Mercredi 07 mars 2012. Lycée moderne de Korhogo, il est à peine 09 h. De nombreuses jeunes filles du lycée sont prises d’une sorte de délirium tremens généralisé. Le diagnostic de cette transe collective qui s’empare d’une vingtaine de filles à la fois, est tout de suite établi sans consultation. Elles sont possédées par des génies ! Comme des derviches motorisés, elles tournoient dans tous les sens. Impossible de les canaliser, encore moins de les maitriser. Quatre d’entre elles exigent de s’adresser à Mme le proviseur. A Mme Traoré Salimata, les quatre filles possédées sont unanimes. Les génies des lieux exigent un bélier blanc le vendredi O9 mars. Faute de quoi, il y aura mort d’homme au sein du lycée. La nouvelle aux connotations macabres fait le tour du lycée. Il ne reste qu’un jour pour faire l’offrande ou pour voir s’appliquer la sentence. A cet instant, plus besoin de la sirène encore moins d’une autorisation quelconque pour donner le signal de départ. L’école s’est vidée de tout son contenu humain en un quart de tour. Plus personne n’y remettra les pieds pour des raisons pédagogiques jusqu’au jour fatidique.
Une histoire de génies mécontents
Si ce mercredi, le lycée moderne a vécu une journée unique dans son histoire, le commun des observateurs note que les choses se sont mises en place pas à pas depuis l’année dernière. Selon Mme Traoré Salimata, proviseur du lycée moderne de Korhogo depuis octobre 2006, le phénomène d’élèves qui entrent en transe n’est pas nouveau dans son établissement. Mais comme elle le dit, cela a toujours été des cas isolés, rapidement maitrisés. Notamment, depuis l’année dernière, souvent grâce au savoir-faire d’un professeur du lycée qui a le mérite de savoir entrer en communication avec le génie qui se serait installé dans le corps de la personne en transe. Parfois, les parents de l’élève concerné sont appelés pour une gestion commune de la situation. Mais depuis l’année dernière, de plus en plus de jeunes filles se signalent dans ce domaine qui relève plus du chapitre du mysticisme que de la pédagogie. Les choses ont fonctionné ainsi jusqu’au jour où une jeune fille régulièrement sujette à de violents maux de tête consulte un voyant installé au sommet de la montagne, le Mont Korhogo. Elle apprend alors qu’elle est chargée de porter un message au proviseur du lycée. Le message qu’elle portera est des plus inattendu. Une femme génie se serait installée dans l’enceinte de l’établissement et exige que les cours soient interdits les vendredis dans cette école. Pour conjurer le sort, l’invisible génie exige le sacrifice d’un bœuf blanc. Désemparée face à cette exigence tout aussi surprenante qu’impossible à respecter dans l’un des plus gros établissement public de la place, Mme le proviseur s’en remet au président des parents d’élèves, M Yéo Fosson. Des tractations entre ce dernier et le voyant, qui installé au sommet du Mont Korhogo, sert d’intermédiaire entre les humains et le mystérieux monde des génies, il était convenu, que chaque vendredi matin, une offrande de galettes soit faite au sein de l’établissement en attendant le sacrifice du bœuf. C’est ce qui se fera jusqu’à ce mercredi 07 où la rupture unilatérale du pacte est constatée avec en prime une plainte de la colonie de génies de la montagne qui reproche aux jeunes d’aller souiller la montagne à l’occasion des pique-niques par des actes qui ne répondent pas aux mœurs. De même, les génies déplorent que le sol de l’établissement subisse les mêmes actes. En effet, selon le proviseur, il n’est pas rare de trouver des préservatifs utilisés et traînant dans la cour de l’école. Le vendredi 09 mars, le porte-parole du chef de canton, lui aussi alerté par le proviseur, est venu avec une délégation et le sacrifice du bélier a eu lieu. Le lundi 12 mars, les cours ont repris et le calme est revenu.
Un phénomène généralisé
Le phénomène de génies possesseurs n’est pas le seul apanage du lycée moderne de Korhogo. De nombreux établissements aussi bien publics que privés voire primaires vivent et souffrent de ce phénomène. L’année dernière, le lycée Houphouët Boigny était en proie à ce type de spectacles avec parfois des actes de violences, surtout de la part de jeunes garçons sous l’emprise des génies. Des professeurs et éducateurs agressés, des portes de l’administration fracturés. Sous le prétexte que des femmes portent des mèches ou qu’un individu s’est parfumé, les hommes-génies ou génies-hommes, c’est selon, deviennent violents et pourchassent des responsables à travers la cour de l’école, obligeant les uns et les autres à arrêter les cours. Au lycée moderne, Mme Traoré déplore impuissante : « Nous avons subi des désagréments énormes. C’est presqu’un mois de cours que nous avons perdu et quand on connait le niveau de nos élèves, ce n’est pas facile à rattraper. Quand on parle d’impureté qui dérangent les génies, il faut noter qu’il n’ y a pas que nos élèves qui sont mis en cause. Le lycée n’a pas de clôture. C’est un raccourci pour certains. Et la nuit venue, c’est le lieu de rendez-vous de certains couples indélicats.» Le lycée Houphouët a dû recourir au sacrifice de son symbole pour retrouver un relatif équilibre. Un bélier a été immolé et le rituel devrait, selon les dires, se répéter chaque année. L’actuel proviseur, Coulibaly Zié, en place depuis seulement quelques mois, un senoufo averti, a bien voulu prendre le taureau par les cornes. Il a pris attache avec les trois villages qui ont donné une portion de leur terre pour former les quarante hectares d’espace qui ont vu naître le lycée. Ce sont ces sages et ces détenteurs de la tradition qui vont l’aider à trouver les moyens de cohabiter pacifiquement avec les êtres occultes qui ont des intérêts sur les sols du Lycée Houphouët. A quels ballets, à quelles croyances et à quels sacrifices les chefs d’établissements devront-ils se soumettre afin de s’entendre avec les génies qui squattent leur périmètre ? Au lycée moderne, la solution est de demander aux parents des élèves-génies qui se signaleront désormais, de débarrasser leur enfant de son compagnon impétueux avant qu’il soit admis en classe. Faut-il le préciser, lors de la première semaine d’avril, ce phénomène avait repris dans certains établissements.
Mack Dakota, Correspondant
Une histoire de génies mécontents
Si ce mercredi, le lycée moderne a vécu une journée unique dans son histoire, le commun des observateurs note que les choses se sont mises en place pas à pas depuis l’année dernière. Selon Mme Traoré Salimata, proviseur du lycée moderne de Korhogo depuis octobre 2006, le phénomène d’élèves qui entrent en transe n’est pas nouveau dans son établissement. Mais comme elle le dit, cela a toujours été des cas isolés, rapidement maitrisés. Notamment, depuis l’année dernière, souvent grâce au savoir-faire d’un professeur du lycée qui a le mérite de savoir entrer en communication avec le génie qui se serait installé dans le corps de la personne en transe. Parfois, les parents de l’élève concerné sont appelés pour une gestion commune de la situation. Mais depuis l’année dernière, de plus en plus de jeunes filles se signalent dans ce domaine qui relève plus du chapitre du mysticisme que de la pédagogie. Les choses ont fonctionné ainsi jusqu’au jour où une jeune fille régulièrement sujette à de violents maux de tête consulte un voyant installé au sommet de la montagne, le Mont Korhogo. Elle apprend alors qu’elle est chargée de porter un message au proviseur du lycée. Le message qu’elle portera est des plus inattendu. Une femme génie se serait installée dans l’enceinte de l’établissement et exige que les cours soient interdits les vendredis dans cette école. Pour conjurer le sort, l’invisible génie exige le sacrifice d’un bœuf blanc. Désemparée face à cette exigence tout aussi surprenante qu’impossible à respecter dans l’un des plus gros établissement public de la place, Mme le proviseur s’en remet au président des parents d’élèves, M Yéo Fosson. Des tractations entre ce dernier et le voyant, qui installé au sommet du Mont Korhogo, sert d’intermédiaire entre les humains et le mystérieux monde des génies, il était convenu, que chaque vendredi matin, une offrande de galettes soit faite au sein de l’établissement en attendant le sacrifice du bœuf. C’est ce qui se fera jusqu’à ce mercredi 07 où la rupture unilatérale du pacte est constatée avec en prime une plainte de la colonie de génies de la montagne qui reproche aux jeunes d’aller souiller la montagne à l’occasion des pique-niques par des actes qui ne répondent pas aux mœurs. De même, les génies déplorent que le sol de l’établissement subisse les mêmes actes. En effet, selon le proviseur, il n’est pas rare de trouver des préservatifs utilisés et traînant dans la cour de l’école. Le vendredi 09 mars, le porte-parole du chef de canton, lui aussi alerté par le proviseur, est venu avec une délégation et le sacrifice du bélier a eu lieu. Le lundi 12 mars, les cours ont repris et le calme est revenu.
Un phénomène généralisé
Le phénomène de génies possesseurs n’est pas le seul apanage du lycée moderne de Korhogo. De nombreux établissements aussi bien publics que privés voire primaires vivent et souffrent de ce phénomène. L’année dernière, le lycée Houphouët Boigny était en proie à ce type de spectacles avec parfois des actes de violences, surtout de la part de jeunes garçons sous l’emprise des génies. Des professeurs et éducateurs agressés, des portes de l’administration fracturés. Sous le prétexte que des femmes portent des mèches ou qu’un individu s’est parfumé, les hommes-génies ou génies-hommes, c’est selon, deviennent violents et pourchassent des responsables à travers la cour de l’école, obligeant les uns et les autres à arrêter les cours. Au lycée moderne, Mme Traoré déplore impuissante : « Nous avons subi des désagréments énormes. C’est presqu’un mois de cours que nous avons perdu et quand on connait le niveau de nos élèves, ce n’est pas facile à rattraper. Quand on parle d’impureté qui dérangent les génies, il faut noter qu’il n’ y a pas que nos élèves qui sont mis en cause. Le lycée n’a pas de clôture. C’est un raccourci pour certains. Et la nuit venue, c’est le lieu de rendez-vous de certains couples indélicats.» Le lycée Houphouët a dû recourir au sacrifice de son symbole pour retrouver un relatif équilibre. Un bélier a été immolé et le rituel devrait, selon les dires, se répéter chaque année. L’actuel proviseur, Coulibaly Zié, en place depuis seulement quelques mois, un senoufo averti, a bien voulu prendre le taureau par les cornes. Il a pris attache avec les trois villages qui ont donné une portion de leur terre pour former les quarante hectares d’espace qui ont vu naître le lycée. Ce sont ces sages et ces détenteurs de la tradition qui vont l’aider à trouver les moyens de cohabiter pacifiquement avec les êtres occultes qui ont des intérêts sur les sols du Lycée Houphouët. A quels ballets, à quelles croyances et à quels sacrifices les chefs d’établissements devront-ils se soumettre afin de s’entendre avec les génies qui squattent leur périmètre ? Au lycée moderne, la solution est de demander aux parents des élèves-génies qui se signaleront désormais, de débarrasser leur enfant de son compagnon impétueux avant qu’il soit admis en classe. Faut-il le préciser, lors de la première semaine d’avril, ce phénomène avait repris dans certains établissements.
Mack Dakota, Correspondant