La récente évasion spectaculaire de détenus de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) remet au goût du jour le problème de l’insécurité qui règne actuellement dans les 22 prisons ouvertes sur les 33 que compte le pays. Les gardes pénitentiaires rencontrés le samedi 5 mai dernier à la MACA affirment être confrontés à un réel besoin de dotation en armes. Ils l’ont déjà fait savoir à l’occasion d’une rencontre à l’ex- ministre de la Justice, Ahoussou Kouadio Jeannot devenu Premier ministre depuis le 26 août 2011. «Cette rencontre a eu lieu dix jours après la réouverture officielle de la MACA, réhabilitée à hauteur de 2 milliards FCFA selon des sources officielles. Le ministre Ahoussou nous a dit à cette occasion qu’il ne faisait pas confiance aux gardes et qu’il ne peut pas donner des armes. Nous lui avons dit dans aucune prison au monde, les gardes sont dépourvus d’armes. Que peut un garde qui n’a aucun moyen de défense face à des détenus armés à l’occasion d’une tentative d’évasion ? Rien. Nous sommes méprisés par le pouvoir. Il nous envoie à l’abattoir et c’est méchant», s’est plaint un garde pénitentiaire qui a requis l’anonymat.
Le régime Ouattara s’est préoccupé de fournir des treillis et réhabiliter d’urgence quelques prisons. Sans plus. La requête portant sur les fusils, les gaz lacrymogènes, les menottes, les matraques, les casques de protection, les talkies walkies et mêmes les cartes professionnelles pour identifier les surveillants pénitentiaires a été renvoyée aux calendes grecques. Face à la négligence coupable du pouvoir, les gardes pénitentiaires travaillent les mains nues et usent de leur intelligence pour maintenir les grands criminels dans leurs cellules.
Il faut surtout souligner que les forces armées pro-Ouattara ont, dans leur progression vers Abidjan, au plus fort de la crise post électorale, pillé toutes les prisons du pays ainsi que les domiciles des gardes pénitentiaires. La MACA et sa cité des agents n’ont pas été épargnés. Armes et biens personnels ont été volés par les ex-rebelles qui ont ouvert les pénitenciers pour grossir leurs rangs avec les prisonniers.
A ce jour, les domiciles des agents de la Maison d’arrêt d’Abengourou, par exemple, sont toujours occupés par des anciens bagnards reconvertis en FRCI.
•Déjà 9 cas d’évasion
Au plan statistique, ce sont 236 détenus qui se sont évadés. Le 25 janvier 2012, 17 prisonniers de la Maison d’arrêt et de correction de Dimbokro ont pris la clé des champs. 18 autres en ont fait de même à Katiola le 25 février. A Tiassalé, il y a eu une première évasion avec quatre détenus, la deuxième avec un prisonnier et la troisième avec 2 détenus.
Dans cette prison, ce sont les chasseurs traditionnels du Nord communément appelés dozos armés de fusils artisanaux qui constituent la force d’appui aux gardes pénitentiaires. A Korhogo, ce sont 45 détenus, pour la plupart des forces armées pro-Ouattara en rupture de ban, qui ont pris le large. Selon des sources pénitentiaires, les évadés ont séquestré le garde qui leur servait de la nourriture. Les gendarmes et les FRCI censés protéger les gardes n’ont tiré aucun coup de feu sur les fuyards. Au grand étonnement de tous.
A Agboville, c’est d’abord un élément des FRCI, Doumbia Abdoulaye, réputé pour ses attaques à main armée, qui s’est fait la belle le 10 février, sous le regard complice de ses frères d’armes en charge de la sécurisation de la prison. Puis le mardi 1er mai, profitant de l’absence prolongée des mêmes éléments FRCI, 96 détenus issus des forces armées pro-Ouattara ont frappé le garde commis à leur servir la nourriture et ont pris la clé des champs. Enfin, le vendredi 4 mai dernier, c’était au tour de la MACA de connaître sa première évasion avec 52 détenus.
Ils se sont enfuis par la porte de surveillance du mirador N°2, situé derrière le bâtiment C des criminels, déserté au moment des faits par les gendarmes de faction. «Comme nous n’avons pas d’arme, nos sommes confinés à des rôles de superviseur dans les prisons. Ce sont les gendarmes, les FRCI et les dozos armés qui assurent notre sécurité. Nous sommes à la merci des prisonniers qui ont pitié de nous. Sinon, ils peuvent nous tuer et fuir. C’est Dieu qui nous protège’’, lâche un garde pénitentiaire dépité. Qui réfute les allégations faisant état de la présence de miliciens pro-Gbagbo parmi les gardes pénitentiaires. «C’est malsain de politiser les faits dans une prison. Cela risque de jouer dangereusement sur les conditions des détenus. Sous l’ère président Gbagbo, il y a eu deux cas d’évasion en 2004 et en 2009. Est-ce pour autant qu’on a crié que ce sont les pro-Ouattara qui ont permis ces évasions ? Non. Personne ne veut faire sortir des détenus politiques», assène un chef de poste de la MACA. Qui soutient
que les gardes se sont opposés à la présence des FRCI, à la réouverture de même prison devenus FRCI soient leurs collaborateurs. Un sourd-muet faisait même partie de ces forces pro-Ouattara détachées à la MACA.
«Les gendarmes refusent de tirer sur les évadés pour ne pas se créer des problèmes avec le pouvoir Ouattara qui les taxe d’être des pro-Gbagbo. Quant aux éléments FRCI, ils ne veulent pas tirer sur leurs collègues et frères qui s’évadent. C’est ce qui a été observé dans de nombreux cas comme à la prison de Korhogo», a révélé une source pénitentiaire.
Le samedi 5mai dernier, paradoxe des paradoxes, les populations de Touba ont fait une marche pour réclamer en vain la libération de leurs fils détenus. Selon des sources, les forces pro-Ouattara veulent organiser l’évasion des détenus de la vétuste Maison d’arrêt et de correction de Bouaké avec ses 200 prisonniers ex-rebelles condamnés à des peines privatives de liberté allant de 10 à 20 ans de prison.
Contrairement à la norme qui exige qu’un détenu soit gardé par deux surveillants, un garde pénitentiaire en surveille actuellement 153.
Didier Kei
Le régime Ouattara s’est préoccupé de fournir des treillis et réhabiliter d’urgence quelques prisons. Sans plus. La requête portant sur les fusils, les gaz lacrymogènes, les menottes, les matraques, les casques de protection, les talkies walkies et mêmes les cartes professionnelles pour identifier les surveillants pénitentiaires a été renvoyée aux calendes grecques. Face à la négligence coupable du pouvoir, les gardes pénitentiaires travaillent les mains nues et usent de leur intelligence pour maintenir les grands criminels dans leurs cellules.
Il faut surtout souligner que les forces armées pro-Ouattara ont, dans leur progression vers Abidjan, au plus fort de la crise post électorale, pillé toutes les prisons du pays ainsi que les domiciles des gardes pénitentiaires. La MACA et sa cité des agents n’ont pas été épargnés. Armes et biens personnels ont été volés par les ex-rebelles qui ont ouvert les pénitenciers pour grossir leurs rangs avec les prisonniers.
A ce jour, les domiciles des agents de la Maison d’arrêt d’Abengourou, par exemple, sont toujours occupés par des anciens bagnards reconvertis en FRCI.
•Déjà 9 cas d’évasion
Au plan statistique, ce sont 236 détenus qui se sont évadés. Le 25 janvier 2012, 17 prisonniers de la Maison d’arrêt et de correction de Dimbokro ont pris la clé des champs. 18 autres en ont fait de même à Katiola le 25 février. A Tiassalé, il y a eu une première évasion avec quatre détenus, la deuxième avec un prisonnier et la troisième avec 2 détenus.
Dans cette prison, ce sont les chasseurs traditionnels du Nord communément appelés dozos armés de fusils artisanaux qui constituent la force d’appui aux gardes pénitentiaires. A Korhogo, ce sont 45 détenus, pour la plupart des forces armées pro-Ouattara en rupture de ban, qui ont pris le large. Selon des sources pénitentiaires, les évadés ont séquestré le garde qui leur servait de la nourriture. Les gendarmes et les FRCI censés protéger les gardes n’ont tiré aucun coup de feu sur les fuyards. Au grand étonnement de tous.
A Agboville, c’est d’abord un élément des FRCI, Doumbia Abdoulaye, réputé pour ses attaques à main armée, qui s’est fait la belle le 10 février, sous le regard complice de ses frères d’armes en charge de la sécurisation de la prison. Puis le mardi 1er mai, profitant de l’absence prolongée des mêmes éléments FRCI, 96 détenus issus des forces armées pro-Ouattara ont frappé le garde commis à leur servir la nourriture et ont pris la clé des champs. Enfin, le vendredi 4 mai dernier, c’était au tour de la MACA de connaître sa première évasion avec 52 détenus.
Ils se sont enfuis par la porte de surveillance du mirador N°2, situé derrière le bâtiment C des criminels, déserté au moment des faits par les gendarmes de faction. «Comme nous n’avons pas d’arme, nos sommes confinés à des rôles de superviseur dans les prisons. Ce sont les gendarmes, les FRCI et les dozos armés qui assurent notre sécurité. Nous sommes à la merci des prisonniers qui ont pitié de nous. Sinon, ils peuvent nous tuer et fuir. C’est Dieu qui nous protège’’, lâche un garde pénitentiaire dépité. Qui réfute les allégations faisant état de la présence de miliciens pro-Gbagbo parmi les gardes pénitentiaires. «C’est malsain de politiser les faits dans une prison. Cela risque de jouer dangereusement sur les conditions des détenus. Sous l’ère président Gbagbo, il y a eu deux cas d’évasion en 2004 et en 2009. Est-ce pour autant qu’on a crié que ce sont les pro-Ouattara qui ont permis ces évasions ? Non. Personne ne veut faire sortir des détenus politiques», assène un chef de poste de la MACA. Qui soutient
que les gardes se sont opposés à la présence des FRCI, à la réouverture de même prison devenus FRCI soient leurs collaborateurs. Un sourd-muet faisait même partie de ces forces pro-Ouattara détachées à la MACA.
«Les gendarmes refusent de tirer sur les évadés pour ne pas se créer des problèmes avec le pouvoir Ouattara qui les taxe d’être des pro-Gbagbo. Quant aux éléments FRCI, ils ne veulent pas tirer sur leurs collègues et frères qui s’évadent. C’est ce qui a été observé dans de nombreux cas comme à la prison de Korhogo», a révélé une source pénitentiaire.
Le samedi 5mai dernier, paradoxe des paradoxes, les populations de Touba ont fait une marche pour réclamer en vain la libération de leurs fils détenus. Selon des sources, les forces pro-Ouattara veulent organiser l’évasion des détenus de la vétuste Maison d’arrêt et de correction de Bouaké avec ses 200 prisonniers ex-rebelles condamnés à des peines privatives de liberté allant de 10 à 20 ans de prison.
Contrairement à la norme qui exige qu’un détenu soit gardé par deux surveillants, un garde pénitentiaire en surveille actuellement 153.
Didier Kei