Dans cette interview, Dely Mamadou, président du groupe parlementaire UDPCI souffle le chaud et le froid. De la santé de son parti au découpage électoral, en passant par l’actualité sociopolitique du moment, le député de Biankouma, Blapleu, Kpata et Santa répond sans détours aux questions de l’IA.
Comment va le groupe parlementaire UDPCI et quels sont ses rapports avec les autres groupes parlementaires qui composent le parlement ivoirien ?
L’UDPCI, le parti du président Albert Toikeusse Mabri a su tirer son épingle du jeu avec neuf députés, au prix d’une lutte politique farouche. Le groupe parlementaire se porte bien. Nous avons notre place à l’Assemblée nationale. Nous comptons jouer notre rôle non pas pour avoir ce son discordant mais différent. C'est-à-dire une contradiction constructive pour la bonne marche de l’Assemblée nationale. Nous avons de très bons rapports avec les autres groupes parlementaires, parce que nous avons tous cette destinée commune d’être des représentants de la nation. La différence, c’est certainement dans les sensibilités, mais nous avons de bons rapports avec les membres et les présidents de ces différents groupes parlementaires pour le moment.
Nous avons l’impression que le processus de réconciliation bat de l’aile, surtout avec l’extradition de Lida Kouassi Moïse du Togo et des 41 présumés miliciens du Liberia. Quel est votre commentaire sur ces faits ?
Je ne partage pas votre avis, tendant à dire que le processus de réconciliation a pris du plomb dans l’aile. La réconciliation nationale est un processus. Il suffit de jeter un regard dans le rétroviseur. Le 11 avril 2011, dans quel état se trouvait le pays ? Les relations de méfiance et de peur secouaient le pays. Les gens couraient dans tous les sens. Aujourd’hui, un an à peine après, on parle de plate-forme de discussion entre l’opposition et le gouvernement. Je pense qu’il y a des pas positifs. La Commission Dialogue Vérité Réconciliation dirigée par le Premier ministre Charles Konan Banny fait son petit bonhomme de chemin. Les gens sont impatients parce que la réconciliation urge. Mais en même temps, il faut savoir que la déchirure sociale arrive facilement, mais le colmatage n’est pas toujours un processus qui se décrète. Il se vit et c’est au fur et à mesure qu’on l’améliore. Ceci étant, l’extradition de certaines personnes proches du pouvoir passé ne peut constituer en soi un élément bloquant. Je pense que l’extradition de Lida Kouassi a été un acte de sûreté nationale. De quoi s’agissait-il ? Lida Kouassi a témoigné. Les gens vont nous faire croire que c’est un témoignage extorqué sous la torture, mais moi je n’y crois pas. Lida Kouassi a été arrêté au Togo dans une relation entre nos services et les services togolais. Je ne pense pas qu’ils l’aient accueilli sur leur territoire pour du jour au lendemain l’extrader. Pourquoi c’est le seul qui a été extradé alors qu’ils sont nombreux là-bas ? Lui-même a témoigné et vous avez vu comment les choses se sont passées. A peine est-il arrivé que les attaques se sont multipliées à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Et d’ailleurs, deux jours avant, Human Rights Watch avait produit un rapport. Le gouvernement libérien a eu à démentir cela le lendemain. Le surlendemain, nous avons vu cette avalanche de violence et de meurtres dans cette région. Il y a là une concordance de faits qui fait que nous ne pouvons que saluer l’extradition de Lida Kouassi. Il n’y a pas d’impact sur la réconciliation. Est-ce qu’il peut avoir la réconciliation dans la violence ? Si la chienlit s’installe, on réconcilie comment les gens ? si les gens sont dans leur coin en train d’attendre le sauveur, en train de rêver que du jour au lendemain Laurent Gbagbo va revenir de La Haye pour être au palais présidentiel au Plateau ici. Pour cela, ils refusent carrément toutes les mains tendues et les opportunités qu’on leur offre. Ils refusent même de faire un effort sur eux. Moi je voudrais qu’en Côte d’Ivoire nous nous disions la vérité. Le problème aussi c’est cela. Il n’est pas normal que des acteurs importants de la politique nationale, les responsables de LMP ou du FPI se dédouanent toujours de toute responsabilité de la situation qu’a connue notre pays ces dernières années. Ce n’est pas normal. Donc il faut que chacun accepte de faire son mea culpa. Que chacun accepte de dire : oui j’ai posé tel acte et j’ai pensé que j’étais en droit de le faire mais en réalité, j’ai envenimé une situation qui a conduit à une telle situation.
Au niveau de la CDVR, on dénonce le fait que tout le travail abattu est en train d’être balayé par l’activité des pourfendeurs. Qu’en pensez-vous?
Je ne suis pas de cet avis. Je pense qu’on a bien dit Commission dialogue, vérité et réconciliation. Dans le mot vérité, il y a la justice. On ne peut pas construire un Etat fort ou une nation où chacun se retrouve quelle que soit sa position dans les quatre coins du pays si on laisse prospérer l’impunité. Les trois mille morts, c’est une foudre qui les a tués ? Est-ce une colère de Dieu ou sont-ce des hommes qui volontairement ont fait cela ? L’article 125, c’était une réalité ou alors une vue de l’esprit ? Est-ce qu’on n’a pas brûlé des gens avec des pneus à Yopougon ? Est-ce qu’on n’a pas ces vidéos en ce moment sur internet ? Moi, j’ai vu ces vidéos ! Il y a eu des actes qui ont été posés par des gens. Il faut bien qu’on apprenne à rendre justice pour que les gens ne pensent pas que la violence c’est ce qu’il faut pour notre pays.
Charles Blé Goudé dans le sens de la réconciliation a fait une sortie le mercredi 27 juin 2012 dans laquelle il a demandé à rencontrer Charles Konan Banny en Afrique du Sud et s’est dit disposé à aller à la CPI. Quel commentaire faites-vous ?
Charles Blé Goudé a dit qu’il est le plus grand patriote. Si la justice a besoin de lui, en tant que patriote, c’est en Côte d’Ivoire qu’il doit venir pour d’abord faire face à la justice pour ce qu’on lui reproche. Je ne suis pas d’accord avec Charles Blé Goudé. Quand il dit qu’il ne se reproche rien et qu’il est un mobilisateur de rue, ce n’est pas vrai ! ‘’A chacun son petit blanc’’, c’est de Charles Blé Goudé et les conséquences, on sait ce que cela a donné ! Les jeunes qui faisaient les barrages pendant la crise à Yopougon, qui allait à ces barrages pour les encourager à coup de matraquage médiatique ? C’est Charles Blé Goudé qui allait leur dire de faire bien leur travail ! Pendant ce temps, qu’est-ce que ces jeunes gens faisaient ? Ils arrêtaient les gens et les jugeaient sur la base de leur appartenance politique. Ils décidaient de leur sort en les brûlant ! Qui est allé à l’état-major pour dire aux jeunes de venir prendre les armes ? Ces jeunes qui ne savaient pas manipuler les armes quand ils les ont pris qu’est-ce qu’on a vu à Yopougon ? C’est ça la responsabilité de l’homme politique qu’il est et c’est à cela qu’il doit venir répondre. Moi j’ai pensé qu’en tant que patriote il allait demander à être jugé dans son pays. Il veut aller à la CPI. Mais qu’il se présente à la CPI ! Ce n’est plus à lui de dire aux autorités ivoiriennes ce qu’elles ont à faire. Ce n’est pas à lui de donner des ordres à la CDVR. La CDVR est une initiative du président Alassane Ouattara pour que la paix revienne au pays. Ce n’est pas un instrument que les gens vont utiliser comme ils veulent ! Il est sur le banc des accusés et il a droit à une défense. Il y a un mandat d’arrêt contre lui, il faut qu’il y réponde d’abord. Et on va voir devant la justice preuve contre preuve s’il est responsable ou non.
Le PDCI a, à l’issue de son Bureau politique du 27 mai, fait des critiques sur la façon dont se gère le pouvoir. Est-ce que l’UDPCI a la même analyse de la situation que le PDCI-RDA ?
Avec tout le respect que j’ai pour le PDCI et tous les partis composant le RHDP, ce n’est pas à moi qu’il revient de me prononcer sur ce que le PDCI reproche ou reprocherait à la gestion de l’Etat. Mais pour ce qui concerne l’UDPCI, vous voyez bien que nous parlons tous les jours. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas encore eu entorse à la libre expression. Si nous avons des choses à reprocher dans le cadre du RHDP à la gestion du mandat du président Alassane Ouattara, nous le dirons. En tout cas au sein de mon parti, nous sommes pour le moment satisfaits de la gestion des affaires de l’Etat. Parce que nous savons que notre président Toikeusse Mabri jouit d’une grande confiance de la part du Président de la République et qu’il lui rend si bien également. Cela aujourd’hui participe réellement de la bonne exécution du programme de gouvernement du président Ouattara. La preuve, le Plan national de développement (PND) qui regroupe le programme économique et le document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp) est le socle du PPTE dont le point d’achèvement a été atteint le mardi 26 juin. Qui est le père du PND ? C’est le président de mon parti. Qui l’a mandaté et dans quel cadre ? C’est le président Alassane Ouattara dans le cadre du soutien que l’UDPCI lui a apporté. Je pense que nous n’allons pas faire feu de tout bois. Etre dans une alliance, c’est aussi savoir respecter les uns et les autres. Le RDR est venu avec 32 %. Il est venu en tête des partis du RHDP donc le partage sera toujours en sa faveur. Nous demandons toutefois que l’esprit de communication et de concertation entre nos présidents demeure, pour que des gens animés de mauvaises intentions ne viennent pas saper le bon travail qui est en train d’être fait.
La Côte d’Ivoire est le 33e pays au monde qui vient d’atteindre le point d’achèvement de l’Initiative PPTE. Quel est le sentiment qui vous anime en tant que député de la nation?
Nous ne devons pas ironiser avec le fait que notre pays ait atteint le point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endettés. On ne décrète pas un pays pauvre. C’est une réalité. Ce sont les chiffres qui font qu’on classe les pays. On a vu comment la gouvernance s’est faite jusqu’aujourd’hui. Le problème vient des programmes d’ajustement structurel depuis 1983. On parlait cette année là de conjoncture, mais en réalité on était en crise depuis lors. Notre pays a effectivement régressé. On l’a constaté. Depuis les grandes œuvres d’Houphouët-Boigny, c’est comme si le développement s’était arrêté. Mais en fait c’est parce que le pays était devenu pauvre. On vivait de dettes. Donc moi je me réjouis parce qu’on est dans un système capitaliste et c’est ce système qui qualifie les pays. Si tu es pays pauvre, ce n’est pas parce qu’on n’aime pas ta tête. Maintenant on nous a imposés un programme qui devait nous amener à l’annulation d’une partie de nos dettes. On doit s’en réjouir parce que c’est à partir de là qu’on doit résoudre nos problèmes. Il y a des ressources qu’on affectait au remboursement de la dette qui vont être affectées à d’autres choses et on espère que cela va profiter au citoyen lambda. Il faut que chacun sente au moins que ces ressources là engendrent des emplois, améliorent les salaires des fonctionnaires, et de façon générale le quotidien des Ivoiriens.
Lors du conseil des ministres du 27 juin 2012 à Yamoussoukro, le président de la République a informé le conseil de la déclaration de son patrimoine à la Cour des comptes. Il y a bien longtemps que les Ivoiriens attendaient cela…
Je me réjouis de l’annonce du président de la République. Je pense qu’il aurait pu faire cela un peu plus tôt. Mais ce n’est pas encore tard. Le contexte dans lequel nous étions peut-être, justifie que ce soit un an après que cette déclaration se fait. Parce que moi j’ai été gêné quand des amis du Sénégal m’ont appelé pour dire que ‘’notre président vient d’être élu à peine, il a déjà déclaré ses biens et ton président pourquoi il n’a pas encore déclaré ses biens ?’’. J’ai répondu pour dire attendez, il va les déclarer. Donc c’est moi qui suis très heureux parce que le Président Alassane Ouattara est un label, une chance pour la Côte d’Ivoire. Ce ne sont pas tous les présidents dans le monde qui sont estimés. Demandez aux membres du gouvernement qui vont en missions dans les grandes institutions, où on a besoin de l’aide pour impulser le développement et voyez la place qu’on leur donne. C’est à cause de l’aura d’Alassane Ouattara. Cela rejaillit aujourd’hui sur le pays. Tous les fonds qui étaient bloqués dans le financement du bitumage de certaines routes ont été débloqués à l’arrivée d’Alassane Ouattara. Aujourd’hui, Abidjan est en chantier, le troisième pont est en train de se faire. Donc pour lui, il faut qu’on fasse en sorte que les choses se passent bien pour que cette aura reste intacte.
La CEI prépare activement les élections municipales. Est-ce qu’il faut avoir confiance en l’équipe de Youssouf Bakayoko et quelle leçon tirez-vous de l’organisation des législatives quand six mois après, deux circonscriptions attendent toujours leurs députés ?
Pour les législatives passées tout comme pour les présidentielles, la CEI a bien travaillé. Les problèmes que nous avons eus ont leurs sources ailleurs qu’à la CEI. Si aujourd’hui les circonscriptions de Facobly et de Bonon n’ont pas encore connu leurs députés, ce n’est pas la faute à la CEI. C’est le Conseil constitutionnel qui est assis sur les dossiers, alors qu’il doit mener des enquêtes pour donner le verdict. Parce que pour les élections qui ont été reprises après décembre, le Conseil Constitutionnel n’a pas mené d’enquête. Je ne sais pas d’où il a tiré ses informations, mais les résultats proclamés n’avaient rien à voir avec la réalité. Et il a donné raison à la CEI qui avait proclamé les résultats. On est parti aux partielles et les mêmes candidats recalés ont encore remporté la victoire. Cela a fait gaspiller de l’argent à l’Etat inutilement. Je sais qu’à Facobly, Evariste Méambly a gagné. Tout le monde le sait. Je ne sais pas si c’est sa tête qui ne plaît pas aux gens, mais aujourd’hui, on veut rompre avec les habitudes qui font qu’on reste de mauvaises personnes au niveau de la vie politique nationale. La majorité est déjà dégagée à l’Assemblée nationale. C’est celle du RDR. Ce ne sont pas ces deux sièges qui vont changer quelque chose à l’Assemblée. A ma connaissance, le candidat indépendant Kouadio Kouassi Denis a gagné à Bonon. Il faut qu’on proclame ces résultats ! Mais on tergiverse pour donner du grain à moudre à nos adversaires. Peut-être que notre voix ne peut pas porter ou influencer la décision, mais on exprime ce qui se murmure dans le peuple. Si vous journaliste, vous revenez sur cette question, c’est parce que les gens en parlent. Donc le Conseil constitutionnel doit prendre ses responsabilités. Il a les procès-verbaux, il faut qu’il les analyse. L’Onuci était sur le terrain aussi. On peut tenir compte de son avis ! Une circonscription sans député, est une circonscription délaissée. On me dira que le député n’est pas un agent de développement direct. Mais attention, les questions foncières, les questions de sécurité, les questions du redéploiement de l’administration, la réhabilitation des locaux de l’administration et des résidences des préfets et sous-préfets. Pour toute sorte de question nationale qui se répercute au niveau local, le député est mis à contribution. Aujourd’hui Facobly a perdu son maire Gnan Raymond décédé en exil. Du coup Facobly se retrouve sans élus donc sans repère. A qui cette ville ou circonscription confie-t-elle ses problèmes ?
Pour vous y a-t-il quelqu’un qui manipule ?
Je ne peux pas le dire. Mais le Conseil constitutionnel communique peu. Donc on ne peut pas savoir quelles sont les méthodes qui gouvernent leur travail. Il y a une opacité et une lenteur. Ça donne l’impression qu’on veut y fabriquer les gagnants. J’en parle parce que j’ai été une victime de ces pratiques et cela m’a coûté beaucoup de choses ainsi qu’à mon parti. Or il n’y a pas de compensation. Il travaille sur des textes qui sont clairs. Il doit pouvoir se prononcer sur les plaintes qui lui parviennent. Je ne dis pas d’éplucher les dossiers en moins de 48 heures, mais je dis qu’il y a eu déjà trop de temps perdu pour deux circonscriptions.
Que pensez-vous du nouveau découpage électoral ?
Le nouveau découpage ne laisse personne indifférent. Il y en a qui rient sous cape aujourd’hui parce que bien servis par ce nouveau découpage, mais d’autres reniflent leurs frustrations. Je vais prendre des cas concrets. Il y a des régions dont la population et la superficie dépassent deux fois celles de deux autres régions réunies. On fait ça aujourd’hui. Mais demain quand d’autres vont se plaidre, parce qu’on ne va pas rester dans l’urgence éternellement, est-ce que ça va être un abus pour les auteurs du découpage qui ont cru bien faire pour avancer le pays ou alors ça va être quelque chose que l’histoire va retenir contre eux. Je veux parler des régions. Mais pire encore, ce découpage qui a conduit aux législatives n’a pas été objectif. Je veux qu’on me contredise à partir des chiffres. Je suis député d’une circonscription qui fait 22 mille électeurs pour un seul député. Il y a Zouan Hounien qui a 37 mille électeurs pour un seul député. La circonscription de Kong qui fait moins de 13 mille électeurs est passé d’un (1) à trois (3) députés. Je demande aux instances de l’Assemblée nationale de convoquer le ministre de l’intérieur Ahmed Bakayoko pour expliquer les critères qui ont motivé ce découpage. Ce que nous savions auparavant, c’est qu’il y avait deux critères. La population pour 75 % et la superficie pour 25 %. Quand j’applique cela au découpage actuel, je ne me retrouve pas. Donc ce sont les experts comme Bamba Cheick Daniel qui est son directeur de cabinet qui doivent venir nous expliquer ce qui a prévalu pour ce découpage. Je le dis et le PDCI l’a dénoncé à son Bureau politique. On va passer bientôt à un autre découpage, celui des communes. Parce que celles qui ont été créées avec des intentions électoralistes par Gbagbo ont été annulées. Mais quels sont les critères qui vont guider la nouvelle communalisation ? Qu’on nous dise si le postulat de ce que tous les villages de Côte d’Ivoire seront dans un périmètre communal sera respecté. Si cela est maintenu, sur quoi on se base pour dire que telle localité est commune? Je le dis parce que tous les préfets de Côte d’Ivoire ont déjà appelé les cadres d’un certain niveau pour faire part d’une proposition de découpage pour les communes. C'est-à-dire que désormais, la superficie sous-préfectorale est égale à la superficie communale. Ça c’est un bon découpage avec lequel je suis d’accord. A moins que des gens en rajoutent des sous-préfectures superflues à des fins électoralistes. Pour ce qui est des communes, l’Assemblée nationale est déjà installée et le découpage ne sera pas fait par ordonnance et nous attendons le ministre de l’Intérieur. Il faut bien que la parenthèse des ordonnances puisse se fermer parce que l’Assemblée nationale fonctionne. Et la prédisposition du président Alassane Ouattara qui a dit que l’Assemblée nationale prendra toute sa place, favorisera le vote de cette loi par le parlement.
Vous êtes jeune et déjà président du groupe parlementaire de l’UDPCI. Quel est le message que votre parti entend ainsi envoyer ?
Je voudrais simplement dire à la jeunesse ivoirienne qu’aujourd’hui, à travers le monde, ce sont les jeunes qui sont au devant de la destinée de leurs peuples. Ce sont les réalités qui me le font dire. Ils ont donc leur part à prendre. Je voudrais particulièrement m’adresser aux jeunes qui ont soutenu le Président Laurent Gbagbo hier, aux jeunes ivoiriens. Pour dire qu’ils ont été guidés par une certaine vision de la vie politique de ce monsieur, Ils ont lutté au prix de leur vie. Mais je leur dis que la vie d’une nation ne s’arrête pas à un individu. Laurent Gbagbo répond aujourd’hui des actes dont il a été l’inspirateur et le maître penseur. Et c’est normal que devant la justice, il puisse s’expliquer. Ça ne veut pas dire qu’ils doivent se mettre en marge parce que le pays avancera avec ou sans eux. Je demande que ce soit avec eux. Je sais qu’il y a des leaders qui se sont remplis les poches tels qu’ils ne peuvent pas venir au pays pour justifier cela. Mais ceux qui n’ont rien touché et qui ont cru en une bonne idée, si cette idée n’a pas prospéré, ils ne vont pas s’engouffrer dans l’exil ? Il faut qu’ils se ressaisissent et que la Côte d’Ivoire avance avec eux. Je suis sûr que si ces jeunes avaient accepté d’être candidats, beaucoup d’entre eux seraient aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Ils participeraient ainsi à l’éclosion de la vraie démocratie que nous appelons de tous nos vœux. Il faut qu’ils rentrent dans la vie politique et qu’ils se disent que hier c’était Laurent Gbagbo, aujourd’hui Alassane Ouattara est là, la vie continue. Il faut que la marche du pays continue avec eux.
Réalisée par Dosso Villard
Comment va le groupe parlementaire UDPCI et quels sont ses rapports avec les autres groupes parlementaires qui composent le parlement ivoirien ?
L’UDPCI, le parti du président Albert Toikeusse Mabri a su tirer son épingle du jeu avec neuf députés, au prix d’une lutte politique farouche. Le groupe parlementaire se porte bien. Nous avons notre place à l’Assemblée nationale. Nous comptons jouer notre rôle non pas pour avoir ce son discordant mais différent. C'est-à-dire une contradiction constructive pour la bonne marche de l’Assemblée nationale. Nous avons de très bons rapports avec les autres groupes parlementaires, parce que nous avons tous cette destinée commune d’être des représentants de la nation. La différence, c’est certainement dans les sensibilités, mais nous avons de bons rapports avec les membres et les présidents de ces différents groupes parlementaires pour le moment.
Nous avons l’impression que le processus de réconciliation bat de l’aile, surtout avec l’extradition de Lida Kouassi Moïse du Togo et des 41 présumés miliciens du Liberia. Quel est votre commentaire sur ces faits ?
Je ne partage pas votre avis, tendant à dire que le processus de réconciliation a pris du plomb dans l’aile. La réconciliation nationale est un processus. Il suffit de jeter un regard dans le rétroviseur. Le 11 avril 2011, dans quel état se trouvait le pays ? Les relations de méfiance et de peur secouaient le pays. Les gens couraient dans tous les sens. Aujourd’hui, un an à peine après, on parle de plate-forme de discussion entre l’opposition et le gouvernement. Je pense qu’il y a des pas positifs. La Commission Dialogue Vérité Réconciliation dirigée par le Premier ministre Charles Konan Banny fait son petit bonhomme de chemin. Les gens sont impatients parce que la réconciliation urge. Mais en même temps, il faut savoir que la déchirure sociale arrive facilement, mais le colmatage n’est pas toujours un processus qui se décrète. Il se vit et c’est au fur et à mesure qu’on l’améliore. Ceci étant, l’extradition de certaines personnes proches du pouvoir passé ne peut constituer en soi un élément bloquant. Je pense que l’extradition de Lida Kouassi a été un acte de sûreté nationale. De quoi s’agissait-il ? Lida Kouassi a témoigné. Les gens vont nous faire croire que c’est un témoignage extorqué sous la torture, mais moi je n’y crois pas. Lida Kouassi a été arrêté au Togo dans une relation entre nos services et les services togolais. Je ne pense pas qu’ils l’aient accueilli sur leur territoire pour du jour au lendemain l’extrader. Pourquoi c’est le seul qui a été extradé alors qu’ils sont nombreux là-bas ? Lui-même a témoigné et vous avez vu comment les choses se sont passées. A peine est-il arrivé que les attaques se sont multipliées à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Et d’ailleurs, deux jours avant, Human Rights Watch avait produit un rapport. Le gouvernement libérien a eu à démentir cela le lendemain. Le surlendemain, nous avons vu cette avalanche de violence et de meurtres dans cette région. Il y a là une concordance de faits qui fait que nous ne pouvons que saluer l’extradition de Lida Kouassi. Il n’y a pas d’impact sur la réconciliation. Est-ce qu’il peut avoir la réconciliation dans la violence ? Si la chienlit s’installe, on réconcilie comment les gens ? si les gens sont dans leur coin en train d’attendre le sauveur, en train de rêver que du jour au lendemain Laurent Gbagbo va revenir de La Haye pour être au palais présidentiel au Plateau ici. Pour cela, ils refusent carrément toutes les mains tendues et les opportunités qu’on leur offre. Ils refusent même de faire un effort sur eux. Moi je voudrais qu’en Côte d’Ivoire nous nous disions la vérité. Le problème aussi c’est cela. Il n’est pas normal que des acteurs importants de la politique nationale, les responsables de LMP ou du FPI se dédouanent toujours de toute responsabilité de la situation qu’a connue notre pays ces dernières années. Ce n’est pas normal. Donc il faut que chacun accepte de faire son mea culpa. Que chacun accepte de dire : oui j’ai posé tel acte et j’ai pensé que j’étais en droit de le faire mais en réalité, j’ai envenimé une situation qui a conduit à une telle situation.
Au niveau de la CDVR, on dénonce le fait que tout le travail abattu est en train d’être balayé par l’activité des pourfendeurs. Qu’en pensez-vous?
Je ne suis pas de cet avis. Je pense qu’on a bien dit Commission dialogue, vérité et réconciliation. Dans le mot vérité, il y a la justice. On ne peut pas construire un Etat fort ou une nation où chacun se retrouve quelle que soit sa position dans les quatre coins du pays si on laisse prospérer l’impunité. Les trois mille morts, c’est une foudre qui les a tués ? Est-ce une colère de Dieu ou sont-ce des hommes qui volontairement ont fait cela ? L’article 125, c’était une réalité ou alors une vue de l’esprit ? Est-ce qu’on n’a pas brûlé des gens avec des pneus à Yopougon ? Est-ce qu’on n’a pas ces vidéos en ce moment sur internet ? Moi, j’ai vu ces vidéos ! Il y a eu des actes qui ont été posés par des gens. Il faut bien qu’on apprenne à rendre justice pour que les gens ne pensent pas que la violence c’est ce qu’il faut pour notre pays.
Charles Blé Goudé dans le sens de la réconciliation a fait une sortie le mercredi 27 juin 2012 dans laquelle il a demandé à rencontrer Charles Konan Banny en Afrique du Sud et s’est dit disposé à aller à la CPI. Quel commentaire faites-vous ?
Charles Blé Goudé a dit qu’il est le plus grand patriote. Si la justice a besoin de lui, en tant que patriote, c’est en Côte d’Ivoire qu’il doit venir pour d’abord faire face à la justice pour ce qu’on lui reproche. Je ne suis pas d’accord avec Charles Blé Goudé. Quand il dit qu’il ne se reproche rien et qu’il est un mobilisateur de rue, ce n’est pas vrai ! ‘’A chacun son petit blanc’’, c’est de Charles Blé Goudé et les conséquences, on sait ce que cela a donné ! Les jeunes qui faisaient les barrages pendant la crise à Yopougon, qui allait à ces barrages pour les encourager à coup de matraquage médiatique ? C’est Charles Blé Goudé qui allait leur dire de faire bien leur travail ! Pendant ce temps, qu’est-ce que ces jeunes gens faisaient ? Ils arrêtaient les gens et les jugeaient sur la base de leur appartenance politique. Ils décidaient de leur sort en les brûlant ! Qui est allé à l’état-major pour dire aux jeunes de venir prendre les armes ? Ces jeunes qui ne savaient pas manipuler les armes quand ils les ont pris qu’est-ce qu’on a vu à Yopougon ? C’est ça la responsabilité de l’homme politique qu’il est et c’est à cela qu’il doit venir répondre. Moi j’ai pensé qu’en tant que patriote il allait demander à être jugé dans son pays. Il veut aller à la CPI. Mais qu’il se présente à la CPI ! Ce n’est plus à lui de dire aux autorités ivoiriennes ce qu’elles ont à faire. Ce n’est pas à lui de donner des ordres à la CDVR. La CDVR est une initiative du président Alassane Ouattara pour que la paix revienne au pays. Ce n’est pas un instrument que les gens vont utiliser comme ils veulent ! Il est sur le banc des accusés et il a droit à une défense. Il y a un mandat d’arrêt contre lui, il faut qu’il y réponde d’abord. Et on va voir devant la justice preuve contre preuve s’il est responsable ou non.
Le PDCI a, à l’issue de son Bureau politique du 27 mai, fait des critiques sur la façon dont se gère le pouvoir. Est-ce que l’UDPCI a la même analyse de la situation que le PDCI-RDA ?
Avec tout le respect que j’ai pour le PDCI et tous les partis composant le RHDP, ce n’est pas à moi qu’il revient de me prononcer sur ce que le PDCI reproche ou reprocherait à la gestion de l’Etat. Mais pour ce qui concerne l’UDPCI, vous voyez bien que nous parlons tous les jours. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas encore eu entorse à la libre expression. Si nous avons des choses à reprocher dans le cadre du RHDP à la gestion du mandat du président Alassane Ouattara, nous le dirons. En tout cas au sein de mon parti, nous sommes pour le moment satisfaits de la gestion des affaires de l’Etat. Parce que nous savons que notre président Toikeusse Mabri jouit d’une grande confiance de la part du Président de la République et qu’il lui rend si bien également. Cela aujourd’hui participe réellement de la bonne exécution du programme de gouvernement du président Ouattara. La preuve, le Plan national de développement (PND) qui regroupe le programme économique et le document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp) est le socle du PPTE dont le point d’achèvement a été atteint le mardi 26 juin. Qui est le père du PND ? C’est le président de mon parti. Qui l’a mandaté et dans quel cadre ? C’est le président Alassane Ouattara dans le cadre du soutien que l’UDPCI lui a apporté. Je pense que nous n’allons pas faire feu de tout bois. Etre dans une alliance, c’est aussi savoir respecter les uns et les autres. Le RDR est venu avec 32 %. Il est venu en tête des partis du RHDP donc le partage sera toujours en sa faveur. Nous demandons toutefois que l’esprit de communication et de concertation entre nos présidents demeure, pour que des gens animés de mauvaises intentions ne viennent pas saper le bon travail qui est en train d’être fait.
La Côte d’Ivoire est le 33e pays au monde qui vient d’atteindre le point d’achèvement de l’Initiative PPTE. Quel est le sentiment qui vous anime en tant que député de la nation?
Nous ne devons pas ironiser avec le fait que notre pays ait atteint le point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endettés. On ne décrète pas un pays pauvre. C’est une réalité. Ce sont les chiffres qui font qu’on classe les pays. On a vu comment la gouvernance s’est faite jusqu’aujourd’hui. Le problème vient des programmes d’ajustement structurel depuis 1983. On parlait cette année là de conjoncture, mais en réalité on était en crise depuis lors. Notre pays a effectivement régressé. On l’a constaté. Depuis les grandes œuvres d’Houphouët-Boigny, c’est comme si le développement s’était arrêté. Mais en fait c’est parce que le pays était devenu pauvre. On vivait de dettes. Donc moi je me réjouis parce qu’on est dans un système capitaliste et c’est ce système qui qualifie les pays. Si tu es pays pauvre, ce n’est pas parce qu’on n’aime pas ta tête. Maintenant on nous a imposés un programme qui devait nous amener à l’annulation d’une partie de nos dettes. On doit s’en réjouir parce que c’est à partir de là qu’on doit résoudre nos problèmes. Il y a des ressources qu’on affectait au remboursement de la dette qui vont être affectées à d’autres choses et on espère que cela va profiter au citoyen lambda. Il faut que chacun sente au moins que ces ressources là engendrent des emplois, améliorent les salaires des fonctionnaires, et de façon générale le quotidien des Ivoiriens.
Lors du conseil des ministres du 27 juin 2012 à Yamoussoukro, le président de la République a informé le conseil de la déclaration de son patrimoine à la Cour des comptes. Il y a bien longtemps que les Ivoiriens attendaient cela…
Je me réjouis de l’annonce du président de la République. Je pense qu’il aurait pu faire cela un peu plus tôt. Mais ce n’est pas encore tard. Le contexte dans lequel nous étions peut-être, justifie que ce soit un an après que cette déclaration se fait. Parce que moi j’ai été gêné quand des amis du Sénégal m’ont appelé pour dire que ‘’notre président vient d’être élu à peine, il a déjà déclaré ses biens et ton président pourquoi il n’a pas encore déclaré ses biens ?’’. J’ai répondu pour dire attendez, il va les déclarer. Donc c’est moi qui suis très heureux parce que le Président Alassane Ouattara est un label, une chance pour la Côte d’Ivoire. Ce ne sont pas tous les présidents dans le monde qui sont estimés. Demandez aux membres du gouvernement qui vont en missions dans les grandes institutions, où on a besoin de l’aide pour impulser le développement et voyez la place qu’on leur donne. C’est à cause de l’aura d’Alassane Ouattara. Cela rejaillit aujourd’hui sur le pays. Tous les fonds qui étaient bloqués dans le financement du bitumage de certaines routes ont été débloqués à l’arrivée d’Alassane Ouattara. Aujourd’hui, Abidjan est en chantier, le troisième pont est en train de se faire. Donc pour lui, il faut qu’on fasse en sorte que les choses se passent bien pour que cette aura reste intacte.
La CEI prépare activement les élections municipales. Est-ce qu’il faut avoir confiance en l’équipe de Youssouf Bakayoko et quelle leçon tirez-vous de l’organisation des législatives quand six mois après, deux circonscriptions attendent toujours leurs députés ?
Pour les législatives passées tout comme pour les présidentielles, la CEI a bien travaillé. Les problèmes que nous avons eus ont leurs sources ailleurs qu’à la CEI. Si aujourd’hui les circonscriptions de Facobly et de Bonon n’ont pas encore connu leurs députés, ce n’est pas la faute à la CEI. C’est le Conseil constitutionnel qui est assis sur les dossiers, alors qu’il doit mener des enquêtes pour donner le verdict. Parce que pour les élections qui ont été reprises après décembre, le Conseil Constitutionnel n’a pas mené d’enquête. Je ne sais pas d’où il a tiré ses informations, mais les résultats proclamés n’avaient rien à voir avec la réalité. Et il a donné raison à la CEI qui avait proclamé les résultats. On est parti aux partielles et les mêmes candidats recalés ont encore remporté la victoire. Cela a fait gaspiller de l’argent à l’Etat inutilement. Je sais qu’à Facobly, Evariste Méambly a gagné. Tout le monde le sait. Je ne sais pas si c’est sa tête qui ne plaît pas aux gens, mais aujourd’hui, on veut rompre avec les habitudes qui font qu’on reste de mauvaises personnes au niveau de la vie politique nationale. La majorité est déjà dégagée à l’Assemblée nationale. C’est celle du RDR. Ce ne sont pas ces deux sièges qui vont changer quelque chose à l’Assemblée. A ma connaissance, le candidat indépendant Kouadio Kouassi Denis a gagné à Bonon. Il faut qu’on proclame ces résultats ! Mais on tergiverse pour donner du grain à moudre à nos adversaires. Peut-être que notre voix ne peut pas porter ou influencer la décision, mais on exprime ce qui se murmure dans le peuple. Si vous journaliste, vous revenez sur cette question, c’est parce que les gens en parlent. Donc le Conseil constitutionnel doit prendre ses responsabilités. Il a les procès-verbaux, il faut qu’il les analyse. L’Onuci était sur le terrain aussi. On peut tenir compte de son avis ! Une circonscription sans député, est une circonscription délaissée. On me dira que le député n’est pas un agent de développement direct. Mais attention, les questions foncières, les questions de sécurité, les questions du redéploiement de l’administration, la réhabilitation des locaux de l’administration et des résidences des préfets et sous-préfets. Pour toute sorte de question nationale qui se répercute au niveau local, le député est mis à contribution. Aujourd’hui Facobly a perdu son maire Gnan Raymond décédé en exil. Du coup Facobly se retrouve sans élus donc sans repère. A qui cette ville ou circonscription confie-t-elle ses problèmes ?
Pour vous y a-t-il quelqu’un qui manipule ?
Je ne peux pas le dire. Mais le Conseil constitutionnel communique peu. Donc on ne peut pas savoir quelles sont les méthodes qui gouvernent leur travail. Il y a une opacité et une lenteur. Ça donne l’impression qu’on veut y fabriquer les gagnants. J’en parle parce que j’ai été une victime de ces pratiques et cela m’a coûté beaucoup de choses ainsi qu’à mon parti. Or il n’y a pas de compensation. Il travaille sur des textes qui sont clairs. Il doit pouvoir se prononcer sur les plaintes qui lui parviennent. Je ne dis pas d’éplucher les dossiers en moins de 48 heures, mais je dis qu’il y a eu déjà trop de temps perdu pour deux circonscriptions.
Que pensez-vous du nouveau découpage électoral ?
Le nouveau découpage ne laisse personne indifférent. Il y en a qui rient sous cape aujourd’hui parce que bien servis par ce nouveau découpage, mais d’autres reniflent leurs frustrations. Je vais prendre des cas concrets. Il y a des régions dont la population et la superficie dépassent deux fois celles de deux autres régions réunies. On fait ça aujourd’hui. Mais demain quand d’autres vont se plaidre, parce qu’on ne va pas rester dans l’urgence éternellement, est-ce que ça va être un abus pour les auteurs du découpage qui ont cru bien faire pour avancer le pays ou alors ça va être quelque chose que l’histoire va retenir contre eux. Je veux parler des régions. Mais pire encore, ce découpage qui a conduit aux législatives n’a pas été objectif. Je veux qu’on me contredise à partir des chiffres. Je suis député d’une circonscription qui fait 22 mille électeurs pour un seul député. Il y a Zouan Hounien qui a 37 mille électeurs pour un seul député. La circonscription de Kong qui fait moins de 13 mille électeurs est passé d’un (1) à trois (3) députés. Je demande aux instances de l’Assemblée nationale de convoquer le ministre de l’intérieur Ahmed Bakayoko pour expliquer les critères qui ont motivé ce découpage. Ce que nous savions auparavant, c’est qu’il y avait deux critères. La population pour 75 % et la superficie pour 25 %. Quand j’applique cela au découpage actuel, je ne me retrouve pas. Donc ce sont les experts comme Bamba Cheick Daniel qui est son directeur de cabinet qui doivent venir nous expliquer ce qui a prévalu pour ce découpage. Je le dis et le PDCI l’a dénoncé à son Bureau politique. On va passer bientôt à un autre découpage, celui des communes. Parce que celles qui ont été créées avec des intentions électoralistes par Gbagbo ont été annulées. Mais quels sont les critères qui vont guider la nouvelle communalisation ? Qu’on nous dise si le postulat de ce que tous les villages de Côte d’Ivoire seront dans un périmètre communal sera respecté. Si cela est maintenu, sur quoi on se base pour dire que telle localité est commune? Je le dis parce que tous les préfets de Côte d’Ivoire ont déjà appelé les cadres d’un certain niveau pour faire part d’une proposition de découpage pour les communes. C'est-à-dire que désormais, la superficie sous-préfectorale est égale à la superficie communale. Ça c’est un bon découpage avec lequel je suis d’accord. A moins que des gens en rajoutent des sous-préfectures superflues à des fins électoralistes. Pour ce qui est des communes, l’Assemblée nationale est déjà installée et le découpage ne sera pas fait par ordonnance et nous attendons le ministre de l’Intérieur. Il faut bien que la parenthèse des ordonnances puisse se fermer parce que l’Assemblée nationale fonctionne. Et la prédisposition du président Alassane Ouattara qui a dit que l’Assemblée nationale prendra toute sa place, favorisera le vote de cette loi par le parlement.
Vous êtes jeune et déjà président du groupe parlementaire de l’UDPCI. Quel est le message que votre parti entend ainsi envoyer ?
Je voudrais simplement dire à la jeunesse ivoirienne qu’aujourd’hui, à travers le monde, ce sont les jeunes qui sont au devant de la destinée de leurs peuples. Ce sont les réalités qui me le font dire. Ils ont donc leur part à prendre. Je voudrais particulièrement m’adresser aux jeunes qui ont soutenu le Président Laurent Gbagbo hier, aux jeunes ivoiriens. Pour dire qu’ils ont été guidés par une certaine vision de la vie politique de ce monsieur, Ils ont lutté au prix de leur vie. Mais je leur dis que la vie d’une nation ne s’arrête pas à un individu. Laurent Gbagbo répond aujourd’hui des actes dont il a été l’inspirateur et le maître penseur. Et c’est normal que devant la justice, il puisse s’expliquer. Ça ne veut pas dire qu’ils doivent se mettre en marge parce que le pays avancera avec ou sans eux. Je demande que ce soit avec eux. Je sais qu’il y a des leaders qui se sont remplis les poches tels qu’ils ne peuvent pas venir au pays pour justifier cela. Mais ceux qui n’ont rien touché et qui ont cru en une bonne idée, si cette idée n’a pas prospéré, ils ne vont pas s’engouffrer dans l’exil ? Il faut qu’ils se ressaisissent et que la Côte d’Ivoire avance avec eux. Je suis sûr que si ces jeunes avaient accepté d’être candidats, beaucoup d’entre eux seraient aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Ils participeraient ainsi à l’éclosion de la vraie démocratie que nous appelons de tous nos vœux. Il faut qu’ils rentrent dans la vie politique et qu’ils se disent que hier c’était Laurent Gbagbo, aujourd’hui Alassane Ouattara est là, la vie continue. Il faut que la marche du pays continue avec eux.
Réalisée par Dosso Villard