Le secrétaire général du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (Midd), Mesmin Komoé, a-t-il vendu ce mouvement au régime Ouattara ? C’est ce que pensent de nombreux militants de cette organisation syndicale. Sa proposition de surseoir à la grève illimitée du 10 mai prochain pour attendre, dit-il, l’échéance de l’initiative Ppte en juin a été difficilement acceptée par la base, après plusieurs heures d’âpres discussions, à l’assemblée générale qui a eu lieu samedi dernier, à l’Epp Amon d’Aby au Plateau. Le soupçonnant d’avoir été acheté ou d’avoir bradé la lutte syndicale pour ses propres intérêts, les militants ont claqué la porte en pleine assemblée générale, pour ne pas cautionner, selon eux, cette démission. Les instituteurs dans leur grande majorité étaient pour une grève illimitée. La base et le bureau national exécutif, complètement opposés, sont en déphasage sur les stratégies de lutte. « Nous avons fait trois mois de grève sous Laurent Gbagbo. Pourtant le pays était coupé en deux. Pourtant, nous savions que l’Etat fonctionnait avec la moitié de son budget parce que les ex-rebelles avaient fait main basse sur l’autre moitié dans les zones ex-occupées. Pourquoi Mesmin- lui avec qui nous avons fait une violente grève de trois mois sous Laurent Gbagbo- veut défendre aujourd’hui ce régime, le caresser dans le sens du poil ? Les revendications des instituteurs ne sont pas liées à l’initiative Ppte. Ouattara nous a dit que, dès qu’il sera au pouvoir, il y aura des pluies de milliards. Pourquoi alors ce même pouvoir nous dit maintenant d’attendre l’initiative Ppte en juin ? Pourquoi Mesmin s’érige en défenseur de l’Etat, lui qui n’a fait aucune faveur à Laurent Gbagbo en poussant les instituteurs à observer l’une des grèves les plus longues de l’histoire de la Côte d’Ivoire ? », ont soutenu des responsables syndicaux. Répondant à ces secrétaires généraux qui n’ont plus voulu l’écouter, Mesmin Komoé a indiqué que le Midd veut éviter que le régime l’accuse d’être responsable des troubles qui pourraient compromettre l’initiative PPte prévue, selon lui, en juin prochain. « Qu’on aille doucement ! Il ne faut pas que, demain, le régime nous dit qu’on n’a pas eu l’initiative Ppte à cause des instituteurs. Enlevons-nous la pression sociale ! Une lutte est hautement stratégique. Notre argent, nous l’aurons de manière stratégique, avec l’opinion. Le mot d’ordre de grève, vous l’aurez. Là où nous sommes, nous n’avons pas les mêmes appréciations que la base. Ne soyons pas défaitistes, pessimistes », a-t-il rassuré sa troupe.
Charles Bédé
Charles Bédé