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Politique Publié le samedi 21 avril 2012 | Le Mandat

Mandature/ La violence en héritage.

Que sera la Côte d’Ivoire dans dix, quinze ou vingt ans ? La question à l’aune de l’état d’esprit actuel de la jeunesse mérite réflexion. Entre inquiétudes et espoir, les jeunes restent un sujet de préoccupation permanent. Insouciance, irresponsabilité, assistanat, chômage, intolérance, agressivité et violence sont quelques unes des tares qui reviennent chaque fois que la problématique s’invite dans les cercles de réflexion conscients qu’il ne saurait y avoir d’avenir sans cette frange de la population. Comme pour attester qu’ils seraient une cause, définitivement, perdue, les jeunes ne font rien pour démentir l’image de desperados qui leur collent à la peau. Les exemples, pour s’en convaincre, fusent à profusion. Un tour sur les réseaux sociaux permet de saisir l’ampleur des dangers qui pointent à l’horizon. La récente crise postélectorale et son corollaire de victimes ne semblent pas, avoir entamé l’ardeur belliqueuse d’une jeunesse à laquelle la violence, depuis 1990, sert de mode d’expression et d’exutoire. Alors qu’il aurait été de bon aloi d’espérer de la retenue, un retour à un peu de bon sens et à de la modération, surtout après les traumatismes vécus ; sur la toile, la guerre des tranchées entre partisans et adversaires des protagonistes de la crise ivoirienne se poursuit. Œuvre des 15-40 ans, utilisateurs avérés des Technologies de l’Information et de la Communication (TICs), qui représentent environ la moitié des 21 millions d’habitants de ce pays, ce bellicisme traduit, non seulement, l’incapacité d’une frange importante d’Ivoiriens à tourner la page du contentieux électoral mais, à tirer les leçons de la tragédie ivoirienne dont les plaies commencent à peine à cicatriser. Encagoulés derrière des sobriquets, ils jouent à se faire peur et à s’autodétruire. L’invective féroce a certes remplacé les machettes et les obtus, mais la violence est toujours au rendez-vous. Avec la même intensité, la guerre des tranchées fait rage. La perpétuation de l’état de belligérance sur le Net pose, avec acuité, la possibilité d’une coexistence pacifique entre les différentes composantes de la société ivoirienne dans un futur proche. Lorsque ceux qui sont porteurs d’espérance et d’avenir étalent à la face du monde leur refus du penser différemment et de la nécessite d’un accord minimum pour vivre ensemble, l’horizon ne peut qu’apparaitre brumeux. Pessimisme, dramatisation à l’extrême, fatalisme ou désespérance ? Absolument pas ! Les faits sont d’une froideur implacable. Quand à la faveur de l’instauration du multipartisme au début de la décennie 90, la violence est instaurée comme mode de revendication sociale, personne n’y prend garde. L’assassinat de Thierry Zébié, cet étudiant lynché jusqu’à ce que mort s’ensuive, l’instauration de l’article 125 en vertu duquel prévalait une justice punitive et expéditive, sur les campus universitaires transformés en Far West tropical, la guerre des machettes…Ces actes criminels sont, à l’époque, présentés comme l’expression d’un ras-le-bol d’une jeunesse bâillonnée qui aspire à plus de liberté, et… absouts. Résultat des courses, ce pis-aller, à la fin de la même décennie, consacre la fin du consensus national qui avait permis une relative stabilité pendant trente ans et des progrès certains. L’entrée dans le second millénaire institutionnalise la violence dans les rapports entre citoyens. Le premier coup d’Etat de l’histoire de la Côte d’Ivoire en 1999, sera suivi d’une longue période d’instabilité avec au menu, le dénouement tragique de la présidentielle de 2000, l’insurrection armée de septembre 2002 qui se muera en rébellion avec en prime la partition du pays. Ce cycle s’achève par la crise postélectorale. En dix ans de pratique, le nombre des victimes des violences en Côte d’Ivoire a augmenté de façon exponentielle. Engendrant de 300 à 3000 morts entre 2000 et 2010. Dans ces conditions, comment ne pas douter de ces lendemains qui chantent dans une société dont la relève, qui a reçu la violence en héritage, serait habitée par une haine réciproque et des ressentiments ? Davantage soucieuse de dénier le droit à la différence et ayant une forte inclination au recours à l’argument de la force pour régler les différends qui opposent ses membres. Comme il y a vingt ans, l’histoire se répète, encore. A petites doses et dans l’indifférence générale, le corps social s’inocule, par le biais de la toile, le venin de la haine et de l’autodestruction. Que sera la société ivoirienne dans les dix prochaines années, le temps nécessaire à l’implosion ? Sans aucun doute, une société d’incertitude, de peur, de repli identitaire et d’apartheid des convictions et croyances. Bref, une société sans âme et sans humanité, si rien n’est fait pour endiguer la menace actuelle. «C'est dans l'esprit des hommes que naissent les guerres, c'est dans leur esprit qu'il faut ériger les défenses de la paix ».Le préambule de la charte de l’Organisation des nations unies pour la science, l’éducation et la culture (Unesco) devrait plutôt inciter la jeunesse ivoirienne à se mobiliser, grâce aux réseaux sociaux, outils de partage de connaissance, de développement individuel et collectif, contrairement à l’usage qui en est fait, pour des causes qui servent véritablement ses intérêts.

Valéry O
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