Le coordonnateur de la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI), Patrick N’Gouan, a affirmé vendredi, dans une interview à Alerte info, que la libération de Laurent Gbagbo, détenu depuis fin novembre à La Haye, ne garantit pas la réconciliation en Côte d’Ivoire, prenant à contre-pied la position du Font populaire ivoirien (FPI), qui en fait un préalable à tout dialogue avec le pouvoir.
Cela fait un an que le pouvoir a changé de main en Côte d’Ivoire. Selon vous, qu’est-ce qui a changé depuis le 11 avril 2011 ?
Au plan sécuritaire, il y a quand même eu une amélioration. C’était chaotique, le 11 avril 2011, et pendant les semaines ayant précédé cette date. Cependant, il y a des dossiers importants qui ne sont pas résolus, la question de la réconciliation. On observe une espèce d’autocensure d’une partie de la population. Mais, ce calme ne signifie pas qu’il y a réconciliation. Il y a deux indicateurs qui peuvent nous montrer que le pays n’est pas réconcilié, que la fracture est encore profonde. Quand des gens jubilent alors que la Côte d’Ivoire a perdu la finale de la Can 2012, cela veut dire que cette frange d’Ivoiriens souhaitait une défaite de leur pays. Parce qu’une victoire servirait les intérêts politiques d’un groupe. Deuxième élément, le 11 avril est une fête pour un camp et un souvenir très douloureux pour l’autre. Comment, dans un même pays, un même événement peut être interprété de manière ambivalente, de manière contradictoire ? Cela veut dire que le pays n’est pas réconcilié.
Le gouvernement veut renouer le dialogue avec le FPI, qui continue d’exiger la libération de M. Gbagbo et des autres cadres détenus. La réconciliation véritable en Côte d’Ivoire passe-t-elle par la libération de l’ancien président ?
Faire une espèce de dialogue entre le FPI et le RDR est une démarche totalement simpliste et étriquée. Le RDR et le FPI, quand bien même ils ont été les principaux belligérants, ne sont pas les seuls concernés par la crise ivoirienne. Donc, si on laisse ces deux partis face-à-face, je ne sais ce que cela pourrait donner comme résultats. Cela fait plus de dix ans qu’ils ne s’entendent pas. C’est pourquoi, nous proposons une démarche consensuelle, globale pour traiter la crise ivoirienne. Et ça, on évite de le faire. Je ne sais pas ce qu’on peut encore attendre d’un dialogue FPI-RDR, parce que c’est ce qu’on a fait depuis 2002 et ça n’a rien donné.
Donc, pour vous, la libération de M. Gbagbo n’est pas une condition à la réconciliation ?
Non, je n’ose pas dire ça. Je veux que la question de la Côte d’Ivoire soit traitée de manière globale par l’ensemble des forces vives de la Nation, dans le cadre d’un dialogue ouvert, et qui aborde tous les contours de la crise, y compris les gens qu’on doit déférer à la CPI, les gens qui y ont déjà été déférés, la situation de la reforme de l’armée. Je ne veux pas qu’on résume le problème de la Côte d’Ivoire à ce genre de situations particulières. Le procureur de la CPI a dit qu’il appellerait six personnes à La Haye. Nous avons déjà Laurent Gbagbo, on attend qu’il appelle les cinq autres. Qui seront-ils ? Seront-ils du seul camp de Gbagbo ou de l’autre aussi ? On n’en sait rien. C’est pour cela que la question de la justice transitionnelle qui, pour moi, conditionne la réconciliation, doit être traitée de manière globale, de manière équitable, impersonnelle, équitable et transparente. Donc, tout le processus de renaissance de la Côte d’Ivoire, qui commence par le problème de la sécurité des Ivoiriens, qui réside également dans la reforme de l’armée et des forces de sécurité, doit s’opérer de manière consensuelle. Il ne faut pas ramener le problème à la libération ou non de M. Gbagbo. Parce que même si on le libère, cela ne voudra pas dire que le pays est réconcilié. M. Gbagbo n’était pas arrêté quand le pays était divisé en deux en 2002. Donc, la crise est plus profonde que cette question.
[Source: Alerte info]
Cela fait un an que le pouvoir a changé de main en Côte d’Ivoire. Selon vous, qu’est-ce qui a changé depuis le 11 avril 2011 ?
Au plan sécuritaire, il y a quand même eu une amélioration. C’était chaotique, le 11 avril 2011, et pendant les semaines ayant précédé cette date. Cependant, il y a des dossiers importants qui ne sont pas résolus, la question de la réconciliation. On observe une espèce d’autocensure d’une partie de la population. Mais, ce calme ne signifie pas qu’il y a réconciliation. Il y a deux indicateurs qui peuvent nous montrer que le pays n’est pas réconcilié, que la fracture est encore profonde. Quand des gens jubilent alors que la Côte d’Ivoire a perdu la finale de la Can 2012, cela veut dire que cette frange d’Ivoiriens souhaitait une défaite de leur pays. Parce qu’une victoire servirait les intérêts politiques d’un groupe. Deuxième élément, le 11 avril est une fête pour un camp et un souvenir très douloureux pour l’autre. Comment, dans un même pays, un même événement peut être interprété de manière ambivalente, de manière contradictoire ? Cela veut dire que le pays n’est pas réconcilié.
Le gouvernement veut renouer le dialogue avec le FPI, qui continue d’exiger la libération de M. Gbagbo et des autres cadres détenus. La réconciliation véritable en Côte d’Ivoire passe-t-elle par la libération de l’ancien président ?
Faire une espèce de dialogue entre le FPI et le RDR est une démarche totalement simpliste et étriquée. Le RDR et le FPI, quand bien même ils ont été les principaux belligérants, ne sont pas les seuls concernés par la crise ivoirienne. Donc, si on laisse ces deux partis face-à-face, je ne sais ce que cela pourrait donner comme résultats. Cela fait plus de dix ans qu’ils ne s’entendent pas. C’est pourquoi, nous proposons une démarche consensuelle, globale pour traiter la crise ivoirienne. Et ça, on évite de le faire. Je ne sais pas ce qu’on peut encore attendre d’un dialogue FPI-RDR, parce que c’est ce qu’on a fait depuis 2002 et ça n’a rien donné.
Donc, pour vous, la libération de M. Gbagbo n’est pas une condition à la réconciliation ?
Non, je n’ose pas dire ça. Je veux que la question de la Côte d’Ivoire soit traitée de manière globale par l’ensemble des forces vives de la Nation, dans le cadre d’un dialogue ouvert, et qui aborde tous les contours de la crise, y compris les gens qu’on doit déférer à la CPI, les gens qui y ont déjà été déférés, la situation de la reforme de l’armée. Je ne veux pas qu’on résume le problème de la Côte d’Ivoire à ce genre de situations particulières. Le procureur de la CPI a dit qu’il appellerait six personnes à La Haye. Nous avons déjà Laurent Gbagbo, on attend qu’il appelle les cinq autres. Qui seront-ils ? Seront-ils du seul camp de Gbagbo ou de l’autre aussi ? On n’en sait rien. C’est pour cela que la question de la justice transitionnelle qui, pour moi, conditionne la réconciliation, doit être traitée de manière globale, de manière équitable, impersonnelle, équitable et transparente. Donc, tout le processus de renaissance de la Côte d’Ivoire, qui commence par le problème de la sécurité des Ivoiriens, qui réside également dans la reforme de l’armée et des forces de sécurité, doit s’opérer de manière consensuelle. Il ne faut pas ramener le problème à la libération ou non de M. Gbagbo. Parce que même si on le libère, cela ne voudra pas dire que le pays est réconcilié. M. Gbagbo n’était pas arrêté quand le pays était divisé en deux en 2002. Donc, la crise est plus profonde que cette question.
[Source: Alerte info]