Miaka Ouretto, président intérimaire du Fpi, a répondu aux questions de la presse, dimanche dernier, lors de la convention ordinaire du Fpi. Il a précisé la position de son parti relativement au dialogue politique.
Dans une de ses résolutions, le Fpi a réaffirmé la victoire de Laurent Gbagbo. Est-ce à dire que vous ne reconnaissez pas le pouvoir d’Alassane Ouattara ? Et vous demandez la reprise des législatives que vous avez boycottées, pourquoi ?
Miaka Ouretto : Cette question est loin derrière nous maintenant. Il faut avancer, c’est aussi cela la matière politique. Nous avons reconnu, en son temps, la victoire d’Alassane Ouattara. Nous pensons que c’est fini. Cela ne nous empêche pas de lutter pour la libération de Laurent Gbagbo. Et évidemment, quand vous entreprenez une telle lutte, il faut être cohérent avec vous-même. Le président Laurent Gbagbo s’est présenté aux élections, nous avons tous constaté ici qu’il a remporté largement le premier tour devant le Rdr et le Pdci. Le second tour aussi, il affirme l’avoir remporté. La preuve, c’est qu’il a proposé le recomptage des voix, mais la communauté internationale a refusé et le pouvoir lui a été arraché de force. C’est aussi ça, la réalité. Donc quand nous parlons de sa libération, ce sont des choses que nous évoquons de manière instantanée. Cela ne signifie pas que nous ne reconnaissons pas le pouvoir de Ouattara. Par ailleurs, nous demandons la reprise des élections législatives parce que nous estimons que ce pouvoir est mal à l’aise.
Ces derniers temps, vous avez lu, certainement plus que moi, le dernier communiqué des autorités américaines aux ressortissants américains. Ce n’est pas de façon fortuite qu’elles font un tel communiqué. C’est parce que les autorités américaines constatent qu’en Côte d’Ivoire, il y a des germes de conflits. Ce qu’elles appellent le risque pays. Et cela s’explique par le fait que le caractère légitime du pouvoir en place est en doute. Car quand il n’y a pas une grande adhésion de la population, ça veut dire que le pouvoir est illégitime. C’est cela le constat. Si le Président Ouattara veut que son pouvoir ait véritablement un caractère légitime, il faut reprendre les élections législatives, pour que ce soient des scrutins propres qui mettent en compétition tous les partis. Et le parti qui sort vainqueur d’une telle confrontation aura un pouvoir légitime.
Sur le document du conclave du dialogue politique, il manque le Fpi qui n’était qu’à l’ouverture. Refusez-vous de discuter avec le pouvoir ?
M.O : Quand nous avons reçu la lettre du Premier ministre (Jeannot Ahoussou Kouadio, ndlr) qui nous invitait au dialogue, nous avons répondu en disant que c’est nous qui avons toujours été demandeur du dialogue, donc il n’y a pas de raison que nous refusions d’aller à ces discussions. Mais il se trouve malheureusement qu’au moment où nous recevions la lettre d’invitation, nous avions déjà engagé les travaux de notre convention et nous en avions arrêté la date. Initialement, c’était prévu pour le samedi 28 avril, mais compte tenu des problèmes liés à la disponibilité de la salle, on a reporté la convention au 29 avril.
Déjà au niveau de nos camarades qui viennent de l’étranger, ça pose problème. Donc nous avons demandé au Premier ministre de faire un effort pour décaler les travaux de Grand-Bassam d’une seule journée puisque notre convention se tient sur une seule journée. Le gouvernement a refusé. Allez-y comprendre quelque chose. Si vous observez, c’est de la même façon que les choses se sont passées concernant les législatives du 11 décembre 2011. Nous avions dit que nous voulions participer au scrutin, mais il fallait créer les conditions d’une élection juste et transparente. Nous avons demandé que soit équilibrée la composition de la CEI, le pouvoir a refusé. Que soit révisée la liste électorale, il a aussi refusé. Que soit repris le découpage électoral, le pouvoir a encore refusé. Nous avons eu raison de ne pas participer à un tel scrutin. Puisque même au sein du Rhdp, il y a eu des bagarres. Mais revenons à la rencontre de Grand-Bassam, malgré l’intransigeance du pouvoir, pour montrer notre bonne foi et prouver que c’est nous qui sommes demandeurs du dialogue républicain, et que nous sommes respectueux des institutions de la République, nous y sommes allés en observateur. Parce qu’à la vérité, en Côte d’Ivoire, il y a trois formations majeures : le Pdci-Rda qui a exercé le pouvoir d’Etat pendant 40 ans ; le Fpi qui a été au pouvoir pendant 10 ans et le Rdr qui exerce actuellement le pouvoir d’Etat. Lorsqu’on parle de dialogue politique, c’est d’abord avec ces partis qu’il doit se dérouler.
Donc nous souhaitons que le dialogue soit direct entre le gouvernement et le Fpi. Et nous sommes disposés à cela. Compte tenu de son calendrier, le gouvernement peut nous appeler pour que nous allions à ces discussions.
Que retenir de votre convention ordinaire ?
M.O : Le thème de la convention est : «Quel Fpi pour la reconquête des droits démocratiques et des libertés en Côte d’Ivoire». Il s’agit pour le Fpi, très fragilisé des derniers évènements survenus dans notre pays, de voir à quel niveau de dynamique il se trouve. Nous avons fait l’effort de remettre le parti sur pied, il est question de pousser le parti un peu plus loin, de nous mobiliser davantage par rapport aux objectifs qui sont les nôtres.
Notamment obtenir la libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les camarades incarcérés. Pour le faire, il fallait faire une revue des troupes et c’est ce que la convention vient d’accomplir. Vous avez été témoins, les deux salles ont été complètement débordées.
Ce qui montre que la mobilisation est réelle et que nos militants sont prêts. Et pour un parti politique, c’est quelque chose qui est très rassurant. Donc nos militants et militantes sont mobilisés.
Vous demandez la libération de Laurent Gbagbo qui est détenu par une institution internationale. Est-ce réa-liste ?
M.O : En matière de lutte politique, il n’y a rien qui ne soit pas réaliste. Nous, Ivoiriens, Africains et citoyens du monde entier, notre objectif, c’est qu’on libère Gbagbo. L’institution a ses règles de fonctionnement. Il lui appartient de prendre en compte nos revendications et les adapter à ses règles. Il faut que la communauté internationale sache que le Président Gbagbo est au centre d’un système et que pour le juger, il faut faire attention.
Propos recueillis par
Koulibaly Doucy
Dans une de ses résolutions, le Fpi a réaffirmé la victoire de Laurent Gbagbo. Est-ce à dire que vous ne reconnaissez pas le pouvoir d’Alassane Ouattara ? Et vous demandez la reprise des législatives que vous avez boycottées, pourquoi ?
Miaka Ouretto : Cette question est loin derrière nous maintenant. Il faut avancer, c’est aussi cela la matière politique. Nous avons reconnu, en son temps, la victoire d’Alassane Ouattara. Nous pensons que c’est fini. Cela ne nous empêche pas de lutter pour la libération de Laurent Gbagbo. Et évidemment, quand vous entreprenez une telle lutte, il faut être cohérent avec vous-même. Le président Laurent Gbagbo s’est présenté aux élections, nous avons tous constaté ici qu’il a remporté largement le premier tour devant le Rdr et le Pdci. Le second tour aussi, il affirme l’avoir remporté. La preuve, c’est qu’il a proposé le recomptage des voix, mais la communauté internationale a refusé et le pouvoir lui a été arraché de force. C’est aussi ça, la réalité. Donc quand nous parlons de sa libération, ce sont des choses que nous évoquons de manière instantanée. Cela ne signifie pas que nous ne reconnaissons pas le pouvoir de Ouattara. Par ailleurs, nous demandons la reprise des élections législatives parce que nous estimons que ce pouvoir est mal à l’aise.
Ces derniers temps, vous avez lu, certainement plus que moi, le dernier communiqué des autorités américaines aux ressortissants américains. Ce n’est pas de façon fortuite qu’elles font un tel communiqué. C’est parce que les autorités américaines constatent qu’en Côte d’Ivoire, il y a des germes de conflits. Ce qu’elles appellent le risque pays. Et cela s’explique par le fait que le caractère légitime du pouvoir en place est en doute. Car quand il n’y a pas une grande adhésion de la population, ça veut dire que le pouvoir est illégitime. C’est cela le constat. Si le Président Ouattara veut que son pouvoir ait véritablement un caractère légitime, il faut reprendre les élections législatives, pour que ce soient des scrutins propres qui mettent en compétition tous les partis. Et le parti qui sort vainqueur d’une telle confrontation aura un pouvoir légitime.
Sur le document du conclave du dialogue politique, il manque le Fpi qui n’était qu’à l’ouverture. Refusez-vous de discuter avec le pouvoir ?
M.O : Quand nous avons reçu la lettre du Premier ministre (Jeannot Ahoussou Kouadio, ndlr) qui nous invitait au dialogue, nous avons répondu en disant que c’est nous qui avons toujours été demandeur du dialogue, donc il n’y a pas de raison que nous refusions d’aller à ces discussions. Mais il se trouve malheureusement qu’au moment où nous recevions la lettre d’invitation, nous avions déjà engagé les travaux de notre convention et nous en avions arrêté la date. Initialement, c’était prévu pour le samedi 28 avril, mais compte tenu des problèmes liés à la disponibilité de la salle, on a reporté la convention au 29 avril.
Déjà au niveau de nos camarades qui viennent de l’étranger, ça pose problème. Donc nous avons demandé au Premier ministre de faire un effort pour décaler les travaux de Grand-Bassam d’une seule journée puisque notre convention se tient sur une seule journée. Le gouvernement a refusé. Allez-y comprendre quelque chose. Si vous observez, c’est de la même façon que les choses se sont passées concernant les législatives du 11 décembre 2011. Nous avions dit que nous voulions participer au scrutin, mais il fallait créer les conditions d’une élection juste et transparente. Nous avons demandé que soit équilibrée la composition de la CEI, le pouvoir a refusé. Que soit révisée la liste électorale, il a aussi refusé. Que soit repris le découpage électoral, le pouvoir a encore refusé. Nous avons eu raison de ne pas participer à un tel scrutin. Puisque même au sein du Rhdp, il y a eu des bagarres. Mais revenons à la rencontre de Grand-Bassam, malgré l’intransigeance du pouvoir, pour montrer notre bonne foi et prouver que c’est nous qui sommes demandeurs du dialogue républicain, et que nous sommes respectueux des institutions de la République, nous y sommes allés en observateur. Parce qu’à la vérité, en Côte d’Ivoire, il y a trois formations majeures : le Pdci-Rda qui a exercé le pouvoir d’Etat pendant 40 ans ; le Fpi qui a été au pouvoir pendant 10 ans et le Rdr qui exerce actuellement le pouvoir d’Etat. Lorsqu’on parle de dialogue politique, c’est d’abord avec ces partis qu’il doit se dérouler.
Donc nous souhaitons que le dialogue soit direct entre le gouvernement et le Fpi. Et nous sommes disposés à cela. Compte tenu de son calendrier, le gouvernement peut nous appeler pour que nous allions à ces discussions.
Que retenir de votre convention ordinaire ?
M.O : Le thème de la convention est : «Quel Fpi pour la reconquête des droits démocratiques et des libertés en Côte d’Ivoire». Il s’agit pour le Fpi, très fragilisé des derniers évènements survenus dans notre pays, de voir à quel niveau de dynamique il se trouve. Nous avons fait l’effort de remettre le parti sur pied, il est question de pousser le parti un peu plus loin, de nous mobiliser davantage par rapport aux objectifs qui sont les nôtres.
Notamment obtenir la libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les camarades incarcérés. Pour le faire, il fallait faire une revue des troupes et c’est ce que la convention vient d’accomplir. Vous avez été témoins, les deux salles ont été complètement débordées.
Ce qui montre que la mobilisation est réelle et que nos militants sont prêts. Et pour un parti politique, c’est quelque chose qui est très rassurant. Donc nos militants et militantes sont mobilisés.
Vous demandez la libération de Laurent Gbagbo qui est détenu par une institution internationale. Est-ce réa-liste ?
M.O : En matière de lutte politique, il n’y a rien qui ne soit pas réaliste. Nous, Ivoiriens, Africains et citoyens du monde entier, notre objectif, c’est qu’on libère Gbagbo. L’institution a ses règles de fonctionnement. Il lui appartient de prendre en compte nos revendications et les adapter à ses règles. Il faut que la communauté internationale sache que le Président Gbagbo est au centre d’un système et que pour le juger, il faut faire attention.
Propos recueillis par
Koulibaly Doucy