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Politique Publié le jeudi 3 mai 2012 | Le Nouveau Réveil

François Amichia (maire de Treichville, président de l’Uvicoci) : « Le Pdci-Rda ne sait pas se vendre »

© Le Nouveau Réveil Par Silué Fatogoma
Ecocité Montréal 2011: l`Aicf et l`Uvicoci expliquent les enjeux pour la Côte d`Ivoire
Jeudi 25 août 2011. Abidjan. Siège de l`UVICOCI, au Plateau. En marge du Sommet mondial qui se tiendra à Montréal (Canada), du 22 au 26 septembre 2011, l`Agence Ivoirienne de la Coopération Francophone (AICF) et l` Union des Villes et Communes de Côte d`Ivoire (UVICOCI) ont organisé une conférence publique animée sur le thème : "Ecocité, quels enjeux pour la Côte d`Ivoire?", prononcée par Guillaume Zabi. Photo: le maire de Treichville François Amichia, président de l`Uvicoci
Bonjour, Monsieur le maire. En votre qualité de président de l’Uvicoci, vous avez dénoncé sous le régime précédent des problèmes de financement des communes. Quelle est la situation aujourd’hui. Quelque chose a-t-il changé ?

Il m’est difficile de répondre à cette question parce que les communes ivoiriennes connaissent des problèmes ; peut-être que ce n’est pas avec la même acuité puisqu’au niveau du ministère de l’Economie et des finances, au niveau de la direction générale du trésor, des efforts sont faits pour approvisionner les communes. Mais nous trouvons cela encore insuffisant. Nous comprenons la situation. La Côte d’Ivoire sort d’une crise grave, il faut rétablir les équilibres au niveau financier et nous savons que tous les efforts portent aujourd’hui vers le point d’achèvement du PPTE mais nous espérons véritablement qu’une fois ce point d’achèvement atteint, nous pourrons faire face à nos obligations et que nous pourrons surtout permettre à nos populations de bénéficier de tout ce dont elles ont droit. Et surtout aux maires de remplir les engagements pris vis-à-vis de ces populations.

Y a-t-il d’autres problèmes auxquels les mairies sont confrontées ?
Il y a le problème des textes. Vous savez qu’en janvier 2007, se sont tenus les états généraux de la décentralisation. Et à la suite de ce grand forum, des commissions tripartites ont été mises en place pour pouvoir trouver des textes consensuels. Et depuis mars 2007, ces textes consensuels existent. C’est vrai que le temps a passé, il fallait les réactualiser au fur et à mesure. Quand le nouveau gouvernement du président Alassane Ouattara est arrivé, un délai avait été donné. C’était jusqu’au mois de septembre 2011 pour que ces textes soient signés. Jusqu’à présent, ils ne sont pas encore signés. Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, a prévu un séminaire intergouvernemental et à la suite de quoi, ces textes seront signés. Donc nous attendons et nous pensons qu’une fois ces textes signés, les communes seront plus à l’aise sur le plan institutionnel, sur le plan économique pour pouvoir agir. Au moment où le pays renaît, je pense qu’il est important pour les communes et surtout pour le personnel de nos communes de bénéficier d’un statut du personnel. Parce que nous nous battons pour les textes mais également pour nos collaborateurs qui sont les agents municipaux.

L’ex-président avait décidé de créer d’autres communes, celles-ci ont été pour la plupart supprimées par l’actuel gouvernement. Cette situation a-t-elle créé des problèmes ? Y a-t-il des plaintes ?

Il faut dire que quand le gouvernement du président Gbagbo a annoncé la création de nouvelles communes, au niveau de l’Uvicoci, nous avons émis quelques réserves parce que nous n’avions pas été associés. Et vu ce que les communes connaissent aujourd’hui, les communes au nombre de 197, nous nous sommes dit que multiplier ce chiffre par 10, était un gros risque et que toutes les communes ne présentaient pas des caractères de viabilité. Le gouvernement du président Alassane Ouattara a pris la décision de supprimer toutes ces communes mais il est question aujourd’hui de créer de nouvelles communes. D’après ce que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur a dit lors de sa conférence de presse, c’est de faire de chaque chef-lieu de sous-préfecture, une commune. Mais là également, je crois que l’Uvicoci n’a pas été associée en tant que telle. Nous en avons été informés. C’est une bonne décision parce que les populations aspirent à une démocratie locale. Les populations aspirent à se prendre véritablement en charge. Donc l’annonce de création de nouvelles communes est toujours bien perçue par les populations. Mais le fait de supprimer certaines communes, il y a des populations qui ne comprennent pas qu’on ait supprimé sans faire la part des choses. Et au niveau de l’Uvicoci, nous avons reçu des appels, des courriers qui nous demandent si leur commune sera prie en compte dans le nouveau découpage. Mais je dois avouer que le ministère d’Etat, ministère de l’Intérieur, a donné instruction aux préfets de régions, aux préfets de départements de rencontrer les élus et les cadres dignitaires des départements pour valider les propositions qui sont faites par le ministère de l’Intérieur. Donc il appartiendra aux cadres et aux élus de voir si telle localité mérite d’être érigée en commune ou non. Je pense que c’est la meilleure formule.

Quelles seront vos doléances pour le nouveau mandat à venir ?

La chance que nous avons au niveau des communes ivoiriennes, c’est que toutes les communes sont membres d’une faîtière. Quelle que soit l’appartenance politique des maires, toutes appartiennent à l’Uvicoci. Et je pense que c’est un outil, un instrument formidable que le gouvernement n’utilise pas souvent. Il y a des ministères qui nous associent à des prises de décisions, à la réflexion. Je pense que tous les ministères, tous les organes devraient pouvoir s’appuyer sur l’Uvicoci pour toutes les questions relatives à la décentralisation. Cela permettrait de gagner du temps. Cela permettrait d’avoir l’expérience, l’expertise et les compétences de l’Uvicoci et cela faciliterait la mise en œuvre des décisions qui sont prises puisque les élus auront été associés au niveau de la réflexion, au niveau de la conception de la décision.

Comment appréhendez-vous la longue attente au niveau des élections municipales?

Ecoutez, nous n’avons pas les raisons qui militent en faveur de la non publication de la date des prochaines élections municipales. Nous savons que le gouvernement attend de créer les nouvelles communes et de trouver les moyens nécessaires avant que la Cei ne fasse la proposition d’une date. Je pense que cela ne doit pas perturber le travail des élus. Les maires doivent continuer à travailler. Parce que les populations ont besoin du travail, ont besoin de l’œuvre des dirigeants des communes. Que les maires en fonction ne se mettent pas en tête qu’ils sont en campagne ou en précampagne. Ils ont des engagements, ils ont des obligations vis-à-vis de leurs populations. Je pense qu’il faut travailler jusqu’à ce que le gouvernement décide d’une nouvelle date, en ce moment là il y aura une période ouverte de campagne. Tout le monde pourra se mettre en ce moment là en campagne.

Il est dit que cette élection sera couplée avec celle des régions. Est-ce une bonne façon de faire les choses, selon vous ?

Je sais que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, a évoqué cette possibilité. Certains responsables de la Cei l’ont également évoqué. Je pense, au vu de ce que nous voyons pour les élections, que ce serait difficile, délicat de coupler les deux élections parce que nos populations, depuis l’introduction du bulletin unique, ont des difficultés pour exprimer le choix, le vote. Donc faire coupler deux élections aussi importantes, dans certaines localités, cela ne posera pas de problèmes, les localités districts autonomes et autres. Mais des localités où il y a la région et où il y a la commune, je pense qu’il risque d’avoir une confusion qui risque d’être préjudiciable à l’expression populaire. Donc moi mon sentiment, un sentiment personnel, ce serait de faire des élections séparées, distinctes.

Vos nombreuses actions en faveur des populations de Treichville font l’objet de cérémonie de reconnaissance. Quel sentiment vous anime à chaque fois que vos populations viennent vers vous pour dire, monsieur le maire, nous allons vous célébrer ?

Je dois dire qu’il y a d’abord l’émotion. Et puis il y a en même temps un sentiment de soulagement. Vous savez que nous avons passé dix années difficiles où il nous était difficile de pouvoir tenir les engagements que nous avions pris puisque la Côte d’Ivoire elle-même connaissait une période difficile. Et nous n’avons pu réaliser tout ce que nous aurions voulu faire. Malgré ce contexte, des couches de la population reconnaissent le travail qui a été accompli durant ce temps. Je crois que c’est un motif de fierté et un motif d’encouragement.

C’est pour cela que nous n’aimons pas l’autocélébration, cette façon de faire mais dans la situation actuelle, je pense que c’est important d’autant plus que nous avons des adversaires qui affirment en se promenant dans toute la commune que Amichia n’a rien fait pendant les 10 ans. Amichia a trop duré, il faut faire partir Amichia. Et quand ce sont les populations concernées elles-mêmes qui disent, malgré tout, qu’elles reconnaissent le travail du maire, je pense que cela est important et je pense que cela est réconfortant.

Pouvez-vous dresser un petit bilan? Qu’avez-vous fait qui vous a vraiment fait plaisir et puis ce que vous aviez en projet qui n’a pu être réalisé ?

Les jeunes à l’école, nous avons remis les jeunes au travail. Ça a été important. Après, il a fallu remettre la voirie, créer les infrastructures. Avec les moyens de la commune, nous avons pu le faire. Et je pense qu’en matière sociale, que ce soit en matière d’éducation, en matière de santé, en matière de santé, en matière de loisir, nous avons créé les conditions pour que les habitants de Treichville soient fières de cette commune. Malheureusement, il y a des secteurs, de collaboration, de coopération entre le secteur privé et la commune. Nous n’avons pas réussi dans ce domaine puisque notre pays connaissait à cette époque une situation difficile. Et ça a eu des répercussions négatives sur l’emploi des jeunes parce que cette collaboration secteur privé-Commune aurait permis de dégager quelques emplois pour notre jeunesse qui est à la recherche de travail. Dans ce secteur, nous n’avons pas réussi à atteindre nos objectifs. Mais on a pu quand même insérer près de 300 jeunes dans des entreprises de la place grâce à des contacts que nous avons avec des entreprises de la place qui nous aident et par des lettres de recommandation. Il faut dire qu’en 1998 déjà, nous avons octroyé des fonds sociaux de 2 à 3 millions à une cinquantaine de jeunes de Treichville.

Nous ne désespérons pas. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire connait un contexte meilleur.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est en train de renaître et sur le plan économique, cela se ressent. Il faudrait que sur le plan social, ces répercussions se fassent sentir. Je pense que nos jeunes pourront, avec les contacts que nous avons pris avec le secteur privé et surtout dans le domaine de la coopération décentralisée et les contacts que nous avons pris à l’extérieur, dans les prochaines années, voir ce que nous avons prévu pour eux.

La population continue de vous réclamer. Allez-vous continuer de faire chemin avec elle ?

Ecoutez, quand en 1996, j’ai décidé d’être le maire de cette commune, je m’étais fixé des objectifs. Aujourd’hui, nous n’avons pas atteint tous ces objectifs. Mais la réponse ne dépend pas uniquement de nous. Aujourd’hui, une bonne partie de la population souhaite que nous continuions ce que nous avons commencé. Nous ne pouvons pas nous dérober à cet appel, nous allons répondre présent à cet appel.

Aux élections législatives, il n’y a pas eu de consensus au niveau du Rhdp, pensez-vous que cela serait possible aux municipales ?

Je dois dire qu’au sortir du 2ème tour de l’élection présidentielle où nous sommes allés en
Rhdp et où le candidat du Rdr a représenté le Rhdp et a gagné, le souhait de nos populations était que pour les élections suivantes, nous allions en Rhdp. Malheureusement, au niveau de nos partis, une décision unanime n’a pas été prise à temps et a créé une confusion ; ce qui, au niveau de Treichville, a pénalisé des candidats aussi bien côté Rdr que côté Pdci. Nous avons eu les résultats que nous avons connus. Mais je pense qu’aujourd’hui, au sortir de cette élection, la tendance générale est que le Rhdp aille en rang uni. D’autant plus qu’une élection municipale, ce n’est pas un poste, ce ne sont pas deux postes. C’est une liste et à Treichville, c’est une liste de 43 conseillers. Donc il y a de la place pour aussi bien pour des conseillers Rdr, Pdci, Mfa, Udpci que Upci ou d’habitants appartenant aux ex-forces nouvelles ou à la société civile. Donc notre souhait serait véritablement que pour éviter des incompréhensions, dans l’avenir, nous allions en Rhdp et je pense que c’est le souhait de pas mal de militants pas uniquement à Treichville mais au niveau national.

D’aucuns pensent que le Rdr ayant remporté les législatives, il serait intéressant que la poire soit partagée en deux. Que la mairie revienne au Pdci pour lequel Treichville est une commune chère.

Je pense qu’on aurait pu décider cela dès le départ. Cela n’a pas été fait mais je pense qu’il n’est pas encore trop tard. Il est bon que tous ceux qui ont participé à la victoire du président Alassane Ouattara se sentent concernés dans la gestion locale.

Vous avez été directeur de campagne du président Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle, votre sentiment sur ce moment inédit ?

Au premier tour des élections présidentielles, le Pdci à Treichville était arrivé en 3e position.

D’où une grosse déception. Nous nous demandions si le report des voix allait se faire aussi facilement. Mais je dois dire avec satisfaction que l’appel du Président Henri Konan Bédié a été bien entendu à Treichville. Et le report des voix s’est fait à pratiquement 80% pour le 2ème tour. Cela prouve l’adhésion des populations à l’idée du Rhdp. Et je pense que nous devons continuer là-dessus.

Le Président Ouattara est élu, cela fait un an qu’il travaille. Votre regard sur son parcours?

Je dois dire que c’est un sentiment mitigé. Parce que quand j’entends une partie de la population, elle attend encore beaucoup. Mais je dis souvent qu’au bout d’un an, nous devons avoir des motifs de satisfaction car il ne faut pas oublier d’où nous venons. La Côte d’Ivoire a connu une crise sérieuse. Pendant 10 ans, le pays était mis pratiquement au banc de la communauté internationale et cela a eu des répercussions aussi bien sur le plan de l’économie, sur le plan de la société, sur le plan de la culture, sur le plan du sport, sur pratiquement tous les secteurs de notre vie publique. En un an, le Président Ouattara et son équipe ont essayé de relever tous ces défis. C’est vrai qu’il y a encore des problèmes. La cherté de la vie, la sécurité qui n’est pas encore totalement au point, mais on sent une évolution positive. Je pense que nous devons nous montrer indulgents et nous devons aider chacun à son niveau, ce gouvernement à réussir ce pari-là.

Le Président de la République a tenu promesse. Il a nommé le Premier ministre Ahoussou Jeannot comme chef du gouvernement. Quel regard jetez-vous sur cette mission confiée à Me Ahoussou Jeannot ?

Je dois d’abord remercier le Président Alassane Ouattara qui travaille de concert avec le
Président Henri Konan Bédié. Ils ont fait des promesses, ils les ont tenues. Le Premier ministre Ahoussou Jeannot succède au premier ministre Guillaume Soro qui a fait un travail considérable à la tête de la Primature. Mais le Premier ministre Ahoussou n’est pas novice. Il participe au gouvernement depuis 2002. Il y a eu un moment où il n’a pas participé mais il a une expérience gouvernementale. Il a une expérience des hommes. Et je pense qu’ayant appris aux côtés du Président Henri Konan Bédié, ayant travaillé dans différents gouvernements, il dispose de tous les atouts pour pouvoir réussir sa mission. On a vu la maestria avec laquelle il a géré ce dialogue inter-républicain entre le gouvernement et les partis de l’opposition. Je pense que le Premier ministre est en train de poser des actes forts qui lui permettront de réussir sa mission.

Vous êtes également le communicateur du Pdci-Rda. Pensez-vous que le Pdci-Rda connaît des problèmes de communication ?

Je ne suis pas le communicateur du Pdci. J’ai eu à gérer la commission communication pendant la campagne présidentielle. Le constat que j’avais fait quand on m’a confié cette tâche, c’est que le Pdci ne disposait pas d’une véritable politique de communication. Nous avons des ressources sur tous les plans (ressources humaines, ressources politiques), mais nous ne savons pas nous vendre. Et cela s’est ressenti au moment de la campagne électorale présidentielle. Je pense que pour l’avenir, il faudrait que le Pdci s’attache des spécialistes, des professionnels en matière de communication parce qu’il y a des richesses incalculables au sein du Pdci. Et nous devons pouvoir nous vendre. Nous devons pouvoir nous mettre en valeur. Mais il faut une politique agressive. Une politique de communication agressive et je pense que nous en avons les moyens. Il faudra le faire.

Il y a des militants qui ont demandé un congrès, il y a quelque temps de cela. Votre avis sur cette exigence de ces militants-là ?

Je pense qu’on s’est beaucoup appesanti sur les termes congrès, réunions du bureau politique, ou autre chose. Le Président Henri Konan Bédié a tranché. Lors de la présentation des vœux des cadres du parti au président Bédié, il a dit qu’il fallait une réunion du bureau politique qui ferait le bilan de toutes nos activités. Je pense que c’est de ce forum-là que tout le monde parlait. Il est important que ce soit après une victoire ou après un échec qu’on puisse se réunir pour voir ce qui a fonctionné, ce qui n’a pas fonctionné et ce que nous allons faire pour les prochains mois ou les prochaines années. Je crois que ce forum est important, le président l’a annoncé, il nous appartient de le préparer en toute franchise, en toute loyauté sans faux fuyant, de faire en sorte que nous puissions mettre à la disposition du président du parti un parti fort qui puisse aborder les défis du futur avec sérénité mais surtout en donnant beaucoup d’espoir aux militants du Pdci-Rda.

D’autres militants qui n’ont pas respecté la discipline du Pdci-Rda cherchent à revenir. Comment jugez-vous cela ?

Le Pdci est un rassemblement. Le Pdci a pour religion le dialogue. Le Président Houphouët disait qu’il ne faut pas exclure, il faut au contraire appeler. Si nous avons des frères ou des sœurs qui se sont rendus compte à un moment donné qu’ils ont commis une erreur et veulent revenir à la maison, je crois qu’il faut créer les conditions pour leur retour. Mais pour éviter à l’avenir que ce genre de situation ne soit préjudiciable au parti, il faut créer les balises nécessaires. C’est-à-dire, créer des cadres de dialogue permanent qui permettent à ceux qui ne partagent pas, à un moment donné, le chemin, la voie ou autre chose, qu’ils puissent s’exprimer dans le parti. Et pour ne pas qu’ils se sentent obligés de sortir du parti pour pouvoir exprimer leur point de vue. Je pense que si nous prenons ces dispositions et que tout le monde trouve dans le parti des voies d’expression, nous aurons atteint un idéal démocratique qui permettra au parti d’être fort.

Le premier ministre Charles Konan Banny préside la commission dialogue, vérité et réconciliation. Il a certainement besoin de propositions. En avez-vous pour lui ?

Les maires de Côte d’Ivoire, pendant la crise et juste après la crise, avaient pris sur eux de mettre des comités locaux de dialogue, de cohésion sociale dans leur commune. A la suite de cela, le gouvernement a mis sur pied la Commission dialogue, vérité et réconciliation.

Nous sommes, au niveau de l’Uvicoci, en train de nous préparer pour remettre des propositions au Premier ministre Charles Konan Banny afin d’apporter notre humble et modeste contribution à cette œuvre qui est immense et dont les résultats sont attendus par une grande partie de la population. Il ne faut pas oublier le traumatisme subi par les populations de tout bord parce que chaque camp a tendance à se poser en victime ou en bourreau. Donc, il appartient à la Commission de permettre à tous les Ivoiriens de s’exprimer et qu’au sortir de cet exercice, chaque Ivoirien se sente concerné par la vie de la nation.

Donc nous élus municipaux, qui avons en charge la politique de proximité, qui sommes en contact avec les populations, les leaders d’opinion quel que soit leur bord, nous sommes en train de voir pour pouvoir présenter au Premier ministre Banny, des propositions.

Depuis quelques semaines, vous présidez le Conseil des collectivités territoriales de l’Uemoa. C’est un honneur pour la Côte d’Ivoire

C’est un véritable honneur pour la Côte d’Ivoire, c’est une reconnaissance de la politique de décentralisation menée par nos responsables depuis le président Félix Houphouët-Boigny, le président Henri Konan Bédié, le président Gbagbo Laurent et le président Ouattara. Quand il y a un an et demi, nous nous sommes retrouvés à la réunion de l’Association des maires francophones (Aimf) à ierevan en Armenie, des collègues du Togo, du Bénin, ont demandé pourquoi la Côte d’Ivoire qui a une grande expérience en matière de décentralisation, ne prendrait pas les rênes de cette nouvelle structure. Au retour, je suis allé saluer le président Henri Konan Bédié, et je lui ai fait part de la proposition. Le président Henri Konan Bédié m’a dit : c’est un honneur pour la Côte d’Ivoire, il ne faut pas refuser. Il faut y aller. C’est donc avec sa bénédiction que j’ai demandé au gouvernement d’appuyer notre candidature. Ce que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Ahmed Bakayoko, a appuyé. Et on connait les résultats. C’est un hommage à la Côte d’Ivoire, c’est un honneur à notre politique de décentralisation démarrée depuis 1980.

Quels sont les objectifs qui sont assignés à cette nouvelle organisation ?

Vous savez que l’Uemoa a pour principal objectif, l’intégration des 8 pays dans un espace économiques. Cette intégration, généralement, on l’aperçoit comme une intégration au sommet. Les élus locaux, nous avons pensé que pour que cette intégration se réalise, il faut qu’elle se fasse par la base. Et à la base, ce sont les maires, ce sont les présidents de conseils généraux, ce sont les présidents de conseils régionaux qui peuvent impulser cela.

Donc, nous nous sommes organisés et les chefs d’Etat de l’espace Uemoa nous ont compris et ont créé donc le Conseil des collectivités territoriales. Donc notre mission principale, c’est de permettre une véritable intégration sous-régionale pour nos populations, et cela passe par nos populations. Cela passe par une coopération sud-sud, par une coopération transfrontalière, cela passe par l’élaboration d’un programme commun entre les communes de pays qui ont en commun, soit l’histoire, soit l’agriculture, soit des projets de développement. Et nous pensons que par ce biais-là, nous pourrons permettre à nos populations de ne plus raisonner en terme de pays, mais en terme d’espace sous régional.

Quelles sont les premières actions que vous allez mener ?

Il y a plusieurs actions. La première, c’est d’abord de nous faire accepter dans nos Etats.

Donc, c’est de faire connaître le Cct au niveau des 8 Etats. La deuxième action, c’est de permettre à nos populations de voir quelque chose de concret. Donc nous avons deux pistes. Il y a une piste qui concerne le Niger, le Burkina et le Mali, et il y a une autre piste qui concerne la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina. Concernant la piste ivoirienne, c’est ce que nous appelons l’espace Skbo. L’espace Sikasso-Korhogo-Bobodioulasso. C’est de permettre des échanges au niveau des enfants. Colonies de vacances en commun, c’est de permettre aux agriculteurs de se retrouver. Dans ces régions, il y a la production de mangues. Qu’est-ce qui permet en matière de transport, les meilleures exportations ? Si c’est l’aéroport de Bobodioulasso qui le permet, il faudrait que les planteurs du Nord de la Côte d’Ivoire, du Sud du Mali, puissent emprunter cela sans tracasserie douanière. Si le plateau médical de Korhogo est celui qui est le mieux équipé, il faudrait que les malades qui proviennent de Sikasso ou de Bobodioulasso puissent arriver tranquillement sans qu’il y ait des formalités douanières à remplir. Donc, ce sont des actions concrètes que nous voulons mener. Et les deux ans de notre mandat serviront à créer cette coopération entre les communes frontalières.

Interview réalisée par DIARRASSOUBA SORY
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