Ils ont quitté leur Niger natal, sont arrivés chez nous plein de vie pour sauver la vie des Ivoiriens qui ne se font plus confiance et qui n’hésitent pas à se tirer dessus allant même à en brûler vifs. Ils sont venus nombreux derrière eux, femmes et enfants, parents et amis pour vivre la solitude militaire sur les fronts chauds ou les fronts de guerre. Avant-hier jeudi 14 juin, le Lieutenant Sahobi Dan Sanda, 49 ans, marié et père de quatre enfants ; Housséini Moukaïla, 32 ans, marié et père de deux enfants ; Haboubacar Djibo, 27 ans, célibataire, les caporaux Soumaïla Oubandawaki Na Allah, 27 ans, célibataire, Mahamadou Maman, 41 ans, marié et père de trois enfants ; le soldat de première classe Aboubacar Abdou Zoranto, 26 ans, marié sans enfant sont retournés à Niamey les pieds devant. J’imagine l’émotion et la douleur des leurs. Au colonel Azouman à l’Onuci, j’exprime mes compassions, ainsi qu’aux responsables de cette structure décentralisée de l’Onu. Bien sûr que je n’oublie pas d’adresser mes condoléances à la famille du caporal Touré Issiaka et les familles des civils qui ont perdu la vie dans l’attaque de Para que j’ai vécue presqu’en direct depuis Abidjan, depuis que mon jeune cousin Yao Kan, planteur dans la zone a dû parcourir des dizaines de kilomètres avec sa femme et ses enfants, fuyant les combats. Je ressens encore sa voix tremblante de peur qui disait, ‘’si notre armée ne vient pas en grand renfort, ça va être dramatique car ces gens semblent lourdement armés’’. Bref, je voudrais revenir sur la mort de mes cousins lointains du Niger (j’y reviendrai un jour car se sont de vrais cousins il y a près de 600 ans, leurs ancêtres et les miens partageaient la même surface du royaume dont Osséi Tutu en était l’un des dirigeants du côté du Ghana) pour rassurer tous ces soldats de l’Onuci, que nous avons conscience du sacrifice qu’ils font pour nous aider à retrouver l’amour des uns et des autres et à vivre en paix. Dans un proche passé, ils ont subi des agissements hors de tout bon sens et c’est clair que s’ils ne sont pas directement indexés et injuriés aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que ces sentiments habitent encore une certaine population. C’est déplorable, mais c’est malheureusement ainsi. Les Africains reprochent toujours à ceux qui viennent les aider, de les humilier, de les mépriser, de piétiner leur souveraineté. Et pourtant, leurs responsables politiques sont à la base des accords qui conditionnent la présence des partenaires sur leur territoire. Avant-hier, le pays légal a rendu hommage aux soldats nigériens tombés ; il était nécessaire, qu’au nom du pays réel, j’exprime ma compassion aux familles de ceux-ci. En restant dans la prière pour que Dieu préserve la vie de tous ces gens basés sur les hauteurs du mont Sébroko.
G.A
G.A