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Société Publié le samedi 14 avril 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Crise à la Mugefci / Les conséquences s’aggravent : Plus de bons de pharmacies, l’hôpital des fonctionnaires fermé, les prestations sanitaires suspendues pour 150.000 fonctionnaires

La décision du gouvernement de suspendre les organes dirigeants de la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’ Ivoire (Mugefci), a provoqué une réaction en chaine dont on ne prend pas encore la mesure de l’ampleur. Holland N’Da et les trois centrales syndicales que sont l’UGTCI, la Fesaci et Dignité, au cours de déclarations séparées, faites le vendredi 13 avril 2012, ont indiqué que la situation des 150.000 fonctionnaires de l’Etat ivoirien a pris un chemin parsemé d’embuches depuis le mercredi 11 avril dernier.

«Aujourd’hui où je vous parle, la Mugefci a cessé de fonctionner. Le gouvernement vient de faire bloquer tous les comptes de notre mutuelle. Conséquences immédiates à partir de ce jour (vendredi 13 avril 2012) l’hôpital des fonctionnaires est fermé, les cliniques qui acceptaient les fonctionnaires ne peuvent plus leur délivrer des soins, plus aucune pharmacie n’accepte de bons Mugefci», a indiqué Holland N’Da lors de sa déclaration. Selon lui, la décision du gouvernement s’apparente à un vol. «On nous a vole, notre mutuelle, car c’est une institution privée au service des fonctionnaires».

Relation Mugefci-Etat
Holland N’Da a précisé que contrairement à ce qu’annonce le ministre d’Etat Gilbert Kafana, la Mugefci est une création syndicale et non gouvernementale. C’est ce qu’ont assuré les trois centrales syndicales qui affirment que la Mugefci a été créée en 1973 et non en 1989. Et c’est suite à une gestion calamiteuse de l’Etat ayant entrainé la faillite de la structure que feu le président Félix Houphouët-Boigny a cédé cet instrument aux fonctionnaires à la suite de plusieurs revendications. «C’est une mutuelle jetée à la rue en 1989 que nous avons récupérée. Il ne s’agit donc pas d’une concession pour la simple raison que la Mugefci n’est pas une entreprise d’Etat», assène Adé-Mensah et ses camarades.

L’Etat, ont-ils affirmé, ne contribue pas financièrement au budget de fonctionnement de la mutuelle. «Bien au contraire, l’Etat de Côte d’Ivoire nous doit aujourd’hui 5 milliards de FCFA», avancent-ils. Pour Holland N’Da, la mutuelle est, du seul fait de l’Etat, aujourd’hui paralysée et les fonctionnaires se trouvent exposés aux maladies, surtout les affections chroniques (diabète, hypertension, etc.). Il a aussi battu en brèche l’argument du ministre Kafana qui a parlé de devoir communautaire contraignant. Selon Holland N’Da, le règlement communautaire exige que soit révisé les textes au plus tard en 2014. Déjà, des experts y travaillent et l’élection à la mutuelle qui devait intervenir en juin prochain aurait permis de dépoussiérer définitivement les textes pour être en conformité avec ceux de l’UEMOA en matière de mutualité, avance le PCA de la Mugefci. Qui poursuit que le ministre Kafana les a poignardés dans le dos, car il ne les a jamais consultés alors qu’il avait décoré Holland N’Da récemment pour le bon travail effectué à la mutuelle.

La grève des fonctionnaires devient une réalité
«On veut nous pousser à la grève car avec des salaires bloqués depuis 30 ans, la Mugefci est la seule chose qui met du baume dans le cœur des fonctionnaires qui savent qu’ils ont la possibilité d’avoir des soins à des coûts préférentiels. Aujourd’hui, tout le monde veut s’accaparer cette belle femme qui fait un bénéfice de 2,7 milliards de FCFA par an», lance Hollande N’Da qui affirme que le chef de l’Etat doit prendre les décisions qui s’imposent avant que les choses ne dégénèrent. « Comment peut-on fermer un compte dont on n’est pas propriétaire. Cela s’appelle du braquage », a résumé Holland N’Da. Les centrales syndicales et le Conseil d’administration « interpellent le président Ouattara d’ouvrir sans délai le dialogue avec les responsables suscités à l’effet de rétablir, à l’instar du Mali, la légalité statutaire à la tête de la Mugefci ». Faute de quoi, les jours à venir pourraient voir perturbé le climat social. Déjà à partir de lundi, la Mugefci rencontre toutes les centrales syndicales pour arrêter des décisions fortes.

Un collectif applaudit la décision du gouvernement
La décision du gouvernement de dissoudre les organes de la Mugefci et de mettre en place une administration provisoire a trouvé l’assentiment du Collectif des enseignants mutualistes de la Mugefci. Coulibaly Vincent, Diallo Salif Diaz, Gouéhi Moise et Pépé Marie-Laure remercient l’Etat pour avoir pris cette décision qu’ils appelaient de tous leurs vœux. Selon ce collectif, il était nécessaire d’appliquer les textes de la mutualité de l’espace UEMOA, qui exigent que désormais les mutuelles soient détachées de l’emprise des centrales syndicales.

Olivier Guédé
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