L’Ouest ivoirien, déstructuré dans ses fondements par les crises politico-militaires à répétition en Côte d’Ivoire de 2002 et celle postélectorale, va-t-il enfin connaître la paix et renaître de ses cendres après la visite (21 au 24 avril 2012) du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara ? En tout cas, si l’on en juge par les retombées, les promesses fermes et autres engagements pris, solennellement par Alassane Ouattara, l’on est en droit de répondre par l’affirmative. «D’ici à la fin de l’année, il n’y aura plus de problème d’eau, tous les problèmes de coupures de courant seront derrière vous, vous aurez la Rti et d’autres chaines… Dans deux à trois ans, vous verrez par vous-mêmes que Ouattara est un homme de parole, qui fait ce qu’il dit. Pour la route de Zouan-Hounie-Toulépleu-Bloléquin, avant la fin de mon mandat, cette route sera bitumée», s’est engagé le chef de l’Etat face aux populations. Un vaste projet, grâce au Programme Présidentiel d’urgence (Ppu), est en exécution et son montant, initialement de 4 milliards devrait connaitre une hausse et passer à 750 milliards d’ici à la fin du mandat du chef de l’Etat. Les villes et villages défigurés, les populations meurtries, les infrastructures de base, notamment sociales et économiques délabrées, face à l’ampleur du désastre, le chef de l’Etat a fait le serment d’apporter des remèdes aux maux dont souffre l’ouest. Avant la fin de cette année, l’ouest ivoirien ne sera certes pas un «Eldorado», mais il ne sera pas non plus un champ de misère, de ruine, de famine et de lamentation. Les populations vont retrouver gout à la vie et ne tremperont plus leur pain dans les larmes… Ayant la pleine conviction que Ouattara est allé, au-delà de tout, leur adresser sa compassion, ces populations savent au fond d’elles que cette visite du chef de l’Etat se veut réparatrices des torts dont souffre cette région. Aujourd’hui boucle du cacao, elle n’a jamais été rétribuée à la hauteur, non seulement de son engagement politique, mais des richesses qu’elle produit. C’est donc à juste raison que déjà, les populations, toutes tendances politiques confondues, se frottent les mains. Mais, soit dit sans offense, il faut que les choses soient claires dans les têtes des uns et des autres. Il s’agit de promesses que Ouattara a faites. Promettre et réaliser font deux. C'est-à-dire qu’entre promettre et tenir sa promesse, il y a du chemin à faire. Et puis, en politique, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Ne dit-on pas d’ailleurs que le «Prince n’est pas obligé de respecter sa parole». Mais, connaissant bien le chef de l’Etat, qui, au contraire de certains politiciens ivoiriens, est plutôt «un homme de parole et non un homme à parole», on a des raisons de croire qu'il saura donner suite à ses engagements. Cependant, les populations de l’ouest auront un choix à faire, notamment entre la République et la rébellion, entre la paix et la guerre, entre le développement et l’enclavement… L’ouest doit cesser d’être le sanctuaire des mercenaires et la «républiquette» des miliciens et autres mercenaires. L’ouest doit cesser de servir de tanière aux «chiens de guerre» qui sèment la mort. L’ouest ne doit plus se laisser abuser, illusionner. Pour que le chef de l’Etat mette son plan «Ado-Solution» en exécution, il faut bien que les populations de l’ouest se remettent en cause, fassent une profonde introspection pour savoir l’orientation à prendre. L’ouest doit se décrocher, définitivement pour des raisons morales et politiques de thèses anti-Ado. S’il n’y a pas, aujourd’hui, autour de l’ouest très malade de la politique de certains de ses fils une convergence d’idées, s’il n’y a pas un bloc de conscience, notamment des cadres autour de l’ouest pour le sortir des griffes idéologiques de certains partis…, si on continue d’entretenir les miliciens tapis de l’autre côté de la frontière libérienne, si on continue d’entretenir la psychose du «ce n’est pas encore fini» pour maintenir les refugiés au Liberia, si on continue d’agiter le chiffon rouge de la guerre et le spectre des attaques, il ne sera pas possible au chef de l’Etat de mettre en œuvre ses promesses. Si le mur des caricatures et les anathèmes érigés dans les esprits des populations de l’ouest contre Alassane Ouattara ne tombent pas et que l’on continue de regarder vers La Haye et les exilés pour dire que «ce n’est pas fini», si on continue de faire le lit des manœuvres de déstabilisation des villes de l’ouest, il est vain d’attendre du chef de l’Etat qu’il mette en œuvre ses promesses. Car, ce n’est pas sous les tirs des kalachnikovs, les pluies d’obus que les routes seront bitumées, que les centres de santé, les hôpitaux, les emplois, les infrastructures socio-économiques, les voiries, les écoles, les réseaux électriques se créeront. On le voit, la mise en œuvre de toutes les promesses du chef de l’Etat, la renaissance de la région dépendront des populations de l’ouest elles-mêmes. Aujourd’hui, une prise de conscience s’impose pour savoir qu’elle est l’intérêt d’une guerre contre les nouvelles autorités en place. La zone ouest de notre pays, on peut le dire, au regard de l’état de dégradation de ses infrastructures et de l’ampleur des dégâts dont les stigmates sont encore perceptibles, a payé le plus lourd tribut à la décennie de la crise ivoirienne. Des villages entiers ont été rayés de la carte et n’existent à ce jour que dans l’esprit de ceux qui ont miraculeusement eu la vie sauve. Il est donc temps de tourner cette «page calamiteuse» ; il est temps d’arrêter de croire au père Noël ; il est temps de sortir de la naïveté politique infantile. L’ouest doit donc saisir son destin…
COULIBALY Vamara
COULIBALY Vamara