Le notaire qui était chargé d’authentifier les opérations d’acquisition du groupe Sifca, devenu Sifca-coop, pour le compte du Fdpcc (dont le conseil de gestion était dirigé par Henri Amouzou), avait fixé ses honoraires à 2,16 milliards F Cfa. C’est, en effet, la charge du procureur Oulaye Ferdinand portée contre Me Gnamien N’Guessan Antoine qui a comparu à la barre, hier, pour justifier ses actes notariaux dans l’acquisition du groupe Sifca. "Quand les 2,16 milliards F Cfa ont atterri dans un compte spécial à la Sgbci, monsieur le président, Me Gnamien N’Guessan Antoine a perçu d’abord 645 millions F Cfa, puis 82,5 millions F Cfa en plus de 40 millions F Cfa. Ce qui porte à environ 771 millions F Cfa la totalité de la somme qu’il a perçue sur le montant de 2,16 milliards F Cfa. Le prévenu a intentionnellement omis de dire cela à votre barre, monsieur le président", a déclaré le procureur. Face à cette accusation cinglante, le notaire incriminé dans "l’affaire café-cacao" s’est plutôt platement débattu que défendu. "J’ai travaillé pour le compte de la Sifca-coop, et j’ai été mandaté par le cabinet d’avocats Bazié-Koyo. Nous avions une étude à faire pour l’opération d’acquisition. Ce montant représentait le coût de cette opération, mais je n’ai jamais vu de chèques pour ces factures de paiement", a-t-il réagi pour rejeter en bloc les charges portées à son encontre. Ce qui a provoqué une colère viscérale du juge Ahmed Souleymane Coulibaly quant aux légèretés manifestes du notaire. "Avez-vous conscience que des factures peuvent faire l’objet de manipulations frauduleuses ? Est-ce ce que vous insinuez ? Le volume de vos honoraires était quand même palpable (…) En tant que notaire, dans quel esprit avez-vous fait ces factures ? Un notaire, c’est quelqu’un de méticuleux, qui signe des actes authentiques (…) C’est une grave erreur, parce que même un commerçant lambda ne pourrait jamais laisser établir deux factures pour la même opération", a répliqué le juge. "Je suis d’accord avec vous, monsieur le président", laissait entendre, impuissant, le notaire lessivé, à chaque bout de phrase du juge qui lui rappelait la conscience professionnelle de son métier. "Mais je n’ai jamais perçu les 2,16 milliards, monsieur le président", plaidait Me Gnamien N’Guessan Antoine. "Nous persistons, quant à nous, monsieur le président, pour dire que nous détenons les relevés bancaires de ces paiements. Un Pv de l’avocat Me Koyo Silvère, que nous détenons également, révèle que l’acquisition définitive du groupe Sifca a coûté 10 milliards F Cfa et quelque, et que les 2 milliards en question ont été vraiment les honoraires du notaire Gnamien N’Guessan Antoine", a martelé le procureur. "Visiblement, c’est seulement Me Koyo qui le dit, pas moi. Il dit même que c’est ma facture qui sert de support pour payer à la fois mon étude et d’autres professionnels. C’est contradictoire", a rebondi le notaire, dans un baroud d’honneur. Les prochaines auditions, qui sont fixées par le juge, au lundi 16 juillet 2012 prochain, verront comparaître à nouveau les experts-comptables pour aborder véritablement les aspects infractionnels et chiffrés du procès.
SYLVAIN TAKOUE
SYLVAIN TAKOUE
