Nous venons d’écouter la synthèse des travaux des Commissions du Secrétariat général, des Délégués départementaux et communaux, de l’Union des Femmes du PDCI (UFPDCI), de la Jeunesse du PDCI(JPDCI) et du Comité de Direction.
Je tiens à féliciter le Professeur Alphonse Mady, Secrétaire général du Parti et les membres des commissions mises en place, pour le travail de qualité qui a été produit et qui nous a été présenté.
Je me réjouis de ce que les commissaires soient allés au fond du mal qui mine notre organisation et qu’ils n’aient pas observé, « la langue de bois ».
J’ai noté que les Commissions mises sur pied se sont livrés à une véritable catharsis de notre parti. Elles ont mis le doigt sur les raisons de notre déroute à ces deux consultations importantes, les élections présidentielles et législatives.
Le Comité national de campagne, les organes spécialisés du Parti, l’UFPDCI et la JPDCI n’ont pas été à la hauteur des espoirs placés en eux. Il en a été de même des délégués départementaux et communaux. Nos structures de base, les comités de base et les sections n’ont pas, elles non plus, fonctionné. Enfin, pendant les opérations de vote, nos représentants dans les bureaux de vote n’ont pas su mener à bien le travail qui leur a été confié, soit parce qu’ils n’ont pas été bien encadrés soit pour mille et une autres raisons évoquées dans la synthèse.
Les commissaires ont relevé les faiblesses qui ont été observées dans notre organisation au moment où nous nous engagions dans ces consultations. La conséquence de notre manque de préparation ou de notre amateurisme s’est traduite par les résultats décevants que nous avons enregistrés aussi bien à l’élection présidentielle qu’aux élections législatives. Nous n’avons donc pas réussi.
Par ailleurs, les commissaires ont montré que l’amitié se nourrit de vérité et que dans une alliance, les alliés doivent se donner des règles claires et précises, faute de quoi des quiproquos regrettables peuvent survenir, sources d’incompréhensions inutiles.
Les membres du corps médical savent que l’on ne peut soigner une plaie et espérer la guérir si elle n’est pas correctement nettoyée.
Nos commissaires et les différents intervenants au cours de la séance de travail ont donc diagnostiqué le mal. Il faut, à présent, trouver la médication adéquate, prendre les mesures idoines pour trouver le chemin de la guérison, le chemin du progrès et de la réussite.
Oui, nous devons prendre à présent les décisions qui s’imposent pour permettre à notre Parti de faire sa mue, faute de quoi nous serons comptables de son effritement et de sa disparition.
Mais nous ne devons pas nous décourager. Nous devons trouver des solutions et ne pas faire comme ces pauvres matelots qui, dès qu’ils rencontrent le premier obstacle, fuient leur bateau et le laissent tout seul dans la tempête.
De même, évitons de nous accuser mutuellement en recherchant des boucs émissaires partout, car en fin de compte, nous sommes tous responsables de cette déroute.
Ne faisons surtout pas l’autruche, ce grand oiseau des campagnes qui, dit-on, lorsqu’il perçoit un danger à l’horizon, s’aplatit au solen espérant de la sorte le repousser. Nous devons au contraire relever la tête et aller de l’avant, mais dans la cohésion, l’unité et le respect de nos idéaux. C’est de cette façon que le PDCI-RDA retrouvera le chemin de son succès.
Oui, avançons et faisons l’effort de regarder dans la même direction et d’accepter les critiques. C’est la seule manière de trouver des solutions à nos problèmes.
J’ai pris connaissance avec beaucoup d’intérêt des recommandations faites par les commissaires ; j’y adhère pleinement.
Le PDCI est un grand parti, mais face aux défis nouveaux et nombreux du moment, nous devons innover dans nos méthodes de gestion et nous adapter aux conditions nouvelles.
Il importe d’abord, de faire un retour en arrière et d’observer sa longévité sur la scène politique nationale. Cette longévité est la source des problèmes qu’il rencontre et notamment de l’animosité nourrie à son égard.
Créé en 1946, le PDCI a gouverné la Côte d’Ivoire depuis l’indépendance du pays jusqu’en 1999, soit pendant près de quarante années, sans interruption. Cette présence régulière sur la scène politique nationale a été, on l’oublie trop souvent, l’une des raisons du coup d’Etat de 1999. Sans le dire expressément, beaucoup de nos compatriotes, parce qu’ils voulaient, eux aussi, « goûter »à l’exercice du pouvoir, se sont réjouis du coup d’Etat, parce qu’ils voyaient là l’unique opportunité pour eux de se retrouver au sommet de l’Etat.
Il est important que les jeunes générations comprennent pourquoi le PDCI-RDA verra toujours se dresser contre lui, des formations politiques plus jeunes avec pour objectif soit de l’écarter, soit de l’écraser .Chacun se souvient encore de l’expression « le serpent n’est pas encore mort » !
Par contre, la forte implantation de notre Parti sur la scène politique nationale, résulte de la solidité de ses structures et du bilan qu’il peut présenter à tout moment et qui n’a pas encore être égalé.
Mais nous devons être conscients que le monde évolue. Combien sont-ils encore en vie, les militants qui se souviennent, de nos jours, de l’histoire héroïque de notre Parti, de ses combats contre le colonialisme, de ses batailles pour la libération de l’homme noir ? Ce type de militant, reconnaissant au PDCI pour l’avoir libéré du joug colonial, n’existe presque plus. Les jeunes générations qui n’ont pas connu cette période, veulent entendre un langage autre que celui qui était destiné à leurs parents. C’est pour cette raison que nous devons innover.
Les commissaires ont insisté, avec raison, sur le problème de financement du Parti.
Il y a quelques années, le Parti était financé par des cotisations des militants, prélevées à la source chez ceux d’entre eux qui étaient payés par les services de la solde. L’adoption du multipartisme a sonné la fin de ce mode de financement. Aujourd’hui, le militant doit être amené à payer sa cotisation en posant en personne cet acte qui devient un acte individuel et volontaire. Si je me risquais à poser la question de savoir combien parmi vous, dans cette salle sont à jour de leurs cotisations, je suis certain que beaucoup seraient embarrassés.
A cela, il faut ajouter et j’en suis conscient, la situation que vivent les militants depuis le coup d’Etat de 1999 où par jalousie, par simple brigandage ou par méchanceté, ils ont été pris pour cible et ont été dépouillés de leurs biens, sans compter la perte de leur emploi. Dès lors, payer sa cotisation, devient pour beaucoup, une gageure.
C’est la raison pour laquelle nous devons imaginer des modes de financement nouveaux aussi bien pour le Parti que pour les différentes élections : présidentielle, législatives, municipales, régionales.
Les collectes de fonds doivent être une priorité pour notre organisation et cela devrait se refléter au sein de sa structure organisationnelle. Au niveau national du Parti, il convient de nommer un Directeur des Finances, qui ne soit pas obligatoirement un membre des instances, mais un vrai directeur de finances avec des objectifs à atteindre. Celui-ci aura la responsabilité générale du développement des stratégies de collecte de fonds et du suivi de la vente des cartes du Parti. Cet expert devra rendre compte au Président du Parti.
La synthèse des travaux mentionne l’indiscipline en notre sein, ce qui a provoqué la perte de plusieurs postes d’élus, singulièrement au niveau des députés. Je veux remercier et féliciter ceux des nôtres qui se sont présentés comme candidats indépendants et qui sont revenus à la maison après avoir été élus. Nous les acceptons les bras ouverts, mais il n’empêche qu’ils ont commis un acte d’indiscipline qui a fait perdre de nombreux postes au Parti.
A ce niveau, il convient de s’arrêter quelques instants pour nous demander si nous avons toujours tenu compte de la volonté de la base, car, en fin de compte, c’est elle qui décide, c’est elle qui a le dernier mot, c’est elle qui vote. C’est pour éviter ces errements que les élections primaires, inscrites dans les statuts du parti, ont été suggérées comme mode de sélection. Elles permettent ainsi de départager plusieurs candidats de même valeur dans une circonscription. Nous devons y revenir.
S’agissant de notre alliance, personne ne peut nier le rôle joué par le RHDP que nous avons créé à Paris, le 18 mai 2005.Devant le dilemme auquel nous étions confrontés, face à un Chef d’Etat sans foi ni loi qui n’avait rien appris de ce qu’est la gestion d’un Etat, l’unique solution de préserver l’héritage du père fondateur était de nous mettre ensemble pour vaincre l’ennemi commun. Nous avons donc décidé de taire nos ranc?urs, nos différends, de nous pardonner mutuellement et de nous mettre ensemble. C’est ce qui nous a rapporté le succès que nous avons connu à l’élection présidentielle de 2010.Cette expérience a fait école, au Sénégal notamment. Nous connaissons le cas de certains partis politiques en Afrique qui ont choisi d’autres voies et qui n’ont pas connu le même résultat!
Mais, il faut des règles dans une alliance et s’il y a, à l’évidence, des grincements de dents dans nos rangs, cela est dû au fait que ces règles n’ont pas été appliquées. Il importe donc, à cet effet que, sur des points précis de politique nationale, les partis membres de l’alliance se concertent et prennent la décision qui convient le mieux pour tous.
Pour vivre ensemble, il est indispensable que chaque membre se retrouve dans les décisions prises au nom de l’alliance du RHDP. C’est pour cela que, le 8 février 2012, je parlais de dysfonctionnement et de réglages, « dysfonctionnements » qu’il faut rectifier, de sorte que la situation ne ressemble pas à celle du cheval et du cavalier.
Dans quelques mois seront organisées les consultations locales, les élections municipales et régionales. Il s’agit de consultations importantes et nous devons, dès maintenant nous y préparer.
Les recommandations faites dans la synthèse sont naturellement à prendre en compte, ainsi que je l’ai déjà indiqué. Il y a toutefois des urgences auxquelles il faut faire face dans les meilleurs délais.
L’une des faiblesses de notre organisation a été la communication dont le rôle est essentiel en ce XXIème siècle. Cette faiblesse a été relevée par tous. La circulation de l’information a fait défaut, au point que souvent, on ne savait pas toujours à qui s’adresser. Nous devons regarder cette situation en face et trouver rapidement la solution. Il nous faut des spécialistes en la matière et les responsabiliser. Le PDCI-RDA doit donc se doter d’un service de communication de pointe.
Une autre mesure urgente à prendre est la mise sur pied d’un comité électoral autonome. Un appel à candidature permettra de désigner un expert qui se chargera des élections au titre du PDCI-RDA et fonctionnera avec des agents qui recevraient un intéressement du parti, à l’image de la Commission électorale indépendante. Etant fonctionnaires du PDCI-RDA, les agents qui travailleront dans ce comité, n’auraient d’autre préoccupation que de s’occuper des élections du Parti. Ce comité aura à rendre compte au Président du Parti.
En plus de cet expert chargé des élections, le Parti devra mettre en place une structure uniquement chargée de la partie technique des élections. Cette structure pourrait s’appeler Comité de Suivi des Elections et devra proposer une organisation pour le suivi des différentes élections :
-indiquer une procédure de collecte et d’exploitation des données ;
-recenser les moyens (ordinateurs, fax, téléphones, etc.) nécessaires au bon déroulement du suivi des élections ;
-élaborer un programme informatique pour la saisie et l’exploitation des résultats, suivant le découpage administratif du Parti ;
-faire des études statistiques à partir des résultats des élections passées en vue de déterminer les différentes zones suivantes : zones acquises au Parti, zones à forte concurrence et zones à risques ;
-enfin, élaborer le budget humain et financier de la structure, pendant la précampagne, la campagne et surtout le jour des élections.
Le Parti dispose de cadres compétents pour mener à bien cette opération ; il suffit tout simplement de les responsabiliser.
Pour ce qui concerne les élections à venir, les élections municipales et régionales, le Parti devra s’atteler dans les meilleurs délais, au choix des têtes de liste .Il est souhaitable que cela soit fait le plus tôt possible pour éviter les situations que nous avons connues dans le passé. Les électeurs doivent être largement informés de la personnalité qui les représentera, évitant ainsi les candidatures de dernière heure. Les choix de dernière minute constituent souvent des sources de désagréments, comme nous l’avons observé ces derniers temps.
S’agissant d’élections locales, nous devons aller à ces consultations en RHDP. Les listes proposées doivent comporter des éléments de chacun des partis de l’alliance.
La municipalité ou la présidence du Conseil régional devrait comporter des personnalités issues de chacun des partis membres de l’alliance. De la sorte, nous mettrons véritablement en pratique le « gouverner ensemble » que nous avons adopté à Yamoussoukro. J’invite, ce faisant, à une gestion participative et inclusive des affaires de la nation.
Dans ce cadre, des démarches seront entreprises en direction du Président Alassane Ouattara, Président du Rassemblement des Républicains, afin que cette notion de gestion participative puisse s’appliquer aux services, aux directions et aux ministères. En effet, le développement national, le programme commun de gouvernement ne peuvent être une ?uvre réservée à des groupements d’hommes et de femmes de même profil ethnique, confessionnel, régional ou politique.
Les cabinets des différents ministères devraient arborer les couleurs de notre alliance, le RHDP, et non celles d’un seul parti. Chaque structure, chaque entreprise, publique ou privée, doit être le creuset de la diversité et de la richesse de l’unité nationale.
La mise en place d’une cellule de vivre ensemble ou de gouverner ensemble s’impose. Cette cellule devra définir les règles (nominations dans l’administration et sociétés d’Etat) du « gouvernement RHDP » et attirer l’attention des décideurs sur le non-respect de celle-ci.
Voici, très brièvement, quelques commentaires qu’il m’a paru nécessaire de faire à cette assemblée et je vous remercie de l’attention que vous m’avez accordée.
Henri Konan BEDIE
Président du PDCI-RDA
Je tiens à féliciter le Professeur Alphonse Mady, Secrétaire général du Parti et les membres des commissions mises en place, pour le travail de qualité qui a été produit et qui nous a été présenté.
Je me réjouis de ce que les commissaires soient allés au fond du mal qui mine notre organisation et qu’ils n’aient pas observé, « la langue de bois ».
J’ai noté que les Commissions mises sur pied se sont livrés à une véritable catharsis de notre parti. Elles ont mis le doigt sur les raisons de notre déroute à ces deux consultations importantes, les élections présidentielles et législatives.
Le Comité national de campagne, les organes spécialisés du Parti, l’UFPDCI et la JPDCI n’ont pas été à la hauteur des espoirs placés en eux. Il en a été de même des délégués départementaux et communaux. Nos structures de base, les comités de base et les sections n’ont pas, elles non plus, fonctionné. Enfin, pendant les opérations de vote, nos représentants dans les bureaux de vote n’ont pas su mener à bien le travail qui leur a été confié, soit parce qu’ils n’ont pas été bien encadrés soit pour mille et une autres raisons évoquées dans la synthèse.
Les commissaires ont relevé les faiblesses qui ont été observées dans notre organisation au moment où nous nous engagions dans ces consultations. La conséquence de notre manque de préparation ou de notre amateurisme s’est traduite par les résultats décevants que nous avons enregistrés aussi bien à l’élection présidentielle qu’aux élections législatives. Nous n’avons donc pas réussi.
Par ailleurs, les commissaires ont montré que l’amitié se nourrit de vérité et que dans une alliance, les alliés doivent se donner des règles claires et précises, faute de quoi des quiproquos regrettables peuvent survenir, sources d’incompréhensions inutiles.
Les membres du corps médical savent que l’on ne peut soigner une plaie et espérer la guérir si elle n’est pas correctement nettoyée.
Nos commissaires et les différents intervenants au cours de la séance de travail ont donc diagnostiqué le mal. Il faut, à présent, trouver la médication adéquate, prendre les mesures idoines pour trouver le chemin de la guérison, le chemin du progrès et de la réussite.
Oui, nous devons prendre à présent les décisions qui s’imposent pour permettre à notre Parti de faire sa mue, faute de quoi nous serons comptables de son effritement et de sa disparition.
Mais nous ne devons pas nous décourager. Nous devons trouver des solutions et ne pas faire comme ces pauvres matelots qui, dès qu’ils rencontrent le premier obstacle, fuient leur bateau et le laissent tout seul dans la tempête.
De même, évitons de nous accuser mutuellement en recherchant des boucs émissaires partout, car en fin de compte, nous sommes tous responsables de cette déroute.
Ne faisons surtout pas l’autruche, ce grand oiseau des campagnes qui, dit-on, lorsqu’il perçoit un danger à l’horizon, s’aplatit au solen espérant de la sorte le repousser. Nous devons au contraire relever la tête et aller de l’avant, mais dans la cohésion, l’unité et le respect de nos idéaux. C’est de cette façon que le PDCI-RDA retrouvera le chemin de son succès.
Oui, avançons et faisons l’effort de regarder dans la même direction et d’accepter les critiques. C’est la seule manière de trouver des solutions à nos problèmes.
J’ai pris connaissance avec beaucoup d’intérêt des recommandations faites par les commissaires ; j’y adhère pleinement.
Le PDCI est un grand parti, mais face aux défis nouveaux et nombreux du moment, nous devons innover dans nos méthodes de gestion et nous adapter aux conditions nouvelles.
Il importe d’abord, de faire un retour en arrière et d’observer sa longévité sur la scène politique nationale. Cette longévité est la source des problèmes qu’il rencontre et notamment de l’animosité nourrie à son égard.
Créé en 1946, le PDCI a gouverné la Côte d’Ivoire depuis l’indépendance du pays jusqu’en 1999, soit pendant près de quarante années, sans interruption. Cette présence régulière sur la scène politique nationale a été, on l’oublie trop souvent, l’une des raisons du coup d’Etat de 1999. Sans le dire expressément, beaucoup de nos compatriotes, parce qu’ils voulaient, eux aussi, « goûter »à l’exercice du pouvoir, se sont réjouis du coup d’Etat, parce qu’ils voyaient là l’unique opportunité pour eux de se retrouver au sommet de l’Etat.
Il est important que les jeunes générations comprennent pourquoi le PDCI-RDA verra toujours se dresser contre lui, des formations politiques plus jeunes avec pour objectif soit de l’écarter, soit de l’écraser .Chacun se souvient encore de l’expression « le serpent n’est pas encore mort » !
Par contre, la forte implantation de notre Parti sur la scène politique nationale, résulte de la solidité de ses structures et du bilan qu’il peut présenter à tout moment et qui n’a pas encore être égalé.
Mais nous devons être conscients que le monde évolue. Combien sont-ils encore en vie, les militants qui se souviennent, de nos jours, de l’histoire héroïque de notre Parti, de ses combats contre le colonialisme, de ses batailles pour la libération de l’homme noir ? Ce type de militant, reconnaissant au PDCI pour l’avoir libéré du joug colonial, n’existe presque plus. Les jeunes générations qui n’ont pas connu cette période, veulent entendre un langage autre que celui qui était destiné à leurs parents. C’est pour cette raison que nous devons innover.
Les commissaires ont insisté, avec raison, sur le problème de financement du Parti.
Il y a quelques années, le Parti était financé par des cotisations des militants, prélevées à la source chez ceux d’entre eux qui étaient payés par les services de la solde. L’adoption du multipartisme a sonné la fin de ce mode de financement. Aujourd’hui, le militant doit être amené à payer sa cotisation en posant en personne cet acte qui devient un acte individuel et volontaire. Si je me risquais à poser la question de savoir combien parmi vous, dans cette salle sont à jour de leurs cotisations, je suis certain que beaucoup seraient embarrassés.
A cela, il faut ajouter et j’en suis conscient, la situation que vivent les militants depuis le coup d’Etat de 1999 où par jalousie, par simple brigandage ou par méchanceté, ils ont été pris pour cible et ont été dépouillés de leurs biens, sans compter la perte de leur emploi. Dès lors, payer sa cotisation, devient pour beaucoup, une gageure.
C’est la raison pour laquelle nous devons imaginer des modes de financement nouveaux aussi bien pour le Parti que pour les différentes élections : présidentielle, législatives, municipales, régionales.
Les collectes de fonds doivent être une priorité pour notre organisation et cela devrait se refléter au sein de sa structure organisationnelle. Au niveau national du Parti, il convient de nommer un Directeur des Finances, qui ne soit pas obligatoirement un membre des instances, mais un vrai directeur de finances avec des objectifs à atteindre. Celui-ci aura la responsabilité générale du développement des stratégies de collecte de fonds et du suivi de la vente des cartes du Parti. Cet expert devra rendre compte au Président du Parti.
La synthèse des travaux mentionne l’indiscipline en notre sein, ce qui a provoqué la perte de plusieurs postes d’élus, singulièrement au niveau des députés. Je veux remercier et féliciter ceux des nôtres qui se sont présentés comme candidats indépendants et qui sont revenus à la maison après avoir été élus. Nous les acceptons les bras ouverts, mais il n’empêche qu’ils ont commis un acte d’indiscipline qui a fait perdre de nombreux postes au Parti.
A ce niveau, il convient de s’arrêter quelques instants pour nous demander si nous avons toujours tenu compte de la volonté de la base, car, en fin de compte, c’est elle qui décide, c’est elle qui a le dernier mot, c’est elle qui vote. C’est pour éviter ces errements que les élections primaires, inscrites dans les statuts du parti, ont été suggérées comme mode de sélection. Elles permettent ainsi de départager plusieurs candidats de même valeur dans une circonscription. Nous devons y revenir.
S’agissant de notre alliance, personne ne peut nier le rôle joué par le RHDP que nous avons créé à Paris, le 18 mai 2005.Devant le dilemme auquel nous étions confrontés, face à un Chef d’Etat sans foi ni loi qui n’avait rien appris de ce qu’est la gestion d’un Etat, l’unique solution de préserver l’héritage du père fondateur était de nous mettre ensemble pour vaincre l’ennemi commun. Nous avons donc décidé de taire nos ranc?urs, nos différends, de nous pardonner mutuellement et de nous mettre ensemble. C’est ce qui nous a rapporté le succès que nous avons connu à l’élection présidentielle de 2010.Cette expérience a fait école, au Sénégal notamment. Nous connaissons le cas de certains partis politiques en Afrique qui ont choisi d’autres voies et qui n’ont pas connu le même résultat!
Mais, il faut des règles dans une alliance et s’il y a, à l’évidence, des grincements de dents dans nos rangs, cela est dû au fait que ces règles n’ont pas été appliquées. Il importe donc, à cet effet que, sur des points précis de politique nationale, les partis membres de l’alliance se concertent et prennent la décision qui convient le mieux pour tous.
Pour vivre ensemble, il est indispensable que chaque membre se retrouve dans les décisions prises au nom de l’alliance du RHDP. C’est pour cela que, le 8 février 2012, je parlais de dysfonctionnement et de réglages, « dysfonctionnements » qu’il faut rectifier, de sorte que la situation ne ressemble pas à celle du cheval et du cavalier.
Dans quelques mois seront organisées les consultations locales, les élections municipales et régionales. Il s’agit de consultations importantes et nous devons, dès maintenant nous y préparer.
Les recommandations faites dans la synthèse sont naturellement à prendre en compte, ainsi que je l’ai déjà indiqué. Il y a toutefois des urgences auxquelles il faut faire face dans les meilleurs délais.
L’une des faiblesses de notre organisation a été la communication dont le rôle est essentiel en ce XXIème siècle. Cette faiblesse a été relevée par tous. La circulation de l’information a fait défaut, au point que souvent, on ne savait pas toujours à qui s’adresser. Nous devons regarder cette situation en face et trouver rapidement la solution. Il nous faut des spécialistes en la matière et les responsabiliser. Le PDCI-RDA doit donc se doter d’un service de communication de pointe.
Une autre mesure urgente à prendre est la mise sur pied d’un comité électoral autonome. Un appel à candidature permettra de désigner un expert qui se chargera des élections au titre du PDCI-RDA et fonctionnera avec des agents qui recevraient un intéressement du parti, à l’image de la Commission électorale indépendante. Etant fonctionnaires du PDCI-RDA, les agents qui travailleront dans ce comité, n’auraient d’autre préoccupation que de s’occuper des élections du Parti. Ce comité aura à rendre compte au Président du Parti.
En plus de cet expert chargé des élections, le Parti devra mettre en place une structure uniquement chargée de la partie technique des élections. Cette structure pourrait s’appeler Comité de Suivi des Elections et devra proposer une organisation pour le suivi des différentes élections :
-indiquer une procédure de collecte et d’exploitation des données ;
-recenser les moyens (ordinateurs, fax, téléphones, etc.) nécessaires au bon déroulement du suivi des élections ;
-élaborer un programme informatique pour la saisie et l’exploitation des résultats, suivant le découpage administratif du Parti ;
-faire des études statistiques à partir des résultats des élections passées en vue de déterminer les différentes zones suivantes : zones acquises au Parti, zones à forte concurrence et zones à risques ;
-enfin, élaborer le budget humain et financier de la structure, pendant la précampagne, la campagne et surtout le jour des élections.
Le Parti dispose de cadres compétents pour mener à bien cette opération ; il suffit tout simplement de les responsabiliser.
Pour ce qui concerne les élections à venir, les élections municipales et régionales, le Parti devra s’atteler dans les meilleurs délais, au choix des têtes de liste .Il est souhaitable que cela soit fait le plus tôt possible pour éviter les situations que nous avons connues dans le passé. Les électeurs doivent être largement informés de la personnalité qui les représentera, évitant ainsi les candidatures de dernière heure. Les choix de dernière minute constituent souvent des sources de désagréments, comme nous l’avons observé ces derniers temps.
S’agissant d’élections locales, nous devons aller à ces consultations en RHDP. Les listes proposées doivent comporter des éléments de chacun des partis de l’alliance.
La municipalité ou la présidence du Conseil régional devrait comporter des personnalités issues de chacun des partis membres de l’alliance. De la sorte, nous mettrons véritablement en pratique le « gouverner ensemble » que nous avons adopté à Yamoussoukro. J’invite, ce faisant, à une gestion participative et inclusive des affaires de la nation.
Dans ce cadre, des démarches seront entreprises en direction du Président Alassane Ouattara, Président du Rassemblement des Républicains, afin que cette notion de gestion participative puisse s’appliquer aux services, aux directions et aux ministères. En effet, le développement national, le programme commun de gouvernement ne peuvent être une ?uvre réservée à des groupements d’hommes et de femmes de même profil ethnique, confessionnel, régional ou politique.
Les cabinets des différents ministères devraient arborer les couleurs de notre alliance, le RHDP, et non celles d’un seul parti. Chaque structure, chaque entreprise, publique ou privée, doit être le creuset de la diversité et de la richesse de l’unité nationale.
La mise en place d’une cellule de vivre ensemble ou de gouverner ensemble s’impose. Cette cellule devra définir les règles (nominations dans l’administration et sociétés d’Etat) du « gouvernement RHDP » et attirer l’attention des décideurs sur le non-respect de celle-ci.
Voici, très brièvement, quelques commentaires qu’il m’a paru nécessaire de faire à cette assemblée et je vous remercie de l’attention que vous m’avez accordée.
Henri Konan BEDIE
Président du PDCI-RDA