Le PDCI-RDA file-t-il du mauvais coton? Mène-t-il le mauvais combat ? Oriente-t-il mal son viseur ? Bien des choses pourraient le laisser croire.
En tout cas, samedi dernier, alors que l’opinion s’attendait à une foire aux empoignes entre les militants de cette formation politique, au regard des passes d’armes à travers les journaux, le Bureau politique du vieux parti a plutôt ouvert le procès du RDR, son principal allié au sein du RHDP. La démarche est d’autant plus troublante que ce ne sont pas les cadres qui manquent pour poser d’éventuelles récriminations. Il y a d’abord les rencontres périodiques, mais pour le moins fréquentes, entre le Président Ouattara et son aîné Henri Konan Bédié. Il y a ensuite le cadre « naturel » du RHDP, plate-forme politique qui a résisté à bien des tempêtes et dont la présidence n’a jamais quitté les mains du parti cher à Houphouët-Boigny. Il y a enfin le « lien consanguin » du PDCI dont les deux partis sont historiquement issus et qui est de nature à les rapprocher dans des moments d’incompréhension. Pour tout dire, ce ne sont guère les espaces qui font tant défaut pour un dialogue fraternel mais franc entre les deux alliés.
Mais contre toute attente, le PDCI a décidé de laver le linge sale sur la place publique, à travers un réquisitoire virulent voire quasiment un procès à charges. C’est en tout cas ce que croient comprendre bien des militants du RDR. Là-dessus, le Bureau politique du samedi dernier ne leur a pas donné tort. Tant les piques « fratricides » n’ont pas manqué. Les républicains sont accusés ouvertement de donner dans des «intérêts partisans étroits», de ne pas apporter la sécurité aux Ivoiriens et de ne pas faire la promotion d’une «véritable armée républicaine». Comme si cela ne suffisait pas, le Bureau politique taxe ouvertement le parti du Président Alassane Ouattara de l’avoir floué dans le partage des postes au lendemain de la victoire électorale. Il annonce même vouloir diriger concomitamment le pays.
Il faut le dire, sans faux-fuyant, la déclaration du PDCI est un véritable pavé dans la mare du pouvoir commun, après seulement un an d’exercice. Le PDCI a parlé de son allié comme le ferait le FPI. Assurément, le débat devient malsain et certains sont légitimés à penser que le PDCI se met dans la peau du «cheval de Troie» de la refondation, dont le rôle est de ternir, souvent sans discernement, l’image des républicains et surtout du pouvoir. Si le PDCI voulait accabler son allié, lui porter une estocade plus ou moins sournoise, il ne se serait pas pris autrement.
Et pourtant, les faits sont là qui contredisent ce qui peut apparaitre comme des amabilités à un allié. Dans la gestion du pouvoir, Alassane Ouattara a toujours agi en parfait accord avec le président Bédié, qu’il consulte avant de prendre toute décision. Les Ivoiriens sont habitués à voir le Président de la République aller à Cocody et même à Daoukro chez son aîné Bédié pour recueillir son avis sur les sujets d’intérêt commun. Qui peut encore douter de la loyauté de Ouattara envers le PDCI ? Pendant la campagne, il avait promis la Primature au vieux parti. Il a tenu parole, avec l’avènement d’Ahoussou Jeannot. Dans la clé de distribution des postes, Ouattara a encore fait la part belle aux partisans de Bédié, qui sont à la tête des principales régies comme les Impôts, le Port, la SIR, Petroci, l’inspection générale en plus de ministères importants. On a vu (et on voit encore) ce ballet d’hommes et de femmes à Daoukro pour dire merci au Président Bédié, d’avoir été nommés à tel ou tel poste de responsabilité. A ce point, dire que le PDCI s’est taillé la part du lion dans la gestion du pouvoir apparait comme un truisme. Le fait est tellement manifeste que des cadres du RDR s’étaient plaints – et se plaignent encore, sous cape – de la part belle faite au PDCI, à leur détriment.
A la vérité, l’accusateur est celui-là même qui doit être mis au box des accusés. A la veille des législatives, le RDR d’Alassane Ouattara avait proposé d’y aller dans le cadre de l’alliance du RHDP. Refus poli du PDCI qui a dit vouloir aller «en rangs séparés mais pas dispersés». On remarque également que pour un allié politique, le PDCI est curieusement et totalement muet dans le débat sur la Cour Pénale Internationale où est appelé à comparaître leur bourreau commun, Laurent Gbagbo. Le RDR est-il le seul concerné par la question alors que des militants du PDCI ont été tués et brûlés vifs par la machine répressive de la refondation.
L’attitude du PDCI laisse dans bien des bouches un arrière-goût aigre ! Tout porte à croire que l’allié se laisse aller aux démons d’un chantage de mauvais alois. Pour sûr, le PDCI doit arrêter de faire l’enfant gâté, pour avoir un peu plus de gâteries. Quel est donc cet allié qui ne veut point se salir, qui n’entend pas aller au charbon mais qui veut juste des postes. Si ce n’est pas une alliance ciblée, ça y ressemble étrangement. C’est vrai que le PDCI a aidé à la victoire, mais avait-il un autre choix à opérer? Que serait-il devenu si Laurent Gbagbo avait gagné la présidentielle ? En votant Ouattara, le Pdci s’est sauvé lui-même. Par ailleurs, est-ce parce qu’en 2002, le parti socialiste français a appelé à voter Chirac pour freiner la montée du Front National que Chirac se sentirait obligé d’ouvrir un partage du pouvoir ? Le vieux parti doit éviter les querelles byzantines et s’engager franchement dans l’alliance du RHDP. Le clair-obscur et la politique de louvoiement n’ont jamais payé en politique. Car une alliance ne saurait être une allégeance.
Bakary Nimaga
En tout cas, samedi dernier, alors que l’opinion s’attendait à une foire aux empoignes entre les militants de cette formation politique, au regard des passes d’armes à travers les journaux, le Bureau politique du vieux parti a plutôt ouvert le procès du RDR, son principal allié au sein du RHDP. La démarche est d’autant plus troublante que ce ne sont pas les cadres qui manquent pour poser d’éventuelles récriminations. Il y a d’abord les rencontres périodiques, mais pour le moins fréquentes, entre le Président Ouattara et son aîné Henri Konan Bédié. Il y a ensuite le cadre « naturel » du RHDP, plate-forme politique qui a résisté à bien des tempêtes et dont la présidence n’a jamais quitté les mains du parti cher à Houphouët-Boigny. Il y a enfin le « lien consanguin » du PDCI dont les deux partis sont historiquement issus et qui est de nature à les rapprocher dans des moments d’incompréhension. Pour tout dire, ce ne sont guère les espaces qui font tant défaut pour un dialogue fraternel mais franc entre les deux alliés.
Mais contre toute attente, le PDCI a décidé de laver le linge sale sur la place publique, à travers un réquisitoire virulent voire quasiment un procès à charges. C’est en tout cas ce que croient comprendre bien des militants du RDR. Là-dessus, le Bureau politique du samedi dernier ne leur a pas donné tort. Tant les piques « fratricides » n’ont pas manqué. Les républicains sont accusés ouvertement de donner dans des «intérêts partisans étroits», de ne pas apporter la sécurité aux Ivoiriens et de ne pas faire la promotion d’une «véritable armée républicaine». Comme si cela ne suffisait pas, le Bureau politique taxe ouvertement le parti du Président Alassane Ouattara de l’avoir floué dans le partage des postes au lendemain de la victoire électorale. Il annonce même vouloir diriger concomitamment le pays.
Il faut le dire, sans faux-fuyant, la déclaration du PDCI est un véritable pavé dans la mare du pouvoir commun, après seulement un an d’exercice. Le PDCI a parlé de son allié comme le ferait le FPI. Assurément, le débat devient malsain et certains sont légitimés à penser que le PDCI se met dans la peau du «cheval de Troie» de la refondation, dont le rôle est de ternir, souvent sans discernement, l’image des républicains et surtout du pouvoir. Si le PDCI voulait accabler son allié, lui porter une estocade plus ou moins sournoise, il ne se serait pas pris autrement.
Et pourtant, les faits sont là qui contredisent ce qui peut apparaitre comme des amabilités à un allié. Dans la gestion du pouvoir, Alassane Ouattara a toujours agi en parfait accord avec le président Bédié, qu’il consulte avant de prendre toute décision. Les Ivoiriens sont habitués à voir le Président de la République aller à Cocody et même à Daoukro chez son aîné Bédié pour recueillir son avis sur les sujets d’intérêt commun. Qui peut encore douter de la loyauté de Ouattara envers le PDCI ? Pendant la campagne, il avait promis la Primature au vieux parti. Il a tenu parole, avec l’avènement d’Ahoussou Jeannot. Dans la clé de distribution des postes, Ouattara a encore fait la part belle aux partisans de Bédié, qui sont à la tête des principales régies comme les Impôts, le Port, la SIR, Petroci, l’inspection générale en plus de ministères importants. On a vu (et on voit encore) ce ballet d’hommes et de femmes à Daoukro pour dire merci au Président Bédié, d’avoir été nommés à tel ou tel poste de responsabilité. A ce point, dire que le PDCI s’est taillé la part du lion dans la gestion du pouvoir apparait comme un truisme. Le fait est tellement manifeste que des cadres du RDR s’étaient plaints – et se plaignent encore, sous cape – de la part belle faite au PDCI, à leur détriment.
A la vérité, l’accusateur est celui-là même qui doit être mis au box des accusés. A la veille des législatives, le RDR d’Alassane Ouattara avait proposé d’y aller dans le cadre de l’alliance du RHDP. Refus poli du PDCI qui a dit vouloir aller «en rangs séparés mais pas dispersés». On remarque également que pour un allié politique, le PDCI est curieusement et totalement muet dans le débat sur la Cour Pénale Internationale où est appelé à comparaître leur bourreau commun, Laurent Gbagbo. Le RDR est-il le seul concerné par la question alors que des militants du PDCI ont été tués et brûlés vifs par la machine répressive de la refondation.
L’attitude du PDCI laisse dans bien des bouches un arrière-goût aigre ! Tout porte à croire que l’allié se laisse aller aux démons d’un chantage de mauvais alois. Pour sûr, le PDCI doit arrêter de faire l’enfant gâté, pour avoir un peu plus de gâteries. Quel est donc cet allié qui ne veut point se salir, qui n’entend pas aller au charbon mais qui veut juste des postes. Si ce n’est pas une alliance ciblée, ça y ressemble étrangement. C’est vrai que le PDCI a aidé à la victoire, mais avait-il un autre choix à opérer? Que serait-il devenu si Laurent Gbagbo avait gagné la présidentielle ? En votant Ouattara, le Pdci s’est sauvé lui-même. Par ailleurs, est-ce parce qu’en 2002, le parti socialiste français a appelé à voter Chirac pour freiner la montée du Front National que Chirac se sentirait obligé d’ouvrir un partage du pouvoir ? Le vieux parti doit éviter les querelles byzantines et s’engager franchement dans l’alliance du RHDP. Le clair-obscur et la politique de louvoiement n’ont jamais payé en politique. Car une alliance ne saurait être une allégeance.
Bakary Nimaga