Le Fpi encourage ses dirigeants à aller au dialogue direct avec le gouvernement. Mais l’ancien parti au pouvoir maintient ses conditions à ce dialogue. Il ne renonce pas, non plus, à ses préalables sur sa participation à la réconciliation nationale. C’est ce qui ressort d’un comité central extraordinaire du parti de l’ancien président Laurent Gbagbo. Présidée par son secrétaire général, Laurent Akoun, la rencontre a eu lieu, samedi dernier, au siège provisoire du Fpi, à Cocody les II Plateaux, 7ème Tranche. Le Comité central a «encouragé la Direction du Parti à répondre présente à toutes les séances de travail auxquelles le Front Populaire est invité par les institutions de la République et par ses partenaires tout en observant une extrême vigilance», lit-on dans le communiqué final. «Le Comité Central a, par ailleurs, pris acte de la rencontre avec le Président de la Commission Dialogue Vérité Réconciliation (CDVR). Il a toutefois rappelé à la Direction du Parti ses principales observations quant à la composition de la CDVR et ses conditions de participation au processus de réconciliation», ajoute le communiqué. Il faut savoir que le Fpi réclame, par exemple, une recomposition de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) de Charles Konan Banny. Or, à la différence de la Cei, la Cdvr n’est pas constituée sur la base de partis politiques, mais en tenant compte des régions. D’ailleurs, un ancien ministre du Fpi, en la personne du Pr Sery Bally figure au Comité central. Il représente sa région, l’ouest. Si les partis politiques doivent faire de la configuration de la Commission, la condition de leur participation à la réconciliation, on n’en finira sans doute pas. Imaginerait-on toutes les formations politiques réclamer que cette Institution de la République soit reformée selon chacun sa volonté ? Charles Konan Banny ne cesse de le répéter : il n’y a pas de condition pour participer au processus de réconciliation nationale. L’insistance du Fpi peut, si elle est maintenue, apparaître comme un préalable qui ne dit pas son nom, même si le parti commence à éviter l’emploi du mot. Le parti, on se souvient, conditionnait sa participation aux législatives du 11 décembre 2011 à la recomposition de la Cei. Faute de l’avoir obtenue, il n’est pas allé au scrutin. Entre condition et préalable, la nuance tient donc à peu de choses, sinon à rien. Sauf imprévu, des discussions devraient, malgré tout, officiellement réunir autour d’une même table, le gouvernement et les nouveaux maîtres l’ancien parti au pouvoir. Là aussi, le parti de l’ancien président demande «une extrême vigilance» à ses dirigeants actuels, face au pouvoir qualifié par certains de «force du mal». Samedi dernier, le Fpi s’est surtout réuni pour plancher sur la préparation de sa Convention. Fixée au 29 novembre prochain, cette convention vise «un cadrage politique» du parti. Son organisation est confiée à l’ancien ministre Alphonse Douaty. D’ici-là, le Fpi encourage ses militants à «continuer les débats, notamment dans les bases, pour enrichir les réflexions afin que la Convention décide, en toute souveraineté, dans l’intérêt supérieur du parti». Dans cet «intérêt supérieur» du Fpi, des aménagements pourraient être apportés. Notamment, au niveau de la tête. La base a eu droit à des comptes rendus sur les tournées récemment effectuées par ses dirigeants intérimaires, à La Haye au Pays-Bas, où est gardé l’ancien président Laurent Gbagbo et à Accra, au Ghana, où plusieurs de leurs camarades ont trouvé refuge. Selon le communiqué, le Fpi apporte «un soutien total à l’équipe du président intérimaire Miaka Oureto» et invite «tous les militants à maintenir la cohésion au sein du Parti, à se tenir mobilisés et à rester à l’écoute de la Direction du Parti pour les mots d’ordre à venir».
Benoit HILI
Benoit HILI