Abdoulaye, chef de cabinet du ministre de l’Education nationale, indique que l’enseignant doit afficher une neutralité.