Le FPI a-t-il seulement conscience des torts et du mal qu’il a faits aux Ivoiriens? Posez la question à des militants ou même à des responsables de cette formation politique et ces derniers, bien évidemment, répondront, par la négative. Chez les Refondateurs en effet, les causes de la grave crise qui a secoué le pays durant près d’une décennie en général et la crise post-électorale en particulier, sont à rechercher du côté des autres et non de leur côté. Et c’est justement là que se trouve toute la complexité du processus de réconciliation nationale dont le président de la République a fait son cheval de bataille. Pendant que les victimes attendent des bourreaux que sont le FPI et ses mouvements satellites comme les Jeunes patriotes, des excuses ou au moins une reconnaissance de leurs fautes, -c’est un euphémisme- ceux-ci, au contraire, soutiennent que les victimes, ce sont bien eux. C’est pourquoi, ils vont jusqu’à narguer les populations en posant des préalables à la réconciliation. Comme par exemple, la libération de Gbagbo et ses camarades, le dégel des comptes, le retour des exilés. Comme si Gbagbo s’était retrouvé à La Haye au sortir d’un dîner gala. Faut-il le rappeler, l’ancien chef de l’Etat se trouve derrière les barreaux de la prison de la Haye, non pas parce qu’il s’appelle Gbagbo, mais bien pour les actes qu’il a posés. Il est, si les responsables et militants du FPI ne le savent pas, ‘’le coauteur indirect des crimes contre l’Humanité’’ comme l’ont fait savoir les juges, lors de sa première audience de comparution, le 5 décembre dernier. L'audience a duré moins d'une trentaine de minutes. Et le 18 juin, à l’audience de confirmation des charges, cela lui sera répété. On ne peut pas se réclamer d’un tel homme dont le refus de reconnaître sa défaite électorale a occasionné une guerre qui a fait au bas mot 3.000 morts et poser des préalables pour aller à la réconciliation. C’est pourquoi, il ne serait pas étonnant d’entendre les victimes exiger à leur tour, un préalable pour aller elles aussi, à la réconciliation. Leur préalable pourrait être un préalable au préalable du FPI. Pour faire court, elles n’auraient pas du tout tort d’exiger que les bourreaux reconnaissent leur culpabilité dans la crise post-électorale qui a endeuillé des milliers de familles. Les Ivoiriens sont prêts à aller à la réconciliation. Et les victimes sont même disposées à pardonner comme le recommandent les Saintes Ecritures. Seulement voilà, il faudrait que celui qui a tué, reconnaisse au moins qu’il a tué. Ce simple acte à lui tout seul est déjà un grand pas qui peut soulager la victime et la mettre dans de bonnes dispositions d’esprit afin de pardonner à son bourreau. Mais tant que les tueurs d’hier se feront passer pour les victimes et nargueront celles-ci par des préalables, il va sans dire que la réconciliation aura bien du mal à aboutir. C’est justement tout le sens de l’expression «une faute reconnue est à moitié pardonnée».
YMA
YMA