La gestion des affaires publiques, est décidemment un exercice bien difficile et périlleux pour toute nouvelle classe dirigeante qui accède au pourvoir. Et cela, quelque soit la valeur intrinsèque et la probité morale de ses membres. Après les régimes d’Houphouet Boigny et de Henri Konan Bédié (si nous acceptons de ne pas considérer le triste intermède du général Gueï Robert), Gbagbo et ses hommes ont entrepris, au lendemain de leur ascension au pouvoir en 2000, de lancer un slogan nouveau : La refondation. En fait, les frontistes voulaient reconstruire une nouvelle Côte d’Ivoire. Celle de leur rêve d’opposants longtemps restés enfermés dans les amphis et autres salles de Td des universités. Coupés de la réalité qu’ils étaient et ignorants de la gestion des affaires publiques, Gbagbo et ses camarades, se sont empressés de rebaptiser les ministères puis les sociétés d’Etat. Comme si ces nouvelles dénominations pouvaient changer quelque chose au contenu et au fonctionnement de ces structures. Après dix années de règne, tout ce qui nous reste de ces structures, ce sont juste leur dénomination. Sur le terrain, les Ivoiriens n’ont rien remarqué de ces changements de nom. Ou du moins, n’ont rien ressenti dans leur existence quotidienne. Comme un remake, ils constatent que les républicains du président Alassane Ouattara sont en train de s’adonner, eux aussi à ce petit jeu. La grande majorité des structures étatiques est plongée dans les eaux du Jourdain pour y être baptisée. La Fds sont devenus Frci, la Rti est désormais baptisée Rt1 et Rti2, le Cnca s’appelle maintenant la Haca, … La liste est décidemment longue. Cela traduit bien la volonté des nouvelles autorités de ne pas marcher dans les traces de leurs prédécesseurs de refondateurs. Comme s’ils craignaient que cela leur porte malheur. Des personnalités interrogées sur cette question ont expliqué que les nombreux changements de dénomination s’inscrivent parfaitement dans le cadre des nouvelles attributions que le président Ouattara a conféré à ces sociétés ou structures d’Etat. Soit. Mais pour le citoyen lambda, tout ceci fait bien photocopie. Et comme les mêmes causes produisent (généralement) les mêmes effets…
T. G
T. G