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Politique Publié le mardi 19 juin 2012 | Le Patriote

Odjé Tiakoré, porte-parole du RDR : “Le Président Ouattara tiendra parole”

Joseph Odjé Tiakoré, l’ainé des « grenadiers voltigeurs » et ancien Président de
la jeunesse du RDR a été nommé récemment en qualité de porte-parole du parti
républicain. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il parle sans détour du procès de
Laurent Gbagbo, de l’arrestation de Lida Kouassi Moïse, de l’arrogance du FPI et de la
dernière déclaration du PDCI RDA. Pour Odjé Tiakoré, il n’y a pas de doute, «Alassane
Ouattara tiendra parole et réussira sa mission»

Le Patriote : Odjé Tiakoré, vous avez été nommé récemment Porte-parole du RDR, mais
on ne vous entend pas. Que devenez-vous?

Odjé Tiakoré : Je suis bien là. Je suis un soldat. Dieu merci, nous y sommes arrivés.
Nous sommes arrivés au pouvoir. Pour le bonheur de la République. Nous soutenons
le Président de la République. Je demeure à la disposition du parti. Il a bien voulu me
confier un poste de Porte-parole pour bien faire comprendre le message du parti et le
travail du Chef de l’Etat. Nous allons nous y atteler. C’est le RDR qui a proposé Ouattara
aux Ivoiriens. C’est notre devoir de le soutenir dans son action.

L.P.: Justement, en tant que Porte-parole, vous parlez moins…

O.T.: Le plus important quand on est porte-parole, ce n’est pas de parler à tout vent, mais
à propos. Je crois que le moment est venu pour moi de croquer l’actualité, de dire les
choses, de faire en sorte qu’elles soient dites et bien comprises.

L.P.: L’audience de confirmation des charges de l’ancien Président, Laurent Gbagbo,
vient d’être reportée. Qu’en pensez-vous?

O.T.: Ce n’est que partie remise. Dans tous les cas, nous avons confiance en la justice.
La CPI est une justice des hommes. Je suis convaincu qu’elle ira jusqu’au bout de
sa procédure, qui est celle de rendre justice aux Ivoiriens, qui ont été meurtris et
traumatisés par un pouvoir criminel.

Mais à dire vrai, l’essentiel est déjà fait. Et cet essentiel, c’est le jugement du tribunal de
l’Histoire. Devant Dieu et devant l’Histoire, Gbagbo reste un dictateur qui a opprimé son
peuple et qui devra payer pour ce qu’il a fait. D’ores et déjà, ont peut se réjouir que ce
peuple en soit libéré, depuis le 11 avril.

L.P.: En dernière analyse, ce report n’est-il pas une petite victoire pour les avocats de
Gbagbo ?

O.T.: Vous savez, au fond, ils n’ont fait qu’aggraver son cas. Ce report signifie ni plus
ni moins que ceux qui sont chargés de la défense de Gbagbo n’ont pas en mains les
arguments susceptibles de faire libérer leur client. Et la CPI par l’acceptation de ce
report veut prendre en quelque sorte l’opinion à témoin. Elle veut afficher sa totale
indépendance et montrer toute la bonne foi et la transparence qui l’ont toujours
caractérisée. Elle se dit probablement qu’il ne faut pas donner du grain à moudre à ceux
qui parlent d’une justice aux ordres. Mais tout porte à croire, de mon point de vue et en
fonction de l’étendue et la gravité des crimes qui ont été perpétrés par son fait, que non
seulement le procès aura bel et bien lieu, mais Gbagbo a très peu de chance de s’en sortir
libre. Si vous voulez mon avis, ce monsieur en prendra pour au moins 80 années.

L.P.: Les tueries récentes de l’Ouest vous enragent-elles encore plus?

O.T.: Tout à fait. C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris cette attaque,
la énième du genre en Côte d’ivoire, en si peu de temps. Mais ceux qui jouent à ce jeu
doivent savoir qu’ils sont démasqués et que la détermination du gouvernement, du
parti au pouvoir, de l’ensemble des Ivoiriens, est plus grande que la leur. Quel que soit le
chemin qu’ils emprunteront, ils nous trouveront en face. Qu’ils se rappellent – et en cela
je suis parfaitement d’accord avec le ministre de l’Intérieur – qu’ils ont été au pouvoir,
qu’ils avaient la police, l’armée, la gendarmerie, les mercenaires, les miliciens. Pourtant,
ils ont perdu le combat qu’ils ont engagé. Leur seul salut réside à mon avis dans le choix
intelligent et lucide qu’ils devraient faire d’abandonner la voie des armes. Quant au FPI,
qui se cache derrière ces personnes, il gagnerait, en tant que parti qui a déjà exercé le
pouvoir d’Etat, à proposer autre chose que la mort et la désolation aux Ivoiriens.

L.P.: Y a-t-il une défaillance sécuritaire en Côte d’Ivoire, puisqu’il ne s’agit pas de la
première attaque qui endeuille les Ivoiriens ?

O.T.: «Défaillance sécuritaire» ? Moi, je parlerai plutôt de « surcroît sécuritaire ». Les
gens oublient souvent que nous venons d’extrêmement loin. Ce pays est sorti de la crise
postélectorale dans une situation sécuritaire plus que dramatique. On était à un niveau
zéro, voire moins dans ce domaine. Tout était à refaire. Vous savez, certains pays qui ont
vécu une situation beaucoup moins tragique que la nôtre, ont mis des décennies pour
atteindre la normalité, pour ne serait-ce que recouvrer l’intégralité de leur territoire.
Nous, nous avons la paix. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est à la manifestation
pour le moins barbare d’une poche d’agitateurs, localisés à l’Ouest et soutenus par
certains pontes du FPI, qui profitant d’une frontière poreuse, s’adonnent à des actes
condamnables. Le Gouvernement ivoirien, aidé de celui du Liberia, a décidé de prendre
le taureau par les cornes et les résultats, j’en suis convaincu, ne se feront pas entendre.
Vous savez, un proverbe de chez nous dit qu’on ne connaît la longueur du serpent que
quand il sort de son trou. Cette gangrène sera extirpée de nos pays. En Côte d’Ivoire, en
tout cas, nous allons mettre fin à ce genre d’attaques. C’est important pour les problèmes
de développement, de stabilité. Notre pays a un défi si grand à relever, celui de rattraper
son retard, qu’il ne saurait se laisser distraire plus longtemps par ces actes qui nous
ramènent en arrière. Nous avons fait beaucoup de chemin. Au moment où on parle de
l’Ouest, le pays a retrouvé sa plénitude, il est engagé sur la voie du développement, de
la construction de routes, d’écoles, d’hôpitaux, etc. Or, c’est justement cela que certainsveulent empêcher. Le FPI ne parviendra pas à ce résultat. L’ambitieux programme du
Président Alassane Ouattara profitera aux Ivoiriens. Le Président tiendra parole. Envers
et contre tous.

L.P.: Ces attaques sont tout de même de nature à vous fragiliser?

O.T.: En réalité, ce n’est pas le gouvernement qui est fragilisé. C’est la Côte d’Ivoire, c’est
la sous-région, qui en pâtit. A titre d’exemple, les événements du Nord-Mali fragilisent la
sous-région. Le monde fonctionne de telle sorte qu’aujourd’hui, le moindre événement
qui arrive dans un Etat, affecte l’ensemble des pays. Mais le FPI, je le redis, ne gagnera
pas cette bataille rétrograde. Ces gens ne pourront pas empêcher la Côte d’Ivoire d’aller
à son développement. Je voudrais le dire pour ceux qui demeurent encore dans les rêves.
Qu’ils se réveillent de leur hypnose. Il n’y aura rien.

L.P.: C’est l’arrestation de Moïse Lida Kouassi qui vous conforte dans cette position?

O.T.: Ce monsieur, de toute évidence, est un pion, un élément. Je ne saurai mesurer son
envergure réelle, mais c’est un élément d’une nébuleuse qui vient d’être pris. C’est sûr
que cela indispose et inquiète le camp adverse. C’est l’occasion pour moi d’inviter tous
les Ivoiriens et les militants du FPI qui n’ont rien à se reprocher à rentrer au pays, à
renoncer à la violence. Vous savez, la violence détruit celui qui la porte. Il faut qu’ils
reviennent en tant qu’opposants, qu’ils jouent leur rôle d’opposants, qu’ils critiquent
le Gouvernement, présentent un nouveau projet au peuple de Côte d’Ivoire. C’est dans
cette logique seulement qu’ils pourront prétendre, le moment des élections venus,
revenir au pouvoir. Qu’ils cessent surtout de se couvrir de ridicule en croyant que
Gbagbo va revenir de la Haye pour reprendre le pouvoir. Ce monsieur, au risque de me
répéter, ne sortira pas de si tôt de cette prison.

L.P.: C’est un discours qui ressemble à celui que le FPI a tenu pendant dix ans, accusant
Ouattara et le RDR de coup d’Etat et autres. Avez-vous des preuves solides contre le FPI?

O.T.: Le ministre de l’Intérieur les a fournis aux Ivoiriens et surtout aux négateurs
patentés des évidences. Aujourd’hui, nous avons un minimum de 3000 morts issus
de la crise postélectorale. Un ancien collaborateur de Gbagbo a même affirmé que ce
chiffre est en deçà de la réalité, l’estimant à 12 000 morts. Ce régime a donc perpétré un
massacre systématique de la population ivoirienne et particulièrement de l’opposition.
Ce n’est pas une fable. C’est de la réalité. La Côte d’Ivoire a une mémoire fraîche. Il faut
donc que les auteurs de ces crimes soient arrêtés et jugés. Pour que nous puissions nous
réconcilier enfin.

L.P.: certaines personnes estiment que le régime fait de la diversion avec ces attaques,
alors qu’il y a des grosses difficultés comme la cherté de la vie.

O.T.: Quand on est à la tête d’un Etat, les problèmes sont dans un pack. On ne saurait
donc privilégier un aspect au détriment d’un autre. N’oubliez pas que les caisses de l’Etat ont été pillées. Pour la première fois, un régime défunt casse la banque centrale.
On prend l’argent du pays et on se refugie à l’étranger. Toutes les administrations ont
été pillées. Nous avons trouvé un pays dévasté. Le Président Ouattara travaille sur
toute la Côte d’ivoire. Sans exception de régions et d’ethnies. En matière de routes,
d’infrastructures hospitalières, en matière d’électrification, etc. l’ancien régime avait
travaillé uniquement sur 40% du territoire. Le Président Ouattara, lui, travaille sur
100% de son pays. Bien sûr, il travaille sur des mécanismes qui permettront de réduire
le coût de la vie et donner du travail à tous. Le problème de l’inflation est inhérent à
tous les pays. Ce n’est pas uniquement un phénomène ivoirien. Au Sénégal, le Président
Macky Sall, à peine élu, va dans le même sens. C’est un phénomène presque mondial.
Nous comprenons l’impatience des populations. L’Etat travaille sur toutes ces questions.
Il travaille de façon urgente et active.

L.P.: Face à tous ces défis, on constate que la coalition qui gouverne le pays s’effrite. Ce
n’est pas de nature à créer la sérénité…

O.T.: Je ne crois pas que la coalition s’effrite. Il y a plutôt des problèmes d’appréciation
et de positionnement politique qui sont liés à une éclipse partielle de la mémoire de
certains de nos alliés. Quand on est un parti de Gouvernement, on ne parle pas n’importe
comment. Le RDR a pris le pouvoir avec un certain nombre d’alliés. Certains d’entre
eux, notamment le PDCI, ont la Primature et la plupart des postes régaliens. Beaucoup
de décisions qui sont prises au sommet de l’Etat le sont avec eux. Ils ne peuvent donc
pas, au détour d’une réunion, énoncer les faits tels qu’ils l’ont fait. Je n’interviendrai pas
sur le fond. Rien que sur la forme, il y a cette propension aux déclarations à l’emporte-
pièce, qui est désolante de la part du PDCI. En tant que parti au Gouvernement, ils sont
comptables des actions posées, à moins qu’ils désavouent les ministres issus de leurs
rangs, ainsi que le Premier ministre. Dans ce cas, ils doivent leur demander de rendre le
tablier. Vous savez, il m’arrive parfois d’être quelque peu déçu de nos alliés devant cette
course aux postes. Il y a par ailleurs, ces déclarations sur les prochaines élections qui
sont de nature à semer le trouble dans les esprits. Nous entamons à peine la deuxième
année de prise de pouvoir, les problèmes les plus ardus sont en train d’être traités. En
principe, on parle d’élections à la troisième ou quatrième année de mandat. Mais qu’un
parti allié annonce qu’il est candidat à une élection prévue dans quatre ans, c’est un
mauvais signal. Pour notre part, nous restons concentrés sur la mission confiée au Chef
de l’Etat par les Ivoiriens. Nous allons soutenir le Président et diffuser son message. Les
leçons que nos alliés semblent vouloir nous donner, au moment où Ouattara et son aîné
Bédié sont quasiment des alter egos dans la gouvernance de ce pays, ressemblent bien à
des procès d’intention mal inspirés. S’il y a un problème de nomination, ce n’est pas au
niveau du RHDP.

L.P.: Au fond, il n’y a pas que le PDCI qui grogne. Certains de vos militants estiment que
le Président gouverne certes pour tous les Ivoiriens, mais qu’il a oublié ceux qui ont
porté son combat depuis 17 ans.

O.T.: C’est un débat épineux et complexe. Vous savez, la gestion du pouvoir est totalement différente de celle d’un parti politique. M. Ouattara est Président de la
République de Côte d’Ivoire. C’est en tant que tel qu’il faut comprendre sa démarche.
Il doit satisfaire tous les Ivoiriens. Quitte même à appeler à certaines fonctions des
adversaires d’hier. Je voudrais demander aux uns et aux autres de garder leur calme,
de faire confiance au Président. En réalité, plus que des nominations, le problème qui
se pose est celui pour un grand nombre d’Ivoiriens, de s’établir, de faire des affaires
et de s’enrichir. Comme dans tout pays où tout citoyen peut avoir la prospérité par le
fruit de son travail. Il faut bien poser le problème. Vous connaissez la situation dans
laquelle nous avons trouvé ce pays. Il s’agit de relancer l’économie de sorte qu’elle
profite à chacun des citoyens. Un Président ne peut donner directement du travail à
plusieurs millions de citoyens en termes de recrutements. Mais quand l’économie est
prospère, que des investisseurs arrivent, que des entreprises ouvrent, en ce moment
le secteur privé absorbe les non travailleurs. Il faut faire confiance au Président. Que
les militants du RDR et les Ivoiriens gardent leur sérénité. Nous sommes dans la phase
la plus difficile de notre combat. Nous sommes au pied du mur. Faut-il partager les
fruits, les consommer alors que l’arbre ne s’est même pas encore enraciné ? C’est de cela
qu’il s’agit. Donnons le temps au Chef de l’Etat de créer les conditions d’une prospérité
continue. Il faut créer des conditions économiques favorables et profitables à tous.

Interview réalisée par Kigbafory Inza
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