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Politique Publié le mardi 12 juin 2012 | L’Elephant Déchaîné

Réconciliation nationale : Halte au culte de la victimisation !

On se surprend souvent à sourire face à l’obscur processus de réconciliation nationale. Une vaste comédie africaine exécutée par l’ensemble des Ivoiriens. Sur la scène, les acteurs sociopolitiques, maitrisant parfaitement l’art de la victimisation. Ainsi, tout le monde se sent victime de tout le monde.
L’action se déroule sur la scène sociopolitique. D’abord le Fpi. Ce parti nous offre un bien piètre spectacle depuis une dizaine d’années. Fidèle à sa logique de se faire passer pour un souffre-douleur, il a vite fait de mettre la France et le Burkina Faso au banc des accusés pour justifier son incapacité à mater l’ex rébellion armée. Humilié par le Rhdp et ses alliés étrangers puis chassé du pouvoir à l’issue de la crise postélectorale, le Fpi ne tardera pas à remettre sur la table, la fameuse théorie du complot : le monde entier nous en veut. La victimisation demeurant l’une des meilleures armes pour faire parler d’elle, la conspiration de la françafrique et des garde-chiourmes du néocolonialisme français est l’argument le plus récurrent dans le discours de la refondation.
Ensuite le Rhpd, qui plagie pitoyablement le concept de son adversaire politique : le ‘‘c’est toujours la faute aux autres’’, cher au Fpi. Qui est fou ? S’interrogerait l’homme de la rue. ‘‘Si ça réussit à l’un, ça peut très bien réussir à l’autre’’. Ainsi, le Rhdp lance des accusations tous azimuts pour se dédouaner de sa part de responsabilité dans le conflit armé qui a opposé des Ivoiriens à d’autres Ivoiriens. L’alliance des houphouétistes, jette des pro Gbagbo en prison, en pousse d’autre à l’exil, dans le but de démontrer à l’opinion, que ces derniers, sont les seuls responsables de l’échec de la politique nationale. Le Rhdp, lui, est blanc comme neige.
Puis le peuple. Ah celui là ! Il accuse à tout va l’Etat, (oubliant qu’il en est l’une de ses composantes), le gouvernement, la classe politique, etc. Comme il a la mémoire oublieuse le peuple ! Ou alors est-il seulement de mauvaise foi ? Ses bourreaux, n’est-ce pas lui qui les suscite ? Ne sont-ils pas une émanation de sa volonté ? Pour avoir payé un lourd tribut à la crise postélectorale, il geindre, voue aux gémonies ses dirigeants, jure par tous les dieux qu’il ne mérite pas le sort à lui réserver.

Quand Banny s’y met lui aussi
Enfin, place à la réconciliation. Après les déchirures, quoi de plus normal que de panser les plaies. C’est ainsi, que l’un des plus pacifistes d’entre nous, fut chargé par le chef de l’Etat de conduire la réconciliation nationale. Une mission presque impossible, a en juger par le bilan a mis parcours de la Cdvr, jugé tout sauf positif par les populations et l’opposition socialiste : « La Cdvr est nulle, Banny tourne en rond », s’indignent-ils. Ce que les Ivoiriens ignorent, c’est que leur chef, les a traités de peuple d’ ‘‘impatients’’ à travers une interview. Qu’on sente encore ce climat réfractaire à tout rapprochement sociopolitique, qu’on hume malgré nous, la puanteur d’une hypocrisie qui ne dit pas son nom, cela ne dérange pas M. Ouattara. Il est persuadé que les choses ‘‘bougent’’ au niveau de la Cdvr. Pour lui, Charles est génial et fait un travail remarquable ! Mais M. Banny a bien l’intention lui aussi, de faire valoir ses talents de victime, las de voir ses compétences de conciliateur mis continuellement en doute. Il sermonne le gouvernement, lui reproche son manque d’implication dans le processus engagé depuis plus d’un an. On nous apprend qu’il a annonce un déplacement pour La Haye, après le train manqué de Korhogo.

Mettre un terme à la cacophonie
Si chacun de nous cessait de voir en l’autre son pire ennemi, ou celui qui a failli ; si chacun de nous s’arrêtait enfin, pour oser se convoquer soi-même au tribunal de la morale, cette vaste comédie stérile prendrait vite fin. Les responsabilités étant partagées, il incombe à chacun de nous, d’en assumer sa part avec la lucidité qui caractérise les êtres intelligents. Son introspection faite, la société doit prendre sur elle, de se responsabiliser en bannissant les tares qui la fragilise : la fainéantise, l’intolérance, le culte du gain facile, le complexe de l’innocence, la médiocrité, etc. Aux gouvernants, il est demandé d’appliquer les principes républicains, pouvant transformer le peuple en une nation véritable. Autrement, nos graves manquements continueront d’imprimer aux relations sociopolitiques un rythme ignoble de claudications. Mais le déplacement de Banny à La Haye va changer peut-être quelque chose.

Christiane Djahuié
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