CAMP DE NAHIBLY (Côte d`Ivoire) - Plus d`un an après avoir fui leurs villages de l`Ouest ivoirien en pleine crise politico-militaire, les déplacés du camp de Nahibly, près de la ville de Duékoué, veulent voir la sécurité rétablie avant de rentrer chez eux.
"Nous voulons retourner chez nous. On est mieux chez soi!", explique à l`AFP Firmin Yro, porte-parole des déplacés, entouré de compagnons d`infortune dans un abri de bambou et de paille.
Ils sont quelque 5.000, venus pour la plupart de villages guéré (ethnie autochtone), à vivre dans le camp. Géré par une ONG locale avec le Haut commissariat de l`ONU pour les réfugiés, à la lisière d`une forêt au nord de Duékoué, le camp, doté d`une école et d`un dispensaire, est surveillé par l`Opération de Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci).
"J`ai une obsession, c`est de vaquer de nouveau à mes occupations champêtres, mais les +dozos+ foisonnent dans la zone en armes. Chaque jour que Dieu fait, on a des échos d`enlèvements, de tueries, sur la route de nos champs", raconte Ernest Téhé Fié, planteur quinquagénaire réfugié ici avec ses deux femmes et ses six enfants. "Nous sommes inquiets".
Les "dozos" sont des chasseurs traditionnels qui assurent dans la région des missions de sécurité aux côtés de l`armée régulière, les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI). A moto, fusil en bandoulière, ils font partie du paysage.
Avec les FRCI, ils ont été gravement mis en cause par des ONG internationales dans les tueries survenues fin mars 2011 à Duékoué et dans ses environs. Des centaines de personnes ont été tuées à l`occasion de la prise de la ville par les FRCI - qui comptaient au départ essentiellement des ex-rebelles nordistes - au début de leur offensive sur Abidjan pour installer le président Alassane Ouattara.
"désarmer les dozos"
Selon l`ONU, un millier de personnes ont péri dans l`Ouest durant la crise née du refus de l`ex-chef d`Etat Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à l`élection de novembre 2010, qui a fait quelque 3.000 morts au total jusqu`en avril 2011. Les tensions restent fortes entre les Guéré, considérés comme pro-Gbagbo, et les autres communautés, nordistes notamment, largement pro-Ouattara.
Pour Firmin Yro, "il faut désarmer les +dozos+", souvent accusés d`occuper les champs. S`ils sont écartés, "on peut rentrer avec nos maigres moyens, reconstruire nos maisons détruites", insiste Raymond Guélane, un jeune cultivateur.
Un responsable FRCI dans la zone l`assure cependant: la mission catholique de Duékoué - qui accueille près d`un millier de déplacés, contre environ 30.000 au plus fort des troubles - et le camp de Nahibly "sont infestés de miliciens" pro-Gbagbo, qui ont aussi commis de nombreux crimes pendant la crise.
Mais les pensionnaires du camp rétorquent que les partisans du régime déchu ayant du sang sur les mains sont déjà "partis très loin".
Pendant ce temps, la tête chargée de cuvettes remplies d`eau, des jeunes filles passent entre les tentes éparpillées sur le site. D`autres s`activent à allumer un feu pour le repas ou font la lessive. Tout près, une mère garde une petite échoppe.
"Le retour dans nos champs favorisera la paix, le travail et le retour des exilés" réfugiés dans les pays voisins, soutient Olivier Téhé Mombléon, un autre déplacé.
"Nul ne doit être un réfugié sur la terre de Côte d`Ivoire. Nous devons faire en sorte que les derniers réfugiés qui restent, surtout à Duékoué, puissent rentrer chez eux, encadrés et en sécurité", a plaidé Alassane Ouattara en meeting lundi à Duékoué, promettant la fin de l`impunité et une "réconciliation vraie, sans esprit de vengeance".
"Un catalogue de bonnes intentions", critique un pensionnaire de Nahibly. Le planteur Ernest Téhé Fié est également "sceptique": si le chef de l`Etat a rencontré les déplacés de la mission catholique, il "n`a pas visité le camp".
ck/tmo/jlb
"Nous voulons retourner chez nous. On est mieux chez soi!", explique à l`AFP Firmin Yro, porte-parole des déplacés, entouré de compagnons d`infortune dans un abri de bambou et de paille.
Ils sont quelque 5.000, venus pour la plupart de villages guéré (ethnie autochtone), à vivre dans le camp. Géré par une ONG locale avec le Haut commissariat de l`ONU pour les réfugiés, à la lisière d`une forêt au nord de Duékoué, le camp, doté d`une école et d`un dispensaire, est surveillé par l`Opération de Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci).
"J`ai une obsession, c`est de vaquer de nouveau à mes occupations champêtres, mais les +dozos+ foisonnent dans la zone en armes. Chaque jour que Dieu fait, on a des échos d`enlèvements, de tueries, sur la route de nos champs", raconte Ernest Téhé Fié, planteur quinquagénaire réfugié ici avec ses deux femmes et ses six enfants. "Nous sommes inquiets".
Les "dozos" sont des chasseurs traditionnels qui assurent dans la région des missions de sécurité aux côtés de l`armée régulière, les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI). A moto, fusil en bandoulière, ils font partie du paysage.
Avec les FRCI, ils ont été gravement mis en cause par des ONG internationales dans les tueries survenues fin mars 2011 à Duékoué et dans ses environs. Des centaines de personnes ont été tuées à l`occasion de la prise de la ville par les FRCI - qui comptaient au départ essentiellement des ex-rebelles nordistes - au début de leur offensive sur Abidjan pour installer le président Alassane Ouattara.
"désarmer les dozos"
Selon l`ONU, un millier de personnes ont péri dans l`Ouest durant la crise née du refus de l`ex-chef d`Etat Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à l`élection de novembre 2010, qui a fait quelque 3.000 morts au total jusqu`en avril 2011. Les tensions restent fortes entre les Guéré, considérés comme pro-Gbagbo, et les autres communautés, nordistes notamment, largement pro-Ouattara.
Pour Firmin Yro, "il faut désarmer les +dozos+", souvent accusés d`occuper les champs. S`ils sont écartés, "on peut rentrer avec nos maigres moyens, reconstruire nos maisons détruites", insiste Raymond Guélane, un jeune cultivateur.
Un responsable FRCI dans la zone l`assure cependant: la mission catholique de Duékoué - qui accueille près d`un millier de déplacés, contre environ 30.000 au plus fort des troubles - et le camp de Nahibly "sont infestés de miliciens" pro-Gbagbo, qui ont aussi commis de nombreux crimes pendant la crise.
Mais les pensionnaires du camp rétorquent que les partisans du régime déchu ayant du sang sur les mains sont déjà "partis très loin".
Pendant ce temps, la tête chargée de cuvettes remplies d`eau, des jeunes filles passent entre les tentes éparpillées sur le site. D`autres s`activent à allumer un feu pour le repas ou font la lessive. Tout près, une mère garde une petite échoppe.
"Le retour dans nos champs favorisera la paix, le travail et le retour des exilés" réfugiés dans les pays voisins, soutient Olivier Téhé Mombléon, un autre déplacé.
"Nul ne doit être un réfugié sur la terre de Côte d`Ivoire. Nous devons faire en sorte que les derniers réfugiés qui restent, surtout à Duékoué, puissent rentrer chez eux, encadrés et en sécurité", a plaidé Alassane Ouattara en meeting lundi à Duékoué, promettant la fin de l`impunité et une "réconciliation vraie, sans esprit de vengeance".
"Un catalogue de bonnes intentions", critique un pensionnaire de Nahibly. Le planteur Ernest Téhé Fié est également "sceptique": si le chef de l`Etat a rencontré les déplacés de la mission catholique, il "n`a pas visité le camp".
ck/tmo/jlb