Créé en 1965 par le premier président de Côte d’Ivoire, le Lycée Houphouët-Boigny de Korhogo, naguère école d’excellence, a perdu son lustre d’antan. Après plus de dix ans de crise qui a frappé de plein fouet la région du Poro, ce lycée essaie de se relever de sa longue agonie avec la reprise du chemin des classes par ses 3060 élèves (2176 élèves au 1er cycle dont 753 filles et 884 élèves au 2nd cycle dont 238 filles). Relativement à l’aspect général du lycée, nul ne peut douter des difficultés qui le minent. Dès l’entrée, le visiteur constate qu’il n’a pas bonne mine. L’aspect extérieur des bâtiments rougis par le temps et la poussière traduit déjà que rien n’est comme avant au lycée qui porte encore fièrement le nom du père de la nation. Le bitume qui traversait de part en part la grande cour a laissé la place à la terre rougeâtre.
Certains bâtiments frappés par le poids des ans restent fermés quand d’autres sont pratiquement en ruine. Dans la cour, un curieux spectacle : quelques élèves flânant dans la cour de l’école côtoient des étudiants de l’Unité de recherche de l’enseignement supérieur (Ures) qui partagent le même espace que les tout-petits. Bref, le Lycée Houphouët-Boigny se meurt. En l’absence du proviseur Coulibaly Zié, son censeur, Kouamé Porné, a livré toutes les difficultés nées des crises successives en Côte d’Ivoire qui n’ont pas épargné le nord, notamment Korhogo.
Le déficit en personnel, un souci pour l’administration
Avant la rentrée 2011-2012, le Lycée faisait face à un déficit de 35 enseignants et 8 éducateurs. Selon le censeur, le Lycée Houphouët-Boigny qui avait 4 censeurs, il n’en reste qu’un seul. Dans cet établissement n’y a pas de conseiller d’éducation. «Un conseiller d’éducation est extrêmement important pour l’encadrement des élèves et le personnel d’encadrement» a dit le censeur. La situation était d’autant plus grave qu’avec le déficit de 35 enseignants, selon Porné Kouamé, «en début de cette année scolaire, pratiquement le 1e cycle ne faisait pas de cours». Parce que de son avis, «il fallait privilégier les classes d’examen, notamment celles de 3e et de terminale». En clair, les classes de 6e, 5e, 4e et de 2nde et 1ère ne faisaient pas de cours « parce qu’il n’y avait pas de professeurs». C’est après les fêtes de Noël que, selon le censeur, les parents et les autorités ont décidé de lever une cotisation pour «permettre le recrutement de 12 enseignants volontaires». Heureusement que, selon Porné Kouamé, depuis 3 semaines, l’Etat de Côte d’Ivoire a affecté 40 enseignants dans le cadre, récemment du recrutement, de 3 mille enseignants. Cependant, il a précisé que des problèmes persistent notamment en Lettres modernes, en histoire géographie, en mathématique et en Svt.
Infrastructures et matériel didactique, le grand mal
Avec la crise, le Lycée moderne qui a été fermé n’a plus de matériel didactique. Avec cette fermeture et le passage des vandales au Lycée, bien de choses ont été emportées. Le lycée est aujourd’hui une coquille vide. Depuis belle lurette, selon le censeur, le Lycée Houphouët-Boigny n’a pas reçu de matériel didactique : «Le peu de matériel qui existe ici date de 10 à 15 ans. Dans le matériel didactique, il y a le consommable. On n’a plus tout ce qui est consommable. Compte tenu de la situation de crise, le Lycée a passé plus de 7 ans sans recevoir de budget de l’Etat.
Donc le chef d’établissement n’était plus en mesure de s’approvisionner. Il ne pouvait pas acheter de nouveaux matériels, il ne pouvait pas non plus entretenir l’existant» a-t-il révélé. Au niveau des infrastructures, le constat est triste. L’infirmerie est fermée parce qu’il n’y a plus d’infirmier. L’internat qui permettait aux élèves d’éviter de parcourir plus de 10 km de la ville au lycée n’est plus fonctionnel. Les quelques bâtiments inoccupés sont en abandon. Le reste des bâtiments qui sont encore utilisables accueillent les étudiants de l’Unité de recherche de l’enseignement supérieur (Ures) de Korhogo, la future université de la région. «En principe, les élèves du Lycée sont tous logés. L’internat étant dégradé, ils ne sont plus logés. Ils parcourent parfois 10 à 15 km pour venir à l’école. Dans ces conditions, ils n’arrivent pas à l’heure. A la maison, ils sont très fatigués et donc ils ne peuvent pas étudier» a dit Porné Kouamé avant de préciser : «Il est vrai qu’en 2008, on a pu bénéficier d’une réhabilitation de la part de l’Union européenne, mais elle n’a concerné que les salles de classe et l’internat, jusqu’à présent, n’a pas connu un début de réhabilitation».
Il y a aussi les infrastructures sportives dont la piscine olympique et les différents terrains qui ne sont pas plus praticables. Toutes ces difficultés ne manquent pas de peser lourd sur le rendement des élèves qui bravent les intempéries pour se rendre à l’école. En tout cas, le Lycée Houphouët-Boigny de Korhogo n’est pas encore sorti de sa longue agonie qui a détruit, en chacun des élèves, le goût de l’effort et du travail bien fait tel que prôné par celui qui a conçu et réalisé le projet d’un lycée d’excellence à Korhogo, le président Félix Houphouët-Boigny.
François Konan
Envoyé spécial dans la cité du Poro
Certains bâtiments frappés par le poids des ans restent fermés quand d’autres sont pratiquement en ruine. Dans la cour, un curieux spectacle : quelques élèves flânant dans la cour de l’école côtoient des étudiants de l’Unité de recherche de l’enseignement supérieur (Ures) qui partagent le même espace que les tout-petits. Bref, le Lycée Houphouët-Boigny se meurt. En l’absence du proviseur Coulibaly Zié, son censeur, Kouamé Porné, a livré toutes les difficultés nées des crises successives en Côte d’Ivoire qui n’ont pas épargné le nord, notamment Korhogo.
Le déficit en personnel, un souci pour l’administration
Avant la rentrée 2011-2012, le Lycée faisait face à un déficit de 35 enseignants et 8 éducateurs. Selon le censeur, le Lycée Houphouët-Boigny qui avait 4 censeurs, il n’en reste qu’un seul. Dans cet établissement n’y a pas de conseiller d’éducation. «Un conseiller d’éducation est extrêmement important pour l’encadrement des élèves et le personnel d’encadrement» a dit le censeur. La situation était d’autant plus grave qu’avec le déficit de 35 enseignants, selon Porné Kouamé, «en début de cette année scolaire, pratiquement le 1e cycle ne faisait pas de cours». Parce que de son avis, «il fallait privilégier les classes d’examen, notamment celles de 3e et de terminale». En clair, les classes de 6e, 5e, 4e et de 2nde et 1ère ne faisaient pas de cours « parce qu’il n’y avait pas de professeurs». C’est après les fêtes de Noël que, selon le censeur, les parents et les autorités ont décidé de lever une cotisation pour «permettre le recrutement de 12 enseignants volontaires». Heureusement que, selon Porné Kouamé, depuis 3 semaines, l’Etat de Côte d’Ivoire a affecté 40 enseignants dans le cadre, récemment du recrutement, de 3 mille enseignants. Cependant, il a précisé que des problèmes persistent notamment en Lettres modernes, en histoire géographie, en mathématique et en Svt.
Infrastructures et matériel didactique, le grand mal
Avec la crise, le Lycée moderne qui a été fermé n’a plus de matériel didactique. Avec cette fermeture et le passage des vandales au Lycée, bien de choses ont été emportées. Le lycée est aujourd’hui une coquille vide. Depuis belle lurette, selon le censeur, le Lycée Houphouët-Boigny n’a pas reçu de matériel didactique : «Le peu de matériel qui existe ici date de 10 à 15 ans. Dans le matériel didactique, il y a le consommable. On n’a plus tout ce qui est consommable. Compte tenu de la situation de crise, le Lycée a passé plus de 7 ans sans recevoir de budget de l’Etat.
Donc le chef d’établissement n’était plus en mesure de s’approvisionner. Il ne pouvait pas acheter de nouveaux matériels, il ne pouvait pas non plus entretenir l’existant» a-t-il révélé. Au niveau des infrastructures, le constat est triste. L’infirmerie est fermée parce qu’il n’y a plus d’infirmier. L’internat qui permettait aux élèves d’éviter de parcourir plus de 10 km de la ville au lycée n’est plus fonctionnel. Les quelques bâtiments inoccupés sont en abandon. Le reste des bâtiments qui sont encore utilisables accueillent les étudiants de l’Unité de recherche de l’enseignement supérieur (Ures) de Korhogo, la future université de la région. «En principe, les élèves du Lycée sont tous logés. L’internat étant dégradé, ils ne sont plus logés. Ils parcourent parfois 10 à 15 km pour venir à l’école. Dans ces conditions, ils n’arrivent pas à l’heure. A la maison, ils sont très fatigués et donc ils ne peuvent pas étudier» a dit Porné Kouamé avant de préciser : «Il est vrai qu’en 2008, on a pu bénéficier d’une réhabilitation de la part de l’Union européenne, mais elle n’a concerné que les salles de classe et l’internat, jusqu’à présent, n’a pas connu un début de réhabilitation».
Il y a aussi les infrastructures sportives dont la piscine olympique et les différents terrains qui ne sont pas plus praticables. Toutes ces difficultés ne manquent pas de peser lourd sur le rendement des élèves qui bravent les intempéries pour se rendre à l’école. En tout cas, le Lycée Houphouët-Boigny de Korhogo n’est pas encore sorti de sa longue agonie qui a détruit, en chacun des élèves, le goût de l’effort et du travail bien fait tel que prôné par celui qui a conçu et réalisé le projet d’un lycée d’excellence à Korhogo, le président Félix Houphouët-Boigny.
François Konan
Envoyé spécial dans la cité du Poro