La rencontre du vendredi 13 juillet 2012 entre le FPI et le Premier ministre Ahoussou Jeannot, nous l’avons écrit, a buté sur la stratégie de chaque camp d’appréhender le dialogue républicain. La déclaration n°007/2012 produite par le secrétaire général du FPI, Laurent Akoun, montre toute la difficulté à pousser les pions, chaque camp étant resté concentré sur son sujet, ne voulant point se laisser distraire. ‘’En lieu des échanges sur nos préoccupations, le Gouvernement a préféré remettre un document dans lequel il invite le FPI à s’inscrire dans le « Cadre Permanent de Dialogue » (CPD) qu’il a créé pour l’opposition ivoirienne, à l’issue du « Conclave de Grand-Bassam » en avril dernier, cadre auquel le FPI n’est pas partie prenante’’, a écrit le secrétaire général du FPI. On aura bien compris que sans rentrer dans les questions de fond, les deux parties ont échangé des documents. Le FPI s’attendait à un débat sur les grandes lignes de son mémorandum déposé le 4 juin 2012 chez le Premier ministre, un ajustement de celui du 29 septembre 2011 remis au Chef de l’Etat. L’intention du Premier ministre en recevant le FPI était de convaincre ses interlocuteurs à rejoindre le cadre permanent de dialogue créé à Bassam fin avril. Là-dessus, Laurent Akoun a accusé le pouvoir de préférer les coups de pub à un vrai dialogue direct. Que va faire maintenant le FPI étant donné qu’aucune alternative au CPD ne se dessine pas pour l’instant dans le camp présidentiel ? Telle est la question qui se pose à présent. Le débat a déjà commencé à la base. Et deux tendances déséquilibrées s’affrontent au sein des militants de base. De Bouaké, un militant a demandé à la direction du parti de ne pas se séparer des autres partis de l’ex-LMP qui a soutenu Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2010. Pour lui, c’est en restant ensemble que les pro-Gbagbo seront plus forts. Cette idée est pour le moment mise en minorité par la frange qui soutient l’idée d’un dialogue direct Pouvoir-FPI. Au QG d’Attoban on campe sur une prochaine rencontre qui pourrait dissiper les nuages, le FPI se disant toujours demandeur du dialogue. ‘’Le FPI, profondément soucieux de voir se normaliser la vie politique nationale, est toujours demandeur d’un dialogue avec le pouvoir afin de donner une chance à la réconciliation et à une paix durable dans notre pays’’, précise Laurent Akoun. Mais que ferait-il face à un non poli du Premier ministre ? Une fissure ou une résistance. Seul le temps permettra de répondre à cette énigme. Mais le FPI, tout comme le pouvoir, est conscient qu’il n’y a pas d’autres issues que le dialogue. Pour le FPI qui pose comme préoccupation la libération de tous ses prisonniers, le retour sécurisé des exilés, la rétrocession des biens meubles et immeubles privés, le paiement des arriérés dus au FPI au titre du financement sur fonds publics des partis politiques, il n’y aura de réponses à toutes ces questions qu’autour d’une table de discussions. Le vrai décollage de la Côte d’Ivoire est à ce prix et rien ne devrait être fait pour entraver la marche du bateau ivoire quelque peu tanguant.
S.Débailly
S.Débailly