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Politique Publié le samedi 12 mai 2012 | Le Patriote

Refus du dialogue, de la repentance, libération préalable de Gbagbo : Le FPI se moque des 3000 morts de la crise

© Le Patriote Par Nathan KONE
Réconciliation Nationale: Le Président de la CDVR Charles Konan Banny a reçu une délégation du FPI
Mercredi 28 Mars 2012. Cocody Riviera. Le Président de la commission Dialogue Vérité et Réconciliation a échangé avec une délégation du Front Populaire Ivoirien conduite par le Président par Intérim Miaka Oureto et composée des ministres Alphonse Douati, Danon Djedjé et de Mme Odette Lorougnon
Quand parlant du dialogue, feu le président Houphouët-Boigny disait toujours qu’il est l’arme des forts, sans doute lui accordait-il une vertu essentielle : l’humilité.

Tout, ou presque, part de là ! De l’humilité. Le poète anglais, Lord Alfred Tennyson, croit d’ailleurs qu’elle est la mère de toutes les vertus. Et il a assurément raison. Parce que quand cette valeur vient à manquer chez l’homme, c’est bonjour l’orgueil ! C’est bienvenue l’arrogance, la suffisance, le mépris de l’autre.

Or, « l’orgueil, disait Vauvenargues, c’est le consolateur des faibles ». Mais il ne fait que vous réconforter, car on n’est jamais fort en bombant la poitrine, parce qu’on n’a rarement le temps d’esquiver le coup de poing que l’adversaire vous assène sur cette partie du corps ainsi exposée. C’est donc de la pure vanité.

Depuis quelques temps, le Front populaire ivoirien apparaît justement comme un parti vain ! Dans le processus de réconciliation nationale auquel ils sont appelés, de façon insistante, à jouer leur partition, ses dirigeants actuels se montrent extraordinairement dérisoires et ridicules. Dérisoires, parce qu’ils sont enfermés dans une illusion bien puérile. Celle d’être des hommes et femmes incontournables, si importants que rien ne peut se faire en Côte d’Ivoire en dehors d’eux. Ils sont convaincus qu’aussi longtemps qu’ils le voudront, le pays ne connaîtra pas la paix sociale qu’il recherche tant. Leur raisonnement en est simple : « c’est avec nous qu’ils ont fait la guerre, la paix ne sera possible que si nous le voulons ».
Sur cette base, les voilà donc qui entreprennent de torpiller au maximum cette recherche de la paix.

A grand-Bassam où le gouvernement les appelle à un dialogue républicain censé amorcer les pourparlers de réconciliation, ils font montre d’une attitude dédaigneuse à l’égard, non seulement de ce gouvernement mais aussi de l’ensemble des autres partis de l’opposition. Ils désertent nuitamment les lieux, à la veille même de la signature du communiqué final sanctionnant le conclave. Traduction : ils ne sont pas partants pour le dialogue républicain.
De fait, depuis de longs mois, les dirigeants de ce parti multiplient les actes attentatoires à la normalisation sociale. Leurs discours sont des brulots d’invectives, de railleries, de défiances à l’égard du pouvoir central. Ils traitent le chef de l’Etat d’illégal et de parvenu. Ils annoncent sa chute prochaine. Chaque meeting qu’ils sont autorisés à organiser est une porte ouverte aux appels à l’insurrection. Amani N’guessan, Koua Justin, Akoun Laurent, Yao Yao Jules, pour ne citer que les plus enragés, en ont fait leur violon d’Ingres. Ils sont en permanence à rebrousse-poil du processus de réconciliation en espérant que cela puisse impacter négativement la gouvernance actuelle.

Mais, au final, ont-ils gain de cause ? Leur arrogance et défiance ont-elles pu empêcher le gouvernement de poursuivre son travail de recomposition sociale, économique, institutionnelle de la Côte d’Ivoire ? Leur impertinence quotidienne a-telle empêché l’ouverture de la Côte d’Ivoire sur le monde extérieur, avec la ruée d’investisseurs ainsi que la confiance des bailleurs de fonds que cela induit ? Leur irrévérence à tout vent empêche-elle les Ivoiriens de mieux en mieux se soigner, de circuler, de manger à leur faim, de commencer à espérer fermement de lendemains meilleurs avec l’annonce des milliers d’emplois, de constructions d’usines qu’augure l’obtention dans quelques semaines du point d’achèvement de l’initiative PPTE ? En un mot comme en cent, ce pays a-t-il arrêté de vivre parce que le FPI ne veut pas de la réconciliation nationale ? Eh bien non !

Le ridicule dans cette attitude vient, lui, de la raison brandie par le FPI pour adopter ce comportement : la libération de Laurent Gbagbo et des anciens dirigeants actuellement en détention dans diverses prisons du pays.

S’agissant d’abord de Gbagbo, qui doit le libérer ? A partir du moment où il n’est pas aux mains de la justice ivoirienne, comment est-ce possible que cette justice l’élargisse ? Comment exiger à Ouattara et à son gouvernement de libérer un prisonnier qui n’est pas le leur ? C’est une pression bien risible que celle qu’exerce en ce moment le FPI sur le régime d’Abidjan. C’est à croire que ces gens n’ont même pas eux-mêmes foi en ce qu’ils entreprennent. C’est surtout à croire – et c’est le plus grave – que Laurent Gbagbo est devenu une sorte de marchepied pour Miaka et ses camarades pour asseoir leur propre avenir politique. Ils utilisent le nom et l’aura d’un pauvre prisonnier, dont ils savent très bien que les chances de recouvrer un jour la liberté sont extrêmement minces, pour se faire leur propre trou, trompant ainsi délibérément leurs militants.

Quant aux autres prisonniers, les « locaux », on peut également s’étonner que cette même direction du FPI n’oriente pas sa pression dans le sens d’une instauration rapide et efficace de leurs procès, en insistant pour qu’ils soient équitables. Crier à tue-tête leur mise en liberté inconditionnelle laisse de sérieux doutes sur la volonté réelle de cette direction de voir Affi N’guessan (président officiel), Sangaré (vice-président) Simone (2ème vice-présidente), et les autres, effectivement délivrés des liens de la prison. Ce qui aura pour conséquence, ne l’oublions pas, leur retour à leurs postes initiaux, balayant du coup ceux qui y plastronnent en ce moment.

Mais, en réalité, tout ce jeu sordide n’est presque rien devant l’indécence, le cynisme voire la cruauté dont le FPI fait preuve depuis la fin de la crise postélectorale.

Tout se passe en effet pour ce parti comme si la guerre n’avait pas eu lieu en Côte d’Ivoire. Comme les singes de la gravure, ces gens sont devenus aveugles, sourds, muets, amnésiques. Ils n’ont aucun souvenir de la terrible déflagration humaine qui a consumé les 3000 vies (officielles) dans ce pays. Comme s’ils venaient d’une autre planète, ils n’en font jamais mention. Dans aucune de leur déclaration, on a entendu un jour ces hommes et femmes s’incliner sur la mémoire des disparus de la crise. On a le net sentiment qu’ils s’en moquent royalement. A partir du moment où, eux sont en vie, leur progénitures également, les autres peuvent crever…

Et pourtant, ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire parce que Laurent Gbagbo a refusé de reconnaître sa défaite au lendemain de l’élection présidentielle est loin, très loin d’être une fiction. Les forces de sécurité à sa solde, ses milices et mercenaires étrangers, ont perpétré des tueries, des disparitions forcées, des viols généralisées jamais vus dans ce pays. Elles ont lancé des grenades à fragmentation sur des foules de manifestants, dont l’image la plus horrifiante reste sans conteste celle du massacre des femmes d’Abobo. La soldatesque de Gbagbo a procédé à des tirs de mortier sur des quartiers très peuplés et a atteints de nouveaux degrés de perversion en faisant brûler vifs des victimes en accord avec l’abject « article 125 ». Les nuits étaient devenues des enfers pour les habitants des quartiers indexés comme proches de l’opposition. Des hommes en armes y pénétraient et soustrayaient des concessions, jeunes, vieux et femmes considérés – le faciès et l’accoutrement faisant souvent foi – comme proches du RDR notamment.

Toutes ces horreurs sont sues du FPI et de ses dirigeants. Ils savent qu’elles n’auraient jamais été perpétrées si Laurent Gbagbo avait demandé à ce qu’il n’en soit pas ainsi.
Mais en aucune occasion, un seul membre de ce parti n’a laissé transparaître le moindre signe de regret, de remord, de repentance. Tout ce qu’ils ont à la bouche, c’est la libération de Gbagbo. Et ceux qui sont morts, estropiés, brûlés, dont les biens sont partis en fumée, qui les libérera de cet enfer sur terre ?

On peut le dire, le FPI jouit d’une sacrée chance au regard de la posture qui est la sienne face au processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire.

Cette chance vient d’Alassane Ouattara, un homme résolument de paix, de conciliation, prêt apparemment à laisser des bourreaux – ceux qui normalement doivent se repentir et demander pardon pour les fautes commises, exiger plutôt qu’on leur demande pardon à eux. Jean Marie Adiaffi disait : « Si on abaisse ton, lève-le fier ; s’il est hautain, baisse-le par humilité ». Le FPI n’est pas prêt pour à se soumettre à cet exercice. Les autorités ivoiriennes devraient en tirer les conséquences. Elles ne peuvent pas continuer à laisser une partie des Ivoiriens se moquer indéfiniment d’une autre. A l’arrogance et le mépris, il faut peut-être trouver un remède plus efficace.

KORE EMMANUEL
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